L’Enfant lion de Grandperret Patrick

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Extrait

L'enfant lion
F de Patrick GrandperretFICHE FILM
fiche technique
France - 1992 - 1h26
Réalisateur :
Patrick Grandperret
Scénario :
Catherine K. Galode
d’après Sirga la lionne
de René Guillot
Musique :
Salif Keita
Marthurin Sinze (Oulé) et Sirga la lionne
Résumé CritiqueInterprètes :
Mathurin Sinze
(Oulé)
Sophie Véronique Hors du temps, dans une Afrique de légen- Avec les souvenirs de son enfance et de
Toué-Tagbe de, on attendait des jumeaux : deux petits ses lectures, Patrick Grandperret a réalisé
d’homme, deux lionceaux. un film qui réveille en nous cette part(Léna)
Les présages étaient faux et au foyer du d’enfance et de rêve si prompte à répondre
Salif Keita grand chasseur Moko est arrivé un seul à la proposition d’une belle histoire. Car
(Griot) beau bébé : Oulé. Chez la lionne Oura, la peut-on voir une Afrique si africaine, des
jolie Sirga. Chacun des nouveaux-nés, privé guerriers si valeureux, des animaux sau-Souleyman Koly
d’une moitié de lui-même, s’inventera un vages si puissants et si familiers à la fois,
(Moko Kaouro) jumeau idéal et magique pour une aventure des cavaliers si rapides et si cruels, un
pleine de réalisme et de féerie, de violence prince à l’âme si noire, ailleurs que dans
naturelle et de sérénité. les contes ou à travers les yeux d’un enfant ?
La proximité étonnante des lions et des
humains, la tonalité du conte, le dépayse-
Prix de la Jeunesse ment dans le temps et dans l’espace font
de cette histoire un film attachant dont onCannes 93
admire la réalisation précise qui ne laisse
pas transparaître les multiples difficultés
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
des tournages successifs. Un seul regret cule une quantité d’intentions ver- Le réalisateur
: ne pas avoir donné aux enfants Oulé et tueuses. Mais Grandperret a aussi
surtout Léna une voix qui s’accorde certainement voulu marcher dans les
mieux avec leur personnage. traces des «grands» réalisateurs, de
Anne Sophie Zuber ceux capables de déplacer des mon- Les galères, il connaît bien ! Pour réali-
0 de conduite - 2ème trimestre 93 tagnes pour réaliser leurs films, ser son premier film Patrick Grandperret
d’Huston à Herzog en passant par vend son appartement. Le second film
Scorsese dont il réutilise le Ksour, sort dans une seule salle et fait un bide.
théâtre de certaines scènes de La Comme producteur, Grandperret ne voit
dernière tentation du Christ. guère son courage récompensé. On ne
Baleine blanche typiquement hexago- peut pas dire que Deux lions au soleil
C’est le ton de L’Enfant lion : un mélan- nale pour laquelle les réalisateurs de Claude Faraldo, et La photo, de Nico
ge de réalisme et de féerie, de violence français sont malheureusement bien Papatakis - films intéressants au demeu-
naturelle et de sérénité. Tour à tour souvent des Achab. Besoin d’Afrique rant -, aient fait courir les foules.
furieuse et apaisée. I’Afrique est belle donc, terre de défi et d’entreprise tita- S'il a survécu, c'est grâce à la publicité,
et mythique comme dans les contes. nesque. Malheureusement, il n’est la publicité, un marché plus fiable que le
Oulé, le petit d’homme au port majes- pas sûr que l’Afrique ait eu besoin de cinéma d’auteur: Patrick Grandperret a
tueux, vit en harmonie avec la terre et Grandperret. Car tout se passe à produit plus de cinquante spots. Jusqu’à
les animaux. Et quand on veut le séparer l’écran comme s’il ne l’avait pas ren- cet Enfant lion qui a fait un tabac
de son amie Léna, il fait se lever une contrée. Du moins n’a-t-il pas sû tra- auprès des jeunes à Cannes, où il a
tornade. duire sa confrontation, plaquant ses décroché le Prix Cannes Junior.
Hommes ou animaux, les personnages rêves d’enfant, ses réminiscences de L'Enfant lion est né d’un coup de cœur.
de L’Enfant lion ne se déparent jamais contes simplets rapportés par les mis- Chez ses parents, Patrick Grandperret
d’une noblesse qui leur est naturelle. sionnaires sur un décor qu’il a pris retrouve un livre de son enfance : Sirga
Nous voilà loin des Court-circuits ou tant de soin à filmer, à reconstituer. la lionne, de René Guillot. «Ma fille l'a
des rockers drogués de Mona et moi. Syndrome caractéristique de l’impéri- dévoré et elle m'a dit : «Plutôt que de
Patrick Grandperret va enfin perdre son tie occidentale concernant l’Afrique. faire des films que personne ne va voir,
étiquette de «cinéaste marginal» : la Aussi ne reste-t-il de sa vaste entre- si tu racontais cette histoire ?»
simplicité mêlée de ferveur avec laquel- prise qu’un conte édifiant, exaltant un Télérama n°2266 - juin 93
le il a mis en images ce magnifique livre rapport privilégié à la nature qu’il est
de la jungle devrait lui faire rencontrer loisible de trouver décalé, plaqué arti-
le grand public, parents et enfants ficiellement sur une réalité beaucoup
réconciliés. plus âpre. Ceci dit, L’enfant lion est
Télérama n°2266 juin93 certainement un film apte à satisfaire Filmographie
un jeune public.
Jean-Michel Beer
Court - circuits 1981
Saison Cinématographique 1993
Mona et moi 1990
Délaissant motards et autres paumés
L’enfant Lion 1992
du rock’n roll, Patrick Grandperret a
choisi de filmer l’Afrique au travers
Le maîtres des éléphants 1995
d’un conte. Gageons qu’il aura ainsi su
toucher un plus large public que lors-
qu’il s’attachait aux boots d’un Johnny
«Born-to-loose» Thunders plus défon-
cé que jamais, à l’article de la mort.
Pèlerinage aux confins de l’enfance,
de l’imaginaire ancestral, d’un conti-
nent ignoré tout en étant très «mode»
à l’heure actuelle, L’enfant lion véhi-
L E F R A N C E
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