L’Homme qui tua Liberty Valence de Ford John
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Nombre de lectures 36
Langue Français

Extrait

L'homme qui tua Liberty Valance
The man who shot Liberty ValanceF de John Ford
FICHE FILM
fiche technique
USA 1961 2h
Réalisateur:
John Ford
Scénario:
W. Goldbeck, d'après
l'histoire de D.M.
Johnson
Musique:
Ciryl J. Mockridge
Interprètes:
Lee Marvin, James Stewart et John Wayne dans L'homme qui tua Liberty ValanceJames Stewart
John Wayne Résumé
Vera Miles
Stoddard avait été ramené par le cowboyLe sénateur Ransom Stoddard et sa
Lee Marvin Tom Doniphon dans le restaurant tenu parfemme Hallie se rendent à Shinbone peti-
Jeannette Nolan sa fiancée Hallie et par les parents dete ville de l’Ouest, pour assister à l’enter-
celle-ci, qui l’avaient hébergé et soigné.rement de Tom Doniphon, un homme quiJohn Carradine
Pour payer sa dette, Stoddard était devenune semble pas avoir laissé grand souvenir.
Lee Van Cleef plongeur chez eux. Visiblement, la Loi inté-Le directeur du journal local, “The
ressait peu les habitants du voisinage.Shinbone Star”, s’étonne que le sénateur
Stoddard s’était fait moquer de lui quandait fait le voyage pour si peu et Stoddard
il avait déclaré vouloir faire arrêterlui explique pourquoi il est venu. Il y a
Valance. “Ici, on règle ses affairesquelques dizaines d’années, jeune avocat
soi-même”, lui avait dit Doniphon. Ledésireux de s’installer dans l’Ouest, il avait
directeur du “Shinbone Star” de l’époque,été, dès son arrivée en diligence, insulté,
Dutton Peabody, avait proposé ses bureauxdévalisé et frappé par Liberty Valance, un
à Stoddard pour accueillir ses clientsbandit qui semait la terreur dans la région.
éventuels. En attendant, StoddardLaissé pour mort sur le bord de la route,
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enseigne la lecture et l’écriture à Hallie, avec les ans, la dimension nostalgique méchants le respectent. Avec Ransom
donne des cours d’éducation civique aux désormais typique des œuvres de John Stoddard, c’est le juste qui n’est pas
enfants du village et s’entraîne à manier Ford: le retour en arrière, le rappel d’un assez fort pour faire respecter les autres
le revolver. Le jour où l’on élit un repré- passé exaltant mais perdu, fût-ce pour (la jeune femme aux bijoux dépouillée
sentant pour la Convention qui statuera le mieux et le bien de tous. La grandeur, dans la diligence) ni lui-même. Mais
sur l’entrée du Colorado dans les naguère, allait avec le risque et l’injusti- (parce qu’il est faible ?) c’est la justice
États-Unis, Stoddard appelle à voter ce, le bien avec le mal. Ce creuset social en soi, I’Equité, qu’il aspire à défendre
pour Doniphon qui refuse d’être candi- où se forgeait, où se trempait l’homme et, idéalement, paradoxalement, sans
dat. Valance, appuyé par les gros éle- authentique, n’existe plus. vouloir y mettre d’autre force que celle
veurs, essaie d’obtenir par l’intimidation Mais ce qui par-dessus tout m’attache à toute abstraite de la loi (le code en
des votes en sa faveur, mais c’est fina- ce film (par là moins fordien), c’est la place de colt). Avec Dutton Peabody, le
lement Stoddard lui-même qui est élu. perfection et l’abstraction formelles qu’il journaliste, c’est encore la justice, sans
Valance le défie au pistolet et, avec ses doit à son exploration des possibilités la force, qui s’affirme, mais seulement
deux hommes de main, saccage les structurales du western. Moins fordien, dans le bavardage, la rhétorique et l’élo-
bureaux du journal qui avait publié un pour autant que l’un des mérites essen- quence des ivrognes. Son équilibre, cet
article contre lui. tiels des films de Ford me semble être équilibre que Tom Doniphon obtenait en
Dictionnaire du Cinéma leur densité, leur épaisseur charnelle, un traçant un cercle étroit autour de sa per-
réalisme immédiat. sonne (à l’intérieur règne la justice; qu’il
La dialectique pascalienne est particu- en aille comme il pourra à l’extérieur),L'art de John Ford
lièrement bien venue: la réalité histo- Peabody le trouve dans l’alcool. La
rique et sociale de l’Ouest n’en a-t-elle construction est impeccable. Elle pour-Voilà certes une œuvre incontestable-
pas fourni, longtemps, une vérification rait se mettre en dessin:ment fordienne: par son humour
fascinante ? Que chaque habitant porte(I’allègre façon de ne pas prendre au
sur lui son pistolet et n’hésite pas à s’ensérieux ses élans les plus sérieux - ou
servir pour le bien, voilà qui nous boule-de feindre); son thème du héros malgré
versait dès l’âge de six ans. Cette proxi-lui (ou, comme ici, honoré non pour son
mité du judiciaire et de l’exécutif, réunishéroïsme véritable mais pour un acte
dans une seule main sur un pistolet,qu’il n’a pas accompli) - on l’a vu dans
voilà qui rendait la Loi bien réelle etToute la ville en parle -; son idéolo-
vivante et du coup, le monde habitablegie: le monde n’est pas si mal (le
et humain. Le mythé voulait certes quemonde? - la société américaine)
le meilleur tirât aussi le mieux: la justicepuisque, à côté de crapules et de
Doniphon
est forte et la force est juste. Il n’ycouards (les politiciens, la moyenne des
Ivresse
aurait pas eu un seul western si lehabitants de la ville), il compte assez de +Justice
mythe n’avait à chaque pas achoppé surbraves gens qui sont le sel de la terre, Justice
Force = Justicela réalité: le plus souvent, le plus long- + Codepuisqu’il permet à ceux qui en ont la
Peabodytemps, la force était injuste ou criminel- Ransomvolonté et les vertus d’y faire bien ce
le. Mais comme il y a partout, tôt ouqu’ils doivent y faire (le héros Ransom
tard, plus de justes (ou de demi justes)Stoddard, sénateur perpétuel, bientôt
que de méchants, ne serait-ce que parce A gauche du croquis, Ransom couvre savice-président des Etats) et, que tous
que la force leur manque pour se faiblesse de son code, et il est bafoué. Acomptes faits, I’Histoire avance, le pro-
conduire en méchants, et que tôt ou droite, Peabody couvre la sienne de sesgrès est irréverssible, le chemin de fer
tard, ils font boule de neige ne serait-ce cuites et il se bafoue lui-même. (Savoirchange les déserts en jardins.
que pour essayer de partager les coups. lire est inutile à Doniphon mais indis-Attrait supplémentaire, la vision fordien-
Le groupe propose, mais l’individu dis- pensable à la pratique tant du code quene cette fois paraît s’être proposée
pose.Ford incarne cette dialectique de du journalisme. Aussi voit-on Ransomd’illustrer les fameux syllogismes-apho-
trois façons différentes: avec Tom ouvrir une école et alphabétiser lerismes de Pascal: la justice sans la force
Doniphon, c’est le fort qui n’est pas pays.) Tout autour et au milieu d’eux, leest impuissante, la force sans la justice
assez juste pour faire respecter la justi- « marais », la ville, qui s’agite et ne faitest criminelle; aussi la force bonne mais
ce en soi, ou la justice pour les autres. rien. Ford ne l’épargne pas quand ilinjuste a fait que la justice soit forte.
Mais l’équilibre est chez lui parfait: les montre, après la mort du méchantHeureuse démocratie. S’y ajoute, venue
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
2
77.32.76.96
Fax:77.25.11.83D O C U M E N T S
(Liberty Valance), le flot des couards troupeau, c’est-à-dire en une grande Ransom, ce n’est plus une famille qui
s’agglutinant autour de la victime (qu’on famille respectable ? (Ainsi même le s’affaire à nourrir ses clients, à laver la
croit- selon la logique- seulement bles- sheriff grotesque prend sa fonction au vaisselle, à soigner le nouvel arrivé;
sée), sans un regard pour l’homme qui sérieux, à la fin, et lui seul attend le c’est un ballet, une mécanique bien
l’a abattue et qui, lui, est peut-être tou- sénateur Stoddard à la gare). réglée et bien sûr, vivante. Quand
ché à mort. J’ai l’air de me livrer à une analyse Ransom part pour s’entrainer au tir, ren-
Peabody était déjà l’expression de ses structurale. A la vérité, je ne dégage pas contre Doniphon qui le retient, le défie,
concitoyens, récitant leur credo, le criant des structures à partir d’une réalité qui I’humilie, peu avant de mettre le feu à
tout haut, portant au grand jour leur doc- serait la naissance de la nation améri- sa propre maison, ce n’est pas non plus
trine, leur idéologie "officielle", incar- caine; je plaque seulement sur celle-ci, la vie mais toujours un poème gestuel et
nant leur bluff. Ransom est l’expre

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