La Jarre de Forouzesh Ebrahim
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

La jarre
KhomrehF de Ebrahim Forouzesh
FICHE FILM
Fiche technique
Iran - 1994 - 1h26
Couleur
Réalisateur :
Ebrahim Forouzesh
Scénario :
Ebrahim Forouzesh
d’après L’histoire de cette
jarre deHaushang Maradi
Kermani
Behzad Khodaveisi et ses élèvesMusique :
Mohhamad Reza Aligholi
Résumé Critique
Interprètes : L’école d’un village iranien aux portes du Une fois de plus, Ebrahim Forouzesh prouve
Behzad Khodaveisi désert. Au fond de la cour sous un arbre qui qu’il n’y a ni grand ni petit sujet. Avec le
la maintient à l’ombre, est posée une gran- sens de l’observation -et celui de la mise en(le maître)
de jarre de grès à laquelle régulièrement, scène, bien sûr !-,on peut rendre passion-
Fatemeh Azrah tous les écoliers viennent boire. Mais, un nante la plus mince des anecdotes. Dans La
(Khavar) jour, cette jarre commence à fuir. Le maître clé, on suivait les efforts désespérés de
d’école a beau faire la demande d’une nou- tout un quartier pour venir en aide à unAlireza Haji-Ghasemi
velle jarre, il sait qu’il faudra du temps pour enfant enfermé dans un appartement. Ici, le
Ramazan Molla-Abbasi la recevoir. L’un des élèves annonce alors à colmatage de la jarre devient quasiment
Hossein Balai l’instituteur que son père serait à même de une affaire d’Etat. (…)
la réparer. Mais ce dernier refuse, prétex- Peu de films, sous une apparente simplicité,Abbas Khavaninzadeh
tant qu’il a beaucoup d’autres choses à abordent autant de thèmes : I’éducation, la
faire.. Poussé par sa femme et son fils, il se justice, la responsabilité, les inégalités
rend tout de même à l’école afin d’examiner sociales (un gamin parade dans la cour,
la jarre. Pour colmater la brèche, il lui faut exhibant une belle carafe en verre à ses
en particulier beaucoup de blanc d’oeuf. copains, munis, eux, d’un simple gobelet en
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1D O C U M E N T S
fer). Ou font voir autant de tares : I’avari- matière qui pouvait tenir dans un moyen devenir une anecdote inconsistante et
ce (la collecte au village est un grand métrage. Le découpage et le filmage, éthérée, simple prétexte à une leçon de
moment comique), la délation... Un petit d’une rigueur très appliquée, renforcent morale sur le facteur humain qui mena-
berger, jaloux des écoliers, écrit une l’aspect didactique d’un film qui ne ce la cohésion de toute vie en société -
lettre anonyme qui accuse l’instituteur de génère que son propre système à savoir l’égoïsme et l’intérêt personnel
vénalité. (…) Jean-Marc Lalanne -, reste avant tout un récit, avec les qua-
Caméra au poing, Ebrahim Forouzesh Cahiers du Cinéma n° 491 - mai 1995 lités dramatiques que cela suppose.
filme cette effervescence comme le plus Claire Vassé
trépidant des reportages. Pendant près Positif n°411 - mai 1995
de dix ans, il a dirigé le département
«cinéma» de l’lnstitut pour le développe- En se fissurant, la jarre a provoqué une
ment intellectuel des jeunes adultes. Il fracture au sein de la petite société que
est à l’origine du renouveau du cinéma représente l’école. Fracture dispropor- C’est parce que nous sommes dans un
iranien (il a produit les films d’Abbas tionnée avec l’événement puisque, à y village perdu dans le désert central
Kiarostami, qui était scénariste et mon- regarder de plus près, le ruisseau n’est d’Iran, coupé des commodités de la vie
teur de La clé). Cette jarre fêlée, on l’a pas loin et que les enfants ne sont donc moderne, écrasé par un soleil impla-
compris, n’est qu’un prétexte à dénoncer pas véritablement menacés par la cable que la question de boire est
d’autres fêlures : celles de la société ira- déshydratation. Mais c’est qu’au-delà essentielle. C’est parce que l’eau est un
nienne. Ces fêlures, Ebrahim Forouzesh a de sa dimension purement pragmatique, bien précieux que la question de l’eau
choisi de les montrer à travers un conte vitale, la jarre est, plus profondément, le se pose. Et tant qu’elle n’est pas résolue
drôle, vivant, réjouissant (le naturel des lien qui unit tout ce jeune monde, I’objet le film doit continuer. Pourtant, cette
enfants est un vrai bonheur). Et dans un autour duquel ils font l’apprentissage de jarre qui commande l’action et donne
style qui -c’est le cas de le dire- coule la vie en communauté, attendant leur son titre au film n’est, malgré les appa-
comme de l’eau claire - tour pour boire et se limitant à un verre rences qu’un révélateur : celui des
Bernard Génin pour en laisser à ceux qui ne sont pas contradictions qui minent une micro
Télérama n° 2364 - 3 mai 1995 encore servis. société unie (communauté rurale pauvre
La scène où le jeune instituteur partage mais digne où les hommes travaillent,
entre ses élèves l’omelette confection- les femmes prennent soin de leur inté-
née avec des jaunes d’œufs (les blancs rieur et les enfants sont scolarisés),
ayant servi à la tentative de colmatage mais qui, à l’image de la jarre, est por-
L’émergence d’Abbas Kiarostami au de la brèche de la jarre) est révélatrice teuse d’une fêlure. Une fêlure toute
zénith du cinéma contemporain a attiré de la bivalence que donne le cinéaste à simple qui a nom d’égoïsme. Egoïsme
l’attention de la critique internationale son récit. La justification dramatique de d’une administration centrale pour
sur l’ensemble de la production iranien- l’action (I’instituteur, par ce geste, veut laquelle le remplacement de la jarre fis-
ne et plus particulièrement sur l’œuvre faire taire les mauvaises langues qui surée est le cadet de ses soucis.
d’Ebrahim Forouzesh dont le premier l’accusent de collecter des œufs pour sa Egoïsme d’un petit chef local incapable
film, La clé, avait bénéficié de la colla- propre consommation) se double d’une de juger une initiative individuelle de
boration du maître. On retrouve dans La signification plus symbolique ou, plus pur bon sens autrement que comme une
jarre les qualités déjà évidentes dans justement, poétique. Cette omelette est atteinte à son autorité. Egoïsme d’une
La clé : une grande attention et un le nouveau ciment social fabriqué par partie de la communauté vis-à-vis de cet
rendu très subtil du gestus enfantin, une l’instituteur, pour tenter de resolidariser enseignant dont il est précisé qu’il est
certaine capacité à capter le vivant... la petite société menacée d’éclatement. étranger au village. Egoïsme de chacun
Mais le sens de l’accident qui faisait la Elle est en quelque sorte l’équivalent, dès que l’intérêt personnel prend le pas
force du premier film se fige ici dans un dans une moindre mesure, de la parabo- sur et au détriment de l’intérêt collectif,
procédé de scénario vite fastidieux. Une le chrétienne de la multiplication des chose qui existe en Iran aussi, mais
jarre fêlée met sens dessus dessous pains et des poissons.(…) oui!(…)
toute l’organisation d’un village. A inter- Car si La jarre, histoire simple et linéai- Après La clé, un doute persistait, dû à
valles trop réguliers, un élément vient re, offre de manière évidente au specta- la présence au générique d’Abbas
compliquer la résolution de ce problè- teur une lecture symbolique, c’est sans Kiarostami, le maître du renouveau du
me, comme si l’auteur «jouait la montre» pour autant sacrifier le matériau événe- cinéma iranien moderne, crédité au
pour ramener à une durée standard une mentiel. Ce qui aurait pu très facilement double titre du scénario et du montage.
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
77.32.76.96 2
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
Ebrahim Forouzesh n’était-il pas qu’un Le réalisateur Filmographie
humble intermédiaire dans le travail
d’un autre, responsable à la fois de
l’amont (scénario) et de l’aval (monta-
ge) ? Avec La jarre le doute n’est plus Courts métrages
permis, aucun collaborateur n’est en
commun aux deux films. On en admirera Sodagaran 1968
davantage le contrôle du metteur en Les marchands (documentaire)
scène et scénariste sur l’ensemble des
Arg-e Bam 1972étapes de la fabrication de son film.
La forteresse de Bam (documentaire)Aucun maillon faible ici, que ce soit
l’écriture, symphonie de détails qui sans Gozaresh 1973
fin enrichissent le propos général sans Le rapport (docum

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