La Jetée de Marker Chris
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

La jetÈe de Chris Marker FICHE FILM Fiche technique
France - 1964 - 29 mn Noir & Blanc
RÈalisateur : Chris Marker
Montage : Jean Ravel
Musique : Trevor Duncan et Liturgie russe du samedi saint
RÈcitant : Jean Negroni
InterprËtes : HÈlËne Chatelain Davos Hanich Jacques Ledoux AndrÈ Heinrich Jacques Branchu Pierre Joffroy
L E
D O C U M E N T
Mieux vaut lÕavouer tout de suit Depuis quÕelle existe, je suis allergiqu ‡ la science-fiction, ses alentours, ses dÈrivÈs. Allergie principalement intellec-tuelle : mon esprit se refuse ‡ la prendre au sÈrieux et si furieusement que, mal-grÈ la meilleure volontÈ, il mÕest impo sible ne serait-ce que dÕessayer d ´jouer le jeuª. JÕai donc honniJe tÕaime, je tÕaim(edÕAlain Resnais), q nÕest pas sans quelque rapport avecLa jetÈe. Mais jÕestime et jÕadmireLa jetÈe. Je lÕadmire non pour ce quÕe dit dÕexplicite (que dÕailleurs je nÕÈco pas - pis, que je nÕentends pas), mai pour ce que je suppose quÕelle dit, c que je ressens quÕelle est : un oratori une cantilËne dÈchirante sur le tragique qui habite dÈsormais notre monde, depuis la Shoah, la bombe dÕHiroshim et la banalisation du mal - notre monde adonnÈ ‡ la torture, aux terrorismes, au massacre des innocents. DerriËre la voix, pathÈtique dÕhumanit du rÈcitant de Marker - pour moi deve-nue ´musique verbaleª -, dÕautres voi sÕÈveillent. Celle du protagoniste deLa peste: ´Il savait que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaÓt jamais [ ... ] et que peut-Ítre le jour viendrait o˘, pour le malheur et lÕenseignement de hommes, la peste rÈveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une citÈ heu-reuseª. (Mais ce jour nÕest-il pas venu y a-t-il encore des citÈs heureuses ?) Celle du commentateur deNuit et Brouillard: ´Nous qui feignons de croi-re que tout cela est dÕun seul temps dÕun seul pays, et qui ne pensons pas regarder autour de nous et qui nÕente dons pas quÕon crie sans fin.ª Bref, jÕapprÈhendeLa jetÈeun peu de la faÁon dont jÕapprÈhendeLÕAnnÈ derniËre ‡ Marienbad, lÕinterprÈta selon mon sentiment et mes angoisses, le pliant ‡ mes inquiÈtudes. JÕen vie drais presque ‡ dire queLa jetÈeest un Marienbad´contaminȪ parNuit et Brouillard, br˚lÈ par les radiations Hiroshima mon amour. Dans le ´voyageurª deLa jetÈe, je vois
cobaye du docteur Mengele. QuÕon n croie pas pour autant que je fasse d film de Marker ce quÕil ne voudrait p Ítre. Si jÕen rejette lÕ´histoireª, la f tion, les ambitions philosophiques (?), j nÕen fais pas un pur prÈtexte. J mÕattache trËs fort ‡ son aventur esthÈtique ; le film me tient en tant qu film. (Certes, nÕaimer quÕ‡ moitiÈ frustrant.).La jetÈese prÈsente dÕabor comme une mÈditation sur le Temps MÈditation cohÈrente. La durÈe es vÈcue, mais le Temps est pensÈ ; plu dÕun philosophe veut nous e convaincre. ´Un temps que nous ne pen serions pas ne serait rienª (Berkeley) Mais la pensÈe exige le langage : ´ L langage nÕest peut-Ítre pas un produ de notre pensÈe, mais il nÕest pas d pensÈe sans langageª (Brice Parain). Si le Temps est pensÈe, et la pensÈe logos, le langage est s˚rement l meilleur vÈhicule pour naviguer dans l Temps. Quand il tourneLa jetÈe, Chris Marke est encore, est surtout un cinÈaste de l parole. Le verbe, chez lui, est premier CÕest le commentaire qui donne ‡ se images leur unitÈ, leur continuitÈ, leu dramatisme et leur sens dÈfinitif. Pou ce film, son cinÈma puise dans le langa ge cette chose fabuleuse, et si banal quÕon lÕoublie, qui peut concilier lÕim naire et le rÈel, lÕimpossible et le po sible, le prÈsent de lÕÈnonciation ave tous les dÈlires, tous les vertiges d lÕÈnoncÈ. Avec des ´siª, on met Pari dans une bouteille, dit le proverbe. La Nouvelle Vague, comme on sait, Èla bora un cinÈma de la parole. Resnais e Marker lÕavaient devancÈe. Avec leur courts mÈtrages, lÕesprit Nouvelle Vagu entrait dans le documentaire. Le monta ge image/discours deLa jetÈejoue de temps de la Grammaire pour se jouer d Temps, pour tenter de retrouver l temps de lÕesprit et celui du monde. construit un Ètrange futur antÈrieur, u futur passÈ, ‡ venir et dÈj‡ venu (puisqu on le raconte). Et lÕ´innocenceª, l ´ ª
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
le passÈ est encore l‡, le futur se dÈcouvre dÈj‡ prÈsent et dÈj‡ passÈ, font de nous-mÍmes, spectateurs de ces apocalypses, des ÒsurvivantsÓ. LÕavertissement (Ècrit et dit) qui ouvre le film brouille dÕemblÈe les pistes, et, avant son hÈros, cÕest le narrateur qui voyage dans le Temps (un narrateur a tous les droits). ´Ceci est lÕhistoire dÕun homme marquÈ par une image dÕenfan-ceª -prÈsent. ´La scËne qui le troublaª -passÈ. LÕenfant devenu adulte ´ne devait en comprendre le sens que beau-coup plus tardª -futurou passÈ dans le futur ? Quand le comprit-il ? ´Quelques annÈesavantle dÈbutª. Le dÈbut serait un repËre prÈcis. ´Avant le dÈbutª fait, dans le futur, un pas en arriËre vers un passÈ encore ‡ venir. Quel dÈbut ? -celui ´de la troisiËme guerre mondialeª. Pour la fiction, cÕest un passÈ -, pour nous, ce nÕest (heureusement) quÕun avenir problÈmatique. Marker frappe alors son premier grand coup (plus saisissant encore que le fameux ´cartonª deNosferatu´DËs quÕil eut passÈ le pont, les fantÙmes vin-rent ‡ sa rencontreª) : ´Et quelque temps aprËs, vint la destruction de Parisª. Quelque temps aprËs. AprËs quoi ? aprËs le dÈbut ? aprËs les ´quelques annÈes avantª ? aprËs la comprÈhension par le hÈros du sens de ce que, enfant, il avait vu sur la jetÈe ? ´…tonnant passÈ simpleª, comme Marcel Martin, Èbloui, bouleversÈ, fut seul ‡ le souligner. Car ´ce passÈ pas si simple que cela, cÕest pour nous hommes de 1964[et de 1997]un futur possible sinon immÈdiat, si lÕon en croit certaine ÈpÈe de DamoclËs atomique suspendue sur nos tÍtesª. Et avec ce passÈ simple, la science-fiction devient politique-fiction. La jetÈeest un film composÈ non de plans fixes, mais de photogrammes, dÕimages arrÍtÈes. En 1963, lÕexpÈrience nÕest pas nouvelle. Resnais puis Marker sÕinsËrent dans un mouvement nÈ en 1940, illustrÈ notamment par lÕitalien .
D O C U M E N T
Le film sur lÕart se donne pour objet so de raconter une toile et dÕen dÈgager u drame soit de lÕ´animerª ; soit, comm le remarquableVan Gogh(1948) d Resnais, de rassembler dans un espac unitaire plusieurs tableaux ou fragment de tableaux du peintre et de nous fair littÈralement voyager dans cet univers soit encore dÕutiliser peintures et/o sculptures aux fins d'Ètayer un discour poÈtique-didactique-politique (ainsiLe statues meurent aussi, 1950, d Resnais et Marker). Ces recherches posent, cinÈmatographi quement, sur le dÈcoupage de lÕoeuvr peinte et le remontage des fragments. (Un fragment de statue est toujours un statue, disait BÈla Bal‡zs.) Un morcea de peinture reste aussi une peinture quitte ‡ modifier le contenu de la pein ture dont il provient sÕil est fait recour au grandissement des dÈtails ou ‡ leu changement dÕÈchelle. (LepopÕarta vÈri fiÈ pour sa part les dÈmonstrations d MusÈe imaginairede Malraux, les trans posant dans le domaine de lÕobjet quot dien.) Du fragment de tableau recadrÈ ‡ l
´caseª de la BD, au roman-photo, le par cours est rectiligne. MaisLa jetÈe, elle est composÈe de photos, de photos d film. Devant la photographie (dont, je n lÕapprends ‡ personne, la ´temporalitÈ nÕest pas celle dÕun tableau), Mark avait le choix entre deux attitudes : ou bien tenir la photographie pour un trace encore vivante - non pas une chry salide, mais une ´momie du Tempsª susceptible dÕÍtre rÈanimÈe, rÈinscrit dans le flux du temps et rendue ‡ sa propre vie (la Belle au bois dormant sÕÈveillant sans avoir rien appris ni rie oubliÈ, et repartant du point, de lÕinsta exact o˘ elle sÕÈtait endormie). Pour u tel rÈsultat il fallait ouvrir les photos sur un futur ; ou bien tenir la photographie pour une image inerte, pour une imag morte, un ´fossile du Tempsª dont le sujets nÕexistent plus depuis longtemp Il suffisait pour cela de nous apprendr que le hÈros est dÈj‡ mort, ce don sÕacquitte le narrateur deLa jetÈe, mai seulement ‡ la fin (ce qui ne nous est dÕaucune aide mÍme lors dÕune nouve vision). Nous dire que rien ne servirait dÕessayer de le rÈanimer. Quelle vi
reprendrait-il ? ¿ la vÈritÈ, Marker a empruntÈ les deux voies ; longtemps la premiËre, quelques secondes ‡ peine la deuxiËme -juste le temps dÕÈtablir pour nous que, dans son film, la photo cachait le cinÈma. Sinon pourquoi, quand on est cinÈaste, ferait-on un film de photos ? Animer des pein-tures, les transformer, nous le compre-nons. Mais des photos ? Par dÈfi bien s˚r. Le dÈfi deLa jetÈe, cÕÈtait de mettre le cinÈma en contradiction avec ses moyens, de le contraindre ‡ passer esthÈtiquement ses limites, ‡ ruser avec ses codes, de le forcer ‡ se nier dans son essence, et puis de les revendiquer tout soudain dans cet instant magique qui a fait la gloire du film : une photo bouge ! Ou le cinÈma, traditionnellement, affirme ´cela est et devientª, ou la photo dit ´cela a ÈtȪ ou bien ´cela est encore, mais figÈ dans un creux du Tempsª, le film de Marker, avec son rÈcitant off et la provocante immobilitÈ de ses images, dit ´cela est, sera et a ÈtȪ tout ‡ la fois. Alors ‡ quoi bon, vers le milieu du film, ces plans dans lesquels lÕhÈroÔne endor-mie se tourne sur elle-mÍme, ouvre les yeux, bat des paupiËres deux fois et nous regarde, si brefs quÕon se demande si on a bien vu, si on nÕa pas ÈtÈ le jouet dÕune hallucination due ‡ la trop forte contention de nos yeux et de notre esprit ? Pour bÈnÈficier du violent contraste, du choc victorieux qui surgit alors ? Sans aucun doute. Plus s˚rement, pour per-mettre au cinÈma dÕaffirmer non sa prÈ-sence (il nÕa jamais ÈtÈ absent), mais sa puissance. Car le ´cinÈmaª, de son plein grÈ, se retire aussitÙt pour laisser ‡ nou-veau la place ‡ la dialectique de lÕimmo-bilitÈ et de la parole, de la voix qui, ayant tout pouvoir, fait lÕimmobile mobile, lÕimpossible possible, maintenant que, lÕinstant dÕun long Èclair, le tremblement ontologique de ´la machine ‡ refaire la vieª vient de se rÈclamer de ses ori-gines : le rÈalisme de la photographie. BarthÈlemy Amengual ∞ -
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Je vous le dÈclare tout-de-go : je trouve La jetÈeadmirable mais, si vous nÕav pas eu vous-mÍme le coup de foudre, je ne prÈtends pas que mes raisons puis-sent vous convaincre. Ce film touche en effet directement au coeur et toute ten-tative dÕexplication rationnelle e secondaire par rapport ‡ la trËs vive impression esthÈtique quÕil engendr Bien entenduLa jetÈeest parfaitement analysable sur le plan intellectuel mais son exceptionnelle beautÈ rÈside avant tout dans la magnificence plastique de la rÈalisation et dans lÕextraordinair densitÈ d'existence que Chris Marker a su confÈrer ‡ cet univers onirique et fan-tastique ‡ la fois. Tout ici est placÈ sous le signe de la science-fiction, ce qui ne peut sur-prendre lorsquÕon sait la passio quÕÈprouve le rÈalisateur pour ce thËm dÕinspiration et les rÈfÈrences no breuses quÕil y a dÈj‡ faites dans se prÈcÈdents films, soit directement soit par lÕintermÈdiaire dÕune vision const te du futur en gestation dans le prÈsent, cette attitude dialectique Ètant une des composantes essentielles de lÕintell gence de la vision markÈrienne de lÕhomme et de lÕHistoire. Sous le pat nage de Wells et de Bradbury,La jetÈe est un voyage ‡ travers le temps et ceci est sans nul doute la raison premiËre de la fascination quÕelle exerce : de par s nature mÍme, le cinÈma est le moyen dÕexpression le plus merveilleuseme apte ‡ rendre la compÈnÈtration perma-nente des temporalitÈs les plus diverses dans notre conscience. ´Rien ne dis-tingue les souvenirs des autres moments, dit Marker dans son commen-taire : ce nÕest que plus tard quÕils font reconnaÓtre, ‡ leurs cicatrices.ª Oui, tout est au prÈsent sur lÕÈcran comm dans notre conscience. Un homme donc est pris comme cobaye par des tortion-naires-expÈrimentateurs qui veulent entrer en contact avec le passÈ et lÕav nir. Il a ÈtÈ choisi entre mille ´pour sa fixation sur une image du passȪ. Sur grande JetÈe dÕOrly, quelques ann
avant le dÈbut de la troisiËme Guerr Mondiale, il a en effet assistÈ ‡ la mor dÕun homme et cette scËne lÕa frap par sa violence. ´Et quelque temp aprËs, vint la destruction de Parisª Etonnant passÈ simple ! (qui Ètait dÈj celui du titre dÕun remarquable film d SF amÈricain,Le jour o˘ la Terr sÕarrÍta). Ce passÈ pas si simple qu cela cÕest, pour nous, hommes de 196 un futur possible, sinon immÈdiat, si lÕo en croit certaine ÈpÈe de DamoclËs ato mique suspendue sur nos tÍtes et don quelques films rÈcents ont mis en Èvi dence la terrible menace. (É) Marcel Marti CinÈma n∞87 - Juin 6
Le rÈalisateur
Il fut lÕun des grands novateurs e France du court mÈtrage et du documen taire. Ses films sur PÈkin, la SibÈrie o Cuba sont devenus classiques, mÍme si trop en prise sur lÕactualitÈ, ils o quelque peu vieilli, contrairement ‡ un Ïuvre de science-fiction aussi rÈussie queLa jetÈe. Chris Marker est u cinÈaste engagÈ : il a promenÈ sa camÈ ra de lÕAsie aux usines de Lip, prena parti, refusant toute concession. E 1977, il juge que lÕheure de la synthËs a sonnÈ : ce seraLe fond de lÕair e rouge. Marker nous y propose, ‡ lÕaid de documents filmÈs, une rÈflexion su les changements survenus dans l monde depuis les annÈes 60. Un film somme, passionnant pour lÕhistorien le sociologue.
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
Jean Tular Dictionnaire du cinÈm
Filmographie
Les statues meurent aussi1950 (avec Resnais) Dimanche ‡ PÈkin1955 Lettre de SibÈrie1958 Description dÕun combat1960 Cuba si1961 Le joli mai La jetÈe1962 Le mystËre Komiro1964 Si jÕavais quatre dromadaires1966 Loin du Vietnam(corÈal.) La sixiËme face du Pentagone1967 A bientÙt, jÕespËre Les mots ont un sens1968 Le procËs dÕArthur London1969 Carlos Marighela1970 La bataille des dix millions Le train en marche1971 Vive la baleine1972 La grËve des travailleurs de Lip1974 La solitude du chanteur de fond LÕambassade1975 Le fond de lÕair est rouge1977 Sans soleil1982 A.K.1985
Documents disponibles au France
Avant-scËne 1964 Le monde - Mai 97 Positif n∞433 - Mars 97 ∞ -
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