Le Harem de Madame Osmane de Mokneche Nadir
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

FICHE FILM
Le Harem de Madame Osmane
www.abc-lefrance.com
D O C U M E N T
tication de cette femme et la rÈalitÈ qui l'entoure. Son mari est remariÈ e France, sa fille n'obÈit plus, sa pensio de famille n'est jamais assez en ordre en confrontant son hÈroÔne ‡ tout ce qui peut provoquer sa crispation hystÈrique Nadir MoknËche fait entrer dans son fil un peu de la sociÈtÈ algÈrienne, mai reste dans un monde o˘ les hommes son rÈduits ‡ de vagues seconds rÙles. U monde o˘ les femmes se chamaillent sÕentraident, dÈfient les "barbus" isl mistes et la peur des Ègorgeurs en crian joyeusement "Vive les femmes d'Alger !" C'est pourtant la gravitÈ de cet arriËre plan qui l'emporte peu ‡ peu. (É) FrÈdÈric Straus TÈlÈrama - 13 Juillet 200
(É) Dans une villa algÈroise, une matriarche terrorise sa domestique, s fille et ses locataires. Les personnage semblent tous frappÈs dÕhystÈrie, et, a premier chef, Mme Osmane. Le scÈnari la prÈsente comme une ancienne com battante du FLN, une notable AlgÈroise Mais nous savons bien quÕil sÕagit Carmen Maura, interprËte de prÈdilectio du jeune Pedro Almodovar. Si o lÕoubliait, son accent castillan viendra nous le rappeler. L'effet immÈdiat de la prÈsence d Carmen Maura est dÕexciter lÕincrÈduli Le Harem de Mme Osmaneest divis en trois actes, le premier situÈ dans l villa, le deuxiËme dans un mariage orga nisÈ au bord de la mer. Ce nÕest quÕapr que le film a quittÈ la ville pour la villÈ giature que ce sentiment de gÍne s'apai se, que lÕon dÈcouvre plus clairement l intentions du metteur en scËne algÈrie Nadir MoknËche, qui signe ici son pre mier long mÈtrage. Cette division de la narration en actes, c refus de la vraisemblance ramËnent a thÈ‚tre. Cette atmosphËre Èlectrique cette cruautÈ entre femmes, ce maintie
des hommes ‡ la pÈriphÈrie de lÕactio dÈsignent mÍme assez prÈcisÈment l rÈfÈrence en la matiËre, Tennesse Williams. Mais il ne s'agit pas seulemen de lÕacclimatation des touffeurs sudist ‡ la chaleur algÈroise. Le film de Nadi MoknËche est trËs prÈcisÈment inscri dans le temps, en 1993, au moment o˘ lÕAIgÈrie sombre dans la violence de l guerre civile. Les femmes du Harem (u harem sans maÓtre, le mari de Mm Osmane est parti en France, vivre avec s maÓtresse) semblent faire dÕelles de cibles toutes dÈsignÈes ‡ la fureur isla mique : court vÍtues, libertines en appa rence. Mais Nadir MoknËche sÕemploie mettre au jour leurs contradictions, leur faiblesses, avec une tendresse san pitiÈ. L'une des locataires dÈcouvr quÕelle nÕest plus que la premiËre Èpou de son mari, la fille de Mme Osmane es coincÈe entre l'intÈgrisme progressist de sa mËre et le conformisme paysan d son fiancÈ. Tout cela est montrÈ ou suggÈrÈ ave beaucoup dÕhabiletÈ par un scÈnario tr brillant. Les interprËtes servent ce text avec une belle Ènergie, quÕon ne retrouv pas toujours dans la mise en scËne qui abuse des trËs gros plans, comme si Nadir MoknËche ne faisait pas tout ‡ fai confiance ‡ ses talents de directeur d'ac teurs. Si loin dans le temps, dans lÕespace dans la pensÈe du lieu quÕÈvoqueL Harem de Mme Osmane, il est difficil dÕÈvaluer la pertinence politique, hist rique de ce film. On attendra avec impa tience les rÈactions des premiËre concernÈes, les femmes algÈriennes Mais on peut au moins lui faire crÈdit d son courage, de lÕoriginalitÈ de sa vision Thomas Sotinel Le Monde du Mercredi 12 Juillet 200
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
Entretien avec le rÈalisateur
Elisabeth Schemla -Sortant duHarem de Madame Osmanej'ai d'abord envie de dire : ÒEh bien ! Vous n'y allez pas de main morte avec les femmes algÈ-riennes !Ó, Elles ne sont pas au bord de la crise de nerfs, elles y sont plongÈes : un Ètat!É Nadir MoknËche - Ce cÙtÈ hystÈrique des femmes dans mon film je l'ai voulu abso-lument, mÍme si c'est casse-gueule, parce que c'est une rÈalitÈ. J'en sais quelque chose, moi qui n'ai ÈtÈ ÈlevÈ que par des femmes et qui fuis leurs cris ! En France, on se reprÈsente toujours l'en-semble des femmes algÈriennes comme des victimes, des muettes qui portent un turban sur la tÍte et mangent des olives. Je prÈtends que c'est faux. Elles sont aussi responsables que les hommes de l'Ètat des lieux car elles sont fortes et savent utiliser pleinement l'Ètroite marge de manÏuvre qui est la leur. C'est ce que j'ai voulu montrer.
Madame Osmane, votre personnage cen-tral incarnÈ par l'espagnole Carmen Maura, est une femme de la nomenklatu-ra algÈroise prise en 1993, au moment o˘ dÈbute la guerre civile. Du choix de son nom ‡ celui de son histoire personnelle en passant par ses comportements, tout est fait pour provoquer. En particulier le public algÈrien des deux rivesÉ Madame Osmane porte un nom dÕorigine turque, hÈritage de la prÈsence ottomane en AlgÈrie. CÕest une ancienne maquisar-de de la guerre de libÈration contre la France coloniale, comme il y en a eu tant. Elle a fait un mariage dÕamour avec un moudjahid de lÕest du pays, un paysan dont elle dit elle-mÍme quÕelle lÕa Òcivili-sÈÓ. Sauf que son mari, une fois polissÈ, lÕa quittÈe la laissant seule avec leur fille, pour se rendre en France o˘ il refait sa vieÉ avec une FranÁaise. Pour Madame Osmane, cette femme qui nÕapparaÓt jamais est Òune vicieuseÓ, pour son mari, une libÈratrice. DËs lors, -
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vers de la frustration sexuelle et affecti-ve phÈnomÈnale qui caractÈrise les AlgÈriens. LÕamour, le couple en AlgÈri nÕest que tragÈdie. On ne sait pas, on n peut pas y dire : Òje tÕaimeÓ dans langue. Le dÈsir, ce foutu dÈsir irrÈpres-sible, on ignore comment lÕassouvi Personne nÕarrive ‡ constituer un coupl ‡ lÕoccidentale, un couple conciliÈ. Po lÕhomme, le seul Èchappatoire est dÕall vivre avec une franÁaise. Pour la femme, il nÕy en a tout simplement pas.
D'o˘ l'acceptation et la reproduction complice du systËme par madame Osmane, propriÈtaire qui rËgne en tyran, comme un homme, sur ses locataires, sa fille et sa bonne ? En effet. Chacun d'entre nous connaÓt une madame Osmane, une de ces femmes qui aprËs avoir cassÈ toutes les traditions dans leur jeunesse, se sont ensuite demandÈ : ´Qu'est-ce que j'y ai gagnÈ ?ª et sont finalement rentrÈes ‡ la maison pour consolider l'ordre Ètabli. Madame Osmane par exemple ne condamne pas la polygamie d'un de ses locataires, quand elle la dÈcouvre. Elle se demande seulement comment Áa se pas-sera pour la petite fille qu'il a avec l'une de ses deux femmes. LÕhomme a le dro d'Ítre polygame : c'est ce que les femmes qui ÈlËvent les enfants trans-mettent aux garÁons. Le personnage ne montre donc aucun sentiment de culpabi-litÈ et personne ne vient lui dire, mÍme pas l'autoritaire madame Osmane, que la polygamie ce n'est pas bien. La seule chose qu'elle lui reproche, c'est d'avoir menti, rien de plus ! De la mÍme faÁon, quoique bafouÈe par son Èpoux, elle n'a jamais cherchÈ ‡ divorcer : elle accepte cette situation, car une maison sans homme en AlgÈrie, c'est un lupanar
Sauf que les hommes ne sont pas trËs brillants dans votre filmÉ Il n'y a qu'‡ Ècouter le langage cru des femmes au hammam comme je l'ai fait quand j'Ètais enfant et que ma mËre m'y emmenait. Ou de lire les rapports
grand psychiatre Boucebci assassinÈ par les islamistes ‡ Alger. Elles se plaignent toujours de la mÍme chose : ´Rien ne fonctionne dans ce pays ni entre nous parce qu'il n'y a plus d'hommes.ª Les hommes algÈriens sont l‚ches. Ils fuient, au propre ou au figurÈ. C'est pour cela que, outre le mari de madame Osmane ou le polygame, les autres hommes du scÈnario sont un gigolo, un homosexuel, un fils totalement soumis ‡ sa mËre pay-sanne - quoiqu'il soit un universitaire pro-fesseur de biologie - et qui renonce ‡ cause d'elle ‡ son amour pour la fille de madame Osmane, qui elle-mÍme fait tout pour casser cette mÈsalliance. Ce sont des hommes absents aux femmes, d'une faÁon ou d'une autre. Cette situation est d'autant plus grave qu'elle a deux consÈquences majeures ‡ mes yeux : la premiËre, dans un pays sans hommes dignes de ce nom, sans pËres, c'est qu'il n'y a pas de transmis-sion de valeurs ; la seconde consÈquen-ce, c'est que le systËme politique algÈ-rien continue d'Ítre le fruit abominable de cette carence.Le Harem de Madame Osmane, c'est un microcosme qui reprÈsente l'AlgÈrie. Ce n'est pas un hasard si le film s'achËve sur un cercueil, celui de la fille tuÈe dans un barrage, cercueil dont ceux qui l'entourent en arri-vent mÍme ‡ se demander s'il contient, bien un cadavre, tant chacun est dÈbous-solÈ !
Dans ce film vous brisez plusieurs tabous, ‡ commencer par la sexualitÈ. Donc l'homosexualitÈ. FÈminine, elle est suggÈrÈe dans une scËne de salle de bains entre Madame Osmane et sa bonne, formidablement interprÈtÈe par Biyouna, actrice populaire algÈroise. Masculine, ‡ travers le personnage du coiffeur lors d'un mariage, mais en rÈali-tÈ votre propre regard en est porteur de bout en boutÉ Pour ce qui est de l'homosexualitÈ fÈmi-nine, je n'en Ètais pas conscient en tour-nant le film. Peut-Ítre parce que les
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qu'on leur cherche des histoires. C'est, plus ou moins admis. Tandis que pour les hommes, non. D'o˘ le choix assumÈ de ce coiffeur, homo franc et douloureux. Mais sur ce thËme, il faut y aller douce-ment avec le public algÈrienÉ
Est-ce pour lui que vous avez d'abord fait ce premier film ? En tout cas, c'est un film qui parle des AlgÈriens et des AlgÈriennes aux AlgÈriens et aux AlgÈriennes des deux cÙtÈs de la MÈditerranÈe et dans lequel, me semble-t-il, ils et elles peuvent se reconnaÓtre. C'est aussi le film d'un AlgÈrien. Bien s˚r, au del‡ de l'enracine-ment de ce travail, j'espËre aussi ardem-ment Ítre reÁu et compris par les FranÁais : le local n'est nullement contra-dictoire de l'universel ! Ce que je crai-gnais par-dessus tout, ‡ l'heure o˘ se rÈveille ‡ peine un cinÈma national, c'Ètait le reproche d'avoir fait un film de plus pour l'exportation. Nous, AlgÈriens, ne nous voyons jamais qu'‡ travers le regard des autres. Nous en sommes tou-jours ‡ l'Èpoque coloniale dans notre pro-duction artistique. Nous recevons toutes les chaÓnes de tÈlÈvision gr‚ce ‡ la para-bole, nous voyons ainsi tous les films y compris ceux qui parlent de nous, mais nous n'en fabriquons pas. Je voulais cette vision non biaisÈe de nous-mÍmes.
Quitte ‡ Ítre suspectÈ d'une algÈrianitÈ du dehors, puisque vous avez partagÈ votre vie entre France et AIgÈrie ? J'ai toujours dit que je suis le produit de trois cultures : la culture kabyle, la cultu-re arabe, et la culture franÁaise. Je refu-se l'enfermement, l'endogamie, les clans familiaux de la sociÈtÈ algÈrienne. Je suis ‡ la fois algÈrien et latin et je crois que mon film est porteur de cette diversi-tÈ.
SpÈcificitÈ que l'on retrouve en effet dans le cÙtÈ trËs pied-noir de votre Ïuvre, de la verdeur du langage ‡ la tru-culence des personnagesÉ
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Harem de Madame Osmaneest u univers algÈrois, celui que je connais, qui n'est ni celui d'Oran, ni celui du sud, ni celui de Tizi Ouzou. Ce cÙtÈ pied-noir, on sait bien qu'au fon tout le monde le partageait un peu et l partage encore. Ma mËre ne cesse d m'en parler et la pied-noir ‚gÈe du film Madame Costa, exprime pour moi cett rÈalitÈ historique et culturelle incontour nable de l'AlgÈrie. Un mariage a mÍme lieu dans un ancienne Èglise reconvertie en salle de fÍtes. Vous Ítes trËs dÈcomplexÈ pa rapport ‡ l'ex-puissance coloniale. A point que votre film est en franÁais. Or l franÁais n'est parlÈ et compris que par u tiers de la population en AlgÈrie. Pourquoi ne pas avoir respectÈ la plurali tÈ linguistique du pays ? D'abord, le franÁais n'est pas une langu ÈtrangËre en AlgÈrie, c'est une de langues algÈriennes. Ensuite pour res pecter cette pluralitÈ dont vous parlez, j souhaitais faire un travail sur la langu qui aurait ÈtÈ ‡ 60 % de l'arabe algÈrie et ‡ 40 % du franÁais. Cela m'aurai aussi permis de reproduire fidËlemen l'Ètat des classes sociales : Madam Osmane appartient ‡ la nomenklatura laquelle s'exprime en franÁais, la mËr de son hypothÈtique gendre avec se tatouages et son voile vient du bled e parle en arabe. Par les langues utilisÈes je souhaitais montrer le cloisonnemen de la sociÈtÈ algÈrienne. J'ai ÈtÈ empÍ chÈ de le faire. Quand j'ai vu que le impÈratifs commerciaux et rÈglemen taires ne me laisseraient placer qu quelques mots d'arabe, tendance couleu locale et folklore colonial, j'ai prÈfÈr renoncer complËtement ‡ cette langue.
Vous avez aussi escamotÈ la terreur isla miste qui rÈgnait en cette annÈe 1993 e mis en scËne des AlgÈrois bien ÈpargnÈ par cette terrible peur qui les assiÈgeait. En toile de fond, il y a deux ou trois bar rages militaires, surtout pas les faux b rages des Ègorgeurs qui ont fait d dizaines de milliers de morts. Et si la f
de Madame Osma elliptique d'ailleurs Pourquoi ? Madame Osmane n se passe autour d' elle refuse de reg rÈalitÈ en face. Pou connu du temps d tion, le couvre-feu sens. Mais j'Ètais ‡ l'occasion de frÈqu algÈroise. A l'Èpoque, ces convaincus que Ò soit disaient : ´Et p foulard, s'il le faut La bourgeoisie a s par-dessus la jam dant longtemps. P fond, comme d AlgÈriens, elle refu la violence qui impr
Prix reÁu Grand Prix ‡ la bi Arabes ‡ Paris 200
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Le rÈalisateur
NÈ en 1965 ‡ Paris de parents algÈriens, il passe son enfance et son adolescence ‡ Alger. En 1984, il obtient son bac ‡ Paris et frÈquente pendant deux ans une facultÈ de droit. Il arrÍte ses Ètudes et sÕinstalle ‡ Londres pendant un an, puis rentre ‡ Paris en 88 et prend des cours ‡ lÕÈcole du ThÈ‚tre National de Chaillot, o˘, avec un groupe dÕÈlËves, il met en scËneElectre de Sophocle, y jouant Oreste. De 1993 ‡ 1995 il frÈquente les cours de cinÈma ‡ la New School for Social Research ‡ New York et rÈalise deux courts mÈtrages,Hanifa et Jardin, le premier vainqueur en 1996 du premier prix du festival de lÕÈcole. Avant de se mettre ‡ lÕÈcriture de son premier long mÈtrageLe Harem de Madame Osmane, il passe trois mois ‡ Ètudier lÕhistoire de lÕart ‡ lÕuniversitÈ de PÈrouse (Italie) et fait un sÈjour prolongÈ ‡ Alger (1996). Dossier distributeur
Filmographie
Court mÈtrage Hanifa et Jardin
Long mÈtrage
1996
Documents disponibles au France
Le Monde du Mercredi 12 Juillet 2000 TÈlÈrama - 13 Juillet 2000
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