Le Tambour de Schloendorff Volker
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Le tambour
Die BlechtrommelF de Volker Schlöndorff
FICHE FILM
Fiche technique
Allemagne - 1979 - 2h25
Réalisateur :
Volker Schlöndorff
Scénario :
Jean-Claude Carrière
Franz Seitz
Volker Schlöndorff
d'après le roman de
Günter Grass
Musique :
Friedrich Meyer David Bennent dans Le tambour
Maurice Jarre
Résumé Critique
Interprètes : L’action s’étend sur près d’un demi-siècle Ce qui, dans ce film, fascine c’est le fait
David Bennent (1899-1945). A Dantzig où Allemands, que nous assistons à la construction - à la
Polonais et communauté Kachoube cohabi- naissance - d’un mythe fondé, comme tous(Oscar)
tent, naît dans une famille d’épiciers, un les mythes sur l’imbrication d’éléments
petit garçon, 0scar, singulièrement précoce irrationnels (relevant aussi bien de la pré-Mario Adorf
qui décide, à l’âge de trois ans, de ne plus conscience individuelle que collective) qui
(Alfred Matzerath)
grandir physiquement se faisant chuter rejoignent ici une certaine réalité sociale :
volontairement dans une cave. Il ne se I’évolution de l’Allemagne entre 1924 etAngela Winkler
sépare plus de son cadeau d’anniversaire, 1945 à travers la biographie d’Oscar,
(Agnès Matzerath) un tambour sur lequel il ne cesse de taper I’enfant qui refuse de grandir.
de façon accusatrice. Volker Schlöndorff qui a été un des pion-
Daniel Olbrychski
niers de la renaissance du cinéma alle-
(Jan Bronski) mand et du cinéma à préoccupations idéo-
logiques et politiques, avec Alexandre
Katharina Tahlbach Kluge et Jean-Marie Straub, nous avait,
(Maria) avec L’honneur perdu de Katharina
Blum et l’épisode de L’Allemagne en
automne - ses deux derniers films vus en
France - donné des œuvres directement
liées aux problèmes actuels de son pays.
L E F R A N C E
1D O C U M E N T S
Dans Le tambour, adaptation d’un de l’ordre acquiert par l’allégorie une conscience de l’Allemagne qui se jeta
roman de Günter Grass, le cinéaste, pre- véritable valeur subversive. Lors d’une dans les bras d'Hitler. Car la guerre arri-
nant ses distances avec la réalité immé- parade militaire, le roulement du tam- ve. Et témoin de l’arrivée du nazisme, de
diate, bâtit une fiction allégorique ; bour d’Oscar introduit la dissonance, l’attaque de la poste de Dantzig où
démarche dont la valeur profondément l’arythmie et, par voie de conséquence, meurt Jan, Oscar parcourt l’Europe occu-
didactique, mais riche d’expériences quand on connait l’importance rituelle pée avec la troupe de nains d’un cirque
multiples, a fait ses preuves de Platon à des mouvements "bien faits" dans les en tournée pour la Wehrmacht, s’éprend
Brecht avec tout ce que cela comporte grandes machineries sociales, le d’une lilliputienne, pique-nique sur le
de maîtrise en profondeur de la pensée désordre et la révolte. mur de l’Atlantique et se retrouve à
humaine. Sur le plan de la psychologie tradition- Dantzig libérée par l’Armée rouge. ll y a
Deux éléments sont à la base de ce nelle, Oscar n’est pas un homme com- là plus de vingt ans d’Histoire et des
micro-mythe qui recoupe une tragique plet : il a un comportement infantile et intentions politiques sous l’aspect sati-
page d’histoire : le personnage d’Oscar irresponsable bien qu'il vive presque rique et picaresque du récit dont la mise
et le tambour. Voyons donc la spécificité normalement sa sexualité. Cette sensi- en scène prend une passionnante
de cet objet qui donne son nom au film : bilité écorchée entre la matrice et la dimension romanesque. Cinéaste des
il s’agit d’un fétiche - jouet d’enfant lumière est symboliquement signalée adaptations littéraires (de Musil à
mais aussi instrument musical ou mili- par les fréquentes incursions qu’Oscar Proust en passant par Heinrich Böll et
taire - servant de médiateur entre les accomplit dans divers dessous féminins Marguerite Yourcenar) Schlöndorff ne
événements et la volonté d’Oscar. Ce et notamment ceux de sa grand-mère perd jamais de vue la nécessité de se
dernier, né en 1924, c’est-à-dire à un comme pour se protéger contre les faire comprendre du public. Sans doute
moment crucial de l’histoire de agressions extérieures. ici le sujet et le personnage d’Oscar
l’Allemagne (un an après le putch man- Au fond Le tambour, bien que ren- (interprété avec intelligence, ironie,
qué de Hitler et l’occupation de la Ruhr voyant à des événements précis et réels, poussée jusqu’au malaise par un garçon
par les Français) a décidé face aux est un film onirique, hétérogène et pro- de douze ans, fils de l’acteur Heinz
nuages qui s’amoncellent sur le pays, de fondément baroque dont les sens secon- Bennent) sont exceptionnels. Sans doute
ne plus grandir : il restera, à trois ans, daires sont aussi multiples que diffus. Schlöndorff a été parfois obligé d’avoir
I’Allemagne de 1927, celle où l’opposi- C’est une œuvre fortement ancrée dans recours à la métaphore. Mais il est allé
tion avait le plus de chances de triom- la sensibilité contemporaine, réclamant au bout de son propos sur le refus d’une
pher. Plus que par la parole, et la des synthèses esthétiques complexes et complicité volontaire avec l’oppression.
logique qui la sous-tend, Oscar s’expri- multiformes qui puissent enrichir en Oscar se montre subversif en tout y
me par l’intermédiaire de son tambour, même temps la réflexion et le regard. A compris la sexualité et la mort. Les
instrument qu’on lui a offert au jour tra- ce titre le film de Volker Schlöndorff comédiens autour de David Bennent
gique de son accident : langage originel, sera une des œuvres marquantes de la sont remarquables. Au festival de
primitif qui frappe l’événement sur le vif, fin des années 70. Cannes 1979, Le tambour a partagé la
qui déforme au sens propre la réalité. Raphaël Bassan Palme d’Or avec Apocalypse now de
L’emploi du tambour se trouve relayé ou Ecran 82 (juillet 1979) Coppola.
renforcé par certains sons stridents que Jacques Siclier
contient la voix d’Oscar et qui peuvent Télérama
briser à distance vitres et objets de L’adaptation du grand roman touffu de
verre. l’écrivain allemand Günter Grass était
Comparons Le tambour avec un autre difficile à réaliser. L'auteur lui-même A propos de sa conception du personna-
film allemand récent : La mort est mon après avoir longtemps refusé diverses ge d’Oskar, Schlöndorff note : “Oskar
métier de Theodor Kotulla. Dans cette propositions a mis la main au scénario, n’est pas un nain, c’est un enfant. En
œuvre nous suivons la vie et la carrière après une rencontre avec Volker préparant l’adaptation j’ai pensé au
de Frantz Lang, homme ordinaire et dis- Schlöndorff qui l’avait convaincu. Bien Chaplin des débuts. Oskar c’est aussi
cipliné qui s’assume et assume l’évolu- des choses ont été supprimées mais le The kid. C’est la révolte de l’enfant
tion de l’Allemagne pré-nazie et nazie film n’est pas vision partielle de l’œuvre contre le monde des grandes per-
jusqu’à devenir directeur d’un camp de littéraire. Il en contient tout l'esprit, la sonnes”. Et : “Pour moi, ce qu’il y a de
concentration. Nous saisissons mainte- force de révolte contre la sottise, la plus important et de décisif, c’est
nant la signification profonde du film de lâcheté, l'arrogance, I’injustice et la bru- d’abord le personnage principal Oskar
Schlöndorff : le refus de la croissance et talité. Il est le symbole de la mauvaise Matzerath ; un petit garçon qui ne veut
L E F R A N C E
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Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
pas devenir adulte, qui en reste à son Ein unheimlicher MomentVolker Schlöndorff
rêve de l’enfance, qui ne voudrait aucu- (c.m.)
ne responsabilité, qui se refuse à la
Études de sciences politiques à Paris,
société - et c’est un thème qui me paraît Michael Kolhaas, der Rebell 1968
puis l'lDHEC ; assistant de Malle et de
très actuel justement aujourd’hui. Ce Michael Kolhaas
Resnais. Retour en Allemagne en 1964,
garçon refuse tout jusqu’à la croissance
suffisamment préparé pour frapper un
mais en même temps, il proteste si fort Baal 1969
grand coup : c’est L’élève Torless, film
et d’une manière si aiguë que le verre se
qui annonce le réveil du cinéma alle-
brise. En ce sens cet Oskar Matzerath Der plötzliche Reichturm der armen
mand. Robert Musi

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