Lettres d’Alou de Armendariz Montxo
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

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Lettres dÕAlou Cartas de Alou de Montxo Armendariz FICHE FILM Fiche technique
Espagne - 1990 - 1h30 Couleur
RÈalisation et scÈnario : Montxo Armendariz
Musique : L. Mendo L. Fuster
InterprËtes : Mulie Jarju (Alou) Eulalia Ramon (Carmen) Ahmed El-Maaroufi (Moncef) Akonio Dolo (Mulai) Albert Vidal (pËre de Carmen) Rosa Morata (femme de Mulai)
L E
D O C U M E N T
Critique
Les pÈrÈgrinations dans toute lÕEspagne dÕAlou, un immigrÈ sÈnÈgalais en quÍt dÕun travail, sont lÕoccasion pour Mont Armendariz, cinÈaste basque, de jeter un regard extÈrieur sur lÕEspagne, de pour suivre lÕinterrogation qui est au centre d son cinÈma : comment sÕintÈgrer ‡ l sociÈtÈ espagnole ? LÕhistoire dÕAlo cÕest un cours accÈlËrÈ dÕhispanie en minutes : comment acquÈrir les pre-miËres notions de la langue, comment comprendre la logique capitaliste ou comment draguer les jeunes filles espa-gnoles. Clandestin, Alou se fait finale-ment expulser. Mais, pour Carmen, une jeune Espagnole quÕil aime, il dÈcide d revenir. Une note dÕespoir qui rompt ave le pessimisme de27 heures, le prÈcÈ-dent film dÕArmendariz (des adolescent basques se suicidaient par la drogue). DansLettres dÕAlou, le discours est plus serein : il ne sÕagit pas de nier la dif fÈrence (la xÈnophobie est partout prÈ-sente) mais dÕapprendre ‡ vivr ensemble, la coexistence de deux cul-tures diffÈrentes. La cohabitation est cette fois-ci possible.On est, bien s˚r, au cÏur du problËme basque. CÕest le prin cipal mÈrite du film que de dÈpeindre un corps social en pleine mutation : premier film sur les immigrÈs, cÕest le signe ‡ l fois indubitable de la prospÈritÈ dÕun Èconomie qui gÈnËre ses propres immi-grÈs et prÈmonitoire de tensions encore latentes. Le regard dÕArmendariz su lÕEspagne ressemble ‡ celui, toutes pro portions gardÈes, dÕAngeIopoulos sur l GrËce : un pays dur, ‚pre, un espace hostile ‡ conquÈrir, ‡ lÕopposÈ de lÕim gerie touristique. Mais le film, sans tou-tefois tomber dans le manichÈisme ni le pathos, nÕÈchappe pas aux limites discours politique : au-del‡ de la mÈ phore politique, les personnages bien du mal ‡ exister, ‡ dÈpasser leur complexitÈ un propos un peu tr explicite. Jean-FranÁois Pigoul Cahiers du CinÈma n∞438 - DÈc. 19
Tasio, le premier long mÈtrage d Montxo Armendariz, exaltait la nobless dÕun travail en contact avec la natur celui dÕun charbonnier de Navarre. C jeune cinÈaste basque, soutenu par l producteur Elias Querejeta, semblait u des meilleurs espoirs des annÈe quatre-vingt, dans un registre trËs Èloi gnÈ du bouillonnant Almodovar, certes apparemment plus attachÈ ‡ l dÈmarche documentaire dans laquelle il sÕest formÈ, tempÈrÈe par un indÈniabl Iyrisme.Tasioparticipait Ègalemen dÕune recherche des traditions, men cÈes par lÕÈcoulement du temps.Lettre dÕAlo,ucomme27 Heuresentre-temps cerne une contemporanÈitÈ aussi pro blÈmatique, exposÈe encore une fois d maniËre linÈaire, sans emphase, pa petites touches. Sans renier sa forma tion, Montxo Armendariz sÕappuie s une enquÍte solide, sur des repÈrage qui lui permettent dÕinsÈrer ses perso nages dans un paysage prÈcis. C regard aigu du rÈalisateur se doubl dÕun autre point de vue, puisquÕil a ch si de faire dÕAlou son narrateur : un dimension subjective complËte ainsi l constat. Tout cela contribue ‡ accroÓtr la sensibilitÈ du film, dont la nouveaut nÕest pas seulement dÕÍtre situÈ Espagne. Alou un jeune SÈnÈgalais, traverse l MÈditerranÈe par les moyens de fortun qui sont le lot de tous les clandestins. Il alterne dÈboires et petits boulots colËres et espoirs, participe ‡ la rÈcolt dans le sud de la pÈninsule, devient ven deur ambulant ‡ Madrid, tisse les pre miers liens affectifs en Catalogne, tra vaille dans un atelier clandestin e cherche ‡ lÈgaliser sa situation, avan de se faire expulser par la police et d
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
du Maghreb, mais le compatriote qui lÕa convaincu de faire le voyage le dÈÁoit ostensiblement. Inversement, aprËs avoir touchÈ aussi bien au racisme viru-lent quÕau racisme ordinaire (celui com-patible avec le paternalisme et mÍme la gentillesse), Alou trouve dans la relation avec une belle Catalane les forces pour tenter de nouveau sa chance, malgrÈ toutes les infortunes subies. La narra-tion ‡ la premiËre personne trouve l‡ sa principale justification, puisquÕelle nous permet de suivre le sentiment du jeune Africain, fort attachÈ ‡ sa terre dÕorigi-ne, mais sÈduit en fin de parcours par un pays qui ne paraissait pas trËs accueillant de prime abord. Montxo Armendariz parvient ‡ donner une consistance aux seconds rÙles, qui dans bien dÕautres films sur un sujet similaire sont rÈduits ‡ de simples sil-houettes. Il arrive aussi ‡ imposer comme des Èvidences tranquilles les aspects qui passent pour Ítre les plus conflictuels : il suffit de citer deux trËs belles scËnes, la priËre dans un tunnel infect qui sert de refuge aux travailleurs saisonniers et lÕenterrement dÕune victi-me anonyme de la dÈtresse et de la pau-vretÈ avec laquelle Alou partage le loge-ment ‡ Barcelone. Dans ces deux cas, IÕislam nous paraÓt proche, il est ‡ la fois facteur dÕidentitÈ et de fraternitÈ . Certains y verront peut-Ítre une mani-festation de cette tolÈrance jadis attri-buÈe ‡ une Espagne ‡ la triple racine, chrÈtienne, juive et musulmane, long-temps refoulÈe.Lettres dÕAloume paraÓt plutÙt un signe parmi dÕautres que lÕEspagne est devenue rÈsolument euro-pÈenne, pour le meilleur comme pour le pire. Paulo Antonio Paranagua ∞ -
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LÕimmigration nÕest pas un thËme faci ‡ traiter sans sombrer dans les stÈrÈo-types, que ce soit politiquement ou cinÈ-matographiquement. Peu de cinÈastes sont parvenus ‡ trouver le ton juste pour parler des problËmes des travailleurs Ètrangers, confrontÈs sans cesse ‡ un univers hostile et incomprÈhensible, ten-tant, souvent en vain, dÕimposer leu existence sociale et leur dignitÈ humai-ne. Bataille dÕautant plus improbabl que leur situation est prÈcaire et leur statut plus ou moins inexistant.Lettres dÕAlouest particuliËrement symptoma-tique de cela puisque mettant en scËne un groupe de travailleurs africains clan-destins en Espagne, et plus singuliËre-ment Alou, un jeune sÈnÈgalais. Face ‡ une langue inconnue, ‡ une sociÈtÈ revÍche et injuste, ‡ un mode de vie for-cÈment marginal, Alou nÕa que quelque armes pour se dÈfendre : intelligence, droiture, bonne volontÈ, dÈbrouillardise, sens de lÕamitiÈ et surtout le soutie dÕabord de lÕÈvidence de son bon dr puis de lÕamour quÕil croise. PonctuÈ de rencontres et de sÈpara-tions, de retrouvailles et dÕÈloigne ments, son parcours est celui dÕun Ítr qui se crÈe ses propres racines, loin de l‡ o˘ il est nÈ. Et lÕexpulsion brutal dont il est victime ne le coupera pas de ce nouveau pays quÕil a fait sien et o˘ i ne pourra que revenir, car o˘ pourrait-il dÈsormais vivre ailleurs quÕici ? Un morale - pour ce joli film jamais racoleur ni facile - qui ne fera guËre plaisir aux racistes de tous poils. Didier Roth-Bettoni Revue du CinÈma n∞465 - Nov. 1990
Entretien avec le rÈalisateur
AprËsTasioet27 heures, films dont lÕaction se situe au pays basque, le Lettres dÕAloutraitent de lÕimmigratio clandestine en Espagne... pourquoi ce choix ? La vie des immigrants africains qui tra-vaillent en Espagne est un thËme qui mÕest cher car je le connais bien, et jÕ du reste, quelques amis parmi eux ‡ Pampelune. Ce qui mÕintÈressait surtout cÕÈt lÕaspect humain du sujet : la lutte po survivre, le manque de comprÈhension dans leurs relations, leur solitude, une souffrance quÕils vivent dÕune faÁ joyeuse et mÍme amusante. Ces gens-l‡ font constamment des blagues sur leur propre condition, ce qui mÕa beaucou surpris. Je me suis alors dÈcidÈ ‡ Ècrire le scÈnario : IÕhistoire dÕun voyage ces survivants ‡ la recherche dÕun lie o˘ la vie serait meilleure.
CÕest un scÈnario original qui a demand plusieurs mois de prÈparation... Oui, jÕen ai eu lÕidÈe en septembre 19 Pour mieux apprendre les aspects gÈnÈ-raux de leur situation jÕai vÈcu trois moi avec un groupe dÕimmigrÈs, en filma avec une camÈra vidÈo. On a tournÈ 15 heures de vidÈo. Ils ont racontÈ leurs aspirations, leurs souhaits, leurs illu-sions et les raisons qui avaient dÈtermi-nÈ leur Èmigration clandestine en Espagne. Avec tout ce matÈriel ‡ lÕappui jÕai Èc le scÈnario dÈfinitif du film.
Il y a dans ton film des acteurs profes-sionnels et non professionnels. Certains sont des immigrÈs clandestins, comme Mulie Jarju... Oui, la plupart des immigrÈs ont ÈtÈ choisis pendant le tournage vidÈo. Un seul est interprÈtÈ par un acteur profes-sionnel franÁais noir : Akonio Dolo (lÕam dÕAIou). Mulie Jarju (Alou) est un clandestin qui
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
rÈgion du ´Maresmesª a vu lÕune des premiËres concentrations dÕimmigrants africains, originaires de Gambie ou du SÈnÈgal. Il se sont installÈs, en organi-sant des groupes, des Èquipes de foot-ball et mÍme des troupes de thÈ‚tre. Mulie avait une petite expÈrience dÕacteur, car il avait travaillÈ dans lÕune de ces troupes.
Le film est racontÈ du point de vue du protagoniste, ‡ travers les lettres quÕAlou Ècrit ‡ sa famille... pourquoi ? JÕai voulu que la camÈra soit un simple spectateur, comme je lÕÈtais moi-mÍme des conditions de vie et de la situation des immigrants. Je pense que leur vie est trËs dure mais aussi gaie, joviale, amusante, malgrÈ des situations prÈcaires, injustes et trËs souvent inhumaines. JÕai cherchÈ ‡ montrer ce contraste, en Èvitant une vision absolument frustrante ou margi-nale.
JÕaime bien dans ton film la faÁon dont tu as filmÈ les villes... «a me fait plaisir de lÕentendre. JÕessaie toujours de faire au mieux. Les villes et tous les dÈcors du film ont ÈtÈ choisis en fonction des lieux gÈographiques o˘ ces immigrÈs vivent et travaillent. Ce qui mÕintÈressait ce nÕÈtaient pas les villes en elles-mÍmes, Madrid ou Barcelone, mais les lieux gÈographiques o˘ les per-sonnages transitent. Madrid, Barcelone, certains villages de LÈrida, ou mÍme dÕAlmÈria, sont vus plus ‡ travers des personnages autochtones, avec leur faÁon de parler et leurs particularitÈs, que par la prÈsence gÈographique de la ville elle-mÍme.
Dans le film, les immigrÈs parlent sÈnÈ-galais entre eux, ou arabe ou moitiÈ franÁais, moitiÈ espagnol. Mais trËs souvent on nÕa pas besoin de sous-titres pour comprendre... Oui, pour arriver ‡ cela il a fallu un tra-vail Ènorme dans lÕÈcriture du scÈnario.
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SÈnÈgal : le Wonolof, les maghrÈbino˘ ils forment une communautÈ impor Le rÈalisateur parlent arabe entre eux, alors jÕai penstante surgissent des problËmes de coha quÕil Ètait nÈcessaire dÕintroduire dabitation. La seule loi existant e le film, dans leurs relations personEspagne sur lÕimmigration date de 198 Montxo Armendariz est nÈ ‡ Olleta, en nelles, leur faÁon de sÕexprimer, de coet cÕest une loi restrictive, non une l Navarre, en 1949. Il fit ses Ètudes ‡ muniquer. Il fallait Èviter le sous-titragdÕintÈgration ou de contrÙle. lÕÈcole dÕÈlectronique, puis devint pro-de toutes ces situations, car cela auraiLa situation est paradoxale. Pa fesseur dÕÈlectronique ‡ lÕInstitut ÈtÈ un grand handicap pour le film. Ilexemple, pendant le tournage du film Polytechnique de Pampelune. fallu un travail dÈlicat, laborieux et trËjÕai vu, dans la rÈgion de LÈrida, de dur pour rÈussir les sÈquences et leagriculteurs qui devaient faire la rÈcolt expressions dans lesquelles le sousdes fruits. Le gouvernement avait inter titrage nÕÈtait pas nÈcessaire, le spectdit lÕembauche des clandestins, alors le Filmographie teur ayant assez dÕinformations poagriculteurs craignant des amendes d comprendre. 500000 pesetas ont prÈfÈrÈ laisse pourrir les fruits. Les paysans ne pou CÕest la premiËre fois que lÕon Èvoquevaient pas les ramasser et les immiBarregarriaren Dantza1979 thËme du racisme dans le cinÈma espagrants crevaient de faim sur la place d gnol, mais certains te reprocheront peutvillage.Ikusmena1980 Ítre que la rÈalitÈ est encore plus durPropos recueillis en Octobre 199 que ton film...par Julio FeCarboneros de Navarra1981 Ceux qui pensent que cette rÈalitÈ nÕeCinÈma 90 n∞471 - Nov. 9 pas dure, devraient vivre et travailleIkuska - 12 avec eux. Certains ressentent la duret comme une situation de violenceTasio1984 dÕagression physique et non dÕagressi intÈrieure, dÕagression humaine. Le fil27 horas1986 est trËs dur par les situations et le vÈc de ses personnages.Cartas de Alou1990 JÕai habitÈ avec eux, jÕai connu cLettres dÕAlou situations, sur la place dÕun village e attendant un travail, sans savoir o˘ ilHistorias del Krˆnen1995 vont coucher, ni sÕils mangeront le le demain. Mais tout cela, qui pourrait ÍtrSecretos del corazon1996 absolument tragique, coexiste avec de relations humaines et cordiales, o˘ lÕamusement fait aussi partie de la vi HÈlas, la rÈalitÈ essentielle est trË dure.
Quel est ton avis sur lÕimmigration cla destine en Espagne, ne penses-tu pa quÕil y a une grande hypocrisie des aut ritÈs ? Oui, je crois que cÕest le rÈsultat dÕu rÈalitÈ sociale que nous vivons, et dÕun certaine faÁon du dÈveloppement indus triel. Les gens se demandent pourquoi l racisme apparaÓt en ce moment. Il y une demande de main-dÕÏuvre bon ma chÈ, non qualifiÈe et on a fait appel ces immigrÈs. Mais ‡ partir du mom
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
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