Mobutu, roi du Zaïre de Michel Thierry

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FICHE FILM

Mobutu, roi du ZaÔre

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D O C U M E N T

coloniale qui courra jusquÕ‡ sa propr dÈb‚cle, au dÈbut des annÈes 90, derriË er re lÕimage tutÈlaire de Baudoin I... N rendant compte que partiellement d lÕhistoire du ZaÔre contemporain - u parti pris assumÈ -, Thierry Michel cern ‡ merveille son personnage, bien quÕ nÕait jamais voulu le rencontrer...Edifia aveu dÕun rÈalisateur qui ne voulait p ´se laisser sÈduire par son charisme, son art de parole et de la mauvaise foiª. Thierry LeclËr TÈlÈrama-n∞2595-9octobre 199

(...) Le film contient de nombreuse archives inÈdites, dont les ´archives prÈ sidentiellesª conservÈes ‡ Kinshasa, de chutes dÕactualitÈs non utilisÈes par l tÈlÈvisions africaines, europÈennes e amÈricaines, ainsi que les tÈmoignage du chef de lÕinformation de Mobutu q Ètait chargÈ de sa propagande, et d chef de la CIA de lÕÈpoque. Ce portra de roi de tragÈdie, metteur en scËne d cette mascarade sanglante du pouvoi qui laissa le pays exsangue et dans l guerre civile, fascine. Regarder lÕexerc ce dÕun pouvoir ‡ distance, tenter dÕ comprendre les rouages intimes, demeu re un spectacle captivant. Sophie Bonne

Les inrockuptibles-n∞215-Octobre 199

(...)Mobutu, roi, du ZaÔreest un oeuvre centrifuge, qui sÕattache rÈtro pectivement ‡ un personnage hors d commun sur une longue durÈe, e sÕinterroge sur les mÈcanismes de so pouvoir en recourant pour lÕessentiel a montage dÕarchives et au commentair en voixoff. (...) Entre lÕÈviction cyniqu de Patrice Lumumba qui portera Mobut au sommet delÕEtat en 1965 et la fuit piteuse de sa fin de rËgne en 1997, c film est dÕabord une grandiose tragÈdi sur la vanitÈ du pouvoir, qui, ‡ la trahi son et au meurtre fondateur du bienfai teur et rival, fait rÈpondre la malÈdictio dÕun vieillard rongÈ par la maladie honni de tous. CÕest aussi bien un leÁon de morale politique qui Èvoque c que le monde des hommes doit ‡ celui de la jungle, quand le vieux lion affaibli est assailli par les hyËnes qui, hier, s partageaient dans la crainte ses rebuts. Entre ces deux termes, on aura vu lÕu des plus fascinants portraits de dicta teur que le cinÈma nous ait offert depui Chaplin, montrant que la lÈgitimitÈ d tyran nÕÈmane que de la mise en scËn qui le fait naÓtre. Grand maÓtre des mot et des cÈrÈmonies, manipulateur d lÕHistoire et de sa propre culture, rejeto improbable du roi Baudouin et dÕAdo Hitler (voir ‡ ce sujet lÕÈpisode de l ´zaÔrianisationª), Mobutu nÕest aus redoutable que parce quÕil est un fa toche persuadÈ du bien-fondÈ de s mÈgalomanie, avec la bÈnÈdiction de puissants de ce monde. Les tÈmoi gnages dÕun ancien responsable de l CIA ou du conseiller belge du roitele africain ne sont pas moins accablant que les assourdissantes dÈclaration dÕamitiÈ de Jean-Christophe Mitterran ValÈry Giscard dÕEstaing, Raymond Barr ou Jacques Chirac.

Permanence de lÕutopie La rÈussite du film repose aussi sur u colossal travail dÕappropriation d regard par le montage, dont la subtil organisation consiste ‡ trouver le just

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intime, vie publique, ressorts psychana- lytiques, historiques, politiques...), entre images dÕarchives, tÈmoignages et com- mentaire personnel de lÕauteur. Le Belge Thierry Michel signe ainsi, sur une ancienne colonie de son royaume, une oeuvre dont on attend toujours lÕÈquiva- lent en RÈpublique franÁaise.(...) Jacques Mandelbaum Le Monde-Mercredi 6 octobre 1999

Ce qui intÈresse dans ce rÈcit de la vie du dictateur africain Mobutu, cÕest le parti pris du documentariste de ne pas cÈder ‡ la dÈnonciation outragÈe, mais dÕutiliser au mieux le format tÈlÈvisuel du film, ‡ partir dÕimages de sources trËs diverses et de relater les ÈvÈne- ments qui dessinent le portrait dÕun homme tendu entre mythologie et mari- vaudage ubuesque. Peu dÕaffÈteries, peu de marques stylistiques. Mobutu appa- raÓt comme un Ítre vellÈitaire, roman- tique, meurtrier, personnage vouÈ ‡ la fiction (lÕorganisation du culte de la per- sonnalitÈ, les comparaisons nombreuses avec le lÈopard) aussi mÈdiocre que fas- cinant. Gr‚ce ‡ un montage intelligent dÕarchives inÈdites,Mobutu, roi du ZaÔredevient le portrait dÕun homme dÕaction, dÕune icÙne, dÕun harangueur et enfin, celui dÕun tyran soumis ‡ ces trois facettes ‡ la fois et qui chute de son piÈdestal. Au fond, plutÙt que la ´tragÈdie nËgreª annoncÈe, lÕhistoire de Mobutu est une histoire moderne, tÈlÈ- visuelle avant lÕheure. Ce sont dÕailleurs des images diffusÈes dans le monde entier qui constituent le pivot drama- tique du film. On apprend quÕaprËs avoir assistÈ au ´procËsª de ses proches amis, les Èpoux Ceaucescu, Mobutu a pris peur. Par un Ètrange effet de corres- pondance, le film le montre subitement comme une statue dÕun autre temps, fra- -

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breux palais, Mobutu pleure. Autour d lui, ses alliÈs, ses amis disparaissent. L rÈbellion gronde dans le pays. Sa fi pitoyable au Maroc, en septembre 1997 celle dÕun vieil absolutiste dÈch devient alors clairement, cÕest la rÈuss te du film, la mort, la rupture dÕun lie entre le peuple, son histoire, ses image rÍvÈes et un homme, collÈ ‡ sa propr fiction de grandeur qui lÕa protÈgÈ battu jusquÕ‡ ne plus rien en voir. Olivier Joyar Les Cahiers du cinÈma-n∞53

Tout le film de Thierry Michel est d la sÈquence dÕouverture. On y Mobutu passer en revue ‡ grand enjambÈes, sa canne-sceptre point dans le ciel, une mosaÔque dÕindivi noyÈs dans le vert p‚le uniforme pagne ‡ lÕeffigie du couple prÈsiden Au rythme dÕune chanson ‡ la gloir ´parti-Etatª, comme chloroformÈs par voix enjÙleuse dÕun crooner du ´p marÈchalª, les corps sÕabandonnent. haut de la tribune, un dictateur ap remment dÈbonnaire invite le peu des figurants ‡ sÕapprocher, puis pr peur: ´JusquÕau tapis rouge!ª. Ce ubuesqueª, cet ´empereur baroqu affirme le commentaire, a envo˚tÈ tr te millions de ZaÔrois pendant plus trois dÈcennies par sa ´sÈduction et cruautÈ raffinÈeª. (...)Comment mont les ressorts cachÈs dÕun tel pouvoir sonnalisÈ ? Thierry Michel a accompli travail documentaire impressionnant illustre la sÈduction que Mobutu a ex cÈe ‡ travers le matÈriel de propagan du rÈgime dÈchu quÕil a retrouvÈ, et vent restaurÈ. CooptÈ et courtisÈ. Il y a des scË extraordinaires, pÈnibles parfois. Inv ‡ la tÈlÈvision belge pour servir dÕ noir ‡ une causerie en marge lÕExposition universelle, le jeune Mo cherche ses mots; puis sÕaffirme co

rempart contre le dÈsordre des politi- ciens, un garant de lÕordre pendant l guerre froide ; enfin, le chef de lÕEta cooptÈ et courtisÈ par les grands de c monde, est ´IÕami personnelª de Giscar et de Chirac, de Nixon, de Bush, du roi Baudoin. A la garden-party sur la CÙt dÕAzur, Raymond Barre dodeline de l tÍte sur un air sirupeux, ´le ZaÔre es bien aussiª .Au pays du ´marÈchal-prÈ sidentª, Mobutu descend du ciel, tou les soirs avant le journal tÈlÈvisÈ. Sa chute et son agonie nÕen seront que plu dures. La camÈra sÕarrÍte sur lÕhom rongÈ par un cancer. La flagornerie de journalistes se fait acharnement, indÈ-

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prend surtout quÕil se fait violence, quÕil avait lui-mÍme cru en son image de pro- pagande, en ce surhomme se confon- dant avec un pays continent au coeur de lÕAfrique. Le ´roi du ZaÔreª fascine, aussi, Thierry MicheL. MalgrÈ un com- mentaire appuyÈ, qui ne laisse pas assez vivre les images, il prend un plai- sir ‡ traquer son anti-hÈros dans une galerie de glaces. Ambigu, ce plaisir se partage et en dit peut-Ítre plus sur la puissance cachÈe de Mobutu que les mots forts et les plans officiels. Le roi nËgre nÕest pas mort, et les Blancs ont des Èmotions. Stephen Smith - -

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Propos de rÈalisateur

(...) Mobutu a ÈtÈ lÕotage des AmÈricain et des Belges, cÕest Èvident. Mais sÕest affranchi de cette tutelle. Il a jou les AmÈricains contre les Belges, les FranÁais contre les AmÈricains, etc. Il a mÍme jouÈ les diffÈrents clans du pou- voir amÈricains les uns contre les autres. A ma connaissance, cÕest le se chef dÕEtat ‡ avoir, ‡ trois reprise expulsÈ un ambassadeur amÈricain ! Le drame de Mobutu cÕest quÕil a eu tout les clÈs en mains et quÕil a ÈtÈ infÈrie ‡ son destin. CÕÈtait un Machiav redoutable, qui se donnait une face gro- tesque. Il a investi tous ses efforts dans lÕÈdification de son personnage, avec l symbolique du lÈopard (dont il Ètait seul autorisÈ ‡ arborer la fourrure). Il a dÈtruit son pays. Mais on ne peut pas nÈgliger lÕadhÈsion quÕil a recueilli lÕembrigadement idÈologique suscitÈ p sa propagande : le mouvement ´A bas costÕª (IÕinterdiction du costume crav ‡ lÕeuropÈenne), le changement du no du pays, de la monnaie, des fleuves, et de chaque citoyen ! Et plus tard, ‡ la mort de son fils, il pleure, bien s˚r : mais quelle aubaine politique,aussi, face ‡ cette opposition qui avait subi des mani- festations rÈprimÈes dans le sang, et qui vient, alors, lui serrer la mainÉ (...) Je lis sa trajectoire comme une parabole sur les mÈcanismes du pouvoir. La trahison fondatrice, IÕassassinat d Lumumba (quÕil ´rÈhabiliteraª plus tard La pÈriode sanguinaire de la prise de pouvoir, puis la phase dÕomnipotence o le clientÈlisme et la corruption dÈbor- dent le cadre du pays, dans les al- liances internationales. Enfin lÕeffondr ment du systËme, le peuple qui com- mence ‡ se rebeller, ses alliÈs Ètrangers qui le l‚chent...C'est un film sur le cynis- me politique et la comÈdie humaine. Le montage est un Èquilibre de funamb entre le rire et la tragÈdie. On ne pouv pas tout dÈvelopper : il fallait constru un mÈcanisme dramaturgique tout

conservant une portÈe synthÈtique au film. MalgrÈ la richesse du matÈriau que nous avions, il a fallu beaucoup Èla- guer. Pour rattraper notre frustration, nous avons doublÈ le film dÕune sÈrie T en trois Èpisodes de 52 minutes. (...) JÕai passÈ une annÈe ‡ visionne plus de 950 heures, et jÕen ai archiv 104 en les reportant en digital. JÕen trouvÈ dans les agences et grandes chaÓnes amÈricaines, aux Nations unies, ‡ la TÈlÈvision belge, en France, en Suisse et mÍme en Chine ! Au ZaÔre, jÕ eu accËs aux archives de la tÈlÈvision nationale et ‡ celles de la CinÈmathËque prÈsidentielle, qui prÈ- sentaient un aspect plus intime de Mobutu : les cÈrÈmonies, Ies fÍtes... des images (comme celle des rÈceptions ‡ Cap Martin) destinÈes ‡ son seul usage, qui auraient fait scandale si on les avait diffusÈes. (...) Le film mÕa pris trois ans. Quand je m suis attelÈ, en 1996, rencontrer Mobutu Ètait impensable. DepuisLe Cycle du serpent, jÕÈtais dans le collimateur : e 1994 jÕavais voulu tourner un deuxiËm film, au ZaÔre, sur les Blancs du pays, et il mÕavait fait expulser,aprËs deux jour dÕincarcÈration, en me confisquant mo matÈriel... Pus tard, quand il a ÈtÈ en exil, Ie ren- contrer serait peut-Ítre devenu possible. Avec mes producteurs, nous y avons rÈflÈchi. Mais, ÁÕaurait ÈtÈ lui permettr de reconstruire son personnage, je serais devenu un peu son otage. Finalement, dÕailleurs cette ultime inte view, personne ne lÕa eue, mÍme si ce tains ont pu voir Mobutu. (...) Quant ‡ ouvrir le film de Mobutu ‡ Kabila...on revient toujours ‡ la mÍme question : jouer journalistiquement ou dramatiquement. JÕai fait mon choi Pour lÕinstant, Kabila nÕest pas Mobu Est-ce un autrecycle qui repart ? AprËs quelques semaines dÕeuphorie, on li l Ètatd esrit desens l‡-bas dansl

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´Comment Áa va.? / Pas mieux que vous.ª Et maintenant : ´Comment Áa va ? / Mieux que demain.ª Ange-Dominique Bouzet Le Monde - Mercredi 6 Octobre - 1999

Filmographie

Le Cycle du serpent

1992

Documents disponibles au France

Cahiers du cinÈma-n∞539-octobre 1999