Parole et utopie de de Oliveira Manuel
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
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Parole et utopie Palavra e utopia FICHE FILM
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D O C U M E N T
atteint au sublime. D'une certaine faÁon, c'est unbiopic, soit la biographie filmÈe de celui que Pessoa tenait pour le plus e grand auteur portugais du XVII , Antonio Vieira (1608-1697), jÈsuite, prÈdicateur, diplomate, missionnaire, Ècrivain, pam-phlÈtaire, thÈologien et, in fine, libre-penseur, dont l'Ïuvre et l'existence ont brillamment conjuguÈ dÈmesure baroque et rÈflexion humaniste. Le sujet de prÈdilection de Vieira, ce sont ces Indiens dÕAmÈrique qu lÕEurope est en train de commencer asservir. Pour une large part, le film leur est consacrÈ, ‡ travers les Ècrits qu'ils inspirent ‡ Vieira, religieux voyageur qui va Èpouser en partie leur cause et intro-duire auprËs des Èlites de lÕÈpoqu lÕidÈe que, peut-Ítre, ces crÈatures d Dieu ne doivent Ítre considÈrÈes ´ni comme esclaves ni comme vassauxª. On se doute que de telles thÈories ne conviennent pas ‡ tout le monde et en tout cas pas aux autoritÈs inquisitoriales qui sÈvissent en Europe.Parole et uto-pietient aussi fidËlement la chronique de ce conflit spirituel trËs particulier, ‡ la faveur duquel Vieira va devoir se dÈfendre bec et ongles, obtenir la pro-tection exceptionnelle du pape, celle de la reine de SuËde et se construire un discours dÕune redoutable efficacitÈ rh torique. RetournÈ au BrÈsil ‡ la fin de sa vie, il va parfaire son systËme discursif jusqu'‡ un apogÈe inouÔ, devenant l'homme qui parle, dit, prÍche et Ècrit, dÈbusquant sous chaque pierre des cas de conscience thÈologico-philoso-phiques et produisant finalement une logorrhÈe fabuleuse, un verbe phÈnomÈ-nal et tumultueux sous lÕeffet duquel s dessine, chaque scËne plus nettement, une utopie effectivement agissante. Car la parole de Vieira, ‡ mesure quÕell gagne en dÈtermination, s'engage vers des horizons politiques toujours plus farouches. Pour rejoindre la vÈritÈ d'un Ètat de nature o˘ se trouvent ces Indiens quÕil ne fait que dÈcrire dans se ´relationsª (les ´reportagesª de lÕÈpoque), il porte son verbe jusq
plus haut raffinement, se fondant dans un langage, une poÈsie, qui est aussi la marque dÕune perfection civilisationne le. Ainsi, au fur et ‡ mesure que s'aigui-se la rhÈtorique des sermons, ÈpÓtres, lettres et dialogues qui sÕarticulent dan des spirales baroques toujours plus ÈchevelÈes, se font Ègalement jour une simplicitÈ des origines, une vÈritÈ nou-velle sur le lien premier qui nous unit ‡ eux, ces Indiens, auxquels le verbe de Vieira, hypnotiquement, nous amalga-me. (É) Olivier SÈguret
LibÈration - 17 Janvier 2001
A premiËre vue, Manoel de Oliveira (dont la prolificitÈ frÙle dÈsormais le syndrome de Ruiz - un nouveau film est dÈj‡ annoncÈ avec Catherine Deneuve) prend le risque de faire d'Antonio Vieira, grand prÈdicateur jÈsuite et portugais du e XVIl siËcle,un hÈros de cinÈma. A y regarder de plus prËs, et en ouvrant bien les oreilles, ce n'est pas tant cet homme Ètonnant qui est ici le personnage prin-cipal, mais plutÙt sa parole : ce qu'il dit, prÍche et prÈdit. Car ce missionnaire, qui passa la moitiÈ de sa vie au BrÈsil, fut aussi un visionnaire. Il prit fait et cause pour les Indiens colonisÈs par son propre pays, et se heurta sa longue vie durant (il meurt ‡ 89 ans) ‡ tous les abus de pouvoir et excËs d'autoritÈ. Ceux de l'Inquisition en particulier. Le film sÕouvre symboliquement sur la compar tion d'un Vieira dÈj‡ ‚gÈ devant un tribu-nal religieux. Sa vie dÈfile ensuite par fragments chronologiques dont le noyau est toujours un texte, qu'il soit sermon, lettre ou plaidoirie. La difficultÈ pour Oliveira Ètait de faire en sorte que la prose de Vieira, cette prose qui fit plus tard pleurer Fernando Pessoa, sÕimpos au spectateur. Il y parvient souvent, notamment par des plans fixes ‡ la sim-plicitÈ ÈlaborÈe, aux Èclairages ´pictu-ª
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
Rembrandt ou La Tour). Preuve qu'il n'Ètait besoin ni de faire diversion par l'image ni dÕaller jusquÕau radicalisme conceptuel de l'Ècran noir (il laisse cela ‡ son ´jeuneª collËgue Monteiro). L'exercice demandait aussi de l'abnÈga-tion aux acteurs choisis pour incarner les trois ‚ges de Vieira. Si le vÈtÈran brÈsilien Lima Duarte en fait un peu trop dans la sainte colËre ou l'accablement, Miguel Cintra est d'une louable sobriÈ-tÈ. A lui reviennent d'ailleurs plusieurs scËnes clÈs, ainsi cette joute oratoire o˘ Vieira, devant la reine Christine de SuËde, se fait le dÈfenseur inspirÈ des pleurs d'HÈraclite face au rire de DÈmocrite. SÈquence d'anthologie qui rÈsume ‡ elle seule, ÈlÈgante et poi-gnante ‡ la fois, ce qui chez le prÈdica-teur a captivÈ le cinÈaste. FranÁois Gorin TÈlÈrama - 17 Janvier 2001
La contradiction s'installe d'emblÈe. Sur l'Ècran, Luis Miguel Cintra, affublÈ d'une barbe blanche pour le vieillir, fait face ‡ un juge de la Sainte Inquisition. Le juge lÕayant sommÈ de dÈcliner son identitÈ, Cintra rÈcite une notice biographique, celle du personnage quÕil interprËte : Antonio Vieira, nÈ ‡ Lisbonne en 1608, installÈ ‡ Bahia au BrÈsil en 1614 avec sa famille, entrÈ chez les jÈsuites en 1623, devenu prÍtre, prÈdicateur vite renommÈ dans le nouveau et l'ancien monde, ÈvangÈlisateur des Indiens et dÈfenseur de leurs droits - ce qui lui vaut de se trouver devant le tribunal. AprËs quoi, un flash-back nous fait retrouver le jeune Vieira incitant ses condisciples ‡ respecter les naÔfs et les esclaves. Nous voici donc dans le dispo-sitif classique d'un film biographique consacrÈ ‡ une figure historique mÈcon-nue. Mais quelque chose dÈtonne dans ce petit thÈ‚tre de la reconstitution. Ce ' n
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durant les deux heures et dix minutes d film : la beautÈ. DËs la premiËre secon de, l'ÈlÈgance et la dignitÈ de l'imag s'imposent. Renato Berta, l'un de meilleurs chefs opÈrateurs du monde accomplit ici un travail magnifique. Cel n'explique pas tout, tant s'en faut : l mise en scËne permet cette beautÈ-l‡ souveraine et modeste. Elle est signÈ Manoel de Oliveira. Ensuite, la contradiction continue. Pendant un peu moins d'une heure, ell se joue, ‡ nouveau, entre les conven tions de la reconstitution et le biai simple et altier adoptÈ par Oliveira. l'Ècran, un fronton d'Èglise coloniale, u travelling au ras des vagues, une foul qui dÈborde de la nef pendant la messe une audience royale, le procËs, quelque inscriptions de faits historiques. Au son des mots, des mots, des mots. Les ser mons d'Antonio Vieira, ses texte innombrables, plaidoyers vibrants pou le respect des plus dÈmunis, des plu maltraitÈs, mais aussi parabole (comme cet extrait du gÈnialSermon d saint Antoine aux poissons, dont on peu lire le texte complet en franÁais, Èdit chez Chandeigne), prophÈties plus o moins loufoques, disputations philoso phiques, dÈbats au sein de l Compagnie de JÈsus, joutes orale devant les grands de ce monde. PrÈcurseur (aprËs Las Casas) de l'anti esclavagisme, Antonio Vieira fut aussi prÈdicateur mondain, coqueluche d pape et de Christine de SuËde, politi cien, voyageur infatigable. Il fut, surtou peut-Ítre, celui que Fernando Pesso appellera en 1934 Òl'empereur de l langue portugaiseÓ et Òle maÓtre de l forme et de la visionÓ. Le jeu entre lÕaustÈritÈ de l'image et l profusion des ÈvÈnements ÈvoquÈs tandis que s'affrontent Portugais e Hollandais, les rois changent l'Inquisition, les congrÈgations reli gieuses et les autoritÈs ecclÈsiastique mËnent de complexes parties, la coloni sation du BrÈsil suit un cours chaotique se double d'un autre jeu, entre le tem
rel de l'histoire racontÈe et le spirituel de l'expression. Antonio Vieira vieillit ; usÈ, il retourne au BrÈsil. La logique dra-matique voudrait qu'en dix minute soient montrÈes ses derniËres annÈes e sa mort. Pas du tout. Il reste une heure de film. Parce que l PËre Vieira est mort exceptionnellemen ‚gÈ pour l'Èpoque - en 1697, ‡ quatre vingt-neuf ans. Parce que l'enjeu du fil est tout autant, sinon davantage, dans cette deuxiËme partie. Que fait le vieillard Vieira ‡ Bahia ? Dans la rÈalitÈ, bien des choses, en tant que visiteu gÈnÈral des missions brÈsiliennes, don de nouvelles interventions en faveur de Indiens, et la rÈdaction ou la transcrip-tion de ses Ïuvres. A l'Ècran, il ne fait pratiquement qu'une seule chose : il parle. On croyait la premiËre partie satu-rÈe de verbe ; on n'avait encore rien vu, c'est-‡-dire entendu. En chaire, en tÍte tÍte avec son confident ‡ qui il dicte des missives, ou faisant face aux autoritÈs de sa congrÈgation, murmurant ou tem pÍtant, il ne cesse dÕalimenter cett extraordinaire aventure de la pensÈe, cet exercice de libertÈ que devient le film. Ainsi cette sÈquence, sans Èquivalen connu au cinÈma, o˘ Vieira (dÈsormai interprÈtÈ par l'acteur brÈsilien Lima Duarte), les yeux plongÈs dans la camÈ-ra, tonne en faveur du respect de langues pour elles-mÍmes et du devoi absolu d'apprendre celles des autres si on veut communiquer avec eux. O entend parler portugais, italien, latin e tupi dansParole et utopie, mais on n' parle en vÈritÈ qu'un seul langage, le langage cinÈmatographique de Manoel de Oliveira. (É) Jean-Michel Frodo Le Monde - 17 Janvier 200
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
Parmi les regrets, qui tenaillent le lec-teur de Madame de SÈvignÈ, celui-ci : jamais on ne courra aux Èglises s'affaler sous la beautÈ d'un prÍche, jamais on n'entendra Bossuet ni le P. Bourdaloue. Et puis voiciParole et utopie, voici le P. Antonio Vieira, jÈsuite portugais et grand Ècrivain, voici le nouveau film de Manoel de Oliveira. Le cinÈaste portu-gais, dÈj‡ filmeur rÈputÈ du phrasÈ littÈ-raire, ne propose aucune rupture esthÈ-tique. Ceci est un Oliveira de plus, si l'on veut, mais un trËs bon Oliveira, ce qui n'est pas rien. Le film est fait presque entiËrement des discours, en portugais classique, du P. Vieira (1608-1697), tenus en chaire ou ‡ la table des juges, souvent claironnants, tout entiers ten-dus vers l'affirmation de deux ou trois idÈes fixes, et peu importe l'Inquisition ou les propriÈtaires terriens : les esclaves noirs et les Indiens du BrÈsil sont des hommes commes les autres, il faut les christianiser et donc les respec-ter, ne pas les assommer de travail ; la grandeur du Portugal connaÓtra son apo-thÈose aprËs la rÈsurrection de D.Joao IV et l'avËnement du CinquiËme Empire. Les sermons du jÈsuite ont pour fonction de dÈvoiler des vÈritÈs (parfois saugre-nues) aux auditeurs. Ils n'ont de sens que si la parole est adressÈe ‡ quel-qu'un qui en sortira plus savant ou plus sage. Il se peut dËs lors qu'il faille s'in-venter des publics, comme fait Vieira prÍchant dans une chapelle mortuaire quand les vivants ne veulent plus l'Ècou-ter. Il se peut aussi qu'il faille apprendre une autre langue pour de nouveaux auditeurs. Oliveira filme souvent le jÈsuite avant le prÍche, avant littÈrale-ment qu'il n'entre en scËne. LÕidÈe est que le P. Vieira travaille, qu'il n'y a l‡ aucune inspiration facile, qu'il n'est pas le dÈcalque de la voix du Seigneur. Lorsqu'il traverse l'ocÈan, le jÈsuite pourrait regarder l'horizon, les vastes espaces, le ciel divin, mais la camÈra se colle aux flots, ne se dirige vers l'horizon que par accident de tangage. Parler vers - ˘
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comme les esclaves, les poissons e toutes les choses du monde - devient l mouvement naturel de Vieira. Tout le film peut donc se voir comm une courbe : prÍcher sur une petit estrade, puis monter vers la chaire et l gloire, enfin redescendre vers la mort (l P. Vieira, devenu vieux, tombe symboli quement dans les escaliers). S'il y trois acteurs pour incarner le jÈsuite (pa ordre d'apparition, Ricardo Trepa, Lui Miguel Cintra et Lima Duarte), c'est qu chacun occupe une Ètape de ce traje qui parfois bÈgaie et devient alors pro fondÈment Èmouvant. Ainsi lorsqu Vieira, dÈsormais star des Èglises, s retrouve pour une fois ‡ la mÍme hau teur que son auditrice (la Rein Christine/Leonor Silvera) et bafouille, o bien lorsqu'on le voit, vieux, de dos, a bas de l'escalier sombre de la chaire devant ‡ nouveau faire l'effort de mon ter pour parler de l‡-haut. (É) StÈphane Bouque Cahiers du CinÈma n∞553 - Janvier 200
Le rÈalisateur
Manoel de Oliveira est nÈ en 19 Porto. Il frÈquente lÕÈcole primaire poursuit sa scolaritÈ dans un col tenu par des jÈsuites. Il ne pousse trËs loin ses Ètudes et semble suiv voie toute tracÈe par la famille en vaillant aux cÙtÈs de son pËre. A vingt ans, il se passionne po sport. Champion de saut ‡ la perch voiture de course le passionne aus remporte de nombreux prix au Port en Espagne et ‡ Rio de Janeir nÕabandonnera la compÈtition 1940. Manoel de Oliveira a encore une passion : le cinÈma. Il sÕinscrit ‡ l de formation dÕacteur de cinÈma ‡ Il est ‡ lÕÈpoque un jeune homm mode et un sportif connu. CÕest plus ‡ cette rÈputation quÕ‡ ses t dÕacteur quÕil devra son seul rÙl La chanson de Lisbonne, en 1933
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Filmographie
Aniki-bobo1942 Acte du printemps1963 Le passÈ et le prÈsent1971 Benilde ou la vierge-mËre1975 Amour et perdition1978 Francisca1981 La visite ou mÈmoires et confessions1982 Le soulier de satin1985 Mon cas1986 Les cannibales1988 Non ou la vaine gloire de comman-der1990 La divine comÈdie1991 Le jour du dÈsespoir1992 Le val Abraham1993 Le couvent1995 Le passÈ et le prÈsent1996 Voyage au dÈbut du monde1997 InquiÈtude1998 La lettre1999
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