Punishment Park de Watkins Peter

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Extrait

FICHE FILM

Punishment Park

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D O C U M E N T

grand public se range du cÙtÈ de l ÒmajoritÈ silencieuseÓ. Comme dans les prÈcÈdents films d Watkins, la force dePunishment Par naÓt, non seulement du rÈalisme de l reconstitution (beaucoup plus que l rÈalisme, le V…CU de la mise en scËne mais aussi de ce que l'anticipation s fonde sur des ÈvÈnements historique prÈcis. De mÍme queLa bombes'ap puyait sur des rapports fort savant concernant les rÈsultats et les consÈ quences d'une Èventuelle guerr nuclÈaire,Punishment Parkse bas sur un texte constitutionnel authentiqu (le PrÈsident des Etats-Unis peut, de so propre chef, proclamer l'Ètat d'urgence comme il le fit en novembre 1973) et su des faits survenus aux Etats-Unis pen dant la pÈriode maccarthyste (incarcÈra tions arbitraires, jugements sommaires etcÉ). Seul l'Èpisode ÒzaroffienÓ de l chasse ‡ l'homme dans le dÈsert relËv de la fiction et il est assez dÈrisoire e alarmant de constater que ce qu'u cinÈaste envisageait comme fiction dan la rÈalitÈ amÈricaine de 1971 est aujour d'hui dÈpassÈ par la rÈalitÈ chilienne d 1973. C'est en quelque sorte ‡ la lumiË re du passÈ amÈricain que Watkin Èclaire une possibilitÈ de son devenir, e c'est cet ancrage dans une rÈalitÈ dÈfi nie qui confËre ‡Punishment Par beaucoup de son pouvoir dÈtonnant. Mais au-del‡ mÍme de ces qualitÈ majeures, l'intÈrÍt et l'originalitÈ du fil rÈsultent en premier lieu de sa prÈsenta tion comme Èmission tÈlÈvisÈe. Comm La bombe(ou mieuxThe war game titre explicite), commePrivilËgeetTh gladiators,Punishment Parkfonde l rÈcit sur la fonction ludique. L'entrepris de rÈpression est un vaste jeu, avec se codes, ses rËgles et ses apparence Òfair playÓ, jeu tragique auquel o convie les tÈlÈvisions du monde entier Et c'est ce faux reportage tÈlÈvis qu'offre Watkins aux spectateurs voyeurs dePunishment Park. Le condamnÈs se divisent en deux clans ceux qui refusent les rËgles du jeu (

extrÈmistes, les Noirs) et ceux qui acceptent d'y croire (les pacifistes humanistes et sociaux-dÈmocrates) Dans le jeu de la provocation et de l'au to-dÈfense, les seconds, au mÍme titr que les premiers sont broyÈs par l'appa reil rÈpressif. Et Watkins constate san emphase que la sociÈtÈ libÈrale n'auto rise le jeu, ne prÈserve les apparence de la libertÈ que dans la mesure o˘ ell est s˚re de gagner la partie. De mÍme qu'il joue sur le rÈel et la fic tion, sur le passÈ et l'avenir, Watkin joue sur la rÈalitÈ et sa reprÈsentatio par l'information. La tÈlÈvision peut fil mer les policiers assassinant sauvage ment les prisonniers : ils n'en ont qu faire. Watkins peut dÈnoncer en un fil toutes les manÏuvres rÈpressives comme l'information, la dÈnonciatio est rÈcupÈrÈe parce que reÁue comm SPECTACLE. Position Ètonnammen paradoxale d'un rÈalisateur qui affirm cependant : ÒLa rÈcupÈration, c'est u risque ‡ courir FORC…MENTÓ. S'il es l'un des plus violents rÈquisitoire contre la sociÈtÈ amÈricaine contempo raine,Punishment Park, amËremen lucide reconnaÓt sa propre impuissance sa propre inutilitÈ, et il y a quelqu chose d'un peu masochiste dans l dÈmarche d'un rÈalisateur qui, conscien des tares d'une sociÈtÈ, tourne un fil prouvant lÕimpossibilitÈ de lutter contr elles. (É) Jean-Marie Sabatie La saison cinÈmatographique 197

SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : [phone]

Etats-Unis, 1970É CondamnÈs par un tribunal appliquant une loi dÕexception destinÈe ‡ museler toute expression dÈmocratique, des contestataires ont le choix entre purger de lourdes peines de prison ou se rendre dans un parc du sud de la Californie ; l‡, ils auront trois jours pour traverser un dÈsert ‡ pied, sans eau ni nourriture, et atteindre un dra- peau amÈricain avant que des forces spÈciales ne les rejoignent, en Èchange de quoi les peines seront annulÈes. Une Èquipe de tÈlÈvision les suit et assiste ‡ leur agonie, car ce marchÈ nÕest quÕun marchÈ de dupes. RetirÈ de lÕaffiche aux USA quatre jours aprËs sa sortie, Punishment ParknÕa rien perdu de sa force rebelle. Son style, qui adopte celui des reportages tÈlÈvisÈs, y est pour beaucoup. Pamphlet contre la violence Ètatique, il est aussi une rÈflexion sur lÕambivalence des mÈdias.(É) Philippe Danjou Le Monde de lÕ…ducation - Mai 1998

Pour trouver la trace de Peter Watkins dans un dictionnaire ou une histoire du cinÈma, il faudrait engager un dÈtective privÈ. Son Ïuvre reste confidentielle dans le meilleur des cas, interdite dans tous les autres. Peter Watkins rÈalise son premier film en 1964 pour la BBC, Culloden, o˘ il revisite la bataille qui oppose les troupes jacobites comman- dÈes par le prÈtendant Ècossais Charles Edward Stuart aux troupes anglaises sous les ordres du duc de Cumberland. Les moyens employÈs par le rÈalisateur sont du dernier cri et un reporter interro- ge, micro ‡ la main, les diffÈrents prota- gonistes de cette bataille, dÈcrite comme une ´opÈration de pacificationª.

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de Peter Watkins de celles de John Cassavetes, Shirley Clarke, Jonas Mekas, de ce mouvement indÈpendant new-yorkais qui, au mÍme moment, rÈa- lisait des films avec des acteurs ama- teurs, mÈlange assez dÈtonant d'un cinÈma minÈ par le documentaire. Peter Watkins aura adoptÈ la dÈmarche inverse, tout aussi audacieuse, avec les mÍmes moyens, pour arriver ‡ un cinÈ- ma documentaire qui serait cernÈ par la fiction et dont le vraisemblable serait toujours remis en cause. Comme celui de Cassavetes, le travail de Watkins a dÈrangÈ. A commencer par les specta- teurs, les rares qui ont eu la chance de voir ses films. DansLa bombe(1966), on leur montrait une attaque soviÈtique ‡ l'arme nuclÈaire sur la Grande- Bretagne. ÒPourquoi ai-je eu l'idÈe de faire du cinÈma ?,s'interroge le rÈalisa- teur.C'est un milieu trËs idiot. J'ai quit- tÈ lÕAngleterre en 1968.La bombea rencontrÈ un accueil dÈsastreux, j'ai dit trËs clairement ce que je pensais ‡ la BBC, qui produisait le film. La BBC a dÈcidÈ de le dÈprogrammer, mais a ÈtÈ contrainte de le diffuser en salles.La bomben'est pas seulement un film sur les effets de la guerre nuclÈaire, il abor- de aussi le silence des mÈdias sur ses effets.Ó

Films-accidents Tous les films de Peter Watkins sont des accidents. Ils sont trËs faciles ‡ dater, marquÈs par leur Èpoque, avec ses para- noÔas, ses peurs et ses obsessions. Punishment Park, qu'il est enfin pos- sible de dÈcouvrir plus de vingt ans aprËs sa sortie, est exemplaire de la complexitÈ du cinÈma de Watkins, allia- ge hÈtÈrogËne de formes, ‡ l'image des personnages, jeunes, vieux, rÈvolution- naires, rÈactionnaires, qui ne parvien- nent plus ‡ cohabiter. ÒJ'Ètais parti aux Etats-Unis pour y rÈ ser une trilogie sur la guerre civile et guerre amÈricano-indienne. Mais le p cËs des Sept de Chicago (et parmi e Abbie Hoffman, Jerry Rubin, Bob

Seale), I'assassinat de l'activiste noir Fred Hampton par la police de Chicag et la mort de quatre Ètudiants blancs su le campus de l'universitÈ de Kant State, tuÈs par la garde nationale de l'Ohio, m'ont beaucoup marquÈ. Le gouverne ment Nixon m'apparaissait de plus e plus paranoÔaque, il en Ètait rÈduit constituer uneliste noire de citoyens amÈricains opposÈs ‡ sa politique natio nale et internationale, qui prÈvoyait d'ailleurs un bombardement a Cambodge. Les comÈdiens amateur que j'ai trouvÈs ‡ Los Angeles Ètaien typiques de la jeunesse militante amÈri caine de l'Èpoque. Un certain nombr d'entre eux avaient dÈj‡ ÈtÈ emprison- nÈs, plusieurs avaient ÈtÈ confrontÈs a harcËlement raciste et violent de la poli- ce de Los Angeles. Les membres du tri bunal Ètaient Ègalement amateurs, cer tains exprimant leur propre conservatis me, d'autres se faisant les avocats du diable.Ó (É)Punishment Parkmet ‡ nu tout c que le grand sourire de Mickey cachait - et cache soigneusement. Le film est vieux, mais la rÈpression qu'il dÈcrit est d'actualitÈ. L'essoufflement politique d l'AmÈrique des annÈes 70, I'Ètouffemen de ses forces progressistes renvoient a dÈsert politique actuel du pays. Punishment Parkest aussi une grand leÁon de cinÈma, d'o˘ est exclu tout didactisme. Il s'agit actuellement d seul parc d'attraction qui vaille vraiment le dÈtour. Samuel Blumenfel Le Monde - Jeudi 9 Avril 199

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Le rÈalisateur

CinÈaste anglais nÈ en 1935. Venu du cinÈma amateur. Peter Watkins tourne en 1964 pour la BBCLa bataille de Cullodeno˘ il applique la technique de tournage du Òreportage-tÈlÈÓ ‡ un sujet historique. Il obtient en 1967 lÕOscar du meilleur documentaire pourLa bombe, un essai de politique-fiction, anticipa- tion dÕune apocalypse nuclÈaire. Commande de la BBC, ce film sera inter- dit dÕantenne jusquÕen 1985 ; il sÕexile afin de pouvoir continuer ‡ travailler. Les films de Peter Watkins trouvent leur originalitÈ et leur efficacitÈ dans une mise en forme o˘ se mÍlent, suivant les films, interviews et reportages (faux ou vrais), documents rÈels et ÈlÈments fic- tionnels. Toutes ses Ïuvres sont des dÈnonciations virulentes des effets potentiellement catastrophiques ou dÈshumanisants de notre civilisation. Transversales 1998

Filmographie

Culloden La bataille de Culloden

The war game La bombe

1964

1966

Punishment Park1971 Edward Munch, ÒLa danse de la vieÓ1976