Trust Me de Hartley Hal
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

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Trust me
de Hal Hartl FICHE FILM Fiche technique
USA - 1991 - 1h40 Couleur
RÈalisation et scÈnario : Hal Hartley
DÈcors : Dan Ouelette
Montage : Nick Gomez
Directeur de la photo: Michael Spiller
Musique : Phil Reed
InterprËtes : Adrienne Shelly (Maria Coughlin) Martin Donavan (Matthew Slaughter) Meritt Nelson (Jean Coughlin) John Mac Kay (Jim Slaughter) Eddie Falco (Peg Coughlin) Gary Sauer (Anthony) Matt Malloy (Ed) Suzanne Costollos (Rachel)
L E
Martin Donavan et Adrienne Shelly
D O C U M E N T
croire que toute la banlieue amÈricaine o˘ se passe lÕaction est en permanenc au bord de la crise de nerfs. Maria et Matthew se rencontrent par hasard - il y a beaucoup de hasard dans Trust me- et ils s'aperÁoivent qu'ils sont aussi ‡ cÙtÈ de leurs pompes lÕun qu lÕautre. Autour dÕeux, Hal Hartley fait tÈlescoper une foule de barjots : un Èpi-cier cynique, une voleuse dÕenfants, de ouvriers aliÈnÈsÉ Pas Ètonnant que Maria emprunte ‡ Matthew son livre surLÕhomme et lÕu vers. Pour rÈviser. Pour sÕinstruire un pe sur cette planËte azymuthÈe avant de dÈcider si elle va ou non donner naissan-ce ‡ un enfant ! TÈlÈrama n∞2199 - 4 Mars 1992
Contrairement ‡ ce que tendraient ‡ nous faire croire certaines rumeurs sou-terraines qui resurgissent parfois ici o˘ l‡, nous avons rÈguliËrement lÕoccasio de dÈcouvrir des premier films qui susci-tent lÕintÈrÍt par leur sensibilitÈ, le style, voire leur maturitÈ. Cependant, ils sont rares les jeunes cinÈastes qui por-tent en eux un univers vraiment person-nel, sans racines cinÈphiliques appa-rentes, et dont le go˚t inÈdit et tenace conquiert peu ‡ peu une place ‡ part dans notre souvenir. Hal Hartley est lÕu de ceux-l‡.Trust me- son second film -nous plonge dans une sorte de monde parallËle au nÙtre, reconnaissable et pourtant diffÈrent, suffisamment proche pour sembler rÈel, mais aussi assez transfigurÈ pour que lÕhistoire racontÈ dÈpasse lÕanecdotique. Ce dÈcalag subtil, qui repose essentiellement sur la direction des acteurs (tous remar-quables), apporte au film une richesse discrËte mais impressionnante : non sans rappeler certaines distanciation, Trust mesÕoffre ‡ nous simultanÈme et de faÁon Ègalement Èvidente comme un drame individuel et une rÈflexi
sociologique, comme une satire sociale et une histoire dÕamour fou. Celle-ci celle-l‡ se nourrissant rÈciproquement, le film atteint une justesse rare, et rap-pelle au passage combien des Èti-quettes comme Òdrame psychologique et ÒcomÈdie socialeÓ ne devraie sÕappliquer quÕ‡ de mauvais films p ambitieux : les personnages deTrust mese dÈfinissent jusque dans leurs sentiments les plus intimes par leur rap-port ‡ la sociÈtÈ dans laquelle ils vivent, fatalitÈ souvent oubliÈe mais qui se retrouve dans nombre dÕÏuvres passion nantes. DÕemblÈe, le spectateur est surpris p un trait dÕhumour grinÁant : la syncop du pËre devant lÕinsoumission de Mari semble dÕabord comique, avant quÕe ne se rÈvËle mortelle. Tout au long du film, Hal Hartley use ‡ merveille de cette disparitÈ entre une mise en scËne distanciÈe et drÙle et des ÈvÈnements qui affectent profondÈment les person-nages. Cet humour pince-sans-rire, alliÈ ‡ une rÈalisation sobre (souvent en plans fixes et recadrages) qui fait de la camÈra un tÈmoin plus quÕun comment teur, donne au film lÕÈlÈgance de l pudeur.Trust meest tout le contraire dÕune comÈdie lÈgËre, car le mouveme du film tend ‡ nuancer - donc ‡ dramati-ser - ce qui, au dÈpart, semblait sati-rique : certains personnages, en particu-lier le pËre de Matthew, dÕabord proch de la caricature (un ex-soldat de CorÈe maniaque et brutal), prennent une dimension plus humaine lorsque sont rÈvÈlÈes leurs blessures (sa femme est morte en donnant naissance ‡ son fils). Toute la force de Hal Hartley est dans la discrÈtion du trait et de la mise en scËne : en faisant mine de suivre les personnages sans les dominer, la camÈ-ra Èvite de les enfermer dans une trajec-toire conduite par un destin transcen-dant ; elle ne se fait pas lÕÈcho de lÕali nation sociale contre laquelle ils se rÈvoltent et leur laisse ainsi la libertÈ dÕagir et donc lÕespoir en lÕavenir. V
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.25.11.83
Èpreuves pour ce quÕelles sont : le moyen, certes douloureux, de dÈpasser la situation qui les a engendrÈes, et de puiser en soi et dans les autres la forme de renouvellement. Ce thËme initiatique qui structure le film fait de Maria le personnage central : mÍme si cÕest un peu simpliste, on peut dire quÕelle a tout ‡ apprendre de Matthew. Au dÈbut du film, Maria est une fille-(bientÙt) mËre, naÔve et plutÙt irresponsable, dont la rÈbellion mal-adroite et provocatrice se limite ‡ une apparence spectaculaire : trop maquillÈe, vÍtue de couleurs trop vives, portant une jupe trop courte et trop moulante, elle est une parodie de la sÈduction fÈminine et lÕemblËme de la rÈvolte adolescente, inconsciente de ses enjeux. La prise de conscience rÈsulte dÕune crise qui rÈunit la culpabilitÈ fami-liale (la mort du pËre) et la dÈsillusion amoureuse (la rupture avec leboyfriend ‡ lÕannonce de sa grossesse). Le premier signe en est le monologue ‡ lÕhÙpital, magnifique, o˘ lÕamour se rÈvËle valeur suprÍme et illusion douloureuse. Cette dÈcouverte marque bien s˚r le dÈbut de sa quÍte. De son cÙtÈ (le montage alter-nÈ nous incite ‡ mettre les deux cas en parallËle), Matthew semble plus clair-voyant, mais aussi plus pessimiste : entre son incapacitÈ ‡ supporter les compromis imposÈs par la sociÈtÈ (mÈdiocritÈ des petits chefs, cynisme des grands), et donc ‡ survivre par ses propres moyens, et le caractËre brutal et pathologique de son pËre qui le considË-re comme incapable, il ne lui reste quÕune sorte de prostration choisie dont lÕissue la plus vraisemblable est suggÈ-rÈe par la grenade quÕil porte toujours sur lui. Technicien compÈtent, observa-teur lucide des mÈcanismes dont chacun est prisonnier (la tÈlÈvision en particu-lier), solitaire obstinÈ dont on devine les fractures, Matthew peut apporter ‡ Maria la prÈcision de son univers et la cohÈrence de sa rÈvolte. Le changement est spectaculaire : aprËs leur rencontre,
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lÕexcentricitÈ est la norme de teenagers) contre une apparence plu discrËte qui tÈmoigne dÕune forc conquise. Dans lÕune des plus belle scËnes du film, laissant ses cheveu longs retomber sur ses Èpaules, elle es coiffÈe par sa mËre, et le geste inlas sable de la main lissant la chevelure associÈ au visage pour la premiËre foi retournÈ ‡ lui-mÍme, pur de tou maquillage, Èvoque un rite de virginit qui dÈsigne clairement la nouvell Maria : elle est dÈsormais une sainte non pas au sens Ètroitement thÈolo gique, mais comme dÈpositaire dÕu sens rÈvÈlÈ qui sÕimpose avec la forc de la foi. Mais la rÈvÈlation en un sen libÈratrice provoque aussi une terribl remise en question : ÒJÕai honte dÕÍ jeune. JÕai honte dÕÍtre stupideÓ, È Maria dans son journal intime. La voi est tracÈe, encore faut-il se donner le moyens de la suivre. Cependant Matthew et Maria ne sÕaiment pa encore : fermÈs, lÕune sur une expÈrie ce douloureuse, lÕautre sur son scept cisme, ils se contentent de vivre - et d sÕobserver - dans une proximitÈ timid A lÕheure des aveux, et des dÈcision Matthew propose un nouvel art dÕaime issu de sa mÈfiance et de son exigence ÒJe tÕadmire et je te respecte. CÕ mieux que lÕamour. Quand les gens so amoureux, ils font un tas de chose insensÈes : ils sont jalouxÉÓ Maria, qui a entre-temps trouvÈ sa fÈminitÈ nÕaccepte quÕ‡ moitiÈ cet engagem un peu tiËde : ÒJe tÕÈpouse si tu reco nais que le respect et lÕadmiratio valent lÕamour.Ó Partis de la mÈfiance, la recherche dÕun amour sans dÈsill sions, cÕest presque logiquement dans l confiance quÕils vont trouver ce Òmie que lÕamourÓ. Il nÕest plus question dire ÒJe tÕaimeÓ, mais ÒJe te f confianceÓ (ÒI trust youÓ), ce que Mar vÈrifie - idÈe magnifique - en se laissan tomber dÕun mur ; surpris, Matthew s prÈcipite pour la rattraper : cÕest dans l langage du corps - celui de Maria - quÕ a donnÈ la rÈponse. Le choix est fait.
DËs lors, les rapports entre les deux per-sonnages sÕinversent lÈgËrement, cÕest Maria qui tente de prendre e charge Matthew pour le guÈrir de se tentations de capitulation. Car le comba contre la sociÈtÈ doit continuer : contraint de travailler pour pouvoir espÈ rer sÕinstaller avec Maria, Matthew e ‡ nouveau victime de lÕaliÈnation qu fuyait au dÈbut du film. Mais la confian-ce est un lien solide, et lÕexplosion fin le dÈbouche, avant (mais au-del‡ de) l sÈparation des amants (il faudrait dir des ÒfiancÈsÓ), sur une communio espÈrÈe : tombÈs lÕun ‡ cÙtÈ de lÕaut les visages inversÈs de Matthew et Maria se font face, allusion vivante au symbole de lÕharmonie parfaite, le yin le yang. Constat accablant dÕune AmÈrique gÈn ratrice de nÈvroses, dÕune machin sociale dont chacun est agent et victime et que personne ne semble maÓtriser, rÈcit initiatique dont lÕaboutissement e une conversion qui tient du miracle, his-toire dÕune passion o˘ l'amour mÍm reste ‡ conquÈrir,Trust meest un fau petit film, et Hal Hartley un vrai cinÈas-te. Olivier Koh Positif n∞374 - Avril 199
Les ingrÈdients du rÈcit sont ceux dÕu mÈlo naturiste aux situations outran ciËres, qui pouvait aisÈment se prÍter a tragique, au sordide le plus ‚pre, voire ‡ lÕhystÈrie. Au lieu de quoi Hal Hartle filme cette histoire tordue peuplÈe de fous ordinaires avec un sang-froid dÈconcertant, sur un ton lisse, impavide, qui renvoie au caractËre aseptisÈ de lÕunivers dÈpeint (et plus symptomat quement ‡ la compulsion de propret maniaque accusÈe par lÕun des perso nages). ExcËs inverse de celui attendu, qui peut parfois passer pour le comble de la sophistication, et donne lieu dan
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certaines sÈquences ‡ un lyrisme ou ‡ un comique ´en veilleuseª contribuant efficacement ‡ lÕÈtrangetÈ du film, ‡ ce ton particulier, dÈcalÈ, entre deux eaux, qui caractÈriseThe unbelievable truth etSimple men. J. V.
Saison cinÈmatographique 1992
Entretien avec le rÈalisateur
De quelle idÈe Ítes-vous parti pour Ècri-reTrust me? LÕidÈe dÕune personne qui change et dÈpasse son ÈgoÔsme ‡ travers son expÈrience et ses luttes. Au dÈbut, Maria est une jeune fille trËs Ègocen-trique, arrogante et idiote. Mais quand les difficultÈs lÕaccablent, elle se rend compte que tous ses principes Ètaient faux. Elle dÈcouvre de bonnes choses en elle-mÍme et reconstruit sa vie sur de nouvelles bases. JÕÈtais trËs intriguÈ par lÕidÈe quÕune personne ne puisse dÈcou-vrir ses aspects positifs quÕen rencon-trant une personne qui les lui rÈvËle. On devient meilleur en vivant pour quelquÕun. En luttant, Maria dÈcouvre lÕhumilitÈ. JÕai tournÈ plusieurs films depuisTrustet ils montrent tous la mÍme chose : des gens qui sÕÈduquent eux-mÍmes, comme Maria. JÕinsiste beaucoup sur ce besoin de connaissan-ce, et aussi sur lÕhumilitÈ. On devrait toujours se souvenir que lÕon ne sait pas tout et quÕil est impossible de tout apprendre. Mais quoi quÕil en soit, la lutte pour le savoir est essentielle. Essentielle pour changer son monde et pour soulager sa douleur.
Est-ce-que ce dÈsir de morale et de jus-tice Ètait une des principales raisons pour lesquelles vous avez fait ce film ? Je fais des films pour Ètudier comment
D O C U M E N T
moi cÕest la seule dÈfinition valable d1987). Peu aprËs, il est nommÈ secrÈtai-Le rÈalisateur la morale. On ne peut pas Èchapperre de production ‡ Action Production et, des considÈrations Èthiques quand opendant lÕÈtÈ 1987, produit son troisiË-essaye simplement de porter un regarme court-mÈtrage,Dogs(25min, 1987). NÈ en 1959 ‡ Long Island, Hal Hartle sur la maniËre dont les gens prennenCÕest alors quÕHal Hartley met en scËne dÈbuta sa scolaritÈ ‡ lÕÈcole primair des dÈcisions. LÕÈthique se rÈsume vrason premier longThe unbelievable religieuse, puis au lycÈe de Lindenhurst ment ‡ cela ‡ partir dÕun certain point.truthavec Adrienne Shelly dans le rÙle quÕil quitte en 1976 pour lÕuniversi principal. Aux Arts DÈcos du Massachusetts, il Peut-on dire que le parcours de MariDossier distributeur Ètudie la peinture, et se lance parallËle sÕapparente ‡ une recherche de la sai ment dans la dÈcouverte du cinÈm tetÈ ? Super 8, quÕil pratique ‡ Boston. Apr La seule chose sur laquelle toutes le un an, il retourne malgrÈ lui religions sont dÕaccord, cÕest que rien Lindenhurst pour gagner sa vie. Il y es changera tant que les Ítres humains n vendeur dans un grand magasin, a sÕÈlËveront pas au-dessus de leur ÈgoÔ rayon tÈlÈvision, photo-cinÈ, et vidÈoÉ me. Ici, une fille souffre ‡ cause de se Il partage ses loisirs entre sa peinture eFilmographie erreurs, de fausses idÈes et de c ses films super 8. quÕelle subit. Tout Á‡ la dÈtruit. Je vo En 1980, Hal Hartley est reÁu ‡ lÕÈcol lais examiner comment on pouvai de cinÈma Suny Purchase. Il y travaillThe unbelievable truth1989 sÕapprocher de la saintetÈ sans Ítre rel en Ètroite collaboration avec le rÈalisa gieuse. En changeant, elle change le teur et monteur Aram AvakianTrust me1990 gens autour dÕelle. On peut dÈfinir u aujourdÕhui disparu, et le directeur de l saint de cette maniËre : cÕest quelquÕ photo Yuri Newman. Il rÈalise ÈgaleSimple men1992 qui parvient ‡ changer les autres just ment ses premiers films avec un autr en se changeant lui-mÍmeÉ CÕest un ÈlËve, Michael Spiller, qui ‡ ce jourAmateur1994 structure que jÕai utilisÈe pourTrust. fait la photo de tous ses films, ‡ lÕexce tion deDogs. A lÕinstitut PurchasFlirt1995 Y a-t-il des points communs dans le to Hartley Ètudie la littÈrature de la renais et lÕatmosphËre de vos deux long mÈtrages, le premier,The unbeli vable truthet le second,Trust, qui dÈroulent dans les mÍmes lieux et d le mÍme milieu social, celui de la cla moyenne de la banlieue de New-York Oui, maisTrustnÕest pas une suite. I fallait pas que lÕambiance du film lÈgËre, il fallait quÕelle soit traitÈe un mode sÈvËre, austËre, agressif, que les images comportent beaucoup gros plans. Ce dont je parle dans le fi ne se prÍtait pas ‡ un traitement sup ficiel. Ce qui nÕempÍche pas que le soit souvent drÙle. (É) Entretien rÈalisÈ par Vincent Ost Cahiers du CinÈma n∞453 - Mars
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