s chaînes de télévision égyptiennes et e fois depuis la création de lUnion s travailleurs dÉgypte (UGSTE)2il y a cinquante ans, les élections de 2006 du syndicat ouvrier ont constitué un événement politique majeur3. LhebdomadaireAl-Wafdconcluait en novembre : « 2006 est lannée des ouvriers, comme 2005 fut celle des juges, des intellectuels et des nouveaux mouvements. »4Dune part, la ministre du Travail5et les dirigeants de lUGSTE6donnèrent plus de visibilité aux critiques en investissant les médias. Les Frères musulmans et la gauche mobilisèrent également la presse, qui devint le théâtre, durant toute lannée, de joutes médiatiques entre la ministre, les dirigeants de lUnion et lopposition syndicale.Dautre part, les protestations ouvrières se multiplièrent en 20067comme en 2005, avec la croyance que le gouvernement et les patrons, fragilisés par les élections, céderaient plus facilement aux revendications8. Au cours du premier semestre 2006, lONG Land Center for Human Rights9répertoria une centaine de protestations contre les baisses de salaires, les licenciements et les privatisations, passées et à venir, dans les entreprises publiques. La ministre déclara en août que laugmentation des occupations et des grèves était due aux difficultés économiques, ajoutant que les ouvriers « [géraient] leurs revendications de façon responsable »10. Depuis le début de lannée, les dirigeants des syndicats demandaient au gouvernement de retarder les privatisations après les élections.Al-Wafdcitait un rapport des services de sécurité qui mettait en garde contre la possibilité dune forte progression de lopposition aux élections syndicales11. Pour calmer les esprits, le Premier ministre et plusieurs membres de son gouvernement se rendirent dans les très grandes usines textiles, à Kafr al-Dawwâr, al-Mahalla, Chûbra et Hélouane, promettant de maintenir en activité les entreprises en difficulté et de créer des emplois alternatifs à ceux qui seraient supprimés12. La presse rapporta que le ministre de lInvestissement aurait pour sa part suspendu la vente de 45 autres entreprises13. Immédiatement après lélection présidentielle, un changement avait été introduit par le remplacement du ministre du Travail, Ahmad al-Âmmawî, par Âicha Abd al-Hâdî. Première femme à ce poste, la ministre venait des bureaux exécutifs de lUnion des travailleurs dÉgypte où elle était secrétaire déléguée aux affaires de la femme et de lenfant. Elle occupait le même poste à lUnion des travailleurs arabes. Elle était aussi