Guerre d Irak : où est ta victoire ?
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G u e r r e sd ’ a u j o u r d ’ h u i J e a n - L o u i sD u f o u r *A A3 8 jean-louis.dufour@revue-defense-ihedn.fr Guerre d’Irak : où est ta victoire ?
Une promesse du candidat Obama a été tenue : le rapatrie-ment d’Irakdes unités de combat avant le 31 août 2010. La Maison blanche, cependant, s’est gardée de crier victoire ! Et pour cause ! La guerre d’Irak n’est pas terminée.
Une promesse du candidat Obama a été tenue : le rapatriementd’Irak des unités de combat avant le 31 août 2010. La Maison blanche, cependant, s’est gardée de crier victoire ! Et pour cause ! La guer-re d’Irak n’est pas terminée. Le départ d’Abou Ghraib de la 4ème brigade qui a franchi le 19 août la frontière du Koweït constitue-t-il un tournant ? La réponse n’est pas évidente.
L’invasion de l’Irak avait trois buts : détruire l’armée de Saddam, renverser son régime, mettre en place un gouver-nement ami. Les deux premiers objectifs ont été vite atteints. Près de huit ans plus tard, toutefois, l’Irak a eu beaucoup de mal à désigner un gouvernement ; cette incapacité équivaut à un échec stratégique majeur. La faute commise lors de cette invasion n’est pas d’ordre militaire mais poli-tique. Les Etats-Unis savaient combien la communauté chiite était hostile au Baas tout en étant influencée par l’Iran. Cependant, la décision d’abattre le régi-me de Saddam plaçait la communauté sunnite dans une situation impossible, entre une arméeaméricaine hostile et des chiites qui l’étaient tout autant. D’où l’insurrection sunnite, soutenue par des étrangers, menée à la fois contre l’enva-hisseur américain et l’adversaire chiite ! Face à des sunnites désespérés, les Etats-Unis pouvaient imaginer un Irak
dominé par les chiites. Mais ils compri-rent que ce pouvoir serait alors contrôlé par l’Iran. Washington se voyait donc confronté aux sunnites mais aussi, dans une large mesure, aux chiites. Dans le même temps, ces deux communautés s’affrontaient par le biais d’attentats meurtriers. De 2003 à 2007, l’Amérique n’a pas fait la guerre en Irak, elle y a ren-contré le chaos.
Le retournement Surviennent alors deux surprises.En 2006, on croit le président Bush affaibli, on le dit prêt à ordonner le retrait des troupes. Il fait le contraire. C’est le « surge » ! Les renforts ne sont pas si nombreux. Ils mettent du temps à arriver. Ils prennent pourtant tout le monde à contre-pied, Iran com-pris. George W. Bush désigne un officier de qualité. Celui-ci propose une straté-gie. Impossible, pense le général Petraeus, de se battre contre tout le monde ; il faut un allié. Ce sera la com-munauté sunnite. Pour deux raisons : les chefs de tribus ne supportent plus les djihadistes étrangers, ils redoutent le moment où les Américains laisseront leur communauté à la merci des chiites. Ces faits, joints à quelques prébendes, renversent la situation. Les chiites se retrouvent sur la défensive face aux milices sunnites créées pour appuyer les troupes US. Petraeus stabilise la situation mais sans
gagner la guerre. L’Irak peine à se trou-ver un gouvernement. Les élections de 2010 n’ont pas dégagé une majorité. Avec une équipe d’irresponsables, sans mandat ni représentativité, le pays, miné par son confessionnalisme, ne peut rebâtir une armée, indispensable pour équilibrer l’Iran, pas même une police sérieuse. Or Washington doit résoudre une ques-tion stratégique essentielle. Une fois les Etats-Unis partis d’Irak, l’Iran sera la pre-mière puissance militaire du Golfe, pro-duit catastrophique d’une stratégie amé-ricaine inepte. A l’inverse, un Irak fort est une hantise pour l’Iran. Téhéran doit dis-poser à Bagdad d’un gouvernement dont il soit sûr ; l’Iran ne peut en imposer un aux Irakiens mais il a les moyens d’em-pêcher l’avènement à Bagdad d’une équipe qui lui déplairait.
Causer avec Téhéran ! Avec 50 000 hommes, et pendant un peu plus d’un an, les Etats-Unis vont disposer en Irak de capacités suffisantes pour y intervenir puissamment. En attendant de nouveaux allègements d’effectifs ! Le jour, alors, pourrait venir où des milices chiites, éventuellement soutenues par l’Iran, se sentiront capables d’affronter leurs rivaux par les armes. Pour l’éviter, deux solutions : une nou-velle politique américaine qui verrait Washington convenir avec Téhéran des conditions d’une stabilisation de l’Irak ou bien la guerre ! Mais assaillir l’Iran pour se sortir d’Irak serait une nouvelle erreur. Envahir un pays montagneux de 80 millions d’habitants est inimaginable.
L e s7 re n d e z - v o u s Des bombardements souderaient les 65 Iraniens autour d’un pouvoir que, pour-tant, ils apprécient peu. Des frappes, éventuellement israéliennes, contre ses installations nucléaires n’empêcheraient pas Téhéran de toujours contrôler Bagdad.
S’entendre avec l’Iran est la seule issue. Beaucoup à Washington y verraient un échec grave. Ce n’est pas sûr. Pour l’heu-re, la stabilité relative de l’Irak devrait permettre la définition d’un compromis entre Bagdad, Téhéran et Washington. Hélas, aux Etats-Unis, les deux dernières administrations n’ont pas révélé de per-sonnalité politique à la hauteur du talen-tueux général Petraeus, au beau nom d’empereur romain !
NOVEMBRE-DECEMBRE N°148
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