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La Chine au bord de l'implosion? Pierre-Noël Giraud Professeur à l ...

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Langue Français

Extrait

La Chine au bord de l’implosion?
Pierre-Noël Giraud
Professeur à l’Ecole des Mines
Club Ulysse
Publié dans « Le Nouvel Economiste » 22/04/05
L’histoire millénaire de la Chine est celle d’une unité profonde mais toujours menacée. Seuls
des pouvoirs forts ont su l’unir. Mais il n’y sont parvenus que si le peuple reconnaissait leur
légitimité. Cette légitimité, le pouvoir a toujours fini par la perdre quand une corruption
généralisée et de trop criantes inégalités déchiraient le pays. Venait alors le temps des révoltes
populaires et des seigneurs de la guerre : le pays éclatait jusqu’à ce qu’un nouveau pouvoir,
surgi des steppes de l’Asie centrale ou des profondeurs de la paysannerie, l’unifie à nouveau.
Où en est la Chine aujourd’hui ? La dernière unification, après un long siècle d’anarchie et
d’éclatement, ne date que de 1949. A l’aune de l’histoire chinoise, c’est hier. Mao et Deng,
aussi opposées qu’aient été leurs politiques, avaient au moins une ambition commune :
redonner à la Chine la place éminente qui lui revient. Alors que cet objectif est encore loin
d’être atteint, la Chine commence à présenter des signes d’inquiétantes tensions intérieures.
L’écart de revenu entre les villes de la côte et les campagnes a explosé. Le sous emploi dans
les campagnes et les anciennes régions industrielles du nord et de l’intérieur est énorme,
l’exode vers les villes riches n’est ralenti qu’au prix du maintien du système du « hukou »
(passeport intérieur). Des grèves et des mouvements de protestation éclatent partout. Dans les
zones côtières où le marché de l’emploi, en particulier qualifié, est très tendu, ce sont des
grèves pour de meilleurs salaires, organisées, en dehors du syndicat officiel et du Parti, par
des « coordinations » apparemment indépendantes. Il y a quelques mois des dizaines de
milliers de femmes sont descendues dans la rue à Shenzhen, et ce n’était pas à l’invitation du
Parti... Dans les zones où les anciennes entreprises d’Etat n’en finissent pas de mourir, ce sont
des mouvements, souvent violents, contre la disparition des filets de protection sociale du
socialisme, et dans les villages contre la pression fiscale et les abus des bureaucrates locaux.
Par ailleurs l’exceptionnelle croissance économique consomme à grande vitesse un capital
naturel dont la dégradation devient alarmante.
La Chine est elle pour autant au bord de l’implosion, ou tout du moins d’un brusque coup
d’arrêt, qui enflammerait les révoltes populaires et qui exigerait, comme condition de sortie de
crise, l’avènement tant attendu en occident d’une démocratie à notre image?
On peut en douter. D’abord le Parti est loin d’être aussi coupé de la population qu’on le
prétend parfois. Sa légitimité restera suffisante tant qu’il sera capable d’assurer une croissance
soutenue et, en partie au moins, partagée. Certes, les inégalités actuelles sont sans doute
proches d’un point de rupture. Mais tout laisse penser que le Parti s’est donné comme priorité
de les corriger : l’accent est désormais fortement mis sur le développement des provinces
intérieures. Le prochain plan est sous le signe de la protection de l’environnement. Le Parti
joue un rôle ambigu dans les grèves économiques « spontanées » : il cherche certes à les
canaliser, mais ne les attaque pas frontalement... En ville, l’usage d’internet, même contrôlé,
dans les campagnes, l’autorisation donnée en 1988 de constituer des comités de village
indépendants, exercent une surveillance et engendrent au sein du Parti des forces de rappel,
qui le contraignent en particulier à mettre à jour et condamner les cas de corruption et d’abus
de pouvoir les plus flagrants. Le nationalisme est habilement utilisé. Bref, le Parti ne donne
pas l’impression d’avoir perdu la main. Ayant intégré en son sein les nouveaux capitalistes, il
reste le lieu actif de débat qu’il a souvent été. Il apparaît toujours comme le seul garant de
l’unité nationale. La séquence ouverte en 1949 ne semble donc pas sur le point de se refermer.
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