LA FEMME, OBJET D'INNOVATION
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LA FEMME, OBJET D'INNOVATION

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LA FEMME, OBJET D’INNOVATION
Les théoriciens de l’innovation nous entretiennent le plus souvent d’informatique, d’automobile, d’aéronautique, du médicament ou de biotechnologies. Manquait un livre sur l’innovation liée au corps féminin, centré sur les techniques (1). Teresa Riordan, une journaliste scientifique spécialisée dans l’étude des brevets, écrivant notamment pour leNew York Times, vient de relever le défi (2). Le résultat, aussi passionnant que surprenant, jette un regard original, parce que décalé, sur l’innovation, sa nature et ses processus
PARHervé DUMEZ, CRG – ÉCOLE POLYTECHNIQUE
seins, le corset présenté dans les publicités comme L’INNOVATION A DESTINATION DES FEMMES « électrique »(en fait magnétique) et vendu avec une aiguille aimantée témoin, la recherche acharnée desti -Durant la période couverte par le livrede Teresanée à pr oduire des crinolines en métal articulées don-Riordan, c’est-à-dire de 1850 à 1950, 1 % des brevetsnant du volume aux robes tout en permettant à leurs déposés aux États-Unis furent consacrés au corps fémi- propriétairesde s’asseoir sans peine [Figure 2],etc. nin. Les féministes aimeraient y voir l’effet de laToutes les technologies ont été mises à contribution, fameuse domination masculine. Lesnotamment l’électricité, mais aussi la choses sont apparemment plus com-radioactivité qui, à peine découverte et plexes (ou plus subtiles?). En général,industrialisée, a été utilisée pour l’épi-la part des brevets déposés par deslation avant que ses dangers ne soient femmes elles-mêmes est majoritaire, etreconnus. Pourquoi une telle activité? elle monte parfois à deux tiers, commeLe corps féminin fait l’objet d’innova-pour tout ce qui touche au soutien dutions multiples, morceau par morceau buste, par exemple. Le catalogue dessi l’on peut dire: les yeux, le buste, les inventions dont la femme est l’objethanches, la peau, les ongles, etc. C’est est par ailleurs incroyable: il couvre lesle plan choisi par l’auteur, qui s’en tâtonnements qui ont conduit à latient à son sujet – les brevets, les tech-mise au point du bâton de rouge àniques, les inventions – et n’avance, lèvres à vis [Figures 4], les appareilscomme en passant, qu’une hypothèse: inventés pour poser le rouge exacte-peut-être les femmes cherchent-elles à ment sur les lèvres sans déborderrépondre à la prédilection masculine © Coll. auteur D.R. Figure 1 : L’appareil à poser le rouge à lèvres [Figure 1], intermédiaires entre lepour la nouveauté en cherchant à se sans déborder moule à gaufres et le pochoir, les ven-réinventer sans cesse? En tout cas, le touses destinées à grossir et former lesmarché de l’innovation pour la femme
(1) Les historiens qui abordent la question de la beauté féminine et de l’évolution de ses canons le font généralement dans une optique plus proche de l’histoire des mentalités – voir VIGARELLO, Georges (2004) Histoire de la beauté.Le corps et l’art d’embellir de la Renaissance à nos jours, Paris, Éditions du Seuil, collection l’Univers historique.
(2) RIORDAN, Teresa (2004)Inventing Beauty, New York, Broadway Books, 308 p. Les illustrations de cet article ont été aimablement four-nies par l’auteur du livre, que nous remercions. Elles sont extraites de publicités ou de dépôts de brevets aux États-Unis.
35 GÉRER ET COMPRENDREJUIN 2005N°80
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