Le billet du Rédacteur en chef Du World Trade Center à Beyrouth
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Le billet du Rédacteur en chef Du World Trade Center à Beyrouth

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Langue Français

Extrait

Lancée par l’administration Bush au lendemain des attentats du
11 septembre 2001, la " guerre globale contre la terreur " n’a pas
eu les résultats escomptés. Déclenchée sous des prétextes fal-
lacieux, la guerre d’Irak est plutôt venue aggraver le phénomè-
ne terroriste que le réduire et, sur le terrain militaire, les opéra-
tions en Afghanistan marquent le pas, au risque de contribuer à
la déstabilisation de la sous-région.
Dernier avatar de cette guerre " globale ", la destruction du
Liban, menée - elle aussi - au nom de l’éradication du terrorisme
a fait du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah le nouveau Nasser
du monde arabe. Plus d’un millier de victimes, près d’un million
de personnes déplacées, une marée noire plus importante que
celle de l’Erika - les dommages que devra payer la communauté
internationale sont évalués à plus de 10 milliards de dollars
après des destructions qui surpassent celles d’une guerre civile
de quinze ans – enfin, une nouvelle spirale de haine qui fabrique
méthodiquement le " choc des civilisations ". Alfred Grosser : "
Avoir été victime ne donne pas le droit de devenir bourreau "
1
.
Hormis ce bilan désastreux, une des causalités de cette nouvel-
le guerre proche orientale repose sur une idée fausse - totale-
ment fausse - à travers laquelle les politiques occidentales
s’embarquent dans de nouvelles croisades autant vaines
qu’illusoires, à savoir qu’il y aurait une continuité linéaire entre
Al-Qaïda (la nébuleuse Ben Laden), le Hamas palestinien et le
Hezbollah libanais. Les attentats du 11 septembre 2001 ont été
accompli par une bande de psychopathes qui, au nom de la
Oumma (la communauté planétaire des croyants), entend
mener une guerre sans concession contre tous les infidèles du
monde, au premier rang desquels les Américains. Puisant son
inspiration aux sources de l’idéologie de la Confrérie des Frères
musulman et du wahhabisme saoudien, cette guerre sans fin
contre les infidèles ne s’appuie sur aucune espèce de revendi-
cation territoriale, politique, économique ou sociale. Elle ne
repose que sur une stricte séparation entre les croyants et les
infidèles.
Les revendications du Hamas et du Hezbollah sont d’une toute
autre nature. Que cela nous plaise ou non le Hamas a remporté
les élections législatives palestiniennes qui se sont déroulées
sous le contrôle de quelque neuf cents observateurs internatio-
naux. Le Hezbollah dispose de quatorze députés au parlement
libanais qui en compte 128 et de deux ministres au sein du gou-
vernement de Fouad Siniora. Certes, ces deux formations recou-
rent ponctuellement à un modus operandi " terroriste " dans un
contexte très asymétrique, conditionné par la poursuite de l’oc-
cupation et la colonisation israélienne, mais leurs revendica-
tions s’enracinent dans la territorialité d’une terre parfaitement
délimitée et cartographiée, selon des exigences politiques, éco-
nomiques et sociales affichées. Ces données constituent autant
de points d’appui pour une négociation sinon un règlement
politique.
S’il est parfaitement inconcevable d’envisager toute espèce de
négociation avec les adeptes d’Oussama Ben Laden, les res-
ponsables
du Hamas
et du Hezbollah se sont
imposés - que cela nous
plaise ou non – comme des
interlocuteurs incontour-
nables si l’on veut stopper
l’engrenage du choc des
civilisations. Si l’on ne
parle pas aujourd’hui avec le Hamas et le Hezbollah, il faudra
compter, demain, avec des factions encore plus extrémistes que
ne le sont les " rhizomes " actuels de la nébuleuse Ben Laden.
Le fait de parler avec ces formations ne signifie pas une accep-
tation de toutes leurs exigences, mais constitue la condition
nécessaire à la relance d’un processus diplomatique qui, à
terme, devra traiter de l’ensemble de l’arc de crises proche
oriental dans la globalité de ses articulations et de ses interac-
tivités. Certes, l’application de la dernière résolution 1701
concernant le Liban constitue une des bases de cette relance.
Mais sachons bien qu’on ne pourra pas assurer une restaura-
tion pleine et entière de la souveraineté du pays du Cèdre sans
travailler aussi à l’application des résolution 242, 338, 1515 et
suivantes concernant le conflit israélo-palestinien, épicentre de
cet arc de crises proche oriental.
On a compris, désormais, qu’il est absurde d’imaginer, à l’instar
de tous les idéologues du néo-conservatisme à l’américaine ou
à la française, que la route de Jérusalem passait par Bagdad. "
C’est plutôt l’inverse qui est vrai. D’où la nécessité impérative
de se recentrer sur l’essentiel " souligne l’ancien ambassadeur
d’Israël en France Elie Barnavi
2
. Et l’essentiel, comme le rappe-
lait Hubert Védrine au lendemain des attentats du 11 septembre
2001 à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies,
c’est d’essayer de régler les crises proches orientales au pre-
mier desquels le conflit israélo-palestinien. A l’évidence ce
règlement ne passe pas par le plan du " Grand-Moyen-Orient "
de l’administration Bush. Hubert Védrine encore : " Cette idée
de démocratiser le Moyen-Orient, pour sympathique qu’elle
paraisse, découle à l’origine de la volonté de nier la question
palestinienne et d’échapper à toute négociation avec tout
représentant d’une Autorité palestinienne en transformant les
pays arabes en démocraties pro-occidentales. Ce tour de passe-
passe ne marche pas " .
Ce qui peut, peut-être, marcher, c’est la relance de l’application
de la Feuille de route et la mise en œuvre du plan Abdallah pré-
senté lors du sommet arabe de Beyrouth d’octobre de 2002 :
une normalisation régionale globale s’articulant atour de la
création d’un Etat palestinien.
1/La Croix du 9 août 2006.
2/Le Figaro des 16 et 17 septembre 2006.
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Le billet du
Rédacteur en chef
Du World Trade Center à Beyrouth
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SEPTEMBRE-OCTOBRE-Défense N° 123
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