Moubarak s en va, larmée reste
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Moubarak s'en va, larmée reste

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Extrait

ÉGYPTE.
Si
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Moubarak s'en va,
larmée reste
L
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tendait à se renforcer dans toute
l'Egypte en
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ut de semaine.
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marche géante pour faire pression sur le
régime. Une marée de manifestants de
tous bords, barbus, jeunes militants pro-
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e, chrétiens,
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..
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us unis contre le régime du président
Hosni Moubarak.
Une crise prévisible
« Ce qui s'est passé ces dernières semai-
nes est stupéfiant,
lance Adel Guindy,
écrivain égyptien et président de Solida-
rité coopte, une association de défense
des droits de
l
'
h
o
m
m
e.
Ce n'est pas la
première fois que des jeunes manifestent
leur mécontentement
via
les réseaux
sociaux, Tweeter ou Facebook. Le Mou-
vement des jeunes du 6 avril, un forum
d'internautes plaide depuis près de trois
ans pour des réformes démocratiques.
Mais ces petits groupes se sont multipliés
au fil des jours depuis les événements
tunisiens jusqu'à rassembler des milliers
de personnes depuis vendredi dernier. »
Pour Denis Beauchard, conseiller spé-
cial
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nt à linstitut
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is des relations internationales
(IFRI) à l'inverse, «
si le renversement
de Ben Ali en Tunisie a été une surprise,
la crise égyptienne couvait depuis des
années. Les États- Unis en particulier ont
exercé de fortes pressions sur le régime
pour qu'il assouplisse ses méthodes de
gouvernement ».
Même
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s
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ur
Olivier Roy, professeur à l'Institut uni-
versitaire européen de Florence et direc-
teur de son Programme méditerranéen,
qui s'étonne que cette révolte générale
et populaire ne se soit pas produite plus
t
ô
t. Pour le chercheur, les ingrédients
sont communs à tous les régimes auto-
ritaires du Maghreb.
« Un pouvoir totali-
taire et, au besoin, l'utilisation de la peur
de l'islamisme pour justifier toutes les
mesures d'exception, liée à une captation
de l'économie par les caciques du régime.
Face à cette absence de redistribution
économique et de liberté d'expression,
une jeunesse de plus en plus éduquée et
avide de participer au pouvoir. »
«
Le choix est de confier
le pouvoir à un général ou
de le laisser à la domination
des Frères musulmans
»
Le développement d'Internet,des télé-
visions par satellites et l'exemple tuni-
sien ont
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it le reste.
La révolution ou les Frères ?
Pour
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relations internationales à l'École supé-
rieure de gestion et maître de conféren-
ces à Sciences-Pô Paris, il est cependant
impropre de
p
a
r
l
er de révolution à pro-
pos des révoltes de la rue égyptienne.
« Revendications sociales et lassitude
face à un régime autoritaire soit, mais il
n'existe aucun parti d'opposition solide
en dehors des Frères musulmans, pas de
troupes, pas de leaders. Loin d'une révo-
lution, le pays est en train de s'enfoncer
dans une douce anarchie. »
De fait, relève Adel Guindy, le
m
o
u-
vement lancé par les
j
e
u
n
es et relayé
sur Internet n'a trouvé de véritable écho
dans la population que vendredi dernier.
« C'est après la prière du vendredi que
les masses ont rejoint le mouvement. »
Jusque-là, en effet, le mouvement des
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it pas engagé
dans la résistance au président
M
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u-
barak.
« À Alexandrie, au Caire, à Suez,
alors que les forces de l'ordre étaient visi-
blement débordées,
raconte-t-il,
elles se
sont mystérieusement volatilisées. En
quèlques heures, le pays a été livré à lui-
même, plus de police, ni
de forces de sécurité et pas
d'armée non plus. »
Sans
le certifier, Adel
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ue du pire. «
Des
groupes de voyous sont
apparus dans les rues, des
prisonniers se sont retrouvés libérés,
casses, vols, dégradations et angoisses
des populations ont suivi. »
Pendant ces
heures vides et depuis samedi dernier,
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ns qui a
« pris en main les manifestations ».
Ils
organisent, préparent la nourriture pour
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reconnaît que la participation au
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voir des Frères musulmans,
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semblement de toute l'opposition serait
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ne bien mauvaise nouvelle
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le silence des responsables coptes et du
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da III, l'actuel
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l'Église copte orthodoxe, depuis le début
des événements.
Fraternisation des
manifestants avec
l'armée, lors de la
« marche du
million » au Caire
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n'ont rejoint le mouvement que très pro-
gressivement et ne semblent pas prêts à
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nt direct avec le
pouvoir. Divisés en un courant attaché
à la vocation purement spirituelle de la
confrérie et un autre plus politique, le
parti religieux devrait rester un peu en
retrait des événements. Frédéric Encel
n'est pas
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in du
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me constat.
« Le
choix qui se pose aujourd'hui à l'Egypte
est de confier la réalité du pouvoir à un
général ou de laisser s'organiser la domi-
nation des Frères musulmans. Les Frères
n'ont cependant pas très envie d'affronter
directement le pouvoir, ils préfèrent pour
l'heure s'allier à Mohamed ElBaradei qui
leur sert de porte-parole etde vitrine tout
en avançant masques. »
Désaccord sur ce point. Si, pour Oli-
vier Roy, la nouvelle génération qui se
mobilise
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« au-delà du clivage islamique ou laïque,
et postislamique »,
Denis Beauchard et
Frédéric Encel sont plus circonspects. Ils
constatent que la confrérie représente
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implantée dans le pays par son réseau
d'oeuvres et d'actions sociales ou cari-
tatives au service des populations.
P
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Denis Beauchard, ils représentent entre
30 et 40 % de l'électoral. Olivier Roy les
situe, lui, plutôt autour de 20 % et assure
que les manifestants de cette nouvelle
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nt pas à la
mouvance des Frères, ne serait-ce qu'en
raison de leur niveau d'éducation.
« Je
ne nie pas les évolutions démographiques
de l'Egypte ou de la Tunisie, le rôle des
réseaux sociaux et d'Internet, et donc la
montée des aspirations individualistes
et démocratiques de la jeunesse,
rétor-
que Frédéric Encel.
L'islamisme radical
a certes montré ses limites, mais la fin
des menaces n'est pas pour demain. »
D
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nt que le régime
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s'est pas privé d'utiliser leurs capaci-
tés de nuisance et d'en jouer sur tous
les registres. Adel Guindy le confirme,
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« islamisé la rue et s'est
servi de leur influence pour renforcer son
pouvoir ».
S'ils parvenaient aux
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res, les Frères musulmans
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er une partition très
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reuse
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ur la paix dans cette région du
monde.
« S'ils rejetaient les accords de
Camp David, comme ils l'annoncent,
tout le Moyen-Orient en serait gravement
ébranlé »,
s'alarme Frédéric Encel.
Demain l'armée
En réalité, nos
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nt sur un point, la
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est déjà
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e. Mais pas le régime.
« Moubarak ne pourra rester longtemps
au pouvoir. Nous étions déjà en phase de
succession, qui risque d'être confirmée
et accélérée »,
analyse
F
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d
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r
ic Encel.
Denis Beauchard est sur le même ligne
et constate
q
ue
« l'après-Moubarak a
déjà commencé. L'armée est au pouvoir
et y restera. Dans le meilleur des cas,
Moubarak finira son mandat, mais la
maladie, la vieillesse pourraient deve-
nir un bon prétexte à court terme pour
céder la place ».
L'armée est le coeur de
ce pouvoir et
t
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ut dépendra de son bon
vouloir. Les États-Unis et
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semblent à Adel Guindy
« un peu per-
dus dans cette affaire égyptienne »
évo-
quent d'une même voix une
« transition
ordonnée ».
Soit un scénario optimal qui voudrait
que
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ce en septembre
avant les élections tandis que le gouver-
nement présente
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veau programme, et des réformes politi-
ques d'envergure. Le pire pourtant serait
que le chaos ou une vacuité du pouvoir
s'éternise. «
En réalité, ce vide du pouvoir
est l'assurance d'un retour à l'autorita-
risme,
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Les
populations craignent
en
effet
plus
que
tout, le désordre et l'absence d'autorité
régulatrice. Plus le temps s'allonge, plus
le risque d'un appel musclé à l'ordre s'im-
pose. »
L'armée veille cependant. Elle
ne souhaite pas altérer la bonne image
qu'elle s'est construite dans l'opinion,
mais elle détient seule le pouvoir d'éviter
toute dérive vers le chaos. I
JEAN-LUC MOUTON
« Nous vivons avec la peur au ventre »
Daniel Kenan, pasteur de l'Église évangélique franco-
phone du Caire, témoigne :
« Au départ, tout le monde
pensait que les mouvements
seraient sporadiques,
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îs ils se sont durcis de
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is ouvrir la porte. Pour les paroissiens,
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er au culte. Pour
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PROPOS RECUEILLIS PAR F. C.
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et domino au Moyen-Orient ?
Horizon
géopolitique
Frederic Encel
Seuil
2
0
09
243
p
18
La Sainte ignorance
Olivier Roy
Seuil
2
0
08
275
p
19
fi.
Les
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s,
Israéliens, Syriens... Tous sont concernés.
La Turquie tout d'abord, qui
a
demande au régime égyptien,
mardi matin, par la bouche de son Premier ministre, Tayyip
Erdogan, de
« satisfaire sans hésitations à la volonté de change-
ment de son peuple »,
tout en appelant les autres régimes de la
zone - sans préciser lesquels - de prendre en considération les
nouvelles aspirations démocratiques... Cet abandon
« sincère »
en rase campagne montre que les leçons
d
e
là crise tunisienne
ont été bien apprises. Le message est double, il s'agit
d
'
u
ne
surenchère diplomatique par rapport aux déclarations plutôt
mesurées d'Hillary Clinton, et surtout d'une prise de position
contraire à celle de l'ancien allié israélien. La Turquie version
islamo-capitaliste ne désespère pas de reprendre un jour une
place prépondérante en
M
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ée orientale.
Scénario catastrophe
Côté Liban, un éditorialiste notait dans les colonnes de
L'Orient-Le-Jour,
quotidien francophone, que la crainte d'un
État islamiste en Égypte était largement exagérée, puisque la
société était déjà, selon lui,
« surislamisée »
depuis l'accord
tacite du partage de pouvoir entre feu le président Sadate et les
Frères musulmans. Ce lien ayant été sagement reconduit par
Moubarak, d'où la non-réactivité des Frères dans cette révolte
et la longue exaspération des chrétiens coptes discriminés.
La Syrie des Assad, issus de la minorité religieuse alaouite, se
montre quant à elle plus prudente, et l'État, en l'absence encore
de toute manifestation, a soutenu le prix du mazout à la baisse
et des aides sociales ont été généreusement distribuées.
En Jordanie aussi, le roi Abdallah, a pris en urgence des mesu-
res sociales et a augmente le salaire des militaires. En l'absence
de ressources naturelles et donc de pétrodollars, ces deux pays
sont à la merci
d
'
u
ne contestation organisée par les Frères
musulmans, seule force d'opposition viable. Jusqu'au Yémen,
le monde arabe semble entraîné par ce vent de révolte contre
les népotismes et surtout contre un affairisme exponentiel des
classes dirigeantes depuis une dizaine d'années.
Côté israélien, les inquiétudes sont grandes : « //
est vrai
que dans une situation de désordre un mouvement islamiste
organisé peut prendre le contrôle de l'État. C'est arrive en Iran
et ailleurs »,
a déclaré le 31 janvier, Benjamin Nétanyahou. Il
exprime ce que beaucoup de diplomates pensent, mais
« ne
veut pas ajouter au chaos
», donc silence radio imposé à ses
ministres. Le
Jerusalem Post
rappelle la possibilité d'un scéna-
rio-catastrophe pour Israël : un Liban
t
e
nu par le Hezbollah,
depuis le renversement du gouvernement Hariri, une Égypte
islamiste contrôlée par les Frères musulmans alliée au Hamas
de la bande de Gaza, et, à l'Est, le double
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nt des
Hachémites et des Assad, sans compter la possibilité d'une
bombe
iranienne...
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  • Ebooks Ebooks
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