UNIVERSITÉ PARIS IV SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE DE LITTÉRATURES ...
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UNIVERSITÉ PARIS IV SORBONNE ÉCOLE DOCTORALE DE LITTÉRATURES ...

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Langue Français
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Extrait


UNIVERSITÉ PARIS IV SORBONNE
ÉCOLE DOCTORALE DE LITTÉRATURES
FRANCAISES ET COMPARÉE




THÈSE

Pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ PARIS IV
Discipline : Littérature et civilisation française

Présentée et soutenue publiquement par
Melle Linda BEJI
Le 5 juin 2009





Titre :

L’Orientalisme français et la littérature tunisienne francophone :
relations et influences







Directeur de thèse : M. Jacques NOIRAY


Jury

Mme Beida CHIKHI
Mme Martine JOB
M. Charles BONN
M. Jacques NOIRAY


1
INTRODUCTION



Qu’ont en commun ces deux notions de littérature francophone tunisienne et
d’orientalisme français ? De quelle manière peut-on les relier ? La littérature tunisienne
de langue française et l’orientalisme sont tous deux l’expression artistique d’une période
de l’histoire et surtout de la relation de deux cultures, de deux civilisations. Dans cette
étude, les notions de littérature francophone et d’orientalisme sont à prendre au sens
large puisqu’elles regroupent les diverses expressions de l’Art. En effet, les moyens
utilisés pour traduire l’intérêt mutuel de la France et de la Tunisie, leurs conflits, en bref
leurs relations sont nombreux : l’écriture d’abord, et ce domaine sera l’élément essentiel
de cette recherche, mais aussi l’art pictural et cinématographique. Ces trois éléments
permettent aux cultures maghrébines et européennes d’exprimer leurs opinions sur
l’Autre, de manifester leurs sentiments envers Autrui et leurs perceptions de leurs
différences. De plus, ils sont le symbole de l’interpénétration de ces deux civilisations
au fur et à mesure que leur contiguïté se renforce. La France et la Tunisie sont les
exemples de deux pays liés par leur histoire et leurs cultures dont la relation, en dépit de
haines passées, demeure, aujourd’hui, amicale.
L’intérêt de cette étude est de voir comment, à travers ces deux États, deux
civilisations réputées antagonistes, l’Orient et l’Occident, parviennent à se lier, à avoir
une terre commune, à se remettre en question et à évoluer. Notre sujet est
‘l’orientalisme français et la littérature tunisienne francophone : relations et influences.’
Nous chercherons donc à montrer les rapports artistiques et littéraires de ces deux
mouvances en nous appuyant, non seulement sur leurs outils d’expression, mais aussi
sur les événements historiques, culturels et scientifiques qui pèsent sur la relation
Orient/Occident. En effet, chaque œuvre artistique est le reflet d’une époque, d’une
mentalité. Les ouvrages étudiés dans cette thèse, révèlent et mettent en relief l’évolution
de la pensée orientaliste et de la culture orientale.
La littérature tunisienne francophone est née à la suite du Protectorat. Au contact
de cette culture française, l’élite tunisienne se met à écrire. Dès 1920, la Société des
écrivains d’Afrique du Nord, fondée par Arthur Pellegrin, Albert Canal, Marius Scalesi
2et Abderahmane Guiga, publie la revue La Kahéna autour de laquelle se rassemblent
ceux qui écrivent en français. Leur première œuvre commune est La Hara conte, en
1929, recueil de nouvelles judéo-tunisiennes qui évoque les croyances, superstitions,
fêtes et coutumes, histoires et légendes, sentiments et caractères de cette culture. La
nouvelle est un genre prisé car il préserve la tradition orale de cette communauté.
Écrivains maghrébins et juifs-maghrébins se retrouvent autour d’une même volonté :
s’exprimer en français. Les deux confessions religieuses utilisent le même genre
littéraire car ils ont une même culture de l’oralité. Dans les années 30, avec la naissance
du Néo-Destour, les écrivains tunisiens décident d’utiliser la langue de leur colonisateur
afin d’exprimer leurs souffrances, leurs revendications et leur identité, et ce en réponse
à la colonisation. Les juifs tunisiens, eux, ont un double objectif : s’adresser à leur
oppresseur français (même s’ils sont fascinés par leur culture) et dénoncer leur
oppresseur arabe. En effet, les Juifs sont doublement minoritaires. Dans leur littérature,
même s’ils évoquent de bonnes relations avec les Arabes, ils parlent aussi du mépris de
ces derniers à leur égard. D’ailleurs, la Hara (quartier juif) est la manifestation de cette
mise à l’écart et de cette différence instaurée au sein même de la communauté
tunisienne. Néanmoins, l’essentiel des sujets de la littérature tunisienne, alors, était le
lieu spolié, confisqué par l’Autre, c’est-à-dire la dénonciation de la colonisation et des
conséquences négatives que celle-ci a provoquées en Tunisie entre autres.
Progressivement, les thèmes des écrits de ces écrivains se sont tournés vers les
dirigeants de leurs pays émancipés mais aussi vers leurs concitoyens dont les nouvelles
mœurs issues de la modernisation les choquent et leur déplaisent. La littérature judéo-
maghrébine, aussi, aborde ce sujet d’une désillusion après l’Indépendance. Nous ne
ferons donc pas de distinction entre la littérature arabo-maghrébine et judéo-
maghrébine. Beaucoup de similitudes sont là pour parler d’une même inspiration : la
conscience collective, le style d’écriture, les thèmes (la famille, la mère, les
traditions)… Du tête-à-tête face à la puissance coloniale, on passe à la dialectique du
Même et de l’Autre, c’est à dire une analyse de soi par rapport à l’autre, une
introspection suivant le regard d’autrui. Les écrivains s’attachent à parler, à étudier le
rapport de soi à soi et de soi à l’autre. Ils observent une interaction de la culture
orientale et occidentale et témoignent des conséquences de celle-ci sur les peuples du
Maghreb. Les écrivains tunisiens analysent leur nouvelle société, l’évolution de leur
propre culture en la comparant à leur passé mais aussi à la France ; quels changements
de mœurs et d’appréhension de la vie la France a-t-elle provoquée par son influence ?
3Aujourd’hui, la littérature francophone maghrébine revient, dans ses productions, au
quotidien, à son Histoire profonde et toujours au désir de liberté, d’être soi. Ainsi, la
ère littérature tunisienne se caractérise par la critique de la France coloniale (1 génération)
e eet de la Tunisie contemporaine (2 et 3 générations), par l’expression d’un tiraillement
entre la tradition et la modernité, par la nostalgie (l’enfance est une période prisée) et
par la revendication d’une orientalité mais aussi d’une double culture. Les destinataires
de ces œuvres sont les Tunisiens mais aussi les Français. La culture arabe traditionnelle
qui reposait jusque là sur un passé glorieux, s’est trouvée tout à coup démunie face à
une civilisation qui la dépassait et la défiait. La culture arabe moderne est née de la
rupture avec cet ancien esprit devenu insuffisant, et de la volonté de s’affirmer devant
l’Occident intrus. Le processus d’acculturation réveille chez les Arabes des sentiments
ambivalents enfouis jusqu’alors : une fascination pour l’Occident, sa civilisation, et une
répulsion pour son rôle de dominant qui impose ses valeurs, sa culture et sa langue. La
longue occupation de la Tunisie par la France et l’influence que celle-ci exerce encore
aujourd’hui expliquent ce phénomène.
De tout temps, les rapports Orient/Occident ont été difficiles et complexes.
Encore aujourd’hui, il est délicat de définir les liens qui unissent ces deux mondes
considérés comme antagonistes. Le monde occidental perçoit bien l’existence des
grands courants qui traversent l’univers islamique, mais il les interprète souvent mal,
par suite d’une profonde méconnaissance des traits majeurs de cette civilisation, si
proche et en même temps si lointaine. Les relations entre les deux mondes sont tantôt
conflictuelles, tantôt marquées par l’ignorance mutuelle. Elles sont encore, à notre
époque, trop souvent passionnelles ou déformées par des préjugés et des malentendus
hérités de la période coloniale. On observe, en effet, une relation de dominant à dominé
entre ces deux cultures ; elles ont besoin, en réalité, l’une de l’autre pour revendiquer
leur existence. Hél

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