Acquisitions et inédits du musée du Louvre  - article ; n°1 ; vol.31, pg 1-13
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Description

Syria - Année 1954 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 1-13
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

André Parrot
Acquisitions et inédits du musée du Louvre
In: Syria. Tome 31 fascicule 1-2, 1954. pp. 1-13.
Citer ce document / Cite this document :
Parrot André. Acquisitions et inédits du musée du Louvre . In: Syria. Tome 31 fascicule 1-2, 1954. pp. 1-13.
doi : 10.3406/syria.1954.4959
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1954_num_31_1_4959fJBU07> :QU£ /
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Cote.
ACQUISITIONS ET INÉDITS DU MUSÉE DU LOUVRE
PAR
ANDRÉ PARROT
(PL I-IV)
5. — Antiquités « mésopotamiennes ».
Statue de Gudéa (AO, 20164). Au début de 1953 le Musée du Louvre
a fait l'acquisition d'une statue sumérienne, anépigraphe, que des compar
aisons multiples avec d'autres sculptures inscrites permettent d'identifier,
sans incertitude, avec Gudéa, patési de Lagash (xxie siècle av. J.-C).
Ce monument (pi. I-II) provient de la succession de M. Clément Platt,
mais les renseignements que nous avons pu recueillir à son sujet auprès
des héritiers ne concordent pas au premier abord avec la version qui nous
avait été fournie naguère par l'antiquaire Géjou. D'après les premiers,
la statue entra dans la collection Platt en 1937, alors que, suivant le second,
elle fut achetée, semble-t-il, bien avant, par lui-même et M. Platt, aux
héritiers du vali turc Takki-El-Dine Pacha qui l'avait prélevée au siècle
dernier sur le lot rassemblé par E. de Sarzec i1). Si la date de la première
acquisition demeure douteuse, la provenance ne fait pas de question :
la sculpture fut très certainement recueillie sur le site de Tello.
Nous avons donné la liste des statues connues du célèbre patési de
Lagash (2). Sur quelque deux douzaines de monuments plus ou moins
complets, seuls deux sont anépigraphes : un grand Gudéa debout, sorti,
dit-on, des fouilles clandestines de 1924, aujourd'hui dans une collection
particulière (3) et le Gudéa de la collection Platt (4). De la première pièce,
l'authenticité ne nous semble pas assurée; de la seconde, entrée au Louvre,
(3) lbid.,p. 167 et pi. XVI, b. (!) Notre Tello, p. 16.
(2) Ibid.,m>. 160-172. (4) Ibid., p. 171.
Syria. — XXXI. SYRIA
il ne saurait y avoir le moindre doute. La sculpture n'était pas absolument
intacte, car elle était en deux mor
ceaux : corps et tête, mais celle-ci
s'adapte au premier. L'identité de
la pierre, le profil des cassures,
commandent en effet cette remise
en place qui ne fut effectuée qu'après
étude minutieuse.
L'identification fut de même éta
blie, avant acquisition, par une con
frontation, dans la salle des Gudéa
au Louvre, entre la statue Platt et
nos différents monuments. Le rap
prochement, saisissant, fut décisif,
spécialement avec la statue du « petit
Gudéa assis » (5), la seule complète
de nos collections, mais déjà remont
ée en deux morceaux puisque la
tête fut découverte par E. de Sarzec,
le corps par le commandant Cros,
plusieurs années après.
Le patési est debout (6), dans
l'attitude rituelle connue : mains
jointes et pieds nus. La tête est
coiffée du turban. Le visage a été
rongé et l'on peut probablement
expliquer cette détérioration par le
fait que, détachée du corps, la tête
fut soumise plus que lui à une
Fie. 1. — Statua de Gudéa (AO, 20164). c , erosion plus marquee, bans doute
était-elle dans une couche superfic
ielle du tell, que les eaux hivernales transpercent plus ou moins
(5) Ibid., pi. XV, a et p. 165. (6) Dolérite. II : 1 m. 05. ET INÉDITS DU MUSÉE DU LOUVRE 3 ACQUISITIONS
profondément. On peut aussi admettre que le feu est responsable de ces
dégâts, car les roches dures ne résistent qu'imparfaitement à l'incendie (7).
En contraste saisissant, le corps de la statue est en parfait état et il
rappelle directement les nombreux monuments acéphales du patési de
Lagash. Vêtu de la robe unie, qui laisse l'épaule droite dégagée, le prince
se dresse dans sa dignité hiératique, figé dans sa contemplation. Avec
une étonnante sûreté, en même temps qu'avec une simplicité épurée à
l'extrême, le sculpteur anonyme a su animer ce bloc de pierre, que l'on
sent tout frémissant d'une puissance de vie comprimée mais prête à se
manifester (fig. 1). Les mains jointes, si finement ciselées, révèlent
l'intensité de la prière qui n'a pas besoin de paroles pour s'exprimer
et qui s'efforce, dans un geste pressant, de fléchir les puissances célestes.
De petite taille, solidement campé sur des pieds aux chevilles lourdes,
avec sa musculature soignée mais sans aucune exagération (8), Gudéa
nous apparaît ici, non pas idéalisé, mais tel qu'il fut, certainement : un
être précis, volontaire et décidé. Toutes ses réalisations seraient inexplica
bles autrement et elles s'animent étrangement quand, à côté d'un nom,
on peut placer une image fidèle et véridique. Celle-ci n'est pas que cela.
Elle demeure en outre une des manifestations les plus éclatantes de l'art
sumérien, art dont la maîtrise demeure toujours aussi saisissante quand,
après quarante siècles d'efforts et de tentatives multipliées, on constate
que jamais on n'en aura dépassé la majesté et la densité.
Taureau androcéphale inscrit au nom de Gudéa (AO, 20152). En 1898
et 1899, le Louvre avait acquis deux petits taureaux androcéphales (9)
dont la provenance mésopotamienne ne faisait pas de doute, sans pourtant
que le vendeur en eût précisé exactement l'origine. Les deux animaux
(7) Nous avons fait ces constatations à pi. VII; Mari, fig. 105.
plusieurs reprises sur notre chantier de Mari, (9) Monuments Piot, II, pp. 115-133 et
avec des statues cassées en plusieurs morceaux. pi. XI; VII, pp. 7-11 et pi. I; notre Tello,
(8) II est intéressant de mettre en parallèle pi. XII, a, b. Us portent les numéros d'invent
la musculature de Gudéa et celle d'Ishtup- aire AO, 2752 et 3146.
ilum de Mari, par exemple, Syria, XVII, 4 SYRIA
différaient quelque peu. Tous deux à tête humaine, coiffée d'une tiare
divine à multiples cornes, étaient couchés de profil, le visage représenté
de face. Le corps d'un des animaux était creusé de cavités, la plupart
du temps tréflées, préparées pour recevoir des incrustations, en coquille
sans doute. Aucune inscription ne permettait de donner une date très
ferme et l'on comprend que les auteurs aient éprouvé quelque hésitation
à en proposer une (10).
En 1932, au cours de nos fouilles de Tello et en dégageant l'hypogée
d'Ur-Ningirsu-Ugmé, nous ramassions un très bel exemplaire de cette
même série (fig. 2), portant sur son socle une inscription donnant le nom
du patesi Urgar (n) , pour la vie duquel le monument avait été voué. Dans
la succession chronologique des patesis de Lagash, nous avons placé Urgar
juste avant Gudéa (12) et nous pensons que cette fixation demeure valable.
Il en résultait une datation plus ferme pour la série des taureaux andro-
céphales où l'on pouvait reconnaître des monuments caractéristiques
de la période dite néo-sumérienne (13). Tout cela semble désormais défin
itivement confirmé par l'acquisition en 1951 d'un protome de taureau
androcéphale (14), qui porte encore sur la partie antérieure droite le début
d'une inscription votive dont il reste les trois premières cases et la fin
de la quatrième. On lit : « dEndur-sàg, lugal-a-ni, Gù-dé-a, [pa-te]-si... (15)
(pi. IV, 1).
(10) L. Heuzey, Catalogue des antiquités adoptons maintenant. Cf. Archéologie mèsopo-
chaldêennes, p. 271, écrit : « il reste difficile de tamienne, II, p. 436.
fixer la date d'un pareil monument. Il n'y (13) C'est celle qui a suivi l'élimination de
aurait aucune invraisemblance à la faire l'hégémonie d'Agadé balayée par l'invasion
remonter à l'époque de Dunghi ou même au des Guti (xxme siècle av. J.-C).
delà ». Le Dr Contenau, MAO, II (1931), (14) Steatite. Hauteur : 113 mm; longueur :
p. 699, plaçait les taureaux androcéphales du 70 mm.
Louvre « à la fin de la période d'Agadé ou au (15)

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