Analyse distributionnelle des significations et champs sémantiques structurés - article ; n°1 ; vol.1, pg 44-74
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Description

Langages - Année 1966 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 44-74
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Ju. D. Apresjan
Analyse distributionnelle des significations et champs
sémantiques structurés
In: Langages, 1e année, n°1, 1966. pp. 44-74.
Citer ce document / Cite this document :
Apresjan Ju. D. Analyse distributionnelle des significations et champs sémantiques structurés. In: Langages, 1e année, n°1,
1966. pp. 44-74.
doi : 10.3406/lgge.1966.2865
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1966_num_1_1_2865J. APRESJAN
ANALYSE DISTRIBUTIONNELLE DES SIGNIFICATIONS
ET CHAMPS SÉMANTIQUES STRUCTURÉS *
LA QUESTION DU CARACTERE SYSTEMATIQUE DU LEXIQUE
ET LA THÉORIE DES CHAMPS SÉMANTIQUES
La lexicographie traditionnelle envisage le lexique de la langue
comme un assemblage quelconque de mots non organisés en sys
tème. L'expression d'une telle approche des faits lexicaux se manif
este dans la règle classique du lexicographe : chaque mot est un
problème particulier. Il est vrai qu'existent de prétendus diction
naires « idéologiques » ou « thématiques » de toute une série de
langues (en particulier de l'anglais, de l'allemand, du français, de
l'espagnol), dans lesquels les mots ne sont pas disposés suivant
l'ordre alphabétique, mais suivant l'ordre des idées qu'ils expriment.
Cependant le nombre de dictionnaires « idéologiques » est si peu
important, et le de langues qui disposent de tels diction
naires est si insignifiant que, s'appliquant à eux, il ne convient de
parler ni de théorie ni de pratique lexicographiques.
Il y a d'ailleurs longtemps qu'en linguistique le but a été posé :
représenter le lexique de la langue, ou plus exactement l'aspect
sémantique de ce lexique, sous forme de système. L'un des premiers
à avoir formulé cette tâche est J. Trier, lorsqu'il a développé sa
théorie des champs conceptuels et lexicaux.
A l'heure actuelle, il existe une abondante littérature traitant
des champs lexicaux, le plus souvent appelés maintenant linguis-
* Publié en russe in Leksikograficheskij sbornik, 5 (1962), 52-72. 45
tiques ou sémantiques (J. Trier, K. Reuning, S. Ôhman, S. Ullman,
R. Hallig et W. Wartburg, G. Matoré, etc.).
Malgré quelques sérieuses divergences entre les écoles et les
chercheurs qui répandent la conception de champs sémantiques, on
peut ainsi présenter une série de questions cruciales, sur lesquelles
l'accord s'est fait :
1. — Le dictionnaire de la langue n'est pas une accumulation
chaotique d'unités. Il se divise en un certain nombre de champs,
qui unissent les mots sur la base de leur communauté sémantique.
2. — Chaque champ sémantique, par un moyen déterminé,
inhérent à la langue donnée, décompose ce morceau de réalité qu'il
reflète. Comme exemple déjà devenu banal, on cite les adjectifs
désignant les couleurs. En russe, il y a 7 adjectifs pour désigner les
couleurs de base du spectre. L'anglais, le français, l'allemand et
quelques autres langues européennes se contentent de 6 adjectifs
de base pour les couleurs. Il existe enfin des langues qui divisent le
spectre uniquement en 3 et même en 2 parties : les langues shona
(Rhodésie) et bassa (Libéria) (H. A. Gleason, An Introduction to
Descriptive Linguistics, N. Y., 1961, p. 4). Ainsi les différentes
langues décomposent et systématisent différemment le même
matériau.
3. — II découle de cela que le contenu sémantique du mot
n'est pas quelque chose qui se suffit à lui-même. Il est entièrement
conditionné par les relations qui se forment dans le filet des oppos
itions d'un mot aux autres mots de ce même champ. Selon l'idée
et la terminologie de F. de Saussure, le mot ne possède pas une
signification mais une valeur. Une telle formulation de la question
laisse supposer que l'aspect sémantique d'une langue peut être
représenté sous forme de système comparable aux systèmes pho
nologique ou grammatical. Comme on le sait, les sons, physique
ment semblables ou identiques, figurent en tant que phonèmes
différents dans les systèmes phonologiques des différentes langues.
Le résultat est la constitution de la structure du plan d'expression,
spécifique d'une langue donnée. De même les mots de différents
idiomes très proches du point de vue du sens (ex. : sinii, blue, bleu,
blau) possèdent des valeurs différentes dans les champs sémant
iques de ces langues. Le résultat est la constitution de la structure
du plan du contenu spécifique de la langue donnée.
A strictement parler, on ne doit jamais considérer ces thèses
comme une théorie achevée. On peut les définir comme une hypo
thèse dont la vérité doit être prouvée sur le matériau de diverses 46
langues. J. Trier et nombre de ses successeurs se sont efforcés de
l'appliquer à un matériau linguistique concret, mais le matériau
ou bien ne s'y prête absolument pas, ou bien s'y prête mal.
La cause de l'échec se situe de toute évidence dans ce qui suit.
L'hypothèse de Trier se présente comme étant tout l'opposé des
positions de la sémantique et de la lexicographie traditionnelles,
dans lesquelles s'incarne la soi-disant approche atomiste de la signi
fication. L'hypothèse de Trier inclut l'idée de structure. En ce sens
J. Trier a effectivement rompu avec la sémantique traditionnelle;
mais il n'a pas pleinement réussi à se libérer de son influence. En
effet, ayant développé une nouvelle hypothèse, il a tenté de la
vérifier par des méthodes caduques. Trier a emprunté ses techniques
de recherche, à la sémantique traditionnelle. Sa méthode se révèle
purement intuitive et ne contient rien de structural. Le chercheur
n'a aucun critère formel pour classer des mots donnés dans un
champ donné. Il est guidé exclusivement par son bon sens, c'est-
à-dire par des considérations purement spéculatives.
Ces derniers temps des tentatives pour surmonter ce défaut
essentiel ont été entreprises sur la base de différentes méthodes
expérimentales. Il est avant tout indispensable de rappeler le tra
vail collectif des psychologues soviétiques 0. S. Vinogradova et
A. P. Luria, exposé à la conférence de Moscou sur la traduction
automatique en mai 1958, ainsi que la théorie psycho-linguistique
d'espace sémantique, créée par Ch. Osgood et son école.
Cette théorie se rapproche jusqu'à un certain point des cons
tructions de J. Trier et de ses successeurs.
En liaison avec les travaux des psychologues et des psychol
inguistes, nous remarquons les deux points suivants :
1. — Les psychologues soviétiques ont essayé d'élaborer une
méthode objective de recherche des liens sémantiques entre les
mots. Dans leurs expériences les mots s'unissaient en groupes déter
minés (ou champs sémantiques) sur la base de la parenté sémantique
établie expérimentalement (psychologiquement).
2. — Ch. Osgood et son école ont tenté non seulement d'obtenir
des groupes de mots liés par une certaine parenté sémantique, mais
aussi d'analyser les composants sémantiques des significations ver
bales, c'est-à-dire de décomposer chaque signification en un nombre
peu élevé de traits distinctifs sémantiques, dont les combinaisons
forment toute la diversité des significations.
Délaissant pour un certain temps la question de savoir jusqu'à
quel point ces tentatives ont donné des résultats, nous soulignerons 47
que de tels travaux représentent indiscutablement un pas en avant
vers une étude des champs sémantiques que rendait nécessaire la
caducité de la théorie traditionnelle.
Certains auteurs qualifient la présente théorie des champs
sémantiques de sémantique structurale. Cependant, ce qui se révèle
pleinement « structural » dans cette théorie, ce n'est que la propos
ition que les champs sémantiques donnent la possibilité de repré
senter la structure du plan du contenu (de même que la phonologie
représente la structure du plan de l'expression). Pour que cette
théorie justifie l'appellation de sémantique structurale, cinq condi
tions sont encore nécessaires :
a) Les champs sémantiques doivent être divisés objectivement,
et non intuitivement, comme chez Trier et

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