Balard. Sa vie et son œuvre à Montpellier de 1802 à 1840 - article ; n°232 ; vol.65, pg 13-27
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Description

Revue d'histoire de la pharmacie - Année 1977 - Volume 65 - Numéro 232 - Pages 13-27
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Roger Dolique
Balard. Sa vie et son œuvre à Montpellier de 1802 à 1840
In: Revue d'histoire de la pharmacie, 65e année, N. 232, 1977. pp. 13-27.
Citer ce document / Cite this document :
Dolique Roger. Balard. Sa vie et son œuvre à Montpellier de 1802 à 1840. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 65e année, N.
232, 1977. pp. 13-27.
doi : 10.3406/pharm.1977.1747
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pharm_0035-2349_1977_num_65_232_1747Balard
Sa vie et son uvre à Montpellier
de 1802 à 1840
par M. le Pr Roger Dolique
Le cent cinquantième anniversaire de la découverte du brome par Antoine-
Jérôme Balard et le centenaire de sa mort soulèvent aujourd'hui le
délicat problème de la mémoire. Dire que l'histoire, celle des sciences en
particulier, s'enrichit de plus en plus en souvenirs serait presque une lapalis
sade. Mais l'homme est ainsi fait que sa mémoire est courte ; on a beau les
lui seriner, comme disait Apollinaire :
« Les souvenirs sont cors de chasse
Dont meurt le bruit parmi le vent. »
On peut faire à Paris, dans le quartier du Jardin des Plantes, le simulacre
d'ignorer Cuvier, Daubenton, Lacépède, Linné ou Monge, personne ne sait qui
sont ces illustres inconnus.
Merci donc à la Société d'Histoire de la Pharmacie, ainsi qu'aux animat
eurs du Musée de la Pharmacie de Montpellier, de s'être proposé, à l'occa
sion du cent cinquantenaire de la découverte du brome, la présentation de
quelques images fraîchement nettoyées d'un grand chimiste français disparu,
voilà cent ans, des hautes sphères où ses pairs l'avaient admis et très sincèr
ement apprécié, Antoine- Jérôme Balard.
Ici, comme dans l'art, ce qui retiendra le regard devrait être plutôt le
pittoresque, cette sorte de charme répandu sur l'objet en lui demandant de
devenir peinture. Commençons, voulez-vous, la visite de cette galerie par la
période montpelliéraine de la vie de Balard.
De quelques mois son aîné, Victor Hugo, se pastichant lui-même dans
REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE, XXTV, N° 232, MARS 1977. 14 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
ses Feuilles d'automne, aurait pu nous annoncer Balard par quatre traits de
son pinceau :
« Le siècle avait deux ans lorsque, dans Figuerole,
(Ce mot fût-il ou non d'origine espagnole),
Naquit un jour celui que le brome attendait
Mais que l'iode ou le chlore tour à tour lui cachait. »
Il eût ainsi commis une faute légère sur un événement qu'il faut déjà
commenter.
L'acte de naissance de Balard, accessible près du service de l'état civil
à la mairie de Montpellier, mérite par exemple d'être lu intégralement :
« Du jour et an que dessus
Acte de naissance d'Antoine-Jérôme Balard
né le jour d'hui à une heure du matin, dans la maison Montredon, rue
Argenterie, fils légitime de Jean Balard, cultivateur, et de Jeanne Gras,
mariés, domiciliés à Montpellier.
Le sexe de l'enfant a été reconnu masculin.
Premier témoin : Jean-Antoine Nouguieu, employé à la mairie, âgé de
soixante-huit ans ;
Second témoin : Jean-Louis Cambacédès (?), financier, âgé de quarante
ans, tous deux habitants de Montpellier.
Sur la réquisition à nous faite par le dit Jean Balard, père du nou
veau-né, et ont signé
Jean Balard, Cambacédès, Nouguieu.
Constaté suivant la loi, par moi, Jean-Baptiste Dupy, adjoint à la
mairie, faisant fonction d'officier public de l'état civil, soussigné
Dupuy. »
Comment faut-il interpréter le « que dessus » de la première ligne de
l'acte en question ? C'est un renvoi à quelques pages antérieures d'un registre
où, ce jour-là, s'inscrivirent plusieurs autres naissances. Plutôt que de
graphiquer chaque fois, de sa belle écriture, à l'encre « administrative », la
date du 8 vendémiaire an XI, correspondant au 30 septembre 1802, le greffier
préféra sans doute laisser aux futurs demandeurs de copies la mauvaise
surprise de constater qu'elles étaient incomplètes, donc inutilisables : lors
qu'il s'agit de la naissance d'un petit d'homme, la nuit à une heure du matin,
sous le gouvernement d'un prochain empereur des Français, on ignore tot
alement que le nouveau-né se couvrira de gloire lui aussi :
« Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte
Mais on ne voyait pas de Balard sur la carte. » SA VIE, SON UVRE A MONTPELLIER 15 BALARD,
La date officielle n'est donc pas le 30 mars 1802, comme le prétendirent
tour à tour le propre neveu de Balard (par sa mère), le professeur Jean-Félix
Jeanjean, directeur de l'Ecole de Pharmacie de 1893 à 1899, et la revue
Chanteclair éditée en octobre 1926 par les Laboratoires de la Carnine
Lefrancq à l'occasion du premier centenaire de la découverte du brome. Ces
deux biographes ont certainement confondu la date de naissance de Balard
et celle de sa mort, le 30 mars 1876, que la cérémonie de ce jour nous invite
précisément à célébrer aussi.
Ceci dit, revenons au lieu même de cette naissance. On le fixe le plus
souvent dans le vieux quartier montpelliérain de Figuerole, classé longtemps
comme un quartier périphérique de pauvres gens. Là vivaient effectivement
Jean Balard, son père, laborieux vigneron, né le 16 mars 1777 d'Antoine
Balard, cultivateur, et de Marie Durranc, et Jeanne Gras, sa mère, née le
5 juin 1780, à Saint-Rome-sur-Tarn, de Jean Gras, cultivateur, et de Jeanne
Bence, domiciliés tous deux à Saint-Rome.
Le mariage de Jean Balard et de Jeanne Gras eut lieu le 5 frimaire an X.
Le contrat de mariage, daté du 24 brumaire an X, fait état de la profession
de la future épouse : à cette époque, elle était la dévouée préposée au service
culinaire de Dame Chambon qui lui donna, en signe de reconnaissance et
pour augmentation de dot, la somme de trois cents francs.
Il résulte de ces documents et de certains actes notariés contemporains
qu'Antoine- Jérôme Balard ne naquit pas à Figuerole comme le voudrait une
sorte de légende, mais au centre de Montpellier, dans une certaine maison
Montredon, propriété de la Dame Chambon (Catherine) en question, à l'angle
de la rue de la Charrue et de la rue Argenterie quel contraste ! , la rue
Argenterie descendant elle-même, du Nord au Sud, de la rue de la Loge
jusqu'à l'Hôtel Saint-Côme dans la Grande-Rue.
Sous le nom de Dame Vincent, le professeur Jeanjean, précédemment
cité, nous dira plus tard le rôle de cette dernière dans la vie d'enfant et la
jeunesse de Balard. Il s'agissait en réalité d'une seule et même personne
que les parents de l'enfant voulurent remercier en la priant d'être sa marr
aine. Et c'est chez elle, douce marraine au pressentiment bénéfique, dans
un cadre rêvé pour y trouver la tendresse et l'affection, que vint au monde,
pour un voyage de soixante-quatorze années consciencieusement remplies,
le prénommé Antoine-Jérôme.
Continuons de lire cet acte mémorable, mais assez mal connu. Deux
observations jusqu'alors inédites s'y attachent encore.
La première concerne le numéro de la maison Montredon de la rue
Argenterie : l'acte ne l'a pas précisé. Il s'agissait du n° 27, qu'il ne faudra
pas confondre, une vingtaine d'années plus tard, avec un autre, également
impair, le 25. Tantôt dans l'un, tantôt dans l'autre de ces immeubles, Balard
vivra une enfance studieuse et une carrière de pharmacien d'officine. 16 REVUE D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE
La seconde observation s'attache aux prénoms des six personnages ment
ionnés dans l'acte. Alors qu'on s'attendrit à lire au moins le nom du grand-
père paternel de Balard, puisque c'est en lui qu'il faut trouver son premier
prénom, Antoine, on s'étonne de rencontrer ici, à cinq reprises, le prénom
de Jean. Partie prenante en quelque sorte dans cet acte officiel, le petit
Balard, légalement présent, se trouve donc en face de beaucoup de « Jean »,
mais tout ce monde-là s'abstient de lui offrir ce prénom. Et Jérôme, dont
l'origine nous échappe, remplace près d'Antoine le souvenir du bien-aimé
disciple du Christ que le Pérugin devait peindre à l'image d

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