Comptes pour enfants. Essai de bibliométrie des livres pour l enfance et la jeunesse - article ; n°3 ; vol.5, pg 343-369
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Description

Histoire & Mesure - Année 1990 - Volume 5 - Numéro 3 - Pages 343-369
Accounts for children. An essay of bibliometry of the books for childhood and youth The successive classifications of the Tables of the ~~Bibliographie de la France~~ from 1812 to 1908 show that the book for young readers insured its autonomy during the first third of the century to loose it in its lest quarter. Figures confirm this. By the 30’s, the quick expansion of books for education and entertainment has already placed them on a par with books for adults: until then depending upon both the school and the bookshop, child literature have found a new statue through the assimilation of its story with that of a novel. From 1880 onward, the drop in the number of titres was heavy and general. But, contrarily to an explanation of this by a standardization of the production - which should concern text-books for schools first - the drop in literary books is twice as high as that for school books, the number of witch is halved by the drop. Alone a study of the numbers of copies published could explain the evolution, witch goes against the trends for scolarisation and empirical intuitions about the history of books for young people.
Les classements successifs des Tables de la ~~Bibliographie de la France~~ de 1812 à 1908 montrent que le livre de jeunesse conquiert son autonomie au premier tiers du siècle pour la perdre dans son dernier quart. Les nombres le confirment. Dès les années 30, le « décollage » des livres « d’éducation et de récréation » les place à égalité avec le roman d’adultes : dépendante auparavant de l’école et de librairie, la littérature enfantine trouve alors un statut nouveau qui assimile son histoire à celle du roman. À  partir de 1880 environ, la chute du nombre des titres est profonde et générale. Mais, contrairement à ce qu’expliquerait la standardisation de la production - qui devrait affecter d’abord les livres d’enseignement -, la baisse des titres « littéraires » est deux fois plus forte que celle des titres scolaires, qui elle-même réduit leur nombre de moitié Une analyse des tirages pourrait seule éclairer cette évolution qui dément aussi bien les courbes de la scolarisation que les intuitions empiriques sur 1’histoire du livre de jeunesse.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Guy Rosa
Comptes pour enfants. Essai de bibliométrie des livres pour
l'enfance et la jeunesse
In: Histoire & Mesure, 1990 volume 5 - n°3-4. pp. 343-369.
Citer ce document / Cite this document :
Rosa Guy. Comptes pour enfants. Essai de bibliométrie des livres pour l'enfance et la jeunesse. In: Histoire & Mesure, 1990
volume 5 - n°3-4. pp. 343-369.
doi : 10.3406/hism.1990.1379
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hism_0982-1783_1990_num_5_3_1379Résumé
Guy Rosa. Comptes pour enfants. Essai de bibliométrie des livres pour l'enfance et la jeunesse.
Les classements successifs des Tables de la Bibliographie de la France de 1812 à 1908 montrent que
le livre de jeunesse conquiert son autonomie au premier tiers du siècle pour la perdre dans son dernier
quart. Les nombres le confirment. Dès les années 30, le « décollage » des livres « d'éducation et de
récréation » les place à égalité avec le roman d'adultes : dépendante auparavant de l'école et de
librairie, la littérature
enfantine trouve alors un statut nouveau qui assimile son histoire à celle du roman. A partir de 1880
environ, la chute du nombre des titres est profonde et générale. Mais, contrairement à ce qu'expliquerait
la standardisation de la production — qui devrait affecter d'abord les livres d'enseignement —, la baisse
des titres « littéraires » est deux fois plus forte que celle des titres scolaires, qui elle-même réduit leur
nombre
de moitié. Une analyse des tirages pourrait seule éclairer cette évolution qui dément aussi bien les
courbes de la scolarisation que les intuitions empiriques sur l'histoire du livre de jeunesse.
Abstract
Guy Rosa. Accounts for childrens. An essay of bibliometry of the book for childhood and youth.
The successive classifications of the Tables of the Bibliographie de la France from 1812 to 1908 show
that the book for young readers insured its autonomy during the first third of the century to loose it in its
last quarter. Figures confirm this. By the 30's, the quick expansion of books for « education and
entertainment » has already placed them on a par with books for adults : until then depending upon both
the school
and the bookshop, child literature have found a new status through the assimilation of its story with that
of a novel. From 1880 onward, the drop in the number of titles was heavy and general. But, contrarily to
an explanation of this by a standardization of the production — which should concern text-books for
schools first — the drop in « literary » books is twice as high as that for school books, the number of
wich is halved by the drop. Alone a study of the numbers of copies published could explain the
evolution, wich goes against the trends for scolarisation and empirical intuitions about the history of
books for young people.Histoire & Mesure, 1990, V-3/4, 343-369
Guy ROSA
Comptes pour enfants. Essai de bibliométrie
des livres pour l'enfance et la jeunesse (1812-1908)
En matière de statistiques, comme en tant d'autres, le XIXe siècle
fut prophétique. Il faut donc invoquer ici le patronage de Pierre Daru,
homme considérable, grand administrateur de l'Empire dont il fut
ministre après avoir participé à la Révolution, Pair de France sous la
Restauration, président de l'Académie française, protecteur de Sten
dhal, et auteur, entre autres choses, d'un ouvrage publié en 1826, intitulé
Notices statistiques sur la librairie et qui n'était pas sans rapport avec un
autre livre de lui : Théorie des réputations littéraires. Ce premier effort
n'eut guère de suite (1) ; ce n'est que très récemment que le syndicat des
éditeurs et la direction du livre ont fait analyser les chiffres de la
production annuelle des livres imprimés en France.
Pour le passé, rien. Et l'histoire littéraire a pris un retard, à dire vrai
peu concevable, sur les autres branches du savoir historique. Quel est le
nombre des écrivains à telle époque donnée, même récente ? combien
publie-t-on chaque année de romans, au cours du XIXe siècle ? plus ou
moins que de recueils poétiques ? plus ou moins que de catéchismes ou
de vies de saints ? quelle est la proportion des rééditions ? Lorsque Zola
écrit, l'horizon d'attente (2) de ses lecteurs est-il formé par Balzac ou par
Chateaubriand, par Eugène Sue ou par Voltaire ? Inutile de multiplier
les questions, aucune n'a de réponse. Elles ne seraient pourtant pas
inutiles. Ecrire Les Fleurs du mal n'est pas la même entreprise selon
qu'elle s'inscrit dans une production littéraire occupée à 70 % par de la
poésie, ou à 10 %. Qu'en était-il en 1857? Personne ne le sait, mais
Baudelaire, lui, le savait et cela lui importait sans doute plus que la
couleur des yeux de la Présidente.
Ne noircissons pas le tableau. Depuis quelques années beaucoup de
travaux ont été entrepris — en matière d'histoire du livre surtout — et le
premier colloque de « bibliométrie » s'est récemment tenu à la Bibliothè
que Nationale (3). Cette étude est l'une des contributions à ce savoir
naissant qu'est histoire littéraire quantitative.
Lorsqu'elle porte sur le XIXe siècle, elle doit à la prévoyance
impériale de disposer d'une source excellente. On le sait, un décret de
1810 organise le contrôle de la « librairie » — alors confondue dans un
même métier avec l'édition — en faisant obligation aux imprimeurs de
déclarer à l'administration la nature, l'auteur et le tirage de tout ce qu'ils
343 Histoire & Mesure
se proposent d'imprimer, puis, lorsque c'est fait, d'en déposer un
nombre donné d'exemplaires au Ministère de l'Intérieur — c'est le
« dépôt légal ». Il alimente à son tour l'annonce de tous les livres
imprimés dans le Journal de la librairie ou Bibliographie de la France qui
offre, de 1811 à nos jours, un catalogue annuel continu et presque
exhaustif des livres publiés en France. Il n'y manque que l'indication des
tirages. Cette publication hebdomadaire enregistre les titres au fur et à
mesure de leur dépôt, mais les tables annuelles en facilitent l'usage et,
pour ce qui nous concerne maintenant, permettent de distinguer quelle
était la nature et le nombre des livres considérés à la date de leur
publication comme destinés à la jeunesse. Ecoutons donc ces Tables.
TABLES PARLANTES
A la question « Où sont les enfants ? » elles répondent « à l'école ».
Contrairement en effet à l'usage actuel, les livres concernant l'enfance et
la jeunesse n'y figurent pratiquement jamais ailleurs que dans une
rubrique éducative. Mais cette rubrique varie au cours du siècle et ses
fluctuations, qui déterminent notre comptage, sont instructives, récréa
tives parfois.
Le Journal de la librairie adopte d'abord, pour sa Table systématique,
un classement hérité des traditions médiévales. Cinq grandes rubriques :
Théologie, Jurisprudence, Sciences et arts, Belles-lettres, Histoire. La
troisième section, Sciences et arts, comporte quinze subdivisions dont la
seconde s'intitule Education et livres d'éducation. Double titre qui
correspond à une réalité puisque, si la liste n'est pas matériellement
découpée, on y distingue pourtant deux séries : les livres qui ont
l'éducation pour objet et sont destinés aux adultes — ouvrages de
pédagogie, règlements et directives, polémiques politiques ou techniques
(à propos de l'enseignement mutuel ou de la méthode Jacotot (4) par
exemple) — et ceux qui ont l'éducation pour fin : les livres éducatifs. Ces
derniers eux-mêmes, quoique sans discontinuité de la liste, sont disposés
de telle sorte que sont toujours regroupés les livres d'apprentissage de la
lecture (alphabets, abécédaires, syllabaires, manuels de lecture courante)
et que, dans l'ensemble du reste, on distingue parfois deux sous-
catégories : d'une part, largement dominants aux premières années du
siècle, les manuels de civilité ou de morale (mais la piété enfantine est en
Théologie) ainsi que les initiations aux savoirs (petites encyclopédies,
« Buffon des enfants », récits de voyage ou d'histoire), d'autre part les
contes, nouvelles et récits où s'ébauche puis grandit une littérature de
jeunesse. Dans ces regroupements sous-jacents s'esquissent, dès 1812, les
classe

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