Découverte d une nouvelle mosaïque de chasse à Carthage - article ; n°2 ; vol.111, pg 264-278
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découverte d'une nouvelle mosaïque de chasse à Carthage - article ; n°2 ; vol.111, pg 264-278

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1967 - Volume 111 - Numéro 2 - Pages 264-278
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Amar Mahjoubi
Découverte d'une nouvelle mosaïque de chasse à Carthage
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 111e année, N. 2, 1967. pp. 264-
278.
Citer ce document / Cite this document :
Mahjoubi Amar. Découverte d'une nouvelle mosaïque de chasse à Carthage. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres, 111e année, N. 2, 1967. pp. 264-278.
doi : 10.3406/crai.1967.12114
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1967_num_111_2_12114264
COMMUNICATION
DÉCOUVERTE D'UNE NOUVELLE MOSAÏQUE DE CHASSE A CARTHAGE,
PAR M. AMAR MAHJOUBI.
Au cours du mois de décembre 1965, des sondages ont été effectués
préalablement à la délivrance d'une autorisation de construction,
dans un lotissement situé dans le périmètre communal de Carthage,
à 200 mètres environ au Sud de la gare de Dermech, entre la voie
ferrée et la rue Eschmoun.
Ces sondages furent à l'origine d'une découverte particulièrement
importante : un pavement de mosaïque figurant des scènes de chasse,
qui ornait une vaste salle quadrangulaire (8 m. 50 x 7 mètres envi
ron)1 dont les murs ont complètement disparu, sauf en bordure de
l'abside semi-circulaire qui la prolonge au Nord-Ouest, et qui est
elle-même pavée d'une mosaïque à motifs géométriques. Ce pave
ment occupe à notre avis une place de choix dans la longue série
des mosaïques à scènes de chasse trouvées en Afrique du Nord2.
L'encadrement de la mosaïque de la chasse est constitué par un
rinceau d'acanthe figuré en blanc, dont les vrilles s'enroulent alte
rnativement vers la gauche et vers la droite, entourant d'une façon
également alternative une ou deux rosaces de formes diverses, puis
un petit animal à chaque fois différent. On reconnaît ainsi trois
chèvres, deux petites panthères, un jeune tigre, un lionceau, un
agneau à grosse queue et une gerboise.
M. J. Lavin a fait remarquer que le motif en question apparaît
sur des œuvres datées surtout de la seconde moitié du me siècle et
de la première moitié du ive, lorsqu'il conserve une figuration qui,
comme ici, est encore relativement « naturaliste »3. Par la suite,
il perd cet aspect naturaliste et les spirales d'acanthe prennent une
forme de plus en plus stylisée, se transformant en un motif pure
ment ornemental.
Le grand tableau central représente, librement et arbitrairement
réparties et juxtaposées, une dizaine de scènes de chasse de grandes
dimensions, qui donnent d'abord l'impression d'un vaste panorama
1. La pièce, extrêmement vaste, se prolongeait sous le ballast de la voie ferrée, ce
qui nous a empêché de reconnaître sa longueur exacte.
2. La liste des mosaïques africaines à scènes de chasse donnée par Th. Prêcheur-
Canonge, dans La vie rurale en Afrique romaine d'après les mosaïques, p. 16 et sq.,
n08 81-105, est complétée par J. W. Salomonson, La mosaïque aux chevaux de l'antiqua-
rium de Carthage, p. 27, n. 1.
3. Pour ce type de bordure, voir J. Lavin, The hunting mosaics of Antioch and their
sources. A study of compositional principles in the development ofearly médiéval style, dans
Dunbarton Oaks Papers, XVII, 1963, p. 218, n. 166, et p. 239 ; voir aussi, J. W. Salomons
on, O.I., p. 26 et n. 2. Ci
Carthage. Mosaïque à scènes de chasse. (Phot. Institut d'archéo. de Tunis, j 266 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
cohérent ; en fait, ce sont autant d'épisodes indépendants et sans
aucune relation entre eux, traités dans des proportions monument
ales ; quelques arbres, des touffes de végétation de la steppe, des
rochers et des lignes de hauteurs esquissées sont introduits dans les
espaces intercalaires, pour suggérer l'idée d'un paysage.
h — La capture des lions.
La première scène, en haut et à gauche, représente une chasse
de capture. On voit une cage dont les panneaux pleins, en bois, sont
constitués de planches clouées sur un cadre de chevrons renforcé
par des barres de fer, qui se coupent en forme d'x suivant les diago
nales.
La cage est ouverte, le panneau antérieur, mobile, étant saisi des
deux mains et tenu en l'air par un chasseur à demi agenouillé sur
le toit, en position d'attente. La chute de ce panneau doit permettre
la capture du fauve. Devant le piège, une chèvre, qui sert d'appât,
est installée sur un chariot rudimentaire auquel est attachée une
corde qu'un autre personnage, aux aguets derrière la cage, tire dou
cement, attirant ainsi l'appât, et partant le fauve, à l'intérieur du
piège. Deux rabatteurs, dont l'un était très endommagé et a malheu
reusement disparu au moment de l'enlèvement de la mosaïque—
on ne voit plus que la lance qu'il tenait à la main droite — ne sem
blent pas très rassurés, malgré la protection de leurs grands bouc
liers ronds munis d'un umbo en cône1 ; c'est que devant eux s'avance,
poursuivant la chèvre, une lionne rugissante qui vient de sortir de
sa tanière, tandis qu'un lion tout aussi rugissant s'engage à son tour
hors de la grotte. Des élévations de terrain, une masse rocheuse
qui s'évide à la base formant la caverne des fauves, et deux arbres
figurés sans grand souci de perspective, derrière la cage, ainsi qu'un
autre derrière le rabatteur qui a disparu, complètent cette scène de
capture.
Les visages des chasseurs sont vus de trois quarts, la tête légèr
ement tournée vers les fauves. Celui du rabatteur atteint, avec ses
yeux exorbités, un degré d'expression dramatique. Leur chevelure
frisée, sinon crépue, couvre un front bas. Quant aux vêtements,
on ne voit distinctement que celui du chasseur installé sur la cage :
une tunique blanche, courte, s'arrêtant à mi-cuisse, ceinturée à la
taille et ornée à la pointe des épaules d'orbiculi ronds et foncés ; au
bas de la tunique, deux segmenta ovales également foncés. Ces pare
ments caractérisent le costume du Bas-Empire, et se rencontrent
1. Pour ce type de bouclier : cf. P. Couissin, Les armes romaines, p. 498-499. Notons
que le bouclier rond réapparaît à partir du règne de Maximien. NOUVELLE MOSAÏQUE DE CHASSE A CARTHAGE 267 UNE
habituellement sur les mosaïques nord-africaines datées de cette
époque1.
La tenue du chasseur est complétée par des bandes molletières
(fasciae crurales) attachées au-dessous du genou ; ces bandes con
stituent un accessoire indispensable aux longues marches et se retrou
vent dans la plupart des représentations africaines de la chasse.
Cette technique de la chasse de capture, qui intéresse aussi bien
les lions que les panthères et les ours, apparaît, si l'on se réfère aux
textes et à l'iconographie, comme une méthode spécifique de l'Afrique
romaine. Aussi bien Oppien qu'Élien précisent que ce type de chasse
est pratiqué en Afrique, plus particulièrement en Maurétanie2. Son
iconographie est aussi principalement africaine : une mosaïque de
Carthage3, une autre d'Hippone4, un pavement de l'antiquarium5
qui représenterait les battues de capture africaines effectuées par
un haut fonctionnaire chargé de repeupler les ménageries impériales,
la fresque du tombeau des Nasonii6, dont les véneries se dérouter
raient dans l'Est Africain, et la « Grande Chasse » de Piazza Arme-
rina7 dont les relations avec les mosaïques d'Afrique du Nord sont
de plus en plus évidentes.
Notons cependant, dès à présent, beaucoup plus d'expression
et de réalisme dans les traits et surtout le regard de nos chasseurs,
alors qu'à Piazza Armerina, les visages — tels qu'ils apparaissent
dans le matériel d'illustration disponible — ont, malgré des simi
litudes certaines avec les nôtres, une expression beaucoup plus
abstraite, accentuée par le traitement ornemental des yeux.
La vraisemblance de ce type de chasse, tel qu'il est suggéré par
l'iconographie8, est admise par J. Aymard, du moins en ce qui
concerne la mosaïque d'Hippone qui constituait, avant notre découv
erte, le document le plus complet, tout en présentant un déroule
ment logique des opérations. Notre mosaïque introduit une variante
qui n'est pas dépourvu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents