Ecole et construction du sens - article ; n°1 ; vol.125, pg 29-41
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Ecole et construction du sens - article ; n°1 ; vol.125, pg 29-41

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française de pédagogie - Année 1998 - Volume 125 - Numéro 1 - Pages 29-41
Is it still acceptable to prohibit religious instruction at school on behalf of State neutrality ? Historically it had been legitimate, but by now can't we admit that such a subject matter would be compatible with the French politics of separation of the State and the Church ? What is the opinion of people concerned ? A growing number of teachers refuse to set religion aside and regret that very little space is devoted to spirituality in the classroom. Children, as for them, do not express clearly their needs, being influenced by the uncertainty of their parents as far as values are concerned. But beyond this debate on the religious education, isn't there another one related to the aims of the whole educational system and to the role of teachers ?
Peut-on continuer à invoquer la neutralité abstentionniste de l'État pour proscrire un enseignement sur la religion à l'école ? Cet argument qui a eu sa légitimité historique vaut-il encore aujourd'hui ? En d'autres termes, l'existence d'un tel enseignement ne pourrait-il pas s'avérer compatible avec un régime de séparation Églises-État ? Qu'en pensent les acteurs directement concernés ? Refusant de rejeter la religion du côté du privé, les enseignants en nombre croissant déplorent le peu de place accordé à la « spiritualité » en classe. Quant aux élèves, reflétant l'attitude incertaine de leurs parents quant aux valeurs à transmettre, ils expriment des besoins plus difficiles à déchiffrer. Mais derrière ce débat relatif à l'inscription d'une case religieuse dans les programmes scolaires, ne s'en cache-t-il pas un autre touchant directement aux objectifs du système éducatif et au rôle des enseignants ?
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Roland J. Campiche
Ecole et construction du sens
In: Revue française de pédagogie. Volume 125, 1998. pp. 29-41.
Abstract
Is it still acceptable to prohibit religious instruction at school on behalf of State neutrality ? Historically it had been legitimate, but
by now can't we admit that such a subject matter would be compatible with the French politics of separation of the State and the
Church ? What is the opinion of people concerned ? A growing number of teachers refuse to set religion aside and regret that
very little space is devoted to "spirituality" in the classroom. Children, as for them, do not express clearly their needs, being
influenced by the uncertainty of their parents as far as values are concerned. But beyond this debate on the religious education,
isn't there another one related to the aims of the whole educational system and to the role of teachers ?
Résumé
Peut-on continuer à invoquer la neutralité abstentionniste de l'État pour proscrire un enseignement sur la religion à l'école ? Cet
argument qui a eu sa légitimité historique vaut-il encore aujourd'hui ? En d'autres termes, l'existence d'un tel enseignement ne
pourrait-il pas s'avérer compatible avec un régime de séparation Églises-État ? Qu'en pensent les acteurs directement concernés
? Refusant de rejeter la religion du côté du privé, les enseignants en nombre croissant déplorent le peu de place accordé à la «
spiritualité » en classe. Quant aux élèves, reflétant l'attitude incertaine de leurs parents quant aux valeurs à transmettre, ils
expriment des besoins plus difficiles à déchiffrer. Mais derrière ce débat relatif à l'inscription d'une case religieuse dans les
programmes scolaires, ne s'en cache-t-il pas un autre touchant directement aux objectifs du système éducatif et au rôle des
enseignants ?
Citer ce document / Cite this document :
Campiche Roland J. Ecole et construction du sens. In: Revue française de pédagogie. Volume 125, 1998. pp. 29-41.
doi : 10.3406/rfp.1998.1104
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1998_num_125_1_1104École et construction du sens
Roland J. Campiche
Peut-on la d'autres la la de valeurs religion « religion séparation spiritualité à termes, continuer transmettre, du à l'école côté Églises-État » l'existence en à du classe. invoquer ? ils privé, Cet expriment argument ? d'un Quant les Qu'en la enseignants neutralité tel aux des enseignement pensent qui élèves, besoins a abstentionniste eu en les reflétant sa nombre plus acteurs ne légitimité pourrait-il difficiles l'attitude croissant directement de historique l'État à pas déchiffrer. incertaine déplorent pour s'avérer concernés vaut-il proscrire Mais de compatible le encore peu leurs derrière ? un Refusant de parents enseignement aujourd'hui place avec ce débat quant accordé de un régime rejeter ? relataux sur En à
if à l'inscription d'une case religieuse dans les programmes scolaires, ne s'en cache-t-il pas un autre
touchant directement aux objectifs du système éducatif et au rôle des enseignants ?
et, dans une moindre mesure, par les principaux INTRODUCTION
intéressés : les élèves.
Les jeunes attendent-ils une contribution de Les éducateurs manifestent au travers de leur pro
l'école pour la transmission d'un système de position visant à rétablir un enseignement sur la rel
valeurs ? À défaut de données répondant préc igion (France, Genève, Neuchâtel) ou suivant le
isément à cette interrogation, je vais user d'un contexte une réorientation de ce dernier (Vaud,
faisceau d'indices divers pour aborder une quest Valais, Fribourg,...) leurs perceptions des besoins
éducatifs nouveaux entraînés par le multi-cultura- ion controversée et induite. En effet, il n'est pas
déplacé de se demander si le débat actuel tou lisme qui s'impose partout et par le changement rel
chant la place et l'orientation d'un enseignement igieux qui lui est concomitant. En d'autres termes, ils
religieux à l'école, quel que soit le régime des expriment la caducité d'une neutralité abstentionniste
relations Églises/État, n'est pas alimenté avant de l'État et partant de l'école touchant la connais
tout par une partie des acteurs sociaux respon sance des religions et de leur rôle socioculturel ainsi
sables du système éducatif (enseignants, parents que la mise en question de l'opinion dominante consi
dérant la religion comme une affaire privée. d'élèves, directeurs d'établissements, clercs,...)
Revue Française de Pédagogie, n° 125, octobre-novembre-decembre 1998, 29-41 29 Quant Resserrons le propos. La dégradation des aux jeunes, ce sera notre hypothèse,
faute de balises et de points de repère dans ce conditions de transmission religieuse a créé une
champ flou qu'est devenu la religion, ils ne plé situation d'anomie encore accentuée par le flou
biscitent ni ne rejettent de façon claire un apport marquant les systèmes religieux aujourd'hui. Cet
état de fait a entraîné diverses réactions suivant de connaissances propres à infléchir un choix
déterminé. Le relativisme ambiant les incite à pr les acteurs concernés ; celle des élèves se carac
ivilégier une position ouverte s'exprimant au térise par l'incertitude. Quant aux agents éducat
travers de l'interrogation « pourquoi pas ? » qui ifs, ils manifestent une volonté de former les
reflète l'incertitude régnante quant à la nécess esprits en matière religieuse. Cette intention est
ité/possibilité d'établir des hiérarchies de valeurs plus ou moins relayée par l'État qui, par son hési
et la valorisation de l'expérience individuelle. Par tation en la matière, montre sa perplexité face aux
ailleurs, les préoccupations quotidiennes - la pré changements religieux qui se sont opérés les trois
carité économique en constitue le cœur -, les ren dernières décennies.
dent plus perméables à la recherche de solutions
immédiates qu'à la poursuite d'un projet de vie
qui apparaît pour l'heure chimérique.
L'implication d'un certain nombre « d'éduca HIERARCHIE DES VALEURS
teurs » dans le débat sur la religion à l'école et ET POSITIONS SOCIALES
partant la réactualisation de cette problématique
D'une consultation réalisée en 1996 auprès ne doit pas cacher l'existence d'une forte rési
stance à cette évolution. Le débat en cours à de 7 306 personnes en Suisse romande (parents,
Genève à propos de l'éventuelle introduction d'un enseignants, élèves du degré secondaire, direc
enseignement de culture religieuse tend à montrer teurs d'établissements) (1), je souligne quelques
que nombre de parents et de maîtres tiennent au éléments significatifs susceptibles d'élargir et
statu quo de peur, entre autres, de rallumer des d'étayer quelque peu les propos liminaires conte
querelles confessionnelles et de troubler la nus dans l'introduction. Les modalités de l'e
coexistence pacifique qui s'est instaurée depuis nquête impliquant des réponses volontaires et non
le début du siècle en matière religieuse grâce à la représentatives, nous incitent à une certaine pru
séparation Églises/État. Plus est, ils craignent que dence et à rédiger les remarques qui suivent sur
la réintroduction envisagée soit le cheval de Troie un mode hypothétique plus qu'analytique. Placés
des Églises soucieuses de reprendre stature là devant une grille de 48 termes définis comme des
valeurs que l'école pourrait transmettre dans le où la génération de 1968 les a taxées d'obsol
ètes. À vrai dire, il faut bien reconnaître que ce cadre de sa mission, les enquêtes devaient
type d'arguments s'appuie souvent sur des sté choisir les cinq valeurs qui leur paraissaient « les
réotypes qui illustrent l'absence d'information sur plus importantes » et les cinq que l'école leur
semblait « négliger le plus » (voir le tableau ci- le changement religieux qui s'est opéré depuis les
années 1960. après).
Cinq valeurs « très importantes » les plus citées que l'école doit transmettre (sur 48) (2)
Total Parents Enseignants Élèves Directeurs
N = 7 306 N = 2 708 N = 1 215 N

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents