Formation professionnelle publique. Des leviers à actionner pour mieux servir une demande économique et sociale
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Journal Le Matin du 07.01.2013, pp.8-9 www.lematin.ma Dr. Mohamed BOUDIS D’énormes progrès ont été enregistrés en formation professionnelle tout au long des 20 dernières années, en témoignent l’infrastructure, les effectifs d’étudiants-stagiaires, les secteurs d’activités couverts et les ressources humaines mobilisées. Une troisième voie alors s’est dessinée, petit à petit, dans le paysage de l’enseignement et de la formation au point que les lauréats sont devenus de réels concurrents sur le marché de l’emploi en ce sens qu’ils sont parfois préférés à ceux issus d’autres cursus. La formation professionnelle s’est donc érigée en un secteur à part entière quasiment présent à tous les fronts, ce qui ne l’épargne pas d’être l’objet de sollicitations diverses, et parfois contradictoires, que ce soit de la part des milieux professionnels ou des publics qui s’y adressent. Cependant, les réponses données à ces sollicitations par les dispositifs, et en dépit des mesures couvertes de toutes les bonnes intentions, ne résistent pas longtemps à une évolution rapide qui ne cesse de surprendre. Cela a eu comme corollaire que les dispositifs de formation se sont vus imposer des ajustements pour lesquels ils ne sont pas toujours suffisamment préparés, ce qui les rend vulnérables aux différents changements qu’ils sont forcés de suivre ou auxquels ils doivent s’adapter sans réelle visibilité quant aux emplois en vue.

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Publié le 17 janvier 2013
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Langue Français

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Journal Le Matin du 07.01.2013, pp.8-9
www.lematin.ma

Dr. Mohamed BOUDIS
D’énormes progrès ont été enregistrés en formation professionnelle tout au long des 20 dernières
années, en témoignent l’infrastructure, les effectifs d’étudiants-stagiaires, les secteurs d’activités
couverts et les ressources humaines mobilisées. Une troisième voie alors s’est dessinée, petit à
petit, dans le paysage de l’enseignement et de la formation au point que les lauréats sont devenus
de réels concurrents sur le marché de l’emploi en ce sens qu’ils sont parfois préférés à ceux issus
d’autres cursus. La formation professionnelle s’est donc érigée en un secteur à part entière
quasiment présent à tous les fronts, ce qui ne l’épargne pas d’être l’objet de sollicitations diverses,
et parfois contradictoires, que ce soit de la part des milieux professionnels ou des publics qui s’y
adressent. Cependant, les réponses données à ces sollicitations par les dispositifs, et en dépit des
mesures couvertes de toutes les bonnes intentions, ne résistent pas longtemps à une évolution
rapide qui ne cesse de surprendre. Cela a eu comme corollaire que les dispositifs de formation se
sont vus imposer des ajustements pour lesquels ils ne sont pas toujours suffisamment préparés, ce
qui les rend vulnérables aux différents changements qu’ils sont forcés de suivre ou auxquels ils
doivent s’adapter sans réelle visibilité quant aux emplois en vue. A tous les niveaux de la chaine de
formation, réalité du marché de l’emploi et sort des lauréats obligent, il existe une certaine
conscience de la nécessité pour les dispositifs de formation d’être plus réactifs voire proactifs au
regard des chantiers qui se sont ouverts et de l’évolution qui se profile dans les toutes prochaines
années. Par conséquent, la formation professionnelle est appelée à opérer un véritable changement
de cap dans diverses directions. C’est dans cette optique que seront ébauchés certains leviers, des
plus essentiels d’ailleurs, sur lesquels il y a lieu d’agir, à savoir l’élévation de niveau, l’ingénierie
de formation couplée à l’ingénierie pédagogique et didactique, la réhabilitation de l’orientation
professionnelle, la valorisation de l’expertise interne et le recours aux procédés de la recherche
scientifique.
1-L’élévation des niveaux de formation :
La dernière élévation de niveau date de 1993 et avait concerné le technicien spécialisé (bac+2). Ce
n’est pas si difficile de remarquer que la formation à ce niveau-là est actuellement la plus
dominante. Cela s’explique par le fait que les exigences de beaucoup d’emplois se situent de plus
en plus à des niveaux supérieurs. De fait, la demande se précise pour que la formation
professionnelle reprenne la lance pour élever son niveau. Les récentes protestations des lauréats
(mois de septembre 2012) sont là pour rappeler l’importance de la question. Nul ne peut ignorer
qu’une proportion non négligeable des stagiaires sont issus des établissements de l’enseignement
supérieur que ce soit en étant lauréats licenciés notamment ou poursuivant un parcours de
formation en parallèle. Certains font un détour par le système de la formation professionnelle qui
leur ouvrait la possibilité de préparer une licence professionnelle tandis que d’autres s’y engagent

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pour avoir le pied sur terre  selon l’expression d’un stagiaire, même avec une formation de
moindre niveau mais tout de même professionnalisante.
De là on peut parler de la nécessité pour la formation professionnelle publique d’œuvrer pour
inscrire à l’ordre du jour des formations à des niveaux supérieurs, peu importe l’appellation, qui
donneraient équivalence, selon la formation et le cursus, au niveau licence professionnelle ou
master professionnel. On peut aborder cette première mesure de trois manières non exclusives. La
première consiste à inscrire à l’ordre du jour la préparation de ces diplômes au sein d’établissement
de formation devant être accrédités ou créés à cet effet. On ne peut à ce niveau-là avancer le
prétexte des ressources humaines puisque la formation professionnelle dispose aujourd’hui de hauts
potentiels équivalents aux ressources universitaires à tous les points de vue (docteurs et ingénieurs)
en plus de formateurs experts. Autant d’atouts pour des formations à caractère professionnalisant
comme c’est le cas des licences et masters professionnels. Un autre atout et non des moindres,
l’existence d’un dispositif de formation rodé à l’opérationnalité. La deuxième mesure, à inscrire en
général dans le marché de la formation, c’est l’activation du système de passerelles prônée par la
charte de l’éducation et de la formation que ce soit envers la formation professionnelle ou
l’enseignement supérieur et là où il y a opportunités de formation. La troisième consiste à engager
des formations en partenariat avec les établissements déjà accrédités avec une même certification
en ayant recours aux ressources des uns et des autres, y compris en matière d’encadrement. Cela
nécessite une réingénierie du système de formation et de celui de l’enseignement en ce qui
concerne les spécialités retenues.
Il n’est pas inutile de rappeler que nous avons ici à faire à une population de niveaux plus élevés
qu’il y a une dizaine d’années avec des projets d’évolution que ce soit dans le sens de la poursuite
d’une formation supérieure ou de l’emploi immédiat quand ça s’offre.Une expérience qui peut
éclairer davantage mérite tout de même d’être citée, il s’agit de promotions entières ayant réussi
leur parcours de licence professionnelle à côté des lauréats de l’université et ce depuis 2010
(promotions de l’ENSAM Meknès en partenariat avec l’Office de la Formation Professionnelle et
de la Promotion du Travail et la Présidence de l’Université My Ismail Meknès).
2-L’ingénierie de formation, la didactique professionnelle et l’approche pédagogique :
Peut-on imaginer une formation avec des retombées économiques et sociales positives sans qu’une
ingénierie préalable soit à l’œuvre ? La question n’est pas anodine quand on sait que c’est la clé de
voute pour que la formation serve ses finalités sociétales.
Les besoins du marché de l’emploi, puisque c’est sur ce créneau que l’on agit, sont exprimés de
plusieurs manières et souvent dans des formules qui n’échappent pas toujours à l’ambiguïté et c’est
là le paradoxe. Il est des besoins en compétences qui sont ramenés souvent par les organisations
professionnelles, comme il est d’autres émanant de projets gouvernementaux entrant dans les
grands chantiers structurants que connait notre pays. Que ce soit pour les emplois-métiers déjà
usités par les systèmes de formation ou qui ne le sont pas encore, les études d’ingénierie s’imposent
pour cartographier l’état d’évolution des emplois-métier, tout secteur d’activité confondu. Si on ne
peut ignorer que des études d’ingénierie sont conduites dans cette perspective, on est tenté de se
demander selon quelle ampleur et quelle allure, mais surtout à quel intervalle de temps sont-elles
reconduites, en gardant présent à l’esprit l’évolution rapide à laquelle les emplois sont
continuellement soumis.
Nul n’est besoin de rappeler qu’une telle ingénierie, couteuse à tous les points de vue, en temps et
en argent, reste très essentielle pour s’assurer des besoins exprimés et pour mieux les cerner. Cette

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étape en appelle une autre qui consiste à œuvrer à la traduction de ces besoins en programme de
formation, ce qui constitue la finalité de la didactique professionnelle que nous pourrions approcher
à travers les questions : quelle situation ou famille de situations professionnelles, sont
représentatives des emplois-métiers auxquels on doit former ? Comment les traduire en situations
d’apprentissage qui soient très proches des situations ordinaires d’emploi ? L’ingénierie de
formation ainsi que la didactique professionnelle constituent les deux bras à actionner pour traduire
un besoin en offre de formation et en assurer l’exécution. Nous évoquons ces princip

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