Formes d'engagement en R&D, processus d'innovation et modalités d'interaction entre firmes dans l'industrie pharmaceutique - article ; n°1 ; vol.93, pg 29-50

Abdelillah Hamdouch, Dominique Perrochon

Description

Revue d'économie industrielle - Année 2000 - Volume 93 - Numéro 1 - Pages 29-50
Dans l'industrie pharmaceutique, comme dans tous les secteurs intensifs en recherche et développement, la dynamique industrielle résulte du jeu combiné des processus d'innovation à l'œuvre et des dispositifs institutionnels en vigueur. Cette dynamique génère des formes d'engagement en R&D et des trajectoires variées d'interaction entre firmes, dont les trois formes classiques (rivalité frontale, coopération, intégration/concentration) ne constituent que des « attracteurs » génériques. Le cadre d'analyse proposé dans cet article permet précisément d'identifier le champ des configurations d'interaction envisageables et d'examiner leurs manifestations concrètes - passées, actuelles et potentielles - dans le cadre de l'industrie pharmaceutique.
The dynamics of R&D intensive industries like pharmaceuticals results from the combined action of the innovation processes at work and of the prevailing institutional conditions (patenting and homologation procedures). This dynamics generates a variety of modes of commitment in R&D and of interaction trajectories between firms among which the three classical forms of interaction (total rivalry, cooperation, integration/concentration) constitute only the main axes of attraction. The analytical framework proposed in this article reflects the diversity of the configurations of interfirm interaction within R&D intensive industries, especially pharmaceuticals examinee here through partial evidence, both past and actual.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 2000
• Nombre de lectures: 83
• Langue: Français
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Extrait

Abdelillah Hamdouch
Dominique Perrochon
Formes d'engagement en R&D, processus d'innovation et
modalités d'interaction entre firmes dans l'industrie
pharmaceutique
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 93. 4e trimestre 2000. pp. 29-50.
Résumé
Dans l'industrie pharmaceutique, comme dans tous les secteurs intensifs en recherche et développement, la dynamique
industrielle résulte du jeu combiné des processus d'innovation à l'œuvre et des dispositifs institutionnels en vigueur. Cette
dynamique génère des formes d'engagement en R&D et des trajectoires variées d'interaction entre firmes, dont les trois formes
classiques (rivalité frontale, coopération, intégration/concentration) ne constituent que des « attracteurs » génériques. Le cadre
d'analyse proposé dans cet article permet précisément d'identifier le champ des configurations d'interaction envisageables et
d'examiner leurs manifestations concrètes - passées, actuelles et potentielles - dans le cadre de l'industrie pharmaceutique.
Abstract
The dynamics of R&D intensive industries like pharmaceuticals results from the combined action of the innovation processes at
work and of the prevailing institutional conditions (patenting and homologation procedures). This dynamics generates a variety of
modes of commitment in R&D and of interaction trajectories between firms among which the three classical forms of interaction
(total rivalry, cooperation, integration/concentration) constitute only the main axes of attraction. The analytical framework
proposed in this article reflects the diversity of the configurations of interfirm interaction within R&D intensive industries, especially
pharmaceuticals examinee here through partial evidence, both past and actual.
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Hamdouch Abdelillah, Perrochon Dominique. Formes d'engagement en R&D, processus d'innovation et modalités d'interaction
entre firmes dans l'industrie pharmaceutique. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 93. 4e trimestre 2000. pp. 29-50.
doi : 10.3406/rei.2000.1023
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2000_num_93_1_1023Abdelillah HAMDOUCH
Maître de conférences
CLERSE - Université de Lille 1
CRIFES-MATISSE - Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Dominique PERROCHON
ATER - Université de Paris 1 - de 1
FORMES D'ENGAGEMENT EN R&D,
PROCESSUS D'INNOVATION
ET MODALITÉS D'INTERACTION
ENTRE FIRMES DANS L'INDUSTRIE
PHARMACEUTIQUE
Mots-clés pharmaceutique, : Biotechnologies, processus d'innovation. concurrence, coopération, engagement en R&D, industrie
Key words : Biotechnology, Competition, Co-operation, Innovation processes R&D,
Commitment, Pharmaceutical Industry.
I. — INTRODUCTION
Y a-t-il une spécificité des formes d'interaction entre firmes dans les indust
ries intensives en recherche et développement (R&D) ? En prenant appui sur
le cas de l'industrie pharmaceutique, cet article propose un cadre d'analyse
permettant d'éclairer les logiques et les configurations d'interaction entre
firmes induites par les processus d'innovation à l'œuvre et par les procédures
contraignantes d'homologation des produits qui caractérisent ce type d'indust
ries. Plus précisément, nous montrons comment le choix d'engagement initial
d'une firme donnée le long d'un processus global d'innovation (de la
recherche fondamentale à la production/commercialisation, en passant par les
phases de recherche appliquée, de brevetage, de développement et d'homolog
ation d'un nouveau produit) est susceptible de faire émerger une multiplicité
de configurations et de trajectoires d'interaction dont les trois formes clas
siques (rivalité frontale, coopération, intégration/concentration) ne constituent
que des « attracteurs » génériques.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 93, 4e trimestre 2000 29 au cas de l'industrie pharmaceutique, ce cadre d'analyse permet Appliqué
non seulement de rendre compte des logiques sous-jacentes à l'accélération
des alliances et des fusions-acquisitions - essentiellement transfrontalières -
dans ce secteur depuis le début de cette décennie, mais également de raccor
der ces mouvements récents à l'évolution des formes d'interaction dominantes
au cours des dernières décennies au sein de cette industrie.
Nous fixons tout d'abord quelques grands points de repère sur les caractéris
tiques de l'industrie pharmaceutique et l'évolution des relations inter-firmes dans
ce secteur depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (section 2). La section 3
permet ensuite de préciser le cadre d'analyse des interactions entre firmes dans les
secteurs intensifs en R&D, avant d'examiner dans la section 4 comment la varié
té des modes d'interaction observés (actuellement, mais aussi dans le passé) au
sein de l'industrie pharmaceutique peut être restituée dans ce cadre d'analyse.
Quelques remarques conclusives sont enfin esquissées dans la section 5.
II. — DYNAMIQUE D'INNOVATION ET EVOLUTION
DE L'INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE :
QUELQUES POINTS DE REPÈRE
L'objet de cette section est d'exposer les tendances générales de l'industrie
pharmaceutique, en insistant notamment sur l'importance des dimensions techno
logique (Taggart, 1993), institutionnelle et socio-démographique (Comanor,
1986) dans la détermination des diverses phases historiques ayant caractérisé la
dynamique concurrentielle du secteur depuis le début des années 1950.
2.1. Les caractéristiques générales de l'industrie pharmaceutique
L'industrie pharmaceutique tient son originalité de trois caractéristiques
liées : i) ses activités touchent directement aux aspects de santé humaine ; ii)
les médicaments de prescription (1) peuvent être considérés comme des biens
sous tutelle au sens où leurs modalités de tarification et de commercialisation
sont encadrées par des procédures réglementaires strictes ; iii) le
it l) II existe deux types de médicaments soumis à prescription : i) les médicaments éthiques
ou innovants correspondent aux produits pharmaceutiques dont les prix sont plus ou
moins réglementés selon les États. Si leur mise au point nécessite de longues années de
recherches pour un coût prohibitif, ces médicaments fournissent la source de revenus prin
cipale pour les entreprises ; ii) les génériques sont basés sur d'anciens médi
caments innovants dont les brevets sont tombés dans le domaine public. Leur coût de
revient n'a alors rien de comparable avec celui des produits éthiques et les pouvoirs
publics tentent d'en généraliser l'emploi du fait de leurs faibles prix de vente.
30 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 93, 4e trimestre 2000 final ne choisit par directement le produit qu'il consomme puisque le teur
choix incombe à un acteur intermédiaire bien déterminé (le médecin).
S 'agissant de l'évolution générale du secteur depuis une vingtaine d'années,
trois tendances majeures peuvent être identifiées :
— l'évolution technologique de l'industrie pharmaceutique se caractérise,
d'une part par une rationalisation progressive du processus d'innovation, et,
d'autre part, par des espoirs grandissants concernant le traitement de maladies
réputées jusque là incurables (Dumoulin, 1994). Les méthodes issues des nou
velles biotechnologies (2) procèdent d'une nature multidisciplinaire nécessi
tant l'agrégation et le traitement d'un grand nombre de connaissances acadé
miques très spécialisées, rarement réunies dans une seule firme (Orsenigo,
1993). Par ailleurs, ces méthodes requièrent la mise en œuvre d'un ensemble
de compétences, de savoir-faire et de matériels spécifiques et extrêmement
diversifiés. Enfin, le caractère fortement expérimental des connaissances et
des outils biotechnologiques tend à accroître le coût global de la découverte
(3) et à renforcer les contraintes organisationnelles et les incertitudes liées au
résultat (Kenney, 1986 ; Henderson et Cockburn, 1994). Au plan de l'organi
sation industrielle, cette nouvelle donne technologique altère les logiques tr
aditionnelles d'économies d'échelle et d'envergure. Celles-ci tendent à prendre
de plus en plus la forme d'« économies externes », notamment en raison de la
structuration croissante de ce secteur en rése