Formes de donations aux églises et stratégies des familles en Bavière du VIIIe siècle au Xe siècle - article ; n°2 ; vol.111, pg 675-699
26 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Formes de donations aux églises et stratégies des familles en Bavière du VIIIe siècle au Xe siècle - article ; n°2 ; vol.111, pg 675-699

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
26 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 2 - Pages 675-699
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Geneviève Bührer-Thierry
Formes de donations aux églises et stratégies des familles en
Bavière du VIIIe siècle au Xe siècle
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°2. 1999. pp. 675-699.
Résumé
Geneviève Bührer-Thierry, Formes de donations aux églises et stratégies des familles en Bavière du VIIIe siècle au Xe siècle, p.
675-699.
À travers l'étude des Libri traditionum de Passau et Ratisbonne, on observe une évolution notable des conditions de donations
aux églises entre le VIIIe et le Xe siècle : aux donations en toute propriété, souvent rétrocédées en précaire, succèdent à partir
de 850 des échanges de biens (la complacitatio) qui permettent aux laïcs de réaménager et de valoriser leur patrimoine et aux
églises de se décharger de la gestion d'une partie de leurs terres. À la politique des grandes familles du VIIIe siècle et de la
première moitié du IXe siècle, qui donnent surtout aux églises apparaissant comme des institutions royales ou des centres de
pouvoir, succède la politique moins ambitieuse de donateurs moins riches mais plus nombreux, dont le transfert des biens
patrimoniaux aux églises a pu constituer un des moyens de rassembler les biens et les bénéfices à partir desquels ils établiront
leur «lignage».
Citer ce document / Cite this document :
Bührer-Thierry Geneviève. Formes de donations aux églises et stratégies des familles en Bavière du VIIIe siècle au Xe siècle.
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°2. 1999. pp. 675-699.
doi : 10.3406/mefr.1999.3720
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1999_num_111_2_3720GENEVIÈVE BÜHRER-THIERRY
FORMES DES DONATIONS AUX ÉGLISES ET
STRATÉGIES DES FAMILLES EN BAVIÈRE
DU VIIIe SIÈCLE AU Xe SIÈCLE
Pour étudier les formes de donations et les stratégies des familles en
Bavière entre le VIIIe et le Xe siècle, j'ai choisi de m'appuyer sur les Libri
traditionum de la Bavière orientale : en premier lieu celui de l'église episco
pale de Passau1 qui contient une centaine d'actes pour les VIIIe-Xe siècles,
dont cinq seulement pour le Xe siècle et, de manière complémentaire, celui
de Saint-Emmeram de Ratisbonne2 qui n'a que cinq actes pour la période
agilolfingienne mais en compte une soixantaine pour le Xe siècle. J'ai
complété mon information grâce au Liber traditionum de Mondsee3, ab
baye fondée par le duc Odilon entre 741 et 748 dans cette même partie
orientale de la Bavière. J'ai en revanche laissé de côté l'importante tradi
tion de Salzbourg, qui rend compte d'un autre espace, à la fois plus méri
dional et plus occidental, bien qu'il existe des relations entre ces deux
zones.
Les fonds de Passau, de Ratisbonne et de Mondsee présentent plutôt
des cartae que des notitiae et utilisent des formules proches, dont beaucoup
sont inspirées de la tradition franque par l'intermédiaire des formules en
usage à Saint-Gall et Reichenau4. La compilation des cartae a été faite sans
doute après la chute de Tassilon, dans le but d'obtenir confirmation des do
nations antérieures par le nouveau pouvoir carolingien, car contrairement
à ce qui se passe à l'ouest de la Bavière, les églises et abbayes orientales, qui
1 Die Traditionen des Hochstifts Passau, éd. M. Heuwieser, Munich, 1930 (ci-
après : TP).
2 Die des Hochstifts Regensburg und des Klosters St. Emmeram, éd.
J. Widemann, Munich, 1943 (ci-après : TR).
3 Urkundenbuch des Landes ob der Enns. Die Traditionen des Klosters Mondsee,
Vienne, 1852 (ci-après : TM).
4 H. Fichtenau, Das Urkundenwesen in Österreich vom 8. bis zum frühen
13. Jahrhundert, Vienne, 1971 {Mitteilungen des Instituts für österreichische Ges
chichtsforschung. Ergänzungsband, 23), p. 20-21.
MEFRM - 111 - 1999 - 2, p. 675-699. 676 GENEVIÈVE BÜHRER-THIERRY
étaient un des principaux soutiens du duc agilolfingien, ont pu se sentir
menacées par le changement de pouvoir. Cela explique que les scribes ont
souvent essayé de se rapprocher de la tradition franque, notamment en él
iminant les distinctions sociales propres à la Bavière («Adalschalken»,
«Barschalken», etc.) et en simplifiant la titulature ducale5. Enfin, bien que
cela ne ressorte pas forcément des éditions des Libri traditionum, dont la
présentation est en général chronologique, les cartae sont classées dans les
manuscrits par «Gauen», ce qui prouve que leur finalité première était de
constituer un inventaire géographique des biens; dans le cas de Passau,
seuls sont conservés les «Gauen» situés au sud du Danube et l'on considère
habituellement que l'église avait aussi des possessions dans les «Gauen» du
nord6, dont on ne sait rien. Ces inventaires sont donc extrêmement frag
mentaires7.
C'est à partir de cette documentation que je me suis posé un certain
nombre de questions sur les types de donations, leur évolution et la straté
gie des familles de donateurs.
Forme et évolution des donations
La définition des biens donnés
L'analyse du vocabulaire désignant les biens patrimoniaux en Bavière
est vite limitée par sa variété : proprietas, hereditas - le plus souvent propria
hereditate -, facultas, substantia. Alodis est d'un emploi plus rare (quatre at
testations entre 815 et 821 8), bien que le mot soit celui de la Loi des Bava-
5 H. Wolfram, Die Notitia Arnonis und ähnliche Formen der Rechtssicherung in
nachagilolfingischen Bayern, dans P. Classen (éd.), Recht und Schrift im Mittelalter,
Darmstadt, 1977 {Vorträge und Forschungen, 23), p. 127.
6 TP, introduction, p. XXV. Contre M. Heuwieser, W. Stürmer pense en r
evanche que la rive gauche du Danube était encore une région de très faible implantat
ion humaine, couverte d'une immense forêt - le Nordwald - où il est possible qu'il
n'existe pas encore de domaines fonciers appartenant à l'église ou à l'aristocratie :
W. Stornier, Besitz und Herrschaftsgefüge im Passauer Raum des 8/9. Jahrhunderts.
Herzog, König, Adel und Kirche, dans E. Boshof et H. Wolff (éd.), Das Christentum im
bairischen Raum. Von den Anfängen bis ins 11 Jahrhundert, Cologne-Weimar- Vienne,
1994 {Passauer Historische Forschungen, 8), p. 391-424 : p. 393.
7 Sur le problème de la constitution des «cartulaires» bavarois en général, on
peut recourir à la présentation synthétique de P. Geary, Entre gestion et gesta, dans
O. Guyotjeannin, L. Morelle et M. Parisse, Les cartulaires. Actes de la Table ronde...
(Paris, 5-7 décembre 1991), Paris, 1993 {Mémoires et documents de l'École des chartes,
39), p. 13-26.
8 TP 67, 69, 76, 78. FORMES DES DONATIONS AUX ÉGLISES EN BAVIÈRE 677
rois dans son chapitre sur les donations aux églises; il paraît cependant do
té d'une acception technique intéressante : le 1er janvier 821, une notitia ra
conte que Ruodolf rend à l'église des biens que son frère Odalscalch avait
donnés auparavant et qu'il avait conservés pour la raison suivante :
Post obitum quoque illius accessit frater eius Ruodolt et inde cum injusti-
cia hoc abstraxit; dixit etiam alodem suum debebat fieri perrecte et frater ejus
non potuit tradere et ita in male contentione contendebat coram multis9.
Or on possède la donation d'Odalscalc, prêtre de l'église de Passau,
sous la forme d'une carta rédigée entre 791 et 803 10 : il ressort de la liste des
témoins que son frère Ruodolt n'était pas présent et qu'il n'a donc pas don
né son consentement au transfert de ce bien situé dans le lieu Ruodolvin-
gen/Hrodolvingum, qu'il faut considérer comme éponyme de la famille. La
mention d'un second Ruodolf parmi les témoins de la notice de restitution
laisse penser que Ruodolt a associé ses enfants à cette restitution pour
qu'elle ne soit plus contestée.
Une autre occurrence d'alodis renforce l'idée qu'il s'agit d'un terme
technique qui désigne précisément la propriété familiale, celle dont on hé
rite :
In propriam alodem suatn firmiter deinceps habeat tamquam de pâtre suo
in hereditatem ei dimittetur..."
Il n'en reste pas moins que ce terme est très peu employé en Bavière
orientale et qu'il faut peut-être le rattacher à une tradition franque, malgré
le témo

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents