Galles et archigalles - article ; n°1 ; vol.40, pg 237-324
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1923 - Volume 40 - Numéro 1 - Pages 237-324
88 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1923
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Jérôme Carcopino
II. Galles et archigalles
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 40, 1923. pp. 237-324.
Citer ce document / Cite this document :
Carcopino Jérôme. II. Galles et archigalles. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 40, 1923. pp. 237-324.
doi : 10.3406/mefr.1923.7191
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1923_num_40_1_7191ATTIDEIA
π.
Galles et archigalles.
On ne peut étudier l'organisation romaine du culte d'Attis sans
être tout de suite frappé de la différence qui, malgré leur ana
logie verbale, sépare galles et archigalles \
Extérieurement, d'abord, et quoi qu'on en ait dit 2, ils s'op
posent. Dans nos textes 3, les galles se présentent dans un accou-
1 Graillot, Le culte de Cybèle, Mère des Dieux à Home et dans l'em
pire romain, Paris, 1912, p. 230, a résumé, sur ce point, une opinion quasi
universelle. Je ne vois guère que M. Lafaye qui ait émis un avis diffé
rent et fasse de l'archigalle le supérieur des galles (s. v. Gallus, dans le
Dictionnaire des Antiquités Saglio et Pottier, II, p. 1458; cf. infra, p. 257).
2 On mêle d'ordinaire, comme si leur identité était établie, les textes
et les monuments qui les concernent (cf. Lafaye, op. cit., loc. cit., p. 1457 )
CumoDt, s. v. Gallos, P. W., VII, e. 677 et 678); et bien que Madame
Strong ait récemment appuyé de son autorité l'identification avec de»
portraits d'archigalles de deux bas-reliefs dont l'un, découvert sans sa
tête et aujourd'hui perdu, a été publié par Montfaucon (cf. S. ReinachT
Statuaire, II, 506, 6) et l'autre, aujourd'hui au Musée des Conservateurs,
par Winckelmann (Mon., I, pi. VIII ; cf. S. Reinach, Beliefs, III, 207, 1),
je ne crois pas qu'il y ait lieu de la maintenir. Ni sur l'un ni sur l'autre
ne se lit une inscription qui la justifie. Celui de Montfaucon n'est peut-
être pas authentique (pour l'authenticité s'est prononcé, en dernier lieu,
J. Keil, dans les Jahreshefte des ô'sterr. Institutes, 1915, p. 75). L'autre ne
cadre nullement avec la description de l'archigalle que nous lisons chez
Prudence (voir ci-après). Son aspect coïncide au contraire, avec celle que
les auteurs nous ont laissée des galles; et il convient de l'attribuer à
un simple religiosus de la Grande Mère par comparaison avec le cistifer
de Bellone qu'il a été réservé à Madame Strong de nous faire si bien
connaître (Papers of the British School of Borne, IX, 1920, p. 205-21.3
et pi. XXVI).
3 Cf. Graillot, op. cit., p. 298-300. 238 ATTIDEIA
trement équivoque et criard, avec les tresses tirebouchonnées de leur
chevelure retombant sur leurs épaules *, des boucles aux oreilles %
des médaillons et des colliers sur la poitrine 3, le visage glabre et
fardé 4, le corps enveloppé d'une robe de couleur rappelant, par
sa forme, la stola des femmes5. Au contraire, chez Tarchigalle,
même dépeint par un Chrétien comme Prudence, subsiste un air de
majesté : c'est un homme qui n'a point les cheveux plus longs que les
nu très hommes0, qui porte toute sa barbe "*, se coiffe d'une mitre qu'en
toure une couronne dorée 8, mais, pour le surplus, s'habille comme
les magistrats devant l'autel où ils officient, d'une toge drapée à la
mode gabienne 9. A l'aspect, les galles restent des Phrygiens, des
barbares, des étrangers. L'archigalle, au contraire, s'est civilisé.
De fait, tandis que les galles semblent se recruter dans la
foule des pauvres gens et des esclaves-, l'archigalle, obligatoirement,
possède la cité romaine )0. Si l'on admet que les galles ont toujours
compté parmi eux des castrats dont la mutilation, proscrite en
principe u, eomms un crime capital, dès la fin du Ier siècle 12 dans
toutes les classes de l'Empire, a pu continuer d'être partout to-
1 C. I. L·., VI, 2262 : religiosus capillatus. Cf. Cumont, s. v. Gallos,
P. W., V, c. 675.
2 Cf. Graillot, op. cit., p. 299.
:1 Arnobe, II, 41: ut innecterent catenis colla. Suidas, s. V. πρ5;τγ,0ίο·.χ.
4 Aug., Civ. Dei, VII, 26: facie dealbata.
5 Cf. les textes réunis par Graillot, op. cit., p. 298, n. 3 et 5-6.
6 Prud., Perist., 1013: festa vittis tempera; ibid., 1044 : ostendat udum
verticem.
7 Ibid., 1044 : barbant gravent.
81014: corona turn respeocus awrea.
9 Ibid., 1015: einclu Gabino sericam fultus togam (cf. le bas-relief
précité de Montfaucon).
10 C'est ce qu'a fortement établi Cumont, s. v. Archigallus, P. W.,
II, c. 484.
11 Sur la législation antérieure aux Flaviens, cf. Mommsen, Droit
Pénal, trad. Duquesne, II, p. 354 et suiv. Sur la législation flavienne,
cf. Gsell, Essai sur la vie et le règne de Domitien, Paris, 1894, p. 84.
18 Cf. Dig., XLVIII, 8, 4, 2; Cod. lust., XLII, 1 et infra, p. 245. |
|
\
ATTIDEIA 239
lérée ', il est certain que l'archigalle n'apparaît jamais comme un
semivir 2 et qu'au cœur de la Pisidie 3, comme à Tueculum 4, il
est capable de vivre dans les liens du mariage. Enfin, tandis que
les galles, bien loin de se grouper en une corporation légitime,
comme les cannophores 5, ou les dendrophores « quibus ex senatus
consulto coire licet » ß, ne forment, chez les auteurs qui nous en
parlent, que des troupes assemblées par hasard, sans cohésion ni
statut, et n'interviennent au drame sacré du Sanguis que comme
des figurants de rencontre, et non comme ses acteurs obligés 7, l'ar
chigalle apparaît comme le chef authentique de la religion métroa-
que dans chacune des églises locales auxquelles elle avait donné
naissance 8. Il y est préposé, pour sa vie entière °, par la double
1 Je résume ici l'opinion courante, mais je ne la partage pas,
cf. infra, p. 3Θ9 et suiv.
2 Sa qualité de citoyen romain suffit à exclure jusqu'à la possibilité
d'une castration sur laquelle les Chrétiens, pour les besoins de leur po
lémique, ont trop complaisamment insisté. Le summus sacerdos de Pru
dence, identique au maximus Phryx sacerdos de C. 1. L., VI, 508, n'a
rien d'un castrat (cf. supra, p. 238, n. 7).
3 Cf. l'inscription de Saghir, en Pisidie, publiée par Sterret, puis
par Ramsay, Studies ... of the eastern Provinces of the Roman Empire,
Aberdeen, 1906, p. 343, n. 22: Αύρτ,λία | Ούϊνϋίττα | Ζβυσξίδΐ; J KXeua-iaNs[O]
άρ/,ιγάλλςυ ; cf. infra, p. 256.
4 C. I. L., VI, 32466: coniu(gi) be[ne merenti] \ cum quo vi[xit...\
archigallo Tusc{ulano] et sibi; cf. infra, p. 253.
5 Sur ces confréries que l'épigraphie nous fait connaître à Ostie
(G. I. L., XIV, 34, 35, 36, 37, 40, 116, 117, 118, 119,284, 285) à Locri, à
Saepinum et à Milan, cf. Graillot, op. cit., p. 262-264.
« C. I. i., VI, 29691.
7 Je résume ici l'opinion courante, cf. Graillot, op. cit., p. 127 et 304.
Mais je ne la partage même point: les galles, comme tels, n'apparaissent
point dans les inscriptions; cf. infra, p. 257 et suiv.
8 Cf. Cumont, s. v. Archigallus, P. W., Il, c. 484; Graillot, op. cit.,
p. 234, croit que plusieurs églises pouvaient dépendre du même archi
galle ; mais n'est-ce point prendre pour une conséquence de leur orga
nisation un silence épigraphique dû au hasard de nos découvertes?
9 Voir l'archigalle de Lyon qui est resté en fonctions au moins de
184 à 190 (C. I. L., XII, 1782, XIII, 1752); et celui de Salone qui mour
ut archigalle après dix-sept ans d'exercice (C. 1. L., III, 2920 a). 240 ATTIDBIA
autorité du sénat de la cité dont le vote l'avait élu et des quin-
décemvirs qui l'assistent à Rome x et dont il tient, partout, son
investiture 2. Alors que les galles ont l'air de comparses auxquels
la liturgie métroaque ne laisse aucun rôle défini 3, il est le grand
prêtre de Cybèle et d'Attis, summus sacerdos * ;*et, dans la pratique
de leur culte, il s'égale à la dignité d'un véritable pontife 5 : en les
priant, en leur offrant le sacrifice prescrit par leurs rites, il remp
lit une fonction que l'Etat juge nécessaire à sa propre stabilité
et couvre de sa protection. L'archigalle de la Ville, dont parle
Tertullien, appelle solennellement sur Marc-Aurèle les bénédictions
des divinités phrygiennes et les vœux de leurs fidèles épars à tra
vers le monde 6 ; et les ordres prophétiques de l'archigalle d'Ostie,
pareillement émis pour le salut de l'empereur, sont sanctionnés par
les privilèges que la loi concède à qui sut convenab

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