Goya,Manet, Magritte :LeparadigmeduBalconÉdouard Manet (18321883) René Magritte (18981967) Le Balcon Le Balcon 186869. de Manet, 1950 Même si elle représente un personnage « réel », une image évoque des représentations antérieures avec lesquelles elle entretient des liens comparables à ceux qu’en littérature on qualifie d’intertextuels : « air de famille », citations, parodie, pastiche, opposition….Le balconde Manet (1868) est la reprise d’un sujet traité par Goya (1746–1828)les Majas au balcon. C’est d’abord un hommage à son prédécesseur espagnol. C’est aussi, à travers l’hommage l’affirmation d’une liberté qui annonce la peinture moderne. L’art de peindre traditionnel privilégie la narration. L’univers du balcon de Goya est romanesque, il y a une dramatisation de l’action. Le balcon de Manet ruine l’anecdote au seul profit de la peinture ellemême : la représentation est impressioniste.. Il s’agit bien d’un triple portrait de personnages qui n’entretiennent aucun échange. Mais « la représentation » plus que le « sujet » devient le vrai sujet de la peinture. 1950. Magritte reprend à son tour le « motif » de Manet. Trois cercueils remplacent les personnages ; l’un épouse la forme assise de Berthe Morisot (peintre et belle soeur de Manet). Estce la mort de la peinture ? Tout en figurant la mort du sujet classique, déjà mis à mal par Manet, l’artiste surréaliste continue à détruire le sujet, tout en continuant cependant à peindre figuratif.. De Goya à Manet, de Manet à Magritte s’ébauche ici une série (ou paradigme). Ces images s’appellent les unes les autres, et le va et vient que nous faisons entre les éléments de la série est un acte fondateur de la constitution d’une culture. Créer des liens et tisser une continuité, Goya (17461828) Majas au balcon c’est aussi apprendre à voir.