Iconographie et pastorale dans le diocèse d Embrun à la veille de la Réforme - article ; n°1 ; vol.106, pg 141-151
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1994 - Volume 106 - Numéro 1 - Pages 141-151
Pierrette Paravy, Iconographie et pastorale dans le diocèse d'Embrun à la veille de la Réforme, p. 141-151. Théâtre depuis le XIVe siècle d'une guerre religieuse constante liée aux poursuites contre les communautés vaudoises du Haut-Dauphiné, le diocèse d'Embrun fut aussi de la part de ses évêques et de leurs coopérateurs privilégiés, les frères Mendiants, le lieu d'une activité pastorale multiple dont les églises nouvelles ou rénovées et nombre de chapelles rurales demeurent un bon révélateur. C'est entre le milieu du XVe siècle et les années 1520 que l'essentiel des travaux fut accompli et qu'un abondant ensemble de peintures murales conservées dans une trentaine d'édifices fut élaboré. Le dossier permet de percevoir le message diffusé à partir des foyers d'impulsion pastorale (cathédrale d'Embrun, Franciscains d'Embrun et de Briançon) et de constater la vigilance formatrice dont fut l'objet l'ancienne (v. au verso)
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Pierrette Paravy
Iconographie et pastorale dans le diocèse d'Embrun à la veille
de la Réforme
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 106, N°1. 1994. pp. 141-151.
Résumé
Pierrette Paravy, Iconographie et pastorale dans le diocèse d'Embrun à la veille de la Réforme, p. 141-151.
Théâtre depuis le XIVe siècle d'une guerre religieuse constante liée aux poursuites contre les communautés vaudoises du Haut-
Dauphiné, le diocèse d'Embrun fut aussi de la part de ses évêques et de leurs coopérateurs privilégiés, les frères Mendiants, le
lieu d'une activité pastorale multiple dont les églises nouvelles ou rénovées et nombre de chapelles rurales demeurent un bon
révélateur. C'est entre le milieu du XVe siècle et les années 1520 que l'essentiel des travaux fut accompli et qu'un abondant
ensemble de peintures murales conservées dans une trentaine d'édifices fut élaboré. Le dossier permet de percevoir le message
diffusé à partir des foyers d'impulsion pastorale (cathédrale d'Embrun, Franciscains d'Embrun et de Briançon) et de constater la
vigilance formatrice dont fut l'objet l'ancienne
vallée vaudoise de Vallouise en voie de reconquête. Les choix des fidèles au moment de leurs commandes expriment leurs
préférences, mais aussi leur réceptivité au message suggéré. Le culte des intercesseurs, loin de demeurer manifestation
anecdotique d'une quête de protection désordonnée, se coule dans une discipline canalisant et orientant la prière en fonction du
message de l'Église. Au moment où Claude de Seyssel, l'évêque voisin de Turin, procédait à une défense raisonnée des
«images», les linéaments de la réforme tridentine se mettaient ainsi en place.
Citer ce document / Cite this document :
Paravy Pierrette. Iconographie et pastorale dans le diocèse d'Embrun à la veille de la Réforme. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 106, N°1. 1994. pp. 141-151.
doi : 10.3406/mefr.1994.3356
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1994_num_106_1_3356PIERRETTE PARAVY
ICONOGRAPHIE ET PASTORALE
DANS LE DIOCÈSE D'EMBRUN
À LA VEILLE DE LA RÉFORME *
Du point de vue de l'élaboration d'un répertoire des peintures murales
conservées, le diocèse haut-dauphinois d'Embrun ne constitue en aucun
cas une exception privilégiée. Il est un lieu parmi d'autres, au sein de l'arc
alpestre, où l'on peut constater une prolifération d'images à la fin du
Moyen Âge. Il ne se signale pas non plus par une originalité particulière
quant aux thèmes représentés1.
En revanche, son histoire présente une spécificité incontestable du fait
de la véritable guerre religieuse dont il fut le théâtre à l'occasion des pours
uites menées contre les communautés vaudoises des hautes vallées. Elles
devaient aboutir, en 1488, à une croisade contre l'ensemble des Vaudois
dauphinois. Or, l'aspect répressif n'est que l'un des volets d'une histoire ca
ractérisée tout autant, durant le XVe siècle, par le développement d'une
énergique action pastorale assortie d'une évidente sensibilisation des es-
* Ce problème fait l'objet d'une étude plus développée dans une thèse soutenue
en 1988 et publiée à Rome en 1994: De la chrétienté romaine à la Réforme en Dauphi-
né. Évêques, fidèles et déviants (milieu du XIVe siècle-vers 1530). Je me bornerai donc
ici à résumer les conclusions de ce qui constitue une étude de cas dans le vaste pr
ogramme entrepris d'élaboration d'un corpus exhaustif des représentations conserv
ées.
1 Depuis les travaux de Marguerite Roques, Les peintures murales du Sud-Est
de la France (XIIIe au XVIe siècle), Paris, 1961, et les mises au point du Congrès archéo
logique de France (130e session, 1972 Dauphiné), Paris, 1974, le Répertoire de l'Invent
aire général des monuments et richesses artistiques de la France, Peintures murales
des Hautes Alpes XVe-XVIe siècles (Cahiers de l'Inventaire, 7), 1987, dont les monog
raphies sont dues à Chantai Desvignes-Mallet, constitue à la fois une mise au point
à partir de l'ensemble des travaux antérieurs et l'une des premières réalisations faci
litant la mise en œuvre du corpus informatisé prévu. Pour le versant piémontais, le
plus voisin du diocèse d'Embrun, voir l'importance de ce point de vue des mises au
point faites à l'occasion de deux expositions turinoises, Valle di Susa. Arte e stona
dall'XI al XVIII secolo , Turin, 1977, et Giacomo Jaquerio e il gotico intemazionale, Tur
in, 1979.
MEFRM - 106 - 1994 - 1, p. 141-151. 142 PIERRETTE PARAVY
prits. À s'en tenir aux aspects les plus spectaculaires, en témoignent les man
ifestations d'angoisse religieuse que constituent aussi bien les chasses aux
sorcières dont la région fut le théâtre dès les années 1420, que la présence
de flagellants au milieu du siècle et l'évolution de l'ancien pèlerinage de
Notre-Dame d'Embrun dans le sens d'une dramatisation exaltant, au profit
des épileptiques, le triomphe de la médiatrice contre les forces de l'Enfer
déchaînées, dont leur maladie est le signe2.
Dans ce contexte, il est important de s'interroger sur la fonction de l
'image comme expression d'une pastorale et manifestation des choix des f
idèles, dans la mesure où sa présence, méprisée et décriée par les mission
naires vaudois, constitue pour ses adeptes à la fois un défi catholique à
l'adversaire et un sujet de réflexion obligé face à la mise en cause anti-
cipatrice de celle de la Réforme dont elle est l'objet3.
De ce point de vue, la réflexion de Claude de Seyssel, le nouvel évêque
de Turin, au terme de sa visite pastorale des vallées vaudoises de son dio
cèse, en 1518, constitue un témoignage précieux. Le chapitre consacré aux
images dans son traité Contra errores Valdensium de 1520 repose d'abord
sur l'argumentation de Grégoire le Grand dans la lettre à Serenus - l'image
enseignement des illettrés -, largement diffusée par le Décret. Puis, fidèle à
son choix - appel à la Parole de Dieu, et donc primat des références scrip-
turaires pour battre l'adversaire sur son propre terrain -, l'évêque fonde sa
vigoureuse apologie de l'usage des images sur un large clavier scripturaire
depuis les prophètes de l'Ancien Testament jusqu'à l'Apocalypse, en pas
sant par les Actes des Apôtres et les Épîtres. Au-delà, la légitimation vétéro-
testamentaire de certains lieux de culte choisis par Dieu lui-même et
consacrés comme lieux saints ou celles de certaines statues auprès des
quelles se manifeste sa puissance, n'est pas sans autoriser le glissement
progressif de la perception de l'image-mémoire, l'image-enseignement, vers
l'image-action, réceptacle de force agissante. Source de dévotion, moyen de
lutter contre la tiédeur et l'attrait des choses de la terre, les peintures fixent
ce qu'elles représentent dans les esprits et l'y impriment. Pour les fidèles
2 P. Paravy, Faire croire. Quelques hypothèses de recherche basées sur l'étude des
procès de sorcellerie en Dauphiné au XVe siècle, dans Faire Croire Modalités de la diffu
sion et de la réception du message religieux du XIIe au XVe siècle [table ronde, Rome
1979], Rome, 1981, p. 119-130; et pour la lutte contre les Vaudois, Id., Les Vaudois du
Haut-Dauphiné de la croisade de 1488 à la Réforme, dans Heresis, 13-14, 1989, p. 255-
289.
3 Les principaux textes relatifs à l'attitude de l'Église face aux images ont été
rassemblés dans le dossier constitué et introduit par D. Menozzi, Les images, l'Église
et les arts visuels, Paris, 1991. ICONOGRAPHIE ET PASTORALE DANS LE DIOCÈSE D'EMBRUN 143
qui, dans l'attente du face à face, voient «à présent dans un miroir, d'une
manière obscure», elles jouent un rôle décisif de formation4.
Dès lors la valeur du corpus haut-dauphinois est évidente dans la me
sure où il est parfaitement cohérent. Très groupé dans le temps des der
nières décennies médiévales et des premières de l'âg

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