Intercommunalité et fiscalité directe locale
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Intercommunalité et fiscalité directe locale

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

L’intercommunalité représente le principal déterminant de la fiscalité locale pour toutes les taxes de 1993 à 2006. L’appartenance à un établissement public de coopération intercommunale (EPCI) tend à accroître les taux des quatre impôts directs locaux par rapport à une situation hors groupement. Ces taux sont en outre structurellement plus élevés dans les EPCI en taxe professionnelle unique et en fiscalité mixte. Enfin, de manière globale, ils augmentent également structurellement avec la taille des communes pour ensuite diminuer pour les très grandes villes (plus de 50 000 habitants pour les taxes foncières et la taxe d’habitation et plus de 100 000 habitants pour la taxe professionnelle). Ces résultats sont obtenus sur la base d’une analyse structurelle-résiduelle des niveaux d’imposition des quatre impôts directs locaux dans les communes en fonction de l’appartenance des communes aux différentes catégories de groupements intercommunaux, de leur taille en termes de population, de leur « degré » de ruralité et du type de bassin de vie.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

DISPARITÉS TERRITORIALES
Intercommunalité et fi scalité directe
locale
Sylvie Charlot*, Sonia Paty**, Virginie Piguet*
L’intercommunalité représente le principal déterminant de la fi scalité locale pour toutes
les taxes de 1993 à 2006. L’appartenance à un établissement public de coopération inter-
communale (EPCI) tend à accroître les taux des quatre impôts directs locaux par rapport
à une situation hors groupement. Ces taux sont en outre structurellement plus élevés
dans les EPCI en taxe professionnelle unique et en fi scalité mixte. Enfi n, de manière
globale, ils augmentent également structurellement avec la taille des communes pour
ensuite diminuer pour les très grandes villes (plus de 50 000 habitants pour les taxes fon-
cières et la taxe d’habitation et plus de 100 000 habitants pour la taxe professionnelle).
Ces résultats sont obtenus sur la base d’une analyse structurelle-résiduelle des niveaux
d’imposition des quatre impôts directs locaux dans les communes en fonction de l’ap-
partenance des communes aux différentes catégories de groupements intercommunaux,
de leur taille en termes de population, de leur « degré » de ruralité et du type de bassin
de vie.
* CESAER (UMR 1041, INRA-ENESAD), sylvie.charlot@dijon.inra.fr, virginie.piguet@dijon.inra.fr
** CREM (UMR 6211, Université de Caen et CNRS) et EQUIPPE (Universités de Lille), sonia.paty@univ-lille1.fr
Les auteurs tiennent à remercier les rapporteurs anonymes dont les avis et suggestions ont permis d’améliorer une première version de
cet article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 415-416, 2008 121territoriales sur la même période. Parallèlement, epuis une quinzaine d’années, le rôle et le
les bénéfi ces attendus de l’intercommunalité Dpoids pris par l’intercommunalité sont de
sont liés au contournement de l’émiettement plus en plus importants dans le secteur public
communal et à l’exploitation de rendements local français. En effet, le volume budgétaire
d’échelle croissants caractérisant la plupart des des groupements de communes à fi scalité pro-
pre représente en 2005 plus de 24 % de celui services publics locaux. La réalisation de ces
du secteur communal contre 8,5 % en 1993 économies d’échelle devait permettre des taux
(DGCL, 2006). L’analyse du secteur commu- d’imposition plus faibles dans les groupements
nal stricto sensu perd donc de sa pertinence si intercommunaux que dans les communes res-
l’on néglige le rôle prépondérant joué par les tant isolées.
structures intercommunales dans le paysage
local français. En particulier, la pression fi scale Les ressources budgétaires nécessaires au fonc-
strictement communale ne fournit plus que des tionnement des collectivités locales ne sont
indications partielles sur la réalité de l’impôt néanmoins pas exclusivement liées à l’organi-
local. L’analyse du poids fi scal d’un ensemble sation institutionnelle des communes mais aussi
comprenant la commune et les structures inter- à leur compétence et à l’intensité de la demande
communales est donc devenue indispensable à de biens et services publics locaux exercée par
la compréhension des fi nances publiques loca- les contribuables. Ces dernières sont détermi-
les. nées par la taille des communes et par leur posi-
tion dans l’organisation territoriale nationale.
En matière de fi scalité directe, les établissements Ainsi les plus grandes communes doivent four-
publics de coopération intercommunale (EPCI) nir des services en plus grande quantité et dans
disposent d’une certaine autonomie, encadrée une gamme plus élargie, tout en étant les plus
par la loi, sur le choix des taux des quatre impôts à même de bénéfi cier de rendements d’échelle
directs locaux (taxe d’habitation, taxes foncières croissants dans leur production. De même, en
et taxe professionnelle) et peuvent opter pour fonction de leur position dans l’organisation
différents régimes fi scaux. Les groupements socio-économique du territoire, les ressources
de communes à fi scalité additionnelle exercent et les charges des communes peuvent varier
sur chacune des quatre taxes un taux d’imposi- fortement : les communes périurbaines, par
tion qui vient s’ajouter au taux communal. En exemple, si elles doivent répondre à des besoins
revanche, la taxe professionnelle unique (TPU) nouveaux liés à l’accueil récent de population,
est un mode de fi nancement alternatif où le bénéfi cient en parallèle de ressources fi scales
groupement prélève, à la place des communes supplémentaires émanant de ce développement
membres, la totalité de la taxe professionnelle résidentiel.
du territoire. Jusqu’en 1999, les EPCI à TPU ne
pouvaient percevoir ni la taxe d’habitation ni Pour identifi er les effets propres de l’inter-
les taxes foncières. Cette interdiction a souvent communalité sur la fi scalité locale, il est donc
été un frein à la création de tels groupements de nécessaire de prendre en compte non seulement
communes (DGCL, 2006). La loi du 12 juillet la taille des communes étudiées mais aussi leur
1999 a ensuite autorisé toutes les structures à « spécialisation » en termes de développement
TPU à exercer, de façon encadrée, une pression économique, tout en considérant les évolutions
fi scale sur les autres taxes (taxe d’habitation et qu’ont pu subir les dotations émanant des éche-
taxes foncières) : c’est ce que l’on appelle la fi s- lons supérieurs et en particulier de l’État. Pour
calité mixte. cela, nous avons analysé les niveaux des qua-
tre impôts directs locaux (communes + grou-
Sur la période qui s’étend de 1993 à 2006, les pements) en fonction de l’appartenance des
taux des quatre impôts directs locaux – mesu- communes aux différentes catégories de grou-
rés comme le rapport entre la somme du produit pements intercommunaux, de leur taille, de
collecté au niveau communal et intercommunal leur « degré » de ruralité et du type de bassin
et la base de la taxe – ont tous connu une évo- de vie.
lution à la hausse, avec une augmentation allant
de 2,1 points pour la taxe professionnelle à 6,3 Nous expliquons l’évolution de la fi scalité
points pour la taxe sur le foncier non bâti. directe communale et intercommunale à l’aide
de l’analyse structurelle-résiduelle. Cette
Le besoin de ressources fi scales propres sup- méthodologie permet en effet d’apprécier dans
plémentaires peut s’expliquer par le fort mou- quelle mesure les différences observées entre
vement de décentralisation des compétences et les valeurs prises par une variable dans l’es-
donc des charges supportées par les collectivités pace sont imputables à des effets structurels ou
122 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 415-416, 2008résiduels. Nous déterminons ainsi précisément (TEOM), le versement transports et des taxes
le rôle joué par la création des structures inter- annexes (taxes de balayage, trottoirs, pavages,
communales mais aussi par le choix du régime redevance des mines et redevances sur les pylô-
1fi scal dans l’explication de cette augmentation nes électriques) (1).
des taux.
Les collectivités territoriales doivent, après
avoir voté le produit fi scal qui permet d’équi-
Accroissement de la fi scalité directe librer leur budget, choisir les taux d’imposition
locale et grande diversité spatiale de ces quatre impôts qui, appliqués à leurs bases
dans la pratique de l’intercommunalité d’imposition, permettront d’atteindre ce pro-
depuis 1993 duit. Toutefois, elles ne peuvent fi xer leurs taux
que dans les limites des règles d’encadrement
2La France est l’un des pays européens où la part imposées par la loi (2).
de la fi scalité dans les ressources des collectivi-
tés locales (environ 50 %) est la plus importante.
Les collectivités locales perçoivent des produits
1. La fi scalité indirecte se décompose en trois grandes parties :
fi scaux de deux natures : directs et indirects. les droits de mutation additionnels qui représentent plus de la

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents