Islam et révolution en Iran : quelques pistes pour une lecture - article ; n°1 ; vol.29, pg 109-130
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Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1980 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 109-130
The Iranian revolution, as it seems the result of a specific cultural tradition and of social conflicts, is examined from an anthropological point of view. In front of the economic crisis and of the difficulties encountered by the Pahlavi dynasty to legitimate his power, (as well through the claim of identity as through the claim of an occidental way of life), the Islamic religion appeared as an alternate set of cultural habits reinforced foreign intervention by each and eventually identified with the social classes left apart from the new deal. During the events, it seems that it was less referred to the coming back of the twelfth imam (except by some scholars) than to the Kerbala myth (the martyrdom of imam Hoseyn that look somewhat like the Passion of Christ), which was evocated on a metaphoric as well as on a ritual way.
L'auteur tente une approche anthropologique de la révolution iranienne, considérée comme l'intnca- tion d'une tradition culturelle spécifique et de conflits sociaux. Face à la crise économique et à l'incapacité du régime Pahlavi à légitimer son hégémonie, (aussi bien par la revendication d'identité que par celle d'occidentalité), l'Islam s'est manifesté comme un ensemble d'habitudes sociales qui se sont renforcées, par reaction, au fur et à mesure des interventions étrangères en Iran. La religion est ainsi devenue symbole d'identification aux classes subalternes. Sur le déroulement des événements révolutionnaires, eux-mêmes, le principe de l'émamat (rappelé par quelques clercs) semble avoir moins pesé que les évocations métaphoriques et rituelles du mythe de Kerbalâ (martyre de l'imam Hoseyn qu'on peut rapprocher de la Passion du Christ) dont sont dégages ici les grands ressorts dramatiques et symboliques. (Rédaction).
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Bromberger
Islam et révolution en Iran : quelques pistes pour une lecture
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°29, 1980. pp. 109-130.
Abstract
The Iranian revolution, as it seems the result of a specific cultural tradition and of social conflicts, is examined from an
anthropological point of view. In front of the economic crisis and of the difficulties encountered by the Pahlavi dynasty to
legitimate his power, (as well through the claim of identity as through the claim of an occidental way of life), the Islamic religion
appeared as an alternate set of cultural habits reinforced foreign intervention by each and eventually identified with the social
classes left apart from the new deal. During the events, it seems that it was less referred to the coming back of the twelfth imam
(except by some scholars) than to the Kerbala myth (the martyrdom of imam Hoseyn that look somewhat like the Passion of
Christ), which was evocated on a metaphoric as well as on a ritual way.
Résumé
L'auteur tente une approche anthropologique de la révolution iranienne, considérée comme l'intnca- tion d'une tradition culturelle
spécifique et de conflits sociaux. Face à la crise économique et à l'incapacité du régime Pahlavi à légitimer son hégémonie,
(aussi bien par la revendication d'identité que par celle d'occidentalité), l'Islam s'est manifesté comme un ensemble d'habitudes
sociales qui se sont renforcées, par reaction, au fur et à mesure des interventions étrangères en Iran. La religion est ainsi
devenue symbole d'identification aux classes subalternes. Sur le déroulement des événements révolutionnaires, eux-mêmes, le
principe de l'émamat (rappelé par quelques clercs) semble avoir moins pesé que les évocations métaphoriques et rituelles du
mythe de Kerbalâ (martyre de l'imam Hoseyn qu'on peut rapprocher de la Passion du Christ) dont sont dégages ici les grands
ressorts dramatiques et symboliques. (Rédaction).
Citer ce document / Cite this document :
Bromberger Christian. Islam et révolution en Iran : quelques pistes pour une lecture. In: Revue de l'Occident musulman et de la
Méditerranée, N°29, 1980. pp. 109-130.
doi : 10.3406/remmm.1980.1876
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1980_num_29_1_1876ISLAM ET RÉVOLUTION EN IRAN
QUELQUES PISTES POUR UNE LECTURE •
par Christian BROMBERGER
LES ENJEUX D'UNE RÉVOLUTION
La Révolution iranienne dérange : elle dérange - faut-il le souligner ? -
l'équilibre des blocs, les rapports de domination économique et politique sur l'une des
régions les plus convoitées du monde ; elle remet en cause la « légitimité » (ou
l'illégitimité ?) des relations internationales {cf. l'affaire des otages),... mais elle dérange
aussi, effet dérisoire, sans doute, par rapport aux précédents, le confort intellectuel de
bien des analystes, déconcertés par l'originalité d'un mouvement qui défie (1) les
schémas d'interprétation conventionnels, les habitudes mentales et conceptuelles les
plus enracinées... La Révolution iranienne n'est le fruit ni d'une manœuvre impérial
iste ni de l'action concertée des couches prolétariennes - ouvrières et paysannes -
organisées en partis d'avant-garde. Le rôle que jouèrent les lolamà dans ce mouvem
ent, la « confusion » des langages politiques et religieux, le style même du « drame »
révolutionnaire en ses différents épisodes suscitent, en Orient comme en Occident, des
interprétations divergentes, réajustements conjoncturels des dogmes établis ou, à
l'inverse, pavés dans la mare des certitudes conventionnelles. A coup sûr, la Révolut
ion iranienne fournit un terrain de choix aux affrontements idéologiques entre les
diverses « tribus » intellectuelles. Campons d'emblée - et, par la force des choses,
grossièrement - l'enjeu du débat.
Pour les uns, le phénomène révolutionnaire fut la conséquence logique - la
nécessité historique s'impose toujours a posteriori - d'une crise structurelle de la
société iranienne, d'antagonismes sociaux exacerbés depuis 1974-75, d'une lutte anti
impérialiste contre la domination des intérêts étrangers et contre les appareils d'état
qui relayaient, organisaient, justifiaient, à l'intérieur du pays, cette domination ; pour
la plupart des tenants de ce type d'analyse - largement pertinente au demeurant,
nous y reviendrons - la forme religieuse que prit le mouvement de contestation en
Iran ne fut qu'un langage circonstanciel, une manifestation tactique, un paravent...
L'Islam shi'ite «'était que le vecteur d'autres revendications à caractère social et
(*) Cet article condense - sans doute beaucoup trop - et infléchit - sur quelques points - deux
exposés et quelques interventions présentés dans le cadre du séminaire du CRESM sur l'Islam, dirigé par
E.Gellneren 1978-79. 110 C. BROMBERGER
économique, une idéologie mobilisatrice conjoncturellement mais, au fond, un épiphé-
nomène, une annexe superstructurelle. A l'appui de cette thèse, certains remarquent
que le mouvement de contestation religieuse ne fit que relayer, au début de l'année
1978, diverses manifestations de mécontentement populaire - dont des grèves d'ou
vriers (2) - bref se greffa tardivement sur une situation pré-révolutionnaire. Un
examen rigoureux de la chronologie des événements pendant la dernière décennie (3)
convainc, à l'inverse, que la contestation religieuse ne fut pas un « greffon » tardif,
mais tout autant que l'expression, un des ferments, avant de devenir le ciment du
grand mouvement de protestation qui entraîna la chute de la dictature du shah.
D'autres - un certain nombre d'intellectuels iraniens et, plus généralement, les
fondamentalistes - considèrent, à l'opposé, que les facteurs déterminants de la
révolution ne sont pas à rechercher à l'extérieur mais à l'intérieur de l'Islam, dans une
dynamique et une symbolique qui lui seraient propres et demeureraient impénétrables
à l'analyste venu d'ailleurs, quelles que soient ses compétences en matière d'« orienta
lisme ». Une telle interprétation faisant fond tout à la fois sur la « spiritualité » de
l'Islam (opposée au matérialisme occidental), sur la vocation intrinsèque du shi'isme, à
« délégitimer » toute forme de pouvoir temporel, sur l'ésotérisme de la culture, de
l'« âme » iraniennes (opposé aux savoirs techniques et scientifiques universalisables
- y compris ceux utilisés pour analyser les phénomènes sociaux) prolonge, amplifie
et amalgame des discours de tonalités différentes : la tradition intégriste, l'insistance
emphatique sur la spécificité du shi'isme iranien, le refus, chez de nombreux intellec
tuels, de l'« ouestoxication »(4)... On voit d'emblée, par ces simples allusions, que le
concept même d'Islam agrège et cimente des revendications disparates. Il serait facile
- mais tout autant injustifié - de traiter par un mépris entendu ou par des
ricanements supérieurs ces explications « idéalistes » : certes, elles demeurent impuis
santes à rendre compte de l'émergence, à un moment donné (l'année 1978), du
mouvement révolutionnaire. Si la « spiritualité » islamique, la capacité contestataire du
shi'isme, l'identité de l'« âme » iranienne sont des données immanentes, à quels
facteurs attribuer leur « brusque réveil », sinon à un faisceau de causes conjoncturelles
que l'on doit rechercher en marge de la religion et des revendications pour l'identité ?
A l'inverse, il serait absurde de nier le rôle mobilisateur de l'Islam, sa dynamique
propre en ces circonstances qui ont non seulement singularisé le processus révolution
naire mais ont aussi été des moteurs de l'action politique.
Faut-il renvoyer dos à dos les tenants de ces interprétations divergentes ? Opter
pour l'une ou l'autre formule au nom de convictions préalables à l'événement ou, ce
qui revient au même, d'un tri sélectif des données et des faits dont le foisonnement
permet bien des formes de manipulations illustratives ? Faut-il encore se cantonner
dans des formules « nègres-blanches », se bornant

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