L actualité des rapports - Industries high-tech et consortium de R&D : les enseignements de Sematech - article ; n°1 ; vol.80, pg 115-128
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L'actualité des rapports - Industries high-tech et consortium de R&D : les enseignements de Sematech - article ; n°1 ; vol.80, pg 115-128

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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1997 - Volume 80 - Numéro 1 - Pages 115-128
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bertrand Quelin
L'actualité des rapports - Industries high-tech et consortium de
R&D : les enseignements de Sematech
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 80. 2e trimestre 1997. pp. 115-128.
Citer ce document / Cite this document :
Quelin Bertrand. L'actualité des rapports - Industries high-tech et consortium de R&D : les enseignements de Sematech. In:
Revue d'économie industrielle. Vol. 80. 2e trimestre 1997. pp. 115-128.
doi : 10.3406/rei.1997.1672
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1997_num_80_1_1672: Bertrand QUÉLIN Chronique
i» * !■* ' m ~* Professeur-associé, groupe H.E.C.
I actualité des rapports Visiting Scholar, université de Californie (Berkeley)
INDUSTRIES HIGH-TECH
ET CONSORTIUM DE R&D :
LES ENSEIGNEMENTS DE SEMATECH
L'évaluation concerne autant d'un les programme, résultats (effets d'un directs) projet ou que d'une les impacts politique (effets publique indi
rects) ou l'opportunité de l'utilisation des fonds accordés par la puis
sance publique en termes de bénéfices collectifs mais aussi privés.
Parce que l'utilisation des fonds publics est une question sensible, et que
chaque contribuable a une aversion pour l'impôt, le contexte américain peut
apparaître particulier. Cependant, il est loin de développer des particularismes
tels qu'il ne pourrait pas être source d'inspiration et d'expérience pour d'autres
pays ou communautés internationales. En effet, la logique de l'audit suit la
démarche suivante : le président d'une commission ou d'un comité spécialisé
du Congrès américain peut saisir le General Accounting Office — un équival
ent de la Cour des comptes en France — pour évaluer les usages qui ont été
faits des fonds publics alloués soit par le Gouvernement soit par le Congrès
lui-même, pour diagnostiquer le fonctionnement et les missions de l'organisa
tion récipiendaire des dotations. La gouvernance est ainsi claire, il n'y a pas de
Haut Comité, de commission spéciale ou de groupe d'experts ad hoc chargés
d'une telle évaluation. C'est l'exercice normal du métier d'auditeur diligente
par les élus.
Mais qui donc reçoit des subsides publics aux États-Unis ? Loin de nous le
projet de faire l'état exhaustif de ces aides, l'objet de notre chronique est beau
coup plus modeste : l'analyse d'un consortium de recherche-développement.
En effet, les principaux secteurs de haute technologie sont confrontés à une
très forte concurrence sur des marchés globaux. Leur activité peut également
avoir des retombées militaires importantes. Aussi ces industries sensibles ont-
elles toujours fait l'objet d'une attention particulière de la puissance publique,
y compris américaine.
L'industrie des semi-conducteurs est l'une des plus observées et analysées,
tant le risque d'une dépendance technologique peut se révéler fatal pour de
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 80, 2° trimestre 1997 115 nombreux autres secteurs concurrentiels utilisateurs comme pour la défense
nationale. Si les systèmes d'aide peuvent prendre de nombreuses formes (du
contrat de recherche à l'accès aux marchés publics), une forme organisation-
nelle nouvelle a cependant pris de l'importance il y a une quinzaine d'années :
le consortium de recherche-développement.
Aux États-Unis, comme en Europe et au Japon, les consortia sont très nomb
reux. La loi a même dû être adaptée pour ne pas tomber sous le coup de la loi
antitrust (1). L'un des plus connus s'appelle le SEmiconductor MAnufacturing
TECHnology Consortium. À ce titre et parce qu'il reçoit une aide publique,
SEMATECH fait donc régulièrement l'objet d'audits financiers annuels depuis
sa création (2) et de quelques audits sur son activité et son organisation. Nous
nous proposons de lui consacrer la totalité de cette chronique en privilégiant la
dimension historique au détriment du caractère brûlant de l'actualité des rap
ports. C'est la condition pour évaluer le succès ou les limites de ce consortium,
et globalement tirer les leçons du point de vue de la politique industrielle et
technologique. Pour cela, nous disposons de nombreux rapports et études
comme de nombreux travaux académiques. Et si les audits financiers sont les
plus nombreux, d'autres ont porté sur l'évaluation des avancées technolo
giques ou sur les réorientations des missions décidées par les membres de ce
consortium de R&D. Afin de permettre au lecteur de tirer profit de cette mise
en perspective, nous suivrons le plan suivant. Une première section présente
ra le consortium SEMATECH. Une deuxième section sera consacrée aux ques
tions d'organisation du consortium. La troisième section tirera un certain
nombre d'enseignements de SEMATECH. Enfin, nous concluerons par un cer
tain nombre de réflexions sur l'exemplarité et les limites de cette expérience.
I. — SEMATECH : UN CONSORTIUM POUR LA SAUVEGARDE
D'UNE INDUSTRIE ?
Créé en 1987, SEMATECH doit sa naissance à la montée en puissance de
l'industrie japonaise sur le marché global des mémoires et semi-conducteurs
et au lobbying puissant des organisations professionnelles.
1. La création de SEMATECH
Dès 1986, la Semiconductor Industry Association (SIA) avait appelé de ses
vœux une effort collectif. À l'issue de quoi, un groupe de travail avait été
(1) Le Cooperative Research Act de 1984 lève certaines restrictions pour permettre le parta
ge d'informations entre concurrents.
(2) La loi n° 100-180 de 1988 requiert un audit annuel des comptes de SEMATECH puisque
ce consortium reçoit des fonds publics du ministère de la Défense. En fait, un cabinet privé
spécialisé dans l'audit le réalise, et ce sont les éléments du rapport d'audit qui sont eux-
mêmes soumis au GAO.
116 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 80, 2« trimestre 1997 formé qui avait rédigé un rapport alarmiste. Quatorze sociétés membres
avaient à l'époque fait la proposition de créer un consortium de recherche (3).
Outre les cinq plus importants producteurs de semi-conducteurs, on y trouve
quatre industriels de l'informatique, un grand groupe de télécommunications,
un industriel de l'espace et des semi-conducteurs associés. Ces 14 industriels
pesaient près de 80% de la capacité industrielle américaine et devinrent les
membres fondateurs de SEM ATECH (4). Outre une contribution financière
annuelle de 100 millions de dollars, à laquelle s'ajoute une équi
valente du DARPA (5), les membres s'engageaient à couvrir aux deux tiers les
300 chercheurs et membres des équipes de recherche dont avait besoin SEMAT
ECH.
La mission initiale de SEMATECH est d'aider les membres du consortium à
améliorer la technologie de production de semi-conducteurs, d'où la décision
de construire une usine à Austin ; ce qui fut réalisé en 1989 après 32 semaines
d'effort (US-GAO, 1989a).
2. Les missions de SEMATECH et leur réorientation
SEMATECH poursuit des objectifs de recherche pré-compétitive comme de
nombreux consortia japonais ou européens, en écartant tout développement
commercial ou vente de semi-conducteurs. Cependant, construire une usine
peut être parfois plus facile que de définir un programme de recherche sus
ceptible de l'utiliser. Tel est le type de problème auquel les membres du
consortium ont eu à faire face.
En effet, la compétence et la technologie de l'industrialisation sont essent
ielles à la compétitivité dans l'industrie des semi-conducteurs. Chaque indust
riel membre du consortium y est suffisamment sensible pour ne pas vouloir
partager des connaissances jugées sensibles. L'un des dangers est la diffusion
de tels savoirs et de leaders technologiques vers des entreprises
moins performantes qui permettrait ainsi à ces dernières de tirer profit d'un
comportement à&free-rider.
En réponse à ces interrogations, le consortium a réorienté en 1989 son pr
ogramme de recherche dans la double direction d'une amélioration des compé-
(3) Compte tenu des risques de dépendance technologique, et donc militaire, un comité du
ministère de la Défense, le Defense Science Board soutenait une proposition concurrente
et recommandait la création d'une usine détenue conjointement par l'État fédéral et les

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