L Enfant prodige
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L'Enfant prodige

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Description

L'enfant prodige Léon est un grand garçon. C'est sa Maman qui le lui dit. Tous les jours. Léon est un grand sportif. C'est Monsieur Bris qui le lui dit. Tous les samedis, au club de foot. Léon est très marrant. C'est toute l'équipe qui le lui dit. A chaque rencontre. Léon adore son ballon. Ça c'est lui qui le dit. Il dort avec toutes les nuits. Le jour, il est à ses pieds, ou dans sa main, enfermé dans un beau sac de sport. Léon ne va pas à l'école. Non, pas la peine, Maman est sa maîtresse d'école. Léon est bon élève, il apprend bien toutes ses leçons. Mais mettre toutes ces lettres dans le bon sens pour lire un mot, pour Léon ce n'est pas très marrant. Les chiffres, lui font mal à la tête, pourtant durant les matchs, les buts s'additionnent bien, mais sur le papier, ils se bousculent, s'entrechoquent, font du bruit Léon tous les matins, avant de se lever, aime regarder sa bibliothèque. Une grande bibliothèque blanche. De trois étagères. Oui trois, il les a plusieurs fois comptées. Sur chaque étagère, Léon a vérifié, il y a trois ballons. Tous aussi beaux les uns que les autres. Tous identiques. En noir et blanc, avec des coutures. Un ballon offert à chacun de ses anniversaires. Mais pour Léon, le plus beau c'est évident, c'est celui de son Papa, quand il était enfant. Son Papa qui est parti dans le ciel. C'est Maman qui le lui a dit.

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Publié le 01 mars 2013
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Langue Français

Extrait

L'enfant prodige
Léon est un grand garçon.
C'est sa Maman qui le lui dit.
Tous les jours.

Léon est un grand sportif.
C'est Monsieur Bris qui le lui dit.
Tous les samedis, au club de foot.

Léon est très marrant.
C'est toute l'équipe qui le lui dit.
A chaque rencontre.

Léon adore son ballon.
Ça c'est lui qui le dit.
Il dort avec toutes les nuits.
Le jour, il est à ses pieds, ou dans sa main, enfermé dans un
beau sac de sport.

Léon ne va pas à l'école.
Non, pas la peine, Maman est sa maîtresse d'école.Léon est bon élève, il apprend bien toutes ses leçons.
Mais mettre toutes ces lettres dans le bon sens pour lire un
mot, pour Léon ce n'est pas très marrant.
Les chiffres, lui font mal à la tête, pourtant durant les
matchs, les buts s'additionnent bien, mais sur le papier, ils
se bousculent, s'entrechoquent, font du bruit

Léon tous les matins, avant de se lever, aime regarder sa
bibliothèque.
Une grande bibliothèque blanche.
De trois étagères.
Oui trois, il les a plusieurs fois comptées.
Sur chaque étagère, Léon a vérifié, il y a trois ballons.
Tous aussi beaux les uns que les autres.
Tous identiques.
En noir et blanc, avec des coutures.
Un ballon offert à chacun de ses anniversaires.
Mais pour Léon, le plus beau c'est évident, c'est celui de son
Papa, quand il était enfant.
Son Papa qui est parti dans le ciel.
C'est Maman qui le lui a dit.
Elle a même rajouté « Il faut que tu arrêtes de l'appeler, il ne
peut plus revenir »Léon, ne l’appelle plus, il caresse son ballon.

Ce matin, Maman est très sérieuse.
— Voilà mon grand Léon, tu vas aller à l'école.
Mais attention dans une école normale, pas spéciale. Avec
des enfants... beaucoup d'enfants
— Des grands ? s’inquiète Léon.
— Non des petits, beaucoup plus petits que toi !
— Pour faire quoi ?
— Pour te faire des amis, lire et compter.
— Mais je sais lire et compter, Maman, tu sais bien !
— Oui, mon grand, c'est justement pour ça que tu vas aller
à l'école, pour encore plus lire, compter et plus encore.

Léon caresse son ballon, avec la paume de sa main, il frotte
les morceaux de cuir usés qui se déchirent comme du
carton.
— Et Papa ?
— Papa mon grand, il serait fier de toi !
Un petit morceau de cuir roule sous ses doigts.
— Bon, d'accord, pour Papa.

C'est le grand jour, pour Léon.C'est le jour de la rentrée.
Maman a tout préparé et même Monsieur Bris samedi, l'a
félicité.
« C'est bien mon grand garçon » qu'il a dit Monsieur Bris.
Mais Léon, n'est pas très bien dans sa tête, il a passé une
mauvaise nuit.
Un nuit de cauchemars.
Tous ses ballons, se dégonflaient, se vidaient, ne laissant
que de grosses poches vides.
Alors ce matin, au lieu de les compter il les a tous écoutés,
les uns après les autres pour entendre le bruit de l'air gardé à
l'intérieur...
Puis il est allé prendre son déjeuner.
Maman en versant le lait dans son bol a remarqué la triste
mine de Léon.
Alors, comme toutes les Mamans et même les papas, savent
si bien le faire, elle a rassuré Léon.
— Ne t'en fais pas mon grand garçon, ça va bien se
passer et à midi tu reviendras manger...
Tu vas m'enlever cette tête de malheureux et même si tu t'es
levé du mauvais pied … ça ira...
Surtout si tu fais bien attention de ne pas être trop dans la
lune et de bien écouter la maîtresse...
Elle est bien ta maîtresse, elle porte bien son nom, Madame
Gentil ! Léon ronchon, bougonne :
— C'est gentilleu !...
Un sourcil levé interrogateur de Maman.
Un sourire de Léon :
— Beinh, oui, Maman tu m'as bien dit, qu'aux dames on
mettait deux « l » et un « e »
Maman embrasse Léon, très fort « C'est bien mon garçon tu
vas te plaire à l'école. »

Léon est un peu patraque.
Il a un gros nœud dans le ventre.
Très très gros, si gros que cela l'empêche même de respirer.
Mais il continue d'avancer, sur le chemin de l'école, en
serrant fort la petite main de Maman.
Une dame très jolie, toute ronde attend devant la grille.
Une dame habillée en noir et blanc.
Une dame toute gentille qui sourit tout le temps.
Une dame qui serre l'autre main de Maman.
Léon se tait, Léon attend, Léon écoute.
— Ne vous inquiétez pas, Madame Leman... tout est bien
préparé, les enfants sont au courant.
Puis elle se tourne vers Léon et lui tend sa main.Une main toute fraîche dans laquelle timidement Léon pose
la sienne.
— Viens mon garçon de nouveaux amis t'attendent...

Léon adresse un dernier regard à Maman.

Léon lit sur ses lèvres « va, tu es grand ! »
Léon prend son cartable sur lequel est accroché son ballon.
Et il suit Madame Gentil au travers de la cour de récréation.
Il entend des enfants, des cris, des chuchotements, et des
« bonjours » comme des applaudissements.
Dans la rangée, Léon se fait sage, juste devant.
Dans la classe, Léon se fait petit, juste devant.
Il lève un peu la tête et sur le tableau blanc, au feutre
effaçable, qui sent si fort le ballon neuf, il lit doucement : «
Bienvenue à Léon Leman »
Léon sent encore un petit picotement dans son ventre.
Léon regarde autour de lui, tous les enfants, tout petit, tout
mimi.
A ses côtés, il y en a un tout marrant avec de grosses
lunettes rondes qui lui font les yeux comme des ballons.
— Salut Léon, moi c'est Gaston ! moi aussi j'adore le
foot ! Et toi t'es vraiment trop bon ! Léon se tait, Léon attend, Léon écoute.
La maîtresse fait les présentations, les uns après les autres,
les enfants donnent leurs prénoms.
Ils sont nombreux, autant qu'une belle équipe avec ses
remplaçants.
— Voilà, Léon, voici tes nouveaux camarades... Allons,
maintenant commençons les leçons...
Ce matin là, Madame Gentil, a mis, dans toutes ses leçons,
le mot Ballon.
Léon les additionne sans mal de tête.
Il travaille si bien que Madame Gentil lui donne le premier
bon-point de sa vie.
Léon, comme promis à Maman, laisse son ballon dans le
sac, ne le touche pas, n'y pense même pas.
Mais à l'heure de la récréation, c'est plus fort que lui, il ne
peut sortir sans.
Pendant que les enfants volent, piaillent, caquettent dans
tous les sens, Léon s'assoit sur un banc.
Au côté de Gaston.
Léon ouvre son sac.
Gaston voit à l'intérieur:
— On n'a pas le droit de jouer avec ceux-là ! Attends-moi
là, j'vais chercher un copain...
Léon touche le cuir cartonné.Léon ne veut pas jouer, il veut juste sentir du bout des
doigts.
Puis Gaston revient accompagné d'un garçon, le fils de
Monsieur Bris.
Dans ses mains un ballon noir et blanc.
Qu'à Léon il tend.
— Allez viens Léon, viens leur montrer de quoi tu es
capable même avec du plastique.

Léon regarde ses pieds, il ne se rappelle plus, lequel est le
mauvais de ce matin.
Mais il sait qu'il a chaussé de superbes baskets.
Alors il se lève, shoote, dribble, fait valser le ballon d'un
pied à l'autre, le rattrape de sa tête plus vraiment dans la
lune, l'envoie dans le ciel comme une plume, le récupère
sans rebond sur le torse, le renvoie sur le pied, gauche droit,
cheville...
Autour de lui maîtres et enfants s'attroupent.
Ils admirent béats l'enfant prodige...
Oui car c'est Monsieur Bris
Qui leur a dit.
C'est un enfant différent avec son propre talent, l'école à la
maison ce n'est pas une solution, à nous de lui donner sa
chance....
Léon a toujours son ballon, celui de Papa, mais il est rangé
en haut de sa bibliothèque où des livres ont commencé à
remplacer les neuf cadeaux d'anniversaires.

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