La Chasse est ouverte
200 pages
Français

La Chasse est ouverte

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Description

Pour ceux qui ne connaissent pas l'univers de la fanfiction, c'est un monde où le lecteur a le droit d'user de toute son imagination pour donner suite à un roman ou un film qu'il aurait aimé. Pour ma part, je propose ici de vous faire partager une vision autre de Harry Potter, en créant une romance autour des personnages Drago Malefoy et Hermione Granger, et cela bien après Poudlard.

Informations

Publié par
Publié le 14 mai 2012
Nombre de lectures 48
Langue Français

Extrait

Qui a dit que la chute de Lord Voldemort rétablirait la paix éternelle ? Lorsque les hommes s'essaient à reprendre le flambeau d'un monstre, l'ordre mondial s'aggrave, et les Sang de Bourbes sont alors traqués sans relâche. Bien décidée à mettre fin à ce cauchemar, Hermione Granger est prête à courir des risques, même celui de faire confiance à un vieil ennemi retrouvé... Bienvenue dans une ère de chasse à l'homme terrifiante où les hors-la-loi commettent la péché de survivre...
La Chasse est Ouverte...
Prologue : La Confrérie du Bien...
Décret de la Confrérie « En dépit de ne plus pouvoir adorer et vénérer notre Maître disparu, Adorons et vénérons ce pour quoi il s'est tant battu. Sang-de-Bourbe et traîtres à leur sang doivent périr, Et c'est un devoir, Sorciers et Sorcières, que vous devez accomplir.
Aidez ou cachez l'ennemi, Et vous devenez l'ennemi. Attrapez et dénoncez l'un entre eux, Et la récompense fera de vous un sorcier heureux.
Choisissez votre camp dès à présent, Mais vous connaissez les gagnants. Portez la main à la baguette, Car la Chasse est ouverte... »
1. Chaque foyer est prié d'avoir en sa possession au moins un exemplaire du Nouveau Décret de la Confrérie.
2. Les parents sont dans le devoir d'inscrire leurs enfants à l'école dès l'âge de trois ans, où les valeurs de la pureté des sangs leur seront enseignées.
3. Toute personne de Sang Pur ou Mêlé est priée de venir s'enregistrer au Manoir pour prouver sa dévotion au nouvel ordre. Les sorciers non-enregistrés seront considérés comme résistants et alliés des Sang-de-Bourbe.
4. Chaque foyer est prié d'avoir en sa possession au moins un esclave de Sang Impur dans les trois mois qui suivent l'enregistrement du nom de famille.
5. Tout sorcier doit respect et reconnaissance aux Adeptes, défenseurs du bien et bâtisseurs d'un monde meilleur.
6. Tout refus de coopération sera considéré comme un acte à l'encontre des nouvelles dispositions instaurées par la Confrérie, ainsi qu'un désir de lui nuire, et donc sévèrement puni.
L'Adepte tira la jeune femme par les cheveux. - Viens par là, toi ! Hurlant tout en se débattant, elle envoya son plus puissant coup de pied dans le tibia du Mangemort. Ce dernier poussa un juron de douleur, tandis que sa prisonnière détalait le plus loin possible. - Rattrapez-là ! Aussitôt, tous les marchants, vendeurs, clients et passants lui barrèrent le passage, avant de l'arrêter dans sa course. Fermement maintenue par des dizaines de mains, la jeune femme ne put se débattre davantage et regarda avec horreur l'Adepte boiter vers elle, l'air furieux. - Tu comptais aller où comme ça, hein ? cracha-t-il en lui saisissant de nouveau les cheveux. Allez, dans le chariot, avec tout le monde ! Il la souleva alors et la balança dans une fourgonnette de bois comme on jette de la marchandise. Malheureusement, c'est ce qu'elle était. Ni plus, ni moins que de la vulgaire marchandise que l'on vendait à qui en réclamait. Elle adressa un regard noir aux villageois qui l'avaient capturée et qui n'osaient pas croiser son regard, comme si le fait de se sentir coupable pouvait un temps soit peu soulager l'horreur de leurs actes. - Bande de lâches... maugréa-t-elle avec haine, tandis qu'un coup de fouet retentissait et que le chariot se faisait tirer par les Sombrals. - Ces gens ont peur, s'éleva une voix douce, derrière elle. La nouvelle prisonnière se retourna vers une jolie femme blonde à peine plus jeune qu'elle. - Naomie Daniels, se présenta-t-elle avec un sourire en lui tendant une main. - Hermione Granger, répondit-elle en lui la lui serrant. Et ces gens sont les vrais traîtres, pas nous. - Allons, ils finiront comme nous s'ils n'obéissent pas. Comment réagiriez-vous si vous étiez un Sang-Pur ou Sang Mêlé ? - Je me battrais tout de même pour la liberté, quelle question ! s'énerva Hermione. - C'est que vous devez être une personne exceptionnellement gentille, alors, supposa Naomie avec un sourire franc, presque trop naïf. Moi, je crois que j'aurais obéi. Pour ma fille. Seulement alors, Hermione remarqua la petite masse endormie dans les bras de Naomie. Quatre ou cinq ans tout au plus, elle avait les mêmes cheveux que sa mère, de fines boucles blondes. - Mais, quel âge as-tu ? ne put s'empêcher de demander Hermione. - Vingt et un ans. Je sais, je suis une jeune mère. Mais Lola est ce que j'ai de plus précieux, et je suis prête à tout pour qu'elle vive heureuse. « Avec une telle mentalité, c'est mal parti », songea sombrement Hermione. Elle tourna le dos à Naomie pour mettre un terme à la conversation ; aussi Sang-de-Bourbe soit cette femme, l'ancienne Gryffondor ne supportait plus les personnes soumises qui, par leur refus de se battre, entretenaient la peur et la domination des Adeptes. Autrefois, elle se serait acharnée à essayer de la convaincre de l'importance de se battre, pas seulement pour leur liberté, mais aussi pour celle de leur descendance. Cependant, aujourd'hui, Hermione avait compris qu'on ne pouvait compter sur les gens comme Naomie, qui ne croyaient plus en l'espoir, et qu'il valait mieux user son temps à trouver de sérieux résistants ; ceux qui, comme elle, maudissaient le nouvel ordre et avaient l'intention d'y mettre un terme. Ordre ou, devrait-elle plutôt dire, anarchie. Après la mort du Seigneur des Ténèbres, vaincu par Harry lui-même, les sorciers pensaient retrouver une vie paisible ou la paix règnerait. Il n'en fut rien. Quelle ne fut pas la surprise de l'Angleterre en découvrant le nombre insoupçonné de partisans qu'avaient réunis Voldemort ! Et pas de simples partisans restés aux côtés du Lord par peur ou soumission, mais par réelle adoration ! Venus de tous les pays du monde, ces sorciers autrefois
appelés Mangemort vouaient un véritable culte à Lord Voldemort et à ses idéaux, et leurs pouvoirs réunis dépassait malheureusement celui du ministère. Ministère qui avait été irradié, d'ailleurs. Désormais, les Mangemorts se faisaient appeler les Adeptes, et avaient crée ce qu'ils nommaient la « Confrérie du Bien », située à l'ancien Manoir des Jedusors. Quelle ironie ! Persuadés de nettoyer le monde de sa crasse impure, ils avaient rapidement pris le pouvoir et s'appliquaient maintenant à la tâche de capturer tous les Sang-de-Bourbes et traîtres à leur sang. Cependant, contrairement à qu'aurait sûrement souhaité leur défunt Maître, ils ne tuaient pas les prisonniers, mais trouvaient plus utile de les vendre à la façon d'esclaves, qu'ils soient hommes, femmes, ou enfants. Voilà bien une chose qui n'étonnait guère Hermione ; si le Lord n'avait eu d'intérêt que dans le pouvoir, ces Adeptes, eux, restaient des hommes. Et les hommes avaient une attirance irrémédiable envers l'argent. L'esclavage de Sang-de-Bourbes était vite alors devenu un véritable commerce dont la Confrérie s'enrichissait un peu plus chaque jour.
Un nouveau coup de fouet retentit, et le chariot s'arrêta sur le gravier. Hermione regarda Naomie serrer fort sa petite fille, ainsi que la vingtaine d'autres femmes recroquevillées les unes contre les autres, apeurées. - Ça va aller, tenta de les rassurer Hermione, tandis qu'on entendait le cocher descendre. Tout va bien aller. Les femmes hochèrent tristement la tête, accueillant à bras ouvert le moindre réconfort, même venant d'une parfaite inconnue. La porte de bois s'ouvrit et l'Adepte leur ordonna de descendre. - La première qui tente de s'échapper, je la tue ! C'est clair ? cria-t-il spécialement dans l'oreille d'Hermione. Haleine de pommes de terre et saucisses grillées, quelle chance ! Elle n'avait rien mangé depuis des jours, à part cette fichue bouillie verdâtre servie aux prisonniers pendant le trajet. Sa tentative d'échappatoire ne s'était pas révélée très brillante au moment de la pause toilette, et il était trop tard maintenant pour s'essayer à quoi que ce soit, car le manoir de Tom Jedusor s'élevait devant elle, imposant et terrifiant. Hermione suivit le groupe et passa devant les Sombrals. Elle se souvint avoir été incapable de les voir, à l'époque de Poudlard. Mais c'était il y a trois ans de ça, et, depuis, des morts, elle avait eu l'occasion d'en croiser... Ils traversèrent le cimetière en silence avant d'arriver dans le hall du manoir, et d'autres Adeptes les prirent en chargent pour les mener aux sous-sols du château, là où les cachots regorgeaient d'esclaves attendant d'être vendus. - Eh, fais attention à celle-là ! prévint le charretier à l'adresse de l'un de ses confrères en désignant Hermione d'un coup de tête. C'est une vraie chienne ! Pour montrer qu'ils avaient compris, les nouveaux Adeptes, qui portaient toujours cette longue robe noire dont la cagoule restait rabattue sur leur visage, saisirent les bras de la jeune femme et l'entrainèrent eux-mêmes vers les escaliers, ignorant ses cris d'indignation. Arrivés dans l'immense couloir sombre et froid des cachots, ils jetèrent Hermione à l'intérieur de l'une des cages de la prison, ainsi que le reste du groupe. - Bon, on en a vingt-cinq nouvelles dans celle-là, récapitula un Adepte. On vendra leurs baguettes magiques dans trois jours, et elles, le jour suivant. Doublez le prix pour la petite blonde, au fond : elles font le bonheur des enfants qui n'ont pas d'animaux. Hermione se tourna vers Naomie qui cacha aussitôt sa petite fille. Puis, les Adeptes quittèrent les lieux. Hermione regarda autour d'elle : des dizaines d'autres cages longeaient le mur, comme la sienne, toutes remplies de Sang-de-Bourbes, femmes et hommes à part. Elles étaient séparées par des barreaux de bois, mais Hermione soupçonnait un sortilège de cloison qui empêcherait la discussion avec la prison voisine, évitant ainsi toutes tentatives de plan collectif ou, plus simplement, de réconfort les uns envers les autres. - Qu'est-ce qu'ils vont faire de nous ? pleura alors une fille d'environ quinze ans, accroupie contre le mur du fond. - Nous vendre, par Merlin ! répondit méchamment une vieille femme. Puis nous battre, nous violer,
et nous battre encore ! - Taisez-vous, vieille mégère ! rétorqua une grande brune qui vint s'agenouiller auprès de l'adolescente. Elle n'a pas besoin d'entendre cela, et personne d'autre non plus, d'ailleurs ! - Eh bien restez dans votre fantaisie, si ça vous chante ! grogna la dame. Moi, je ne fais qu'être réaliste ! - Personne ne vous achètera parce que vous êtes trop vieille et vous finirez tuée ! répliqua alors la brune. Vous voyez ? Moi aussi, je peux être réaliste ! Ce n'est pas pour autant que ça nous avance, à part réduire à néant le peu de moral qui nous reste ! - Qui dirige ce manoir ? demanda alors Hermione, mettant un terme à la dispute naissante. Toutes les femmes se tournèrent vers la fille qui avait parlé, et qui ne les regardait pas. Tête posée contre les barreaux d'un air fatigué, elles la reconnurent aussitôt comme la folle qui avait tenté de s'enfuir. - Qu'est-ce que ça change ? lança sèchement une voix dans le groupe. Tu crois pouvoir le séduire pour t'en sortir ? Des petits rires moqueurs s'élevèrent. Le visage impassible, Hermione se retourna vers celles qui partageaient sa cellule et leur fit face. Aussitôt, les rires cessèrent. Cette drôle de fille dégageait une aura d'intelligence qui imposait un certain respect. - Non, répondit Hermione. Je compte m'échapper. Les éclats de rire repartirent de plus bel, interpellant les autres cages qui se demandèrent comment il était possible de rire en des temps pareils. - Ma pauvre, dit alors une petite femme ronde et dodue en posant une main sur son épaule. Arrête de te faire du mal pour rien. On ne s'échappe pas d'ici. - Libre à vous de subir cet esclavage, répliqua froidement Hermione en se dégageant de la grosse main. Moi, je n'ai pas appris à rester sagement en place en attendant que les choses changent ; c'est moi, qui fais changer les choses. L'ordre de la Confrérie est encore tout nouveau, et donc contient sûrement des failles. J'ai besoin de savoir qui contrôle tout ça, car, une fois la source renversée, les autres piliers s'effondrent. Alors, qui est à la tête de ce manoir ? Ses paroles bourrées de folie avaient néanmoins déclenché une petite étincelle d'espoir, et ce fut la vieille dame qui répondit : - Il n'y a pas vraiment de chef, 'petite. Chacun a une tâche précise, et les transactions s'effectuent d'elles-mêmes. Hermione sourit. - Première faille, déclara-t-elle. Une fourmilière sans Reine, ça ne dure jamais. Il arrive toujours un moment où l'un s'ose à se proclamer chef, et ce n'est généralement pas bien perçu. - Oui, mais je ne vois pas ce qu'on pourrait y faire, nous, répondirent certaines, maintenant intéressées. - Désordonner l'ordre, répondit simplement Hermione. Le bruit d'une lourde porte qui s'ouvre résonna, et tout le monde s'interrompit. Deux Adeptes pénétrèrent dans les cachots et s'arrêtèrent devant leur cellule. - Laquelle ? bougonna l'un d'eux. - Celle-là ! répondit la voix qu'Hermione reconnut comme celle du cocher. Le premier sortit sa baguette et ouvrit la cage, tandis que toutes les femmes s'agglutinaient contre le mur du fond. Seule Hermione resta immobile, le cœur battant pourtant à tout rompre. Ils venaient pour elle, elle l'avait senti dès le début. - Cesse de nous défier du regard ! cracha alors l'Adepte en giflant Hermione d'un grand geste. Le bruit de la claque tira quelques cris venant des prisonnières. Le goût du sang dans la bouche, Hermione se laissa traîner hors de la cage, sous les violentes protestations des femmes. - Qu'est-ce que vous lui voulez ! - Laissez-là ! Le cocher leur asséna aussitôt des doloris. - La ferme ! hurla-t-il. Elles regardèrent avec horreur la seule source d'espoir qu'on leur arrachait, l'unique femme qui,
l'espace d'un instant, les avait fait espérer de nouveau la possibilité d'une échappatoire. La porte se referma dans un claquement sourd, et le silence retomba, ainsi que la peur.
Cette pauvre Hermione Granger n'aura été qu'une esclave atteinte de folie, et la cruauté de la réalité aura eu raison d'elle. Toutes les cages demeurèrent muettes, priant pour cette jeune femme qui allait sûrement se faire tuer, ou pire encore. Ensuite, ce serait leur tour...
***
Chapitre 1 : Héros malgré lui
Les cachots étaient si sombres que la lumière du jour l'aveugla un instant. On la jeta de nouveau à l'intérieur de cette maudite charrette, et la porte se referma dans un bruit sec. Hermione tendit l'oreille. - Tu es sûr de ce que tu avances ? - Pour la dernière fois, oui ! grognait la voix du cocher. Je te l'ai dit, j'écoutais à la porte ! Dès le départ, elle me plaisait pas, cette chienne ! Si on la laisse avec les autres, elle est capable de nous créer une révolution ! Crois-moi, le mieux c'est de la vendre avec la fournée d'aujourd'hui. Une fois débarrassés d'elle, c'est plus notre problème, mais celui du nouveau propriétaire. - Bon, ok. Sortilège d'Oubliettecollectif pour la cellule numéro trois. La conversation entre les deux Adeptes prit fin et les Sombrals s'élancèrent. Hermione se maudit intérieurement pour son manque de discrétion, bien qu'elle n'aurait pas pu deviner être à ce point espionnée. Il fallait se montrer plus réservée, dorénavant. Poings et chevilles liés, elle tenta malgré tout de donner des coups de pieds dans la porte de bois. - Allez, ouvre-toi ! Tout ce qu'elle obtint, ce fut l'arrêt de la charrette, un sortilège de paralysie, des menaces crachées au visage, et le reste du voyage avec une horrible douleur aux joues, rougies par les gifles. Enfin, les chevaux s'arrêtèrent, et les bruits du marché se firent entendre. L'Adepte sortit Hermione par les cheveux et la traîna jusqu'à la grande place, là où se déroulaient généralement les ventes. - Deux cent gallions, mesdames et messieurs ! s'écriait un homme dont les cheveux noirs frisés semblaient tout aussi crépus que son petit bouc au menton. Deux cent gallions pour ce magnifique Sang-de-Bourbe ! Hermione leva la tête vers l'estrade où se tenait un homme à la musculature impressionnante, mais dont les yeux étaient vides de vie. - Cent gallions ! proposa un sorcier parmi la foule. - Quoi ? s'époumona le vendeur. Mais regardez-moi ce tas de muscles ! - Et alors ? lança le sorcier. Mon elfe de maison m'est bien plus utile que du muscle ! J'ai besoin de quelqu'un pour faire mes comptes, moi ! Le vendeur parut embarrassé par ce client, et Hermione l'entendit souffler à sa marchandise : - Dis, t'es bon en calcul, mon grand ? Ce dernier hocha la tête négativement. Le vendeur leva les yeux au ciel. - C'est un as des chiffres ! lança-t-il alors avec un grand sourire. Vendu pour cent gallions ! Il poussa le nouvel esclave qui chuta de l'estrade et tomba sur le pavé poussiéreux, avant que son propriétaire ne le fasse ensuite léviter à ses côtés, parmi ses autres achats du jour. - Eh, toi ! l'interpella l'Adepte qui tenait toujours fermement Hermione. Il faut que tu me vendes ça aujourd'hui. - Navré, mais j'en ai encore une dizaine à la cave, répondit le vendeur d'un ton pressé, et le nouvel arrivage est demain ! - Petite exception pour celle-là ! maugréa-t-il. Tu m'en débarrasse aujourd'hui, point final. - Et qui a décidé ça ? - C'est moi. Ça te pose un problème ? Le vendeur finit par baisser le regard devant l'Adepte, et examina rapidement Hermione.
- Elle est abîmée au visage, déclara-t-il, embêté. Ça ne se vend pas bien, ça. L'Adepte agita alors sa baguette sur le visage de la jeune femme, et celle-ci sentit ses traits se reformer correctement. Il donna ensuite une petite bourse de gallions au vendeur, puis repartit, non sans avoir lancé un « Ça t'apprendras à jouer les rebelles » à Hermione. Cette dernière se retrouva alors au devant de la scène, face à une foule qui la détaillait du regard. Tous les Sang Pur de la noblesse venaient fréquemment ici, dans le but d'acheter le nouvel accessoire à la mode : un Sang-de-Bourbe. Ces esclaves détenaient un atout que les Elfes de Maison n'avaient pas : la faculté d'assouvir des désirs humains, masculins ou féminins. - Regardez-moi cette perle ! s'écria alors le vendeur. N'est-elle pas jolie ? Pour confirmer ses paroles, Hermione se mit à grogner à la façon d'un chien enragé. Il y eut un mouvement de recul parmi les clients, et le vendeur écarquilla les yeux d'horreur. - Arrête ça tout de suite, petite idiote ! lui souffla-t-il alors. Ne faites pas attention, mesdames et messieurs, elle est tout à fait saine d'esprit, je vous assure ! Mais la jeune femme fusillait maintenant la foule du regard, et vit avec satisfaction les femmes s'indigner d'une telle espèce. Elle sentit alors la main du vendeur lui pincer l'oreille si fort que quelques larmes de douleur s'échappèrent. - Tu veux continuer à jouer à ce petit jeu ? lui murmura-t-il. Très bien ! Mais sache que les invendus finissent brûlés avec les ordures ! Malgré son assurance, cette menace refroidit Hermione. Elle allait se faire tuer si elle continuait à avoir autant de fierté, et ne serait plus très utile à la résistance, après ça... Le vendeur parut se décontracter de nouveau lorsqu'il sentit sa prisonnière céder sous la menace, et essaya de reprendre les enchères. Seulement, les prix avaient incontestablement baissé après un tel comportement, et aucune main ne se leva pour l'acheter. C'est alors que des hennissements de Sombrals agités se firent entendre, et quelques secondes plus tard, une charrette déboulait au coin de la rue, prenant le virage sur deux roues tant la vitesse des chevaux était déséquilibrante. Tandis que la charrette se dirigeait droit vers la foule, renversant toutes les fragiles installations sur son passage, trois Adeptes apparurent à sa suite, hurlant et gesticulant de colère : - Arrêtez-le ! Stoppez ce maudit chariot ! Mais celui qui tenait les rênes se révéla être également un Adepte, et cette confusion fit hésiter les passants le temps d'une seconde. L'Adepte en cavale en profita pour tracer son chemin, piétinant tout ce qui se trouvait sous ses sabots. La foule de clients fut alors prise de panique en réalisant que la charrette folle s'apprêtait à les renverser, et elle se dissipa aussitôt en hurlant de terreur. Hurlements qui redoublèrent d'intensité lorsque les trois poursuivants lancèrent des sortilèges mortels à tort et à travers, espérant atteindre leur cible. - Arrêtez, vous allez blesser quelqu'un ! leur cria alors le vendeur. Par quelqu'un, il entendait bien sûr sa précieuse marchandise, et il s'empressa de mettre à l'abri ses Sang-de-Bourbe. Il ne s'occupa même pas d'Hermione, la considérant probablement comme inutile au commerce, maintenant. Ravie, cette dernière profita du désordre pour sauter et se fondre dans la mêlée de passants paniqués, cherchant désespérément à se protéger des éclairs verts qui fusaient dans tous les sens. Au lieu de fuir, Hermione chercha la charrette des yeux ; qui que soit cet imposteur, s'il n'était pas du côté de la Confrérie, il était de son côté à elle. Peut-être Merlin avait-il entendu ses prières et lui avait envoyé un vrai résistant comme on n'en trouvait plus ? Peut-être que cet homme était une sorte de Zorro, créant l'espoir et libérant les prisonniers de leur condition ? Sans réfléchir davantage, elle courut le plus vite possible vers la charrette arrêtée un peu plus loin, prise au piège par du renfort : quatre hommes encapuchonnés encerclaient les chevaux qui cabraient dangereusement. Hermione s'apprêtait à lui venir en aide, mais fut surprise de voir que l'Adepte en fuite les propulsa tous d'un simple coup de baguette. Elle sourit : en plus, il était doué. C'était sûr, il était l'aide qu'elle attendait ! Tandis que la charrette reprenait sa route, Hermione parvint de justesse à se jeter à l'arrière du chariot, avant de se dissimuler sous l'amas de couverture qui s'y trouvait. Jetant un dernier coup d'œil à la rue, elle se délecta de la réelle pagaille que la poursuite avait engendrée, ainsi que la cohue agitée qui se faisait réprimander par les Adeptes furieux du manque
de collaboration. Après avoir arraché à coups de dents les cordes qui lui liaient les poignets, elle laissa sa tête retomber contre le bois, épuisée.
Libre. Elle était libre ! Le sourire aux lèvres, Hermione ferma les yeux, se laissant guider par son sauveur. Étrangement, il n'avait rien tenté pour sauver les esclaves, mais ce n'était sûrement qu'une question de temps. La poursuite avait probablement eu pour but de créer une sorte de diversion, ou bien n'était-ce qu'un message d'avertissement ? Elle n'en savait rien, mais une chose était sûre : lorsqu'on fuyait les Adeptes, on tournait le dos à la Confrérie, ainsi qu'à leur nouvel ordre. Peu de personnes se risquaient actuellement à une telle folie. Qui que soit cet homme, il était donc le meilleur allié qu'Hermione puisse trouver, et elle avait hâte de lui proposer son aide. Pour le moment, elle sentait qu'il valait mieux rester cachée. En regardant où elle avait atterri, elle remarqua que les couvertures dissimulaient en fait des tas de petites fioles, ainsi que des bocaux contenant d'étranges ingrédients. Elle comprenait mieux pourquoi il n'avait pas transplané : il avait besoin de transporter tout ça. S'y trouvaient également des vieux livres dont l'un des titres attira son attention : « Mille et une potions, de Garrett Lazard ». Hermione connaissait bien ce livre pour en avoir dévoré les pages, à Poudlard. C'était un manuel regorgeant de potions toutes aussi déjantées les unes que les autres, parfaites pour les adolescents comme Fred et Georges qui cherchaient à créer et inventer de petits bijoux explosifs. Qu'est-ce que bouquin faisait là ? Elle aurait sûrement ses réponses en temps voulu, et se contenta de s'allonger du mieux qu'elle put.
Le voyage dura drôlement longtemps. Si longtemps que la nuit était tombée lorsqu'Hermione se réveilla après avoir piqué un somme. « Mais où est-ce qu'il va ? ». Elle jeta un œil au dehors et fut surprise de découvrir un paysage si calme ; les rues animées avaient fait place à des champs de fleurs et des vallées qui s'étendaient jusqu'à l'horizon. Aucun doute, ils se trouvaient en pleine campagne. « Une cachette idéale pour quelqu'un en fuite », pensa Hermione, sentant l'excitation lui mordiller l'estomac. Ou était-ce la faim ? Elle se mit alors à espérer un bon repas, priant pour que son nouveau futur allié ait de quoi manger. Enfin, la charrette s'arrêta. Hermione entendit l'homme descendre, et elle se cacha un peu plus sous sa couverture. Puis, plus aucun bruit. Ce soudain silence l'inquiéta, et ses membres se raidirent tandis que son cœur prenait de la vitesse. Quelque chose ne tournait pas rond ; elle avait du flair pour ce genre de situation. Effectivement, une fraction de seconde plus tard, elle sentit une force invisible lui enserrer la gorge, avant d'être brusquement soulevée dans les airs, faisant retomber les couvertures. Du coin de l'œil, Hermione vit la silhouette de l'homme dont la baguette était pointée sur elle. - Qui es-tu ? Par Merlin ! Elle connaissait cette voix ! Mais la douleur l'empêchait de sortir le moindre son. Il agita sa baguette et Hermione vira dans les airs avant de venir s'écraser dans l'herbe humide de la nuit. Elle respirait de nouveau, mais l'Endoloris qui suivit ne lui permit aucun répit. Elle vit avec terreur l'homme s'avancer pour finalement se pencher au dessus d'elle. Son corps déjà douloureux se crispa davantage lorsque deux yeux bleus croisèrent les siens. Il n'y avait plus aucun doute, elle connaissait ces traits ! Ces yeux, cette voix, ces mèches blondes qui s'échappaient de la capuche ! Avec tous les efforts du monde, elle réussit à articuler : - Malefoy ? Ce dernier se figea de surprise. Il agita de nouveau sa baguette et Hermione sentit avec soulagement la douleur s'évader de son corps. Pendant une longue minute, on n'entendit que la respiration encore hachée de la jeune femme. Puis, Drago Malefoy prit la parole : - Comment me connais-tu ? demanda-t-il alors d'un ton froid, baguette toujours pointée sur elle. Hermione tira un sourire mauvais. La nuit dissimulait sûrement son visage, mais elle se trouva tout de même vexée du manque de mémoire de son vieil ennemi. - Je t'ai mis un sacré coup de poing en troisième année, se contenta-t-elle de répondre.
Malefoy se redressa d'un coup, puis la dévisagea fortement. - Granger ? grimaça-t-il. - Tu n'as pas l'air content de me voir ? ironisa-t-elle en se relevant, heureuse qu'il ne l'en empêche pas. - Par Merlin, qu'est-ce que tu fiches ici ? Hermione soupira. Même après trois ans, ce garçon restait d'une politesse exemplaire. - Je me le demande, moi aussi ! bougonna-t-elle. Alors c'était cet homme, son sauveur ? Cet immonde petit fils de riche, ingrat et arrogant ? Comment était-ce possible ! - Je peux savoir ce que tu faisais à l'arrière de ma charrette ? demanda-t-il. - Je me suis évadée, qu'est-ce que tu crois ? - Attends, réfléchit-il, c'était toi la fille que j'ai aperçue sur l'estrade avant que je ne renverse tout ? - Oui, soupira-t-elle. C'était moi. - Je te croyais morte depuis longtemps, Granger. - Déçue ? lança-t-elle, ne supportant pas sa voix qui lui rappelait tant Poudlard. - Tu n'aurais jamais dû voir cet endroit, dit-il simplement. Tu n'aurais jamais dû me suivre. Sur ces mots, des cordes jaillirent de sa baguette magique et vinrent s'enrouler autour d'une Hermione prise au dépourvue. - Qu'est-ce que tu fais ? paniqua-t-elle. - Je vais te ramener. - Quoi ? Me ramener où ? - Au vendeur. J'ai besoin d'argent, de toute façon. - Non, attends, Malefoy ! Tu ne peux pas faire ça ? Je croyais que tu étais de mon côté ! Il s'arrêta pour la dévisager. Seulement alors, Hermione réalisa l'absurdité de ses paroles. Drago Malefoy, sauveur des Sang-de-Bourbes ? Ça n'avait pas le moindre sens. - Tu croyais quoi ? répéta-t-il, abasourdi. - Je veux dire, bafouilla Hermione, pourquoi étais-tu poursuivi par la Confrérie ? Tu es un Sang Pur ! - Ça ne te regarde en rien, trancha-t-il. - Tu es un traître à ton sang ? murmura-t-elle tout en réfléchissant, ne voyant pas d'autre explication possible. Tu as aidé ou caché un Sang-de-Bourbe ? - Non, et il est hors de question que ça commence maintenant. C'est pourquoi je te ramène. Tu vas m'attirer des ennuis, pour ne pas changer de Poudlard ! Il s'approcha d'elle et lui saisit le bras, prêt à transplaner. Hermione se retrouva alors à faire ce qu'elle n'aurait jamais cru faire un jour : supplier Drago Malefoy. - Ne fais pas ça, s'il te plaît ! Tu ne peux pas me ramener ! - Je crois que je le peux, en fait. - Ils violent les esclaves, Malefoy ! pleura-t-elle. - Je ne veux pas le savoir, coupa-t-il d'une voix qu'Hermione perçut pourtant plus faible, tout à coup. Comme pour éviter d'en entendre davantage, il transplana. Hermione retrouva une vieille sensation oubliée, avant d'atterrir sur le gravier froid du chemin de Traverse, cette même allée qu'elle avait quittée un peu plus tôt. - Je t'en prie, murmurait-elle, tandis que Malefoy, impassible, l'emmenait d'une main ferme vers la boutique de « Mister Zoah », le fameux vendeur. Malefoy toqua à la porte vitrée, et la lumière s'alluma quelques instants plus tard. La porte s'ouvrit sur l'homme au petit bouc frisé, et ses yeux s'illuminèrent lorsqu'il vit Hermione. - Je ramène une esclave échappée, informa Drago. - Cette petite peste ! dit-il sans quitter Hermione des yeux. J'ai reçu une série d'endoloris pour t'avoir perdue ! - Heureuse de l'entendre, maugréa-t-elle. Sans prévenir, le vendeur leva la main pour la punir. Mais, alors qu'elle allait se rabattre violemment
sur la joue de la jeune femme, la main de Drago arrêta le poignet de l'homme à quelques centimètres du visage d'Hermione. Son regard de glace pétrifia Mr Zoah. - Elle est toujours à moi, si vous permettez, prévint Drago dont la voix n'avait rien d'amical. - Heu, oui, certes, bégaya-t-il en récupérant son poignet d'un geste vif. Combien en voulez-vous ? - Cinq cents. - Cinq cents gallions ? s'étrangla le vendeur. Mais c'est du vol ! - C'est mon premier et dernier prix. A vous de voir. Mr Zoah ne répondit pas tout de suite, mais le souvenir pénible desDolorismit un terme à son hésitation. - Bon, elle ne les vaut pas, mais soit. Entrez. Drago obéit, tenant toujours Hermione par le bras. Cette dernière sentit son estomac se contracter en apercevant à nouveau une grande cage où cinq Sang-de-Bourbes étaient en train de manger l'espèce de bouillie verte. Ils adressèrent un regard compatissant à la nouvelle venue. Hermione se retourna soudain vers Drago. - Ne me replonge pas dans ce cauchemar, souffla-t-elle, une larme coulant le long de sa joue. Je t'en supplie, Malefoy, ne me laisse pas là. Drago détourna la tête, évitant ainsi son regard. - Voici vos gallions, dit Mr Zoah en lui tendant une lourde bourse avec un regard réprobateur. Laissez-la moi, maintenant. Drago prit l'argent, mais ne lâcha pas le bras de la jeune femme. - Vous pouvez y aller, insista le vendeur. Il croisa le regard suppliant d'Hermione, et resta immobile. - S'il te plaît, murmura-t-elle, remuant à peine les lèvres. Pitié... Impatient, le vendeur saisit l'autre bras de son esclave, et déclara : - Elle est à moi, désormais. Cette phrase sembla le ramener à la réalité, et Drago finit par lâcher prise. Mr Zoah poussa aussitôt Hermione à l'intérieur de la cage avec ceux qui restaient à vendre, avant de diriger son invité non désiré vers la porte. - Merci de me l'avoir ramenée... voleur, rajouta-t-il tout bas. Drago s'arrêta une dernière fois sur le pas de la porte, avant de dire contre toute attente : - Ne la battez pas. Interloqué, Mr Zoah répondit d'un ton amère : - Je crains que ce ne soit plus votre affaire, monsieur. Bonne soirée. Il tenta de refermer la porte, mais Drago la bloqua d'un bras. - Et nourrissez-les avec autre chose, rajouta-t-il. - Bonne soirée ! répéta Mr Zoah en lui claquant la porte au nez. Il souffla d'exaspération, puis se laissa retomber dans un fauteuil de cuir. - Maudits soient ces Adeptes ! pesta-t-il. Il tourna ensuite ses petits yeux noirs vers Hermione, et se dirigea vers elle d'un pas ferme. Il ouvrit la cage d'un coup de baguette, avant de la saisir par les cheveux et de la plaquer contre le mur. - Écoute-moi bien, petite écervelée, menaça-t-il entre ses dents. Demain, je compte bien te vendre. Mais refais-moi encore une fois le coup de l'attardée mentale et je t'envoie directement en enfer, c'est compris ? Malgré la douleur de ses cheveux tirés en arrière, Hermione le regarda droit dans les yeux, puis lui cracha dessus. D'un geste lent, Mr Zoah essuya la salive étrangère de son visage défiguré par la haine, avant de la frapper du revers de la main. Hermione s'écroula sous la violence de la gifle. La seconde suivante, la porte s'ouvrait à la volée et Drago débarquait à l'intérieur. Il se dirigea vers Hermione et la releva d'une seule main sous le regard hébété du propriétaire. - Mais, qu'est-ce que vous faites ? tempêta-t-il tandis que l'intrus emmenait la jeune femme à l'extérieur. - Je la récupère, répondit-il simplement, serrant les mâchoires. - Mais... mais...vous ne pouvez pas ? Vous me l'avez vendue !
- J'ai changé d'avis. Tenez, reprenez votre argent. Drago lui lança la bourse qui atterrit droit dans les mains du vendeur. - C'est hors de question ! réagit-il enfin en le suivant dehors. Rendez-là moi ! Je l'ai achetée ! Mais le jeune homme n'écoutait pas un mot et installait déjà Hermione à l'arrière d'une charrette à proximité. - Eh, ma charrette ! Revenez ici, voleur ! Cette histoire n'est pas finie, je vous l'assure ! lui cria Mr Zoah tandis que les Sombrals s'élançaient dans un cambrement bruyant. Hermione regarda la maison s'éloigner, et vit à travers la vitre la cage de bois fermée où les cinq esclaves tenaient désespérément les barreaux, espérant eux aussi être emmenés. - Je suis désolée, ne put s'empêcher de murmurer Hermione. Bientôt, vous serez libres aussi, je vous le promets. Bientôt... Puis, elle laissa des larmes de soulagement se déverser d'un seul coup. Elle avait réellement cru retourner dans l'enfer dont elle venait tout juste de s'échapper, et ne savait pas si elle aurait pu supporter un jour de plus dans une cage. Jamais elle n'aurait pensé ressentir ça grâce à Drago Malefoy, mais elle se sentait en sécurité. Il n'était visiblement plus un garçon, mais un homme. Son acte de ce soir lui confirmait bel et bien qu'il avait mûri et, de toute évidence, qu'il n'avait pas suivi la route imposée par son père. Elle aurait pourtant juré le trouver parmi ce genre de Sang Pur qui achetait les esclaves, qui prenait plaisir à exercer une domination sur des êtres inférieurs, rajoutant ainsi une preuve à la richesse de leur famille. Mais voilà, l'homme qui conduisait cette charrette n'était définitivement pas l'un d'entre eux. Elle se surprit alors à penser que, peut-être, Malefoy était finalement le sauveur qu'elle attendait. Seulement, il ne le savait pas encore...
Les chevaux se stoppèrent beaucoup plus tôt que prévu, et elle entendit Drago approcher. - Descends, lui dit-il d'un ton neutre. Hermione obéit sans poser de questions. Elle le regarda ensuite faire demi-tour, reprendre les rênes, puis ne comprit que trop tard qu'il repartait. Elle courut alors se planter devant les Sombrals, et fut heureuse qu'il arrête de nouveau la charrette. - Écarte-toi, Granger, ordonna-t-il. - Tu ne peux pas me laisser là ? s'indigna-t-elle. - Oh que si. Enlève-toi où je t'écrase. - Tu ne m'as pas sauvée pour me laisser pourrir ici, au milieu de nulle part ? - Je ne sais pas ce qui m'a pris, avoua-t-il. Je commence sérieusement à regretter mon élan irréfléchi qui va sûrement m'attirer de sérieuses embrouilles. Je ne veux plus rien à voir à faire avec toi, maintenant. Laisse-moi passer. - Pourquoi est-ce que tu ne transplanes pas ? - Nous sommes encore dans la zone surveillée, se contenta-t-il de répondre. Allez, pousse-toi. Hermione s'écarta sur le côté à contre cœur. - Bonne chance à toi, Granger. Et c'est sans un regard que Drago repartit dans un nuage de poussière. Sans vraiment en avoir conscience, Hermione se retrouva alors à courir. Et elle courut si vite qu'elle rattrapa rapidement le chariot avant de se jeter à l'arrière. Elle s'attendait à entendre les chevaux s'arrêter, mais Drago ne semblait pas l'avoir remarquée. Satisfaite, elle se laissa bercer par le grincement des roues de bois contre le chemin rocailleux.
Environ une heure plus tard, les Sombrals s'arrêtaient au même endroit que la première fois. Hermione regarda autour d'elle et aperçut alors une jolie petite chaumière à proximité de la lisière de la forêt. Elle entendit également le ruissellement d'une rivière, non loin de là. - Ne pense même pas rentrer à l'intérieur, s'éleva la voix grave de Drago. Hermione soupira. - Tu savais que j'étais là depuis tout ce temps ? - Une baleine qui se jette à l'arrière d'une charrette en pleine course, ça fait du bruit, en effet.
Bon, revoilà l'ancien Malefoy. Il n'avait peut-être pas complètement changé, finalement. Hermione sauta du chariot et le regarda nourrir les chevaux. - J'ai faim, moi aussi. Drago éclata d'un rire froid. - Ne crois pas un instant que je vais te nourrir ! Débrouille-toi. Nos chemins se séparent ici, Granger. Tu peux dormir dans la charrette pour cette nuit, si tu veux, mais lorsque je reviendrai demain matin, tu ne seras plus là. C'est clair ? - Pourquoi est-ce que tu te caches ici ? demanda-t-elle en détournant la question. - Mêle-toi de tes affaires ! Tu pourrais être un minimum reconnaissante de ce que j'ai fait pour toi, tu ne crois pas ? Ne me pose aucune question, et ne parle jamais de cet endroit à quiconque. - Alors garde-moi avec toi, déclara-t-elle fermement. - Non. T'es aussi chiante qu'à Poudlard, tu sais ça ? - Tu ne sauras même pas que j'existe ! insista-t-elle en le suivant vers la chaumière. Je me ferai toute discrète, juste le temps de récupérer des forces et de préparer un plan, ensuite... - Un plan ? répéta-t-il en l'interrompant. - Eh bien oui, pour délivrer tous les prisonniers ! Drago se stoppa soudainement et Hermione lui rentra dedans. Il se retourna, le visage décomposé. - Tu comptes sauver les esclaves ? demanda-t-il, ahuri. - Bien sûr ! répondit-t-elle, les sourcils froncés. - Tous ? - Oui, tous ! - Tu veux dire que tu vas retourner là-bas ? - Oui. - Tu veux dire que je t'ai sauvée d'un endroit où tu comptes retourner ? - Oui ! s'énerva Hermione. Je n'ai pas l'intention de laisser mourir tous ces pauvres gens ! Drago partit dans un nouvel éclat de rire. Vraiment exaspérant. - Merlin, elle est folle ! rit-il en repartant vers sa maison. Ah, tu n'as décidément pas changé d'un pouce, Granger. Et ton association pour les Elfes de Maison, ça marche ? Étonnée qu'il s'en souvienne, Hermione sentit le rouge lui monter aux joues. - Cesse de te fiche de moi, Malefoy ! Pour le moment, ces créatures sont bien mieux traitées que les Sang-de-Bourbe. Drago atteint la porte et, une fois à l'intérieur, se retourna sur le seuil, empêchant ainsi Hermione de le suivre plus loin. - Un conseil, Granger : fuis le plus loin possible d'ici. Pour une fois, sauve tes fesses tant qu'il en est encore temps, et cours. - Hors de question ! répondit-elle sans l'ombre d'une hésitation. Drago haussa les épaules. - Comme tu veux. Puis, il lui claqua la porte au nez. Hermione resta plantée là un instant, avant de se diriger vers la charrette d'un pas traînant. Elle s'enroula dans les couvertures, et regarda les étoiles illuminer le manteau noir d'une nuit glaciale. Il fallait reconnaître que Drago avait déjà fait beaucoup pour elle, ce soir. Et puis, il restait Drago Malefoy, elle ne pouvait pas lui en demander trop non plus. Elle ne revenait toujours pas à quel point ce garçon si méchant étant jeune était devenu cet homme aux traits matures. Que s'était-il passé en trois ans ? Et pourquoi se cachait-il ici ? Pourquoi était-il poursuivi par les Adeptes, cet après-midi ? Tant de questions auxquelles elle comptait bien trouver des réponses. Malefoy devait avoir oublié à quel point elle pouvait se montrer têtue et bornée, parfois, et elle allait le lui rappeler. - Bonne chance pour me virer d'ici, Drago Malefoy, souffla-t-elle à elle-même avec un petit sourire malicieux. C'est alors que la bonne odeur de soupe au potiron vint lui caresser les narines. Hermione ne put s'empêcher de fixer la chaumière des yeux, imaginant Drago en train de se régaler.
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