La circulation des discours à la lumière de « l effacement énonciatif » : l exemple du discours puriste sur la langue - article ; n°156 ; vol.38, pg 65-78
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La circulation des discours à la lumière de « l'effacement énonciatif » : l'exemple du discours puriste sur la langue - article ; n°156 ; vol.38, pg 65-78

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Langages - Année 2004 - Volume 38 - Numéro 156 - Pages 65-78
Laurence Rosier: The circulation of speech in the light of enunciative effacement: the example of purist discourse on language.
In this paper, we study purist discourse language (ironic criticism about language compiled into dictionaries, language chronicles in newspaper) by focusing on the enunciative postures adopted by the speakers that circulate this kind of speech. In the case of purist discourse in particular, how is this position translated into the presentation of other people's speeches and of their enunciators? The purist is the one who quotes speech's fragments that circulate, and who stigmatises and classifies the enunciators of those circulating fragments, according to an axiologic scale. The article describes some practices that privilege mechanisms of understating, on the borders of enunciative effacement.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

MME Laurence Rosier
La circulation des discours à la lumière de « l'effacement
énonciatif » : l'exemple du discours puriste sur la langue
In: Langages, 38e année, n°156, 2004. pp. 65-78.
Abstract
Laurence Rosier: The circulation of speech in the light of "enunciative effacement": the example of "purist discourse" on
language.
In this paper, we study purist discourse language (ironic criticism about language compiled into dictionaries, language chronicles
in newspaper) by focusing on the enunciative postures adopted by the speakers that circulate this kind of speech. In the case of
purist discourse in particular, how is this position translated into the presentation of other people's speeches and of their
enunciators? The purist is the one who quotes speech's fragments that circulate, and who stigmatises and classifies the
enunciators of those circulating fragments, according to an axiologic scale. The article describes some practices that privilege
mechanisms of understating, on the borders of enunciative effacement.
Citer ce document / Cite this document :
Rosier Laurence. La circulation des discours à la lumière de « l'effacement énonciatif » : l'exemple du discours puriste sur la
langue. In: Langages, 38e année, n°156, 2004. pp. 65-78.
doi : 10.3406/lgge.2004.964
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_2004_num_38_156_964Rosier Laurence
Université Libre de Bruxelles
La circulation des discours à la lumière
de « l'effacement énonciatif » : l'exemple du discours
puriste sur la langue
INTRODUCTION
Nous avons choisi d'étudier certaines manifestations du discours puriste sur
la langue en nous centrant sur les postures énonciatives adoptées par les locu
teurs faisant circuler1 ce type de discours. Plus particulièrement, nous l'avons
fait à la lumière de l'effacement énonciatif et des notions de sur- et sousénoncia-
tion, objet de ce numéro.
Par ce biais, nous nous sommes interrogée sur la valeur de l'attribution du
dire. Avons-nous intérêt à marquer, à masquer ou à effacer l'origine énoncia-
tive d'un discours ? Ce discours circulera-t-il mieux de façon anonyme ou à
découvert ? Sous quels auspices énonciatifs se place-t-on pour faire passer et
circuler son discours de la façon la plus performante ? Dans le cas particulier du
discours puriste, considéré comme prise de position propice à l'instauration
d'une identité énonciative spécifique, comment ce positionnement se traduit-il
sur le plan de la présentation des discours d'autrui et de leurs énonciateurs ?
1 . Actuellement, nous essayons de déplacer nos travaux sur le discours rapporté vers la circula
tion des discours, c'est-à-dire de nous interroger sur la récursivité du discours rapporté d'une
part (A dit que В dit que C.) et sur la possible correspondance à établir entre formes linguisti
ques du DR et pratiques sociales de discours : DR et potins, ragots et commérages ; DR et rappor-
tage et dénonciation. En effet, la circulation des discours suppose qu'il ne suffit pas d'un simple
rapport de discours d'un énonciateur à l'autre mais d'une multiplication de ce rapport : pour être
un discours en circulation, un discours doit avoir fait l'objet de plusieurs transmissions. Dans ce
cadre, le discours puriste est un en circulation qui va emprunter différentes formes
linguistiques : discours rapporté (« l'Académie dit que »), énoncés prescriptifs impersonnels (« il
faut accorder »), assertions (« la langue n'aime pas qu'on la maltraite ») mais également des
postures énonciatives comme on le voit dans l'analyse de nos exemples plus avant.
Langages 156 65 Effacement énonciatif et discours rapportés
Par rapport aux définitions des notions de sous-/surénonciations utilisées
dans le présent numéro, nous tenterons de conjoindre à la fois les postures
énonciatives infra-discursives et les positions extra-linguistiques occupées dans
le champ social par les locuteurs (voir aussi le début de l'article de Marnette ici-
même). Le lien établi entre les strates de l'énonciateur dans son discours et les
relations interpersonnelles ou les places occupées par le locuteur (que Kerbrat a
notamment étudiées, dans le cadre des relations entre interlocuteurs, dites
verticales sous le nom de taxème ; voir aussi Vion 1992) est mis en avant mais
dans une perspective déplacée : en effet, l'approche interactionniste suppose
d'étudier l'ensemble des relationèmes d'une interaction en direct, ce qui ne sera
pas le cas de notre corpus monogéré par le scripteur. Travailler sur l'écrit favo
rise la mise en avant de l'autorité discursive du locuteur, qui se positionne dans
son texte afin d'instaurer et de maintenir une identité énonciative de façon plus
ou moins stable plutôt que par la négociation de places toujours instabilisées
dans la relation dialogale2. Par ailleurs, la question des places en tant que pos
itionnements sociaux légitimés dépasse aussi le cadre stricto sensu de l'interlocu-
tion. Si j'occupe une position dominante dans l'interaction ou une position
sociale qui autorise mon discours, quelles sont les conséquences en termes de
construction de ma position d'énonciateur dans mon discours et, ce faisant, de
Г ethos que je construis également ? Comme le rappelle Rabatel (2005) :
(...) les relations entre locuteurs ne sont pas directement proportionnelles à la
quantité de paroles prononcées : sur ce plan aussi, la déliaison locuteur /énoncia-
teur fait particulièrement sens, dans la mesure où un locuteur peut parler beau
coup sans que son PDV (point de vue) soit interactionnellement dominant, comme
c'est le cas en (25), où le locuteur cité (Voltaire) parle beaucoup plus que le locuteur
citant. Être surlocuteur n'implique pas qu'on soit surénonciateur. Semblablement,
être un petit parleur (quelque chose comme un « souslocuteur ») n'implique pas
qu'on soit un sousénonciateur.
On peut donc envisager des relations complexes entre les places et les posi
tions des locuteurs hors discours et les relations des énonciateurs mis en scène
dans le discours.
1. DISCOURS RAPPORTÉ, POSITIONNEMENT, PLACE, POSTURE
Les formes du discours rapporté sont exemplaires pour expliciter nos ébau
ches de propositions théoriques et montrer l'articulation entre les postures
énonciatives, la place et le positionnement3 des locuteurs, ainsi que l'autorité et
2. Ce qui ne veut pas dire, à l'écrit comme à l'oral d'ailleurs, que l'identité énonciative d'appa
rence la plus stable est fermée et figée une fois pour toutes : « elle se maintient à travers l'interdis-
cours par un travail incessant de reconfiguration » (Dictionnaire d'Analyse du Discours désormais
DAD, p 453).
3. Maingueneau (2002 : 453) : « Le positionnement ne concerne pas seulement les "contenus" mais
les diverses dimensions du discours : il se manifeste aussi bien dans le choix de tels ou tels genres
de discours, dans la manière de citer, etc. » (c'est nous qui soulignons).
66 circulation des discours à la lumière de « l'effacement énonciatif » La
la légitimité des discours qui circulent. Ce faisant nous rejoignons ce que dit
Maingueneau à propos des relations entre discours rapporté et analyse du
discours :
(...) Un traitement strictement linguistique de ces phénomènes est donc insuffisant.
La manière dont une parole est attribuée à une autre source énonciative est soli
daire des caractéristiques de l'ensemble du discours citant (DAD, 195).
Partons de la forme canonique que constitue le discours direct qui distingue
clairement un discours citant et un discours cité c'est-à-dire un locuteur citant
Ll (A) et un locuteur cité 12 (Foucault). Prenons comme point de départ les
phrases : Michel Foucault écrit : « Un énoncé a toujours des marges peuplées d'autres
énoncés ». Tout d'abord, on devra postuler au minimum la récursivité suivante :
(A dit) Michel Foucault écrit : « Un énoncé a toujours des marges peuplées d'autres
énoncés », puis : (B dit) (A dit) Michel Foucault. . .
En effet, il nous semble qu'il faille poser la démultiplication du dire pour
appréhender les phénomènes d'effacement énonciatif conçu dans le cadre plus
large de la circulation des discours. Lorsqu'on travaille sur le

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