La démarche explicative en grammaire générative : autour du concept de transformation - article ; n°1 ; vol.46, pg 8-31
25 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La démarche explicative en grammaire générative : autour du concept de transformation - article ; n°1 ; vol.46, pg 8-31

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
25 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langue française - Année 1980 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 8-31
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne Zribi-Hertz
La démarche explicative en grammaire générative : autour du
concept de transformation
In: Langue française. N°46, 1980. pp. 8-31.
Citer ce document / Cite this document :
Zribi-Hertz Anne. La démarche explicative en grammaire générative : autour du concept de transformation. In: Langue
française. N°46, 1980. pp. 8-31.
doi : 10.3406/lfr.1980.5051
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1980_num_46_1_5051Anne Zribi-Hertz
Université Paris-VIIT
LA DÉMARCHE EXPLICATIVE
EN GRAMMAIRE GENERATIVE :
AUTOUR DU CONCEPT DE TRANSFORMATION
1 . Introduction
L'objet de cet article est de mettre à jour, à partir de quelques exemples
de raisonnements appliqués à des phénomènes du français, le fonctionnement
de la démarche explicative en grammaire generative transformationnelle.
Prenant pour point de départ une hypothèse « importante » de la théorie
generative, je m'attacherai à faire apparaître les différents jalons, explicites
ou implicites, de l'argumentation développée pour en démontrer le bien-
fondé, en m'efforçant de cerner les conditions de sa validité.
Le thème prétexte de cette étude — le concept de transformation gramm
aticale, et la restriction, par étapes, de sa définition — est une bonne illu
stration du raisonnement de type déductif caractéristique de la grammaire
generative, et d'une conception rationaliste de l'explication des faits de
langage, essentiellement fondée sur la cohérence interne de l'ensemble de
la théorie. Dans la mesure où la littérature grammaticale « générativiste »
apparaît bien souvent absconse au lecteur non spécialiste, le présent travail
aura atteint son but s'il permet à celui-ci d'appréhender l'esprit d'une théorie
ambitieuse et riche d'hypothèses concernant le langage humain.
2. Quelques rappels y ou préliminaires, théoriques
Le concept de transformation grammaticale fut au départ défini par le
linguiste américain Z. Harris pour rendre compte de l'existence de restric
tions sélectionnelles redondantes dans deux ou plusieurs structures. « Si deux
ou plusieurs constructions (ou séquences de constructions) contenant (outre
d'autres éléments quelconques) les mêmes classes n, apparaissent avec les
mêmes sous-ensembles de membres de ces classes, dans le même environne
ment de phrase (...), nous dirons que ces constructions sont des transformées
les unes des autres, et que chacune d'elles peut être dérivée de l'une quel
conque des autres par une certaine transformation » (Harris 1957). Cette
8 sous-tend par exemple les premières analyses transformation- conception
nelles du passif : les constructions (1) (« active ») et (2) (« passive ») sont
regardées comme reliées par une transformation, dans la mesure où la seconde
exhibe, pour un verbe V donné, les mêmes restrictions de sélection que la
première, simplement permutées par rapport au verbe :
(1) SN0 V SN,1
(2) SN, être Vpp par SN0
Ainsi, pour V = visionner :
V (3) SN0 SN,
Le producteur le film
Le cousin de Marie trois séquences
Monsieur Warner un dessin animé
a visionné votre émission
* Le fait que Pierre
* Г ayatollah soit parti
* Le chewing-gum * le fait que Jean soit ici
* la table
être Vpp par SN0 (4) SN,
Le film par le producteur
Trois séquences par le cousin de Marie
Un dessin animé par Monsieur Warner
Votre émission a/ont été
visionné(e)(s) * L'ayatollah * par le fait que Pierre
* Le fait que Jean soit parti
* par le chewing-gum soit ici
* La table
Le concept de transformation grammaticale répond donc au départ à un souci
de simplification de la grammaire, les transformations permettant d'expri
mer en une seule fois (par exemple, pour la seule construction « active »),
les restrictions de sélection se manifestant de manière redondante dans
plusieurs configurations.
La notion de transformation, ainsi définie, est reprise à Z. Harris par
N. Chomsky (1957), qui l'incorpore dans un deuxième temps (Chomsky
1965) à un modèle grammatical à plusieurs niveaux, aujourd'hui considéré
comme « standard », et schématisé ci-dessous :
1. Saul' mention explicite du contraire, on utilisera dans ce numéro les abréviations suivantes : P =
Phrase; Prép = Préposition; V = Verbe; N = Nom; Vn = Verbe nominalisé; Vpp = Verbe au participe passé;
Vinf— Verbe à l'infinitif; Dét — déterminant; Compl = complément; SIX = Syntagme nominal; SV = Syntagme
verbal; S. Prép = Syntagme prépositionnel. Modele standard d'une grammaire generative transformationnelle (5)
(d'après Chomsky 1965)
Lexique
Structures STRUCTURES règles ďinterprétation R E PRESENTATION^
syntagmatiques .PROFONDES sémantique SEMANTIQUE J
Illustration non autorisée à la diffusion transforRègles
mation -
nelles
règles morpho-phonolog REPRESENTATION
iques PHONOLOCIQUE
Une grammaire generative d'une langue donnée est conçue, rappelons-le,
comme rénumération de toutes et seulement les règles nécessaires à la pro
duction, et à l'interprétation, des phrases « correctes »2 de cette langue, le
système ainsi construit fournissant une explication de la « compétence » li
nguistique qui sous-tend le maniement courant de la langue par les usagers. Le
modèle (5) représente par conséquent les différents types de mécanismes dont
l'articulation constitue, selon Chomsky (1965), une grammaire satisfaisant
à cette exigence. Le schéma (5) distingue notamment une composante « de
base », engendrant des « structures profondes », et une trans
formationnelle, qui projette ces dernières sur des « structures de surface ».
La composante de base est constituée d'un système de règles syntagmatiques
(règles de composition syntaxique), et d'un lexique, fournissant les mots à
insérer dans les structures. Le lexique est conçu comme un ensemble d'items
dont chacun est accompagné d'au moins trois séries d'instructions :
(a) catégorie syntaxique (Nom, Verbe, Adjectif, etc.)
(b) restrictions de sous-catégorisation, spécifiant dans quel(s) type (s) de
structures l'item peut être inséré : ainsi le verbe contenir apparaît-il
« normalement3 » à gauche d'un groupe nominal :
(6)a La boîte contient des lentilles
b * La
(c) restrictions de sélection, spécifiant quelles sous-classes sémantiques
d'éléments l'item sélectionne sur sa droite et sur sa gauche : ainsi le
verbe déchirer prend-il « normalement » sur sa droite un groupe nominal
non-humain, concret :
(7) Pierre déchire le journal
le cœur de Marie (métaphorique)
le nom de Marie (métonymique)
* le fait que viendra
(*) Marie
Entre 1965 et 1968, plusieurs précisions et amendements sont apportés
au modèle (5). Tl apparaît en particulier (fait non prévu par le schéma 5)
2. La définition formulée ici est simplifiée, dans la mesure où y est ignorée la distinction entre acceptab
ilité et grammaticalité. L'opposition de ces deux concepts n'est pas sans soulever certains problèmes dans le
cadre de la théorie chomskyeime. comme le montre Anne Daladier, ici même.
.). Contenir apparaît dans un environnement droit nul dans la phrase (A) :
(A) J'ai compté les lentilles que la boîte contient. Mais une telle structure sera justement analysée comme
« non basique ». c'est-à-dire, dérivée transformationnellement d'une configuration comportant un emploi
« ordinairement ■> transitif du verbe contenir.
10 :
:
divers phénomènes « de surface », tels que l'ordre linéaire des constique
tuants, ou leurs propriétés accentuelles, peuvent jouer un rôle pertinent
dans l'interprétation des phrases4, ce qui conduit à réviser la conception
monolithique de la composante sémantique, de la théorie standard. Certains
postulats de celle-ci se voient en revanche réaffirmés, parfois avec véhémence :
c'est le cas par exemple du statut assigné dans le modèle (5) au processus
d'insertion lexicale (mécanisme insérant les items lexicaux dans les conf
igurations syntaxiques). Sur ce point, N. Chomsky s'en tient str

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents