La diffusion des tentures à la fin du Moyen Âge : l exemple de la Bourgogne - article ; n°1 ; vol.111, pg 419-442
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 419-442
François Piponnier, La diffusion des tentures à la fin du Moyen Âge. L'exemple de la Bourgogne, p. 419-442. Dans quels intérieurs les tentures luxueuses, colorées, étaient-elle en usage? En quoi consistaient leurs substituts plus modestes. Il faut attendre les derniers siècles du Moyen Âge pour disposer, en France, d'archives susceptibles de répondre à ces questions. Malgré leurs difficultés d'interprétation, quelques centaines d'inventaires mobiliers bourguignons provenant de milieux très divers soulignent l'abondance d'étoffes entourant et couvrant les lits, les bancs et peut-être accrochés aux murs chez de rares citadins, nobles ou proches de la cour ducale, ou encore bourgeois de haut vol. Dans les intérieurs moins opulents, les murs et les bancs restent nus, le lit se dépouille de ses courtines. Les choix des étoffes, les décors et les couleurs s'appauvrissent. Dans les catégories les plus modestes, seules restent les couvertures de lit. Elles sont souvent faites, au XVe siècle, de lainages rayés, qu'une évolution relativement rapide a substitués aux courtepointes de toile blanche partout en faveur au XIVe siècle.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Françoise Piponnier
La diffusion des tentures à la fin du Moyen Âge : l'exemple de la
Bourgogne
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°1. 1999. pp. 419-442.
Résumé
François Piponnier, La diffusion des tentures à la fin du Moyen Âge. L'exemple de la Bourgogne, p. 419-442.
Dans quels intérieurs les tentures luxueuses, colorées, étaient-elle en usage? En quoi consistaient leurs substituts plus
modestes. Il faut attendre les derniers siècles du Moyen Âge pour disposer, en France, d'archives susceptibles de répondre à
ces questions. Malgré leurs difficultés d'interprétation, quelques centaines d'inventaires mobiliers bourguignons provenant de
milieux très divers soulignent l'abondance d'étoffes entourant et couvrant les lits, les bancs et peut-être accrochés aux murs chez
de rares citadins, nobles ou proches de la cour ducale, ou encore bourgeois de haut vol. Dans les intérieurs moins opulents, les
murs et les bancs restent nus, le lit se dépouille de ses courtines. Les choix des étoffes, les décors et les couleurs
s'appauvrissent. Dans les catégories les plus modestes, seules restent les couvertures de lit. Elles sont souvent faites, au XVe
siècle, de lainages rayés, qu'une évolution relativement rapide a substitués aux courtepointes de toile blanche partout en faveur
au XIVe siècle.
Citer ce document / Cite this document :
Piponnier Françoise. La diffusion des tentures à la fin du Moyen Âge : l'exemple de la Bourgogne. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°1. 1999. pp. 419-442.
doi : 10.3406/mefr.1999.5446
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1999_num_111_1_5446FRANÇOISE PIPONNIER
LA DIFFUSION DES TENTURES
À LA FIN DU MOYEN ÂGE
L'EXEMPLE DE LA BOURGOGNE
Les inventaires princiers ou royaux des XIVe-XVe siècles laissent leur
lecteur ébloui par l'abondance d'étoffes somptueuses, vivement colorées,
aux décors raffinés, employées pour draper les lits, les sièges ou les murs
des châteaux et palais. Les matériaux et les techniques mis en œuvre pour
leur ornementation, le choix des décors et des couleurs, mériteraient à eux
seuls des recherches approfondies. Plus austère sans doute, la question qui
nous retient est de savoir dans quelle mesure l'ornementation textile de la
maison est diffusée en dehors du groupe dominant, sous quelle forme elle
apparaît, et s'il est possible d'entrevoir une évolution au cours de la période
relativement brève pour laquelle nous disposons d'un échantillon docu
mentaire satisfaisant à la fois par son homogénéité régionale et par la di
versité des catégories sociales représentées.
Des inventaires mobiliers sont en effet conservés en grand nombre aux
archives de Bourgogne à Dijon. Une première série figure dans les comptes
des châtellenies et des bailliages1. Elle énumère les biens de mainmortables
et de bâtards morts sans descendance, groupe dans lequel les paysans sont
de beaucoup les plus nombreux. La plupart des documents correspondent
au troisième quart du XIVe siècle; ils disparaissent pratiquement au mo
ment où commence le fonds dijonnais, composé d'environ 700 inventaires
pour la période 1383-14602. Les documents concernant des paysans ont pu
'Archives départementales de la Côte-d'Or (ci-après ADCO), série Β ; publiés
partiellement par B. Prost et H. Prost, Inventaires mobiliers et extraits des comptes
des ducs de Bourgogne de la Maison Valois, 1363-1477, 2 vol., Paris, 1902-1913.
2 ADCO série Β II 356 (seuls les numéros des cotes et pièces seront précisés ci-
après). Cf. F. Piponnier, Inventaires bourguignons (XIVe-XVe siècles), in A. van der
Woude et A. Schuurman (éd.), Probate inventories. A new source for the historical stu
dy of wealth, material culture and agricultural development, Wageningen, 1980 (AAG
Bijdragen, 23), p. 127-139.
MEFRM - 111 - 1999 - 1, p. 419-442. 420 FRANÇOISE PIPONNIER
être analysés dans leur totalité car ils sont concis et d'ailleurs peu fournis en
tentures, même si l'on prend le terme dans son acception la plus large, en
incluant les couvertures de lit. En revanche, le corpus dijonnais, plus co
pieux et détaillé, a dû être échantillonné. Trois groupes ont été constitués,
comptant chacun 65 à 75 inventaires. Le premier couvre la période 1383-
1404, le second les années 1416-1417 et le troisième les inventaires des an
nées 1439 à 1454. Ces trois ensembles n'offrent pas une composition exacte
ment comparable. Les dernières années du XIVe siècle ont vu le duc de
Bourgogne et sa cour effectuer des séjours répétés dans sa capitale, de sorte
que plusieurs inventaires décrivent les biens de membres de son entourage
décédés à Dijon, ou encore lors de la funeste bataille de Nicopolis. D'aussi
hauts personnages ne se retrouvent ni en 1416-1417 ni, à une exception près,
dans l'échantillon des années 1439-1454. En outre, certaines catégories so
ciales semblent sous-représentées dans le corpus dijonnais, et ce aux deux
extrêmes des hiérarchies urbaines; le groupe des «bourgeois de Dijon» n'a
laissé qu'un petit nombre d'inventaires, souvent incomplets. D'autre part les
classes les plus modestes et le prolétariat urbain, les «ouvriers de bras», les
serviteurs et servantes, les valets, les apprentis, les marchands ambulants, y
tiennent une place assurément inférieure à leur importance numérique
dans la cité. L'échantillon, fort diversifié cependant, permet de pénétrer, à
travers l'énumération de leurs biens, dans les maisons et dans la vie de
nombreuses familles habituellement négligées par les textes.
De l'écrit aux objets
Une question préalable doit être évoquée : dans quelle mesure ce type
de document permet-il de passer des mots aux choses? L'inventaire situe
avec précision l'individu dont il décrit les possessions, son lieu d'habita
tion, son métier ou activité, son statut juridique et donne des éléments
pour évaluer sa fortune. Un bon nombre de documents dijonnais replacent
dans l'espace habité les objets qu'ils énumèrent. Parfois, en indiquant s'ils
sont déposés sur un lit, un banc ou rangés dans un coffre, ils permettent de
déterminer s'il s'agit d'objets d'usage quotidien ou réservés pour les
grandes occasions. Même s'il est moins complexe et moins évolutif que ce
lui du vêtement, le vocabulaire des tentures oppose des difficultés. Seuls les
spécialistes de la tapisserie se sont penchés jusqu'à présent sur ce pro
blème3. Dans le cas des inventaires ou actes de vente des châtellenies de
3 F. Salet, Remarques sur le vocabulaire ancien de la tapisserie, dans Bulletin mo
numental, 146, 1988, p. 211-229. LA DIFFUSION DES TENTURES À LA FIN DU MOYEN ÂGE 421
Bourgogne, les enumerations sont sèches et les qualificatifs rares. Les do
cuments dijonnais sont établis dans des conditions plus favorables. Le
clerc de la mairie est assisté d'experts et de priseurs assermentés, «gens
ayant a ce connaissance», recrutés parmi les maîtres des divers métiers et
parfois de fripiers. L'énumération des objets comporte souvent l'indication
du ou des matériaux, de leur couleur, de leur décor, voire même de leur
destination. La signification des termes désignant les diverses pièces de
tenture s'en trouve éclairée. La mise en parallèle de l'écrit avec les résultats
des recherches iconographiques s'est révélée encore une fois féconde, mal
gré le décalage sociologique manifeste : rares en effet sont les représentat
ions d'intérieurs modestes, les plus nombreux dans la documentation des
archives bourguignonnes.
La diversité des acceptions du terme «tapis» au Moyen Âge est
connue4. Les vocables désignant les couvertures de lit, tels que nous les
rencontrons dans les documents bourguignons, posent également pro
blème. Le nom de la courtepointe ou «contrepointe» correspond à une
technique de fabrication décrite par les règlements de métiers : un rem
bourrage de fibres (soie, coton, laine, autre poil animal) est introduit entre
deux épaisseurs d'étoffes, réunies ensuite par un travail de surpiquage. Il
f

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