La divinité solaire ougaritique - article ; n°1 ; vol.36, pg 90-101
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Description

Syria - Année 1959 - Volume 36 - Numéro 1 - Pages 90-101
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 29
Langue Français

Extrait

André Caquot
La divinité solaire ougaritique
In: Syria. Tome 36 fascicule 1-2, 1959. pp. 90-101.
Citer ce document / Cite this document :
Caquot André. La divinité solaire ougaritique. In: Syria. Tome 36 fascicule 1-2, 1959. pp. 90-101.
doi : 10.3406/syria.1959.5449
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1959_num_36_1_5449LA DIVINITÉ SOLAIRE OUGARITIQUE
PAR
ANDRÉ CAQUOT
La divinité solaire des anciens Sémites de Ras Shamra présente un
aspect différent selon que nous interrogeons les grands poèmes mythologi
ques ou les textes non-littéraires : documents cultuels, en particulier listes
de sacrifices. Cette dernière catégorie nous atteste la réalité d'un culte de
sps (1) sans nous faire connaître les représentations mythiques qui pouvaient
être attachées à cette figure ni l'importance de son culte dans la religion
effectivement pratiquée à Ougarit. Le texte Gordon, Ugaritic Manual n° 1,
lignes 12 et 17, mentionne l'offrande à sps d'un pgr « corps (d'une victime) »
ou, plutôt « statue » (2). Selon le texte n° 5, lignes 11 et 14, on consacre à sps
wyrh « Soleil et Lune » un « sicle d'or » (tql hrs). Les deux grands luminaires
sont ici associés. Une indication, apparemment liturgique (3), du poème
Shahar et Shalim (Gordon, U.M., n° 52, ligne 54) nomme conjointement le
soleil et les étoiles :
s'u ldb Isps rbt wlkbkbm...
(*) Le nom ougaritique du soleil sps se dis ques révèlent une hésitation sur le genre gram
tingue des autres désignations nord-sémiti matical du soleil : en hébreu semés est soit masc
ques de l'astre : sms. Le passage de m à p ulin, soit féminin, son pluriel (mishnique)
s'explique aisément : m au contact de la chuin samâsôt est de forme féminine. On a peut-être
tante s a développé une occlusive de transition l'attestation d'une déesse solaire cananéenne
p et la nasale étymologique a pu s'effacer, sps dans une lettre d'El Amarna (éd. Knudtzon,
n° 323, ligne 19) parlant du roi « qu'aime (au <*samps<.*sams.A. Dietrich (dans Orientalia,
XXVI, 1957, p. 64) compare le passage de féminin) Shamash (constamment masculin en
l'iranien samsër « cimeterre » au grec aajx^pa accadien) » : sa tiram (d) samas.
(2) Voir à ce propos l'interprétation propoet au syriaque sapsârâ.
Le sexe féminin de la divinité solaire à Ras sée par D. Neiman, J.B.L., LXVII, 1948, pp. 55-
Shamra constitue une seconde particularité. 60 pour pigrë malkëhem à Ézéchiel 43/7 et 9.
C'est en Arabie du Sud que sms était connue (3) Voir R. Largement, La naissance de
comme déesse. Mais les langues l'Aurore, Gembloux, 1949, p. 43. DIVINITÉ SOLAIRE OUGARITIQUE 91 LA
« Allez, préparez (une offrande?) pour sps la Grande et pour les étoiles... »
II est possible que 1' « armée de sps » (1), mentionnée à plusieurs reprises
comme une entité religieuse à laquelle on sacrifie, ait réuni autour du soleil
la lune et les étoiles. On aurait là un témoignage en faveur d'une certaine
forme d'astrolâtrie dont les grands textes du cycle Ba'al-Anat ne nous livrent
aucun indice. Cette allusion invite à reconsidérer le problème de la notion
vétéro-testamentaire de « l'armée des cieux ».
sdbâ' hassàmayim désigne nettement dans certains passages de l'A. T.
l'ensemble des corps célestes : à Deutéronome 4-/19 « toute l'armée céleste »
résume l'indication précédente « le soleil, la lune et les étoiles »; Êsaïe 34/4
et Daniel 8/10 confirment la signification astrale; Deutéronome 17/3 et
Jérémie 8 /2 condamnent le culte de « l'armée des cieux » au même titre que
d'autres formes d'idolâtrie. Mais cette armée forme ailleurs la cour de
Yahwé : ainsi dans la vision de Michée fils de Yimla (/ Rois 22 /19) et l'inte
rprétation la plus directe de Psaume 148 /2-3 consiste à voir dans « le soleil la
lune et les étoiles » la désignation explicite des membres de l'armée de
Yahwé (2). Avant la condamnation, deutéronomique ou prophétique, du
culte de « 1,'armée céleste », une adaptation au yahvisme a pu être tentée :
Yahwé est alors représenté comme le chef de cette armée. En comparant la
vision à? Êsaïe 6 à celle de Michée fils de Yimla, on constate une « dé-astrali-
sation » de la cour divine, mais il doit rester quelque chose de l'ancienne
attendrait le génitif sb'i. Mieux vaut donc dans (!) Textes U.M. 3, 1. 47, 53 et 125, 1. 36 et 37.
Gordon (U.M., Glossar, n° 1608) interprète sb' ce texte séparer sb'u sps de mlk et les considé
d'après l'égyptien sb' « étoile » et d'après le rer comme deux entités divines distinctes; sur
parallèle établi au texte 128/V/19 entre sb'i'a mlk, voir en dernier lieu la note de H. Cazel-
sps et 'rb sps : « lever // coucher du soleil »; les dans Biblica, XXXVIII, 1957, p. 485.
il traduit donc sb'u « corps céleste à son lever ». (2) K. Galling (Der Ehrenname Elisas und
G. R. Driver distingue de si»' « armée » la die Entruckung Elias, Z.Th.K., LUI, 1956,
pp. 144 et suiv.) refuse le caractère astral à forme sb'i'a qu'il interprète par l'arabe daba'a
« se blottir, se cacher ». Au texte n° 3, ligne 53, l'armée céleste de I Rois 22/19 parce que
on lit mlk sb'u sps. V. Maag (dans son article Psaume 148/2-3 distinguerait du soleil, etc.,
les « messagers » et « l'armée » de Yahwé. Reste Jahwàs Heerscharen, Festschrift L. Kôhler,
Schweizerische Theologische Umschau, 1950, à savoir si les parallèles établis par le psaume
pp. 27-52) propose de le traduire « le roi de impliquent une distinction ou une identité
l'armée de sps ». C'est peu vraisemblable : on entre les éléments nommés. 92 SYRIA
représentation dans le titre yahwë sdba'ôt donné au dieu d'Israël apparais
sant en gloire, même si cette épithète est riche d'un autre contenu (1).
On attribue généralement à l'influence mésopotamienne les pratiques
astrolâtriques condamnées dans le Deutéronome et par les prophètes (2). La
vision relatée à / Rois 22 /19 paraît étrangère à cette influence. Faut-il pen
ser à une importation tyrienne, aisément concevable dans le royaume du
Nord au ixe siècle, lieu et moment où est située la vision de Michée? À un
emprunt fait à la Syrie du Nord, araméenne, comme pourrait y inviter une
suggestion de K. Galling (3)? Sans prétendre établir une relation directe
entre le milieu ougaritique et le milieu israélite, sans chercher non plus à
retrouver entre eux des intermédiaires, disons que la mention dans les
textes de Ras Shamra d'une « armée du soleil » objet de culte suggère la
présence dans une religion (populaire?) cananéenne d'une certaine forme,
imprécisable, d'astrolâtrie. Les Israélites ont dû la connaître et ont pu
essayer de la yahviser, en faisant des astres des serviteurs de leur dieu natio
nal. Dès lors cette « armée » ne pouvait plus porter le nom de son ancien
chef, le soleil, qui demeure toutefois nommé le premier des astres, mais celui
de Yahvé ou, plus simplement, on l'appelait « l'armée des cieux ».
« L'armée du soleil » ne joue aucun rôle dans les mythes ougaritiques
où devaient se trouver consignées les croyances officielles. C'est pourquoi
on considérerait volontiers le culte de sVu sps comme un élément de la
religion populaire. Si nous interrogeons maintenant les grands poèmes, nous
relevons plusieurs mentions de sps. Dans certains cas ce n'est pas autre
C1) B. Wambacq (L'épithète divine Jahwe désignation de bandes de démons, de numina
cananéens, assujettis à Yahwé mais à l'œuvre Ssba'ot, Bruges-Paris, 1947) souligne que, dès
l'époque de la conquête de la Palestine, le dans tous les domaines.
titre de sdbaôt est riche de différents sens : (2) Voir, par exemple, Ad. Lods, Les Pro
astral et militaire, puisque le cantique de phètes d' Israël, Paris, 1935, pp. 144-145; il faut
Débora (Juges 5/20) parle des astres

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