La grammaire générative applicative de S. K. Šaumjan - article ; n°33 ; vol.8, pg 15-64
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Description

Langages - Année 1974 - Volume 8 - Numéro 33 - Pages 15-64
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Hélène Wlodarczyk
La grammaire générative applicative de S. K. Šaumjan
In: Langages, 8e année, n°33, 1974. pp. 15-64.
Citer ce document / Cite this document :
Wlodarczyk Hélène. La grammaire générative applicative de S. K. Šaumjan. In: Langages, 8e année, n°33, 1974. pp. 15-64.
doi : 10.3406/lgge.1974.2250
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1974_num_8_33_2250HÉLÈNE WLODARCZYK
ENS Paris
LA GRAMMAIRE GENERATIVE APPLICATIVE
DE S. K. SAUMJAN
Les premiers textes de N. Chomsky annonçaient de grandes décou
vertes en linguistique. Pourtant les grands espoirs qu'ils avaient fait
naître se sont peu à peu modérés et l'on assiste, d'ores et déjà, à une
retombée de la vague d'enthousiasme qu'ils avaient soulevée dans les
premiers temps. En effet, les résultats obtenus dans le domaine de la
grammaire generative au cours de la dizaine d'années qui vient de s'écoul
er, ne sont pas assez substantiels pour qu'on ne puisse se permettre
quelques doutes. De plus, la discussion qui oppose actuellement les
tenants de la sémantique generative aux fidèles de la théorie standard
est bien prête d'ébranler l'édifice dans ses fondements mêmes.
Dans ces conditions, la grammaire generative du linguiste soviétique
S. K. Šaumjan répondrait-elle mieux aux espoirs? Cette théorie est
apparue plus tard (aux alentours de 1962); elle a donc pu bénéficier de
l'expérience de la théorie chomskyenne et en éviter les premiers tâtonne
ments. S. K. Šaumjan se donne d'ailleurs pour but explicite de su
rmonter certaines difficultés rencontrées par la grammaire transforma-
tionnelle. Dans quelle mesure y est-il parvenu? C'est ce que nous nous
proposons d'examiner ici.
1. La position de S. K. Saumjan par rapport à la théorie choms
kyenne.
La grammaire generative de S. K. Šaujman présente un intérêt
particulier dans la mesure où elle constitue une réponse à la théorie
chomskyenne, mais une réponse qui, à la différence de celles proposées
jusqu'ici, se situe d'emblée sur les positions de départ de la théorie en
question.
1.1. S. K. Šaumjan part de la même hypothèse fondamentale que
N. Chomsky : il conçoit la langue comme un mécanisme — capable de
construire (d'engendrer) un nombre infini de phrases — dont la structure
interne est inobservable. Le linguiste ne connaît que les données d'entrée
et de sortie de ce mécanisme; il observe les phénomènes d'analyse et de 16
synthèse des phrases et il essaie à partir de ces phénomènes de reconstruire
hypothétiquement le mécanisme qui en rend compte. C'est pourquoi il
recourt à des modèles. Šaumjan déclare emprunter le terme de modèle à
la cybernétique 1. Les cybernéticiens recourent à des modèles pour
rendre compte de la structure interne des objets dont seuls les effets sont
observables. Les modèles sont des systèmes formels de nature logico-
mathématique considérés comme hypothèses de la structure intérieure
inobservable des objets étudiés. De la même manière, une grammaire
generative est un mécanisme reconstruit hypothétiquement pour rendre
compte de l'activité linguistique des sujets parlants. Vu sa structure
formelle, une grammaire generative ne peut tenir compte que des traits
structuraux d'une langue, abstraction faite de toutes les particularités
substantielles. Une grammaire generative se donne donc pour but d'énu-
mérer les phrases d'une langue, faite des conditions concrètes
dans lesquelles se réalisent l'analyse et la synthèse de la parole. D'autre
part, en tant que reconstruction hypothétique, une grammaire generative
appartient au niveau des concepts scientifiques abstraits; il ne faut donc
pas confondre la grammaire en tant que mécanisme réel dont tout locu
teur est supposé avoir une connaissance implicite, et la grammaire en tant
qu'hypothèse relative à ce mécanisme. Šaumjan insiste sur cette dernière
distinction pour éviter l'interprétation hâtive à laquelle peuvent parfois
donner lieu les grammaires génératives : le fonctionnement du modèle
ne permet de rien conclure quant au fonctionnement réel du mécanisme
grammatical tant que les lois du modèle n'ont pas été mises à l'épreuve
des faits, c'est-à-dire tant qu'elles restent de l'ordre des pures hypothèses.
1 . 2. Une fois posés ces principes généraux, Šaumjan entreprend l'ex
amen critique de la théorie chomskyenne. Il constate l'existence, dans cette
théorie, d'un certain déséquilibre entre le caractère très général des
hypothèses abstraites et le caractère souvent limité des modèles effectiv
ement construits. En effet Chomsky propose plutôt des fragments de
grammaires génératives que des grammaires entières. On trouve dans ses
travaux et ceux de ses disciples des modèles concernant, par exemple,
un type particulier de transformation, le fonctionnement d'un adverbe
ou la génération d'un type de phrases. Certes le schéma général de la
grammaire évolue — les composantes syntaxique et sémantique sont
conçues de manière nouvelle, le passage de la structure profonde à la
structure de surface prend une forme différente 2 — mais Chomsky
lui-même n'explicite pas toutes les règles qui permettent de déduire du
schéma général les échantillons de grammaire qu'il donne en exemple.
C'est pourquoi S. K. Šaumjan considère que la théorie chomskyenne ne
définit que les conditions générales des grammaires génératives sans les
construire réellement. De plus, ces conditions générales font figure de
1. S. K. Šaumjan, « La cybernétique et la langue », dans Diogène : Problèmes du
Langage, NRF, Paris, 1966.
2. Cf. dans le recueil Semantics de Steinberg et Jakobovits, Cambridge Uni
versity Press 1971, Part II : Linguistics, « Overview » de H. Ma clay qui propose
des schémas résumant l'évolution de la grammaire chomskyenne : GT-1 p. 164, GT-2
p. 170, GT-3A p. 176. 17
principes peu opérants lorsqu'on se trouve devant la tâche concrète de
construire une grammaire pour une langue donnée, tâche pour laquelle le
linguiste ne peut avoir recours qu'à son intuition ou à la connaissance du
système de la langue qu'il peut tirer d'autres études. Le seul fondement
sur lequel on puisse s'appuyer pour construire une grammaire transfor-
mationnelle (ou un fragment de celle-ci) c'est l'analyse en constituants
immédiats des phrases que l'on cherche à engendrer. Mais le procédé
qui consiste à engendrer une phrase à partir de l'analyse de cette même
phrase risque de n'être qu'une théorie ad hoc qui, construite pour rendre
compte d'un fragment de la réalité, ne s'applique qu'à lui seul et n'explique
rien d'autre. La construction des grammaires génératives, dans la mesure
où elle s'effectue de manière particulière pour chaque langue, ne permet
pas de donner un contenu précis à l'hypothèse des universaux linguis
tiques. Le fait que ces grammaires « fonctionnent » ne constitue pas non
plus un argument décisif en faveur de la théorie générale, puisque les
grammaires sont construites de manière à imiter les faits dont on prétend
ensuite qu'elles rendent compte. Cela ne leur donne qu'une valeur pra
tique pour la construction de machines pouvant engendrer certaines
phrases et éventuellement pour la traduction automatique. Il manque en
effet une étape intermédiaire entre la conception générale des gram
maires génératives et les grammaires particulières, étape sans laquelle les
résultats partiels obtenus ici ou là n'ont pas de valeur théorique générale.
S. K. Šaumjan propose donc une théorie à deux niveaux des gram
maires génératives. Pour être explicative et avoir une valeur théorique,
au lieu de se réduire à un simple mécanisme simulateur des phénomènes
linguistiques, une grammaire generative ne doit pas se donner pour but
d'engendrer directement les phrases des langues naturelles. En tant qu'objets
empiriques (soumis aux hasards les plus divers), les langues humaines
« représentent des systèmes com

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