La langue française à l ordre du jour (1789-1794) - article ; n°1 ; vol.16, pg 131-154
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Mots - Année 1988 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 131-154
FRENCH LANGUAGE BROUGHT UP FOR DISCUSSION This study deals with the discourse on the language during the first years of the French Revolution. It reconstitutes the thematic development of the linguistic conscience of the revolutionaries. Two parts of the corpus are studied in greater detail, the first one in 1791, with reference to the politico-linguistic initiatives of F.U. Domergue, the other one in 1794 concerning the important legislative texts about language. This study clearly shows that, in any investigations of linguistic policies at the time of the French Revolution, one should resort to many kinds of public records. It enables us to compare the first period in 1791 when the theorical discourse on language is within the limits of language of rights with the second stage in 1794, when language becomes an instrument in the hands of the revolutionnary government.
LA LANGUE FRANÇAISE À L'ORDRE DU JOUR Ce travail concerne le discours sur la langue dans les premières années de la Révolution française. Il reconstitue le trajet thématique de la conscience linguistique des révolutionnaires. Deux moments de corpus sont plus particulièrement abordés : l'un en 1791 autour des initiatives politico-linguistiques de F.U. Domergue, l'autre en 1794 autour des grands textes législatifs sur la langue. L'étude met ainsi en évidence la nécessité de recourir à une archive diversifiée dans toute enquête sur la politique linguistique à l'époque de la Révolution française. Elle permet d'opposer une première période en 1791 où la pensée de la langue se situe dans l'horizon de la langue des droits et le temps de l'instrumentalisation de la langue dans le cadre de la politique du gouvernement révolutionnaire en 1794.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jacques Guilhaumou
Denise Maldidier
La langue française à l'ordre du jour (1789-1794)
In: Mots, mars 1988, N°16. pp. 131-154.
Abstract
FRENCH LANGUAGE BROUGHT UP FOR DISCUSSION This study deals with the discourse on the language during the first
years of the French Revolution. It reconstitutes the thematic development of the linguistic conscience of the revolutionaries. Two
parts of the corpus are studied in greater detail, the first one in 1791, with reference to the politico-linguistic initiatives of F.U.
Domergue, the other one in 1794 concerning the important legislative texts about language. This study clearly shows that, in any
investigations of linguistic policies at the time of the French Revolution, one should resort to many kinds of public records. It
enables us to compare the first period in 1791 when the theorical discourse on language is within the limits of language of rights
with the second stage in 1794, when language becomes an instrument in the hands of the revolutionnary government.
Résumé
LA LANGUE FRANÇAISE À L'ORDRE DU JOUR Ce travail concerne le discours sur la langue dans les premières années de la
Révolution française. Il reconstitue le trajet thématique de la conscience linguistique des révolutionnaires. Deux moments de
corpus sont plus particulièrement abordés : l'un en 1791 autour des initiatives politico-linguistiques de F.U. Domergue, l'autre en
1794 autour des grands textes législatifs sur la langue. L'étude met ainsi en évidence la nécessité de recourir à une archive
diversifiée dans toute enquête sur la politique linguistique à l'époque de la Révolution française. Elle permet d'opposer une
première période en 1791 où la pensée de la langue se situe dans l'horizon de la langue des droits et le temps de
l'instrumentalisation de la langue dans le cadre de la politique du gouvernement révolutionnaire en 1794.
Citer ce document / Cite this document :
Guilhaumou Jacques, Maldidier Denise. La langue française à l'ordre du jour (1789-1794). In: Mots, mars 1988, N°16. pp. 131-
154.
doi : 10.3406/mots.1988.1425
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1988_num_16_1_1425GUILHAUMOU JACQUES
URL « LEXICOMÉTRIE ET TEXTES POLITIQUES »
INALF-SAINT-CLOUD, CNRS
DENISE MALDIDIER
UNIVERSITÉ DE PARIS X Mots, 16, 1988, p. 131-154.
La langue française à Tordre du jour
(1789-1794)
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1. Ces deux textes ont été publiés dans Une politique de la langue, la Révolution française et les patois,
par M. de Certeau, D. Julia, J. Revel, Paris, Gallimard, 1975.
2. Cf. notre article « Effets de l'archive ; l'analyse de discours du côté de l'histoire », Langages, 81,
1986. 132 /. GUILHAUMOU, D. MALDIDIER
Le premier corpus comprend un texte anonyme intitulé Sur l'influence des mots et le
pouvoir de l'usage publié dans le numéro 47 du Mercure national le 14 décembre 1790
(nous le désignerons par la lettre M), et deux textes du grammairien patriote François-
Urbain Domergue publiés dans le Journal de la langue française les 30 juillet et 5 novembre
1791 : le Prospectus annonçant la création de la Société des amateurs de la langue
française (Dl) et son discours lors de la séance inaugurale de la Société le 31 octobre
1791 (D2). Le second corpus comporte en premier lieu un troisième texte de Domergue
V Adresse aux communes et sociétés populaires de la République (D3), texte lu devant le
Conseil général de la Commune de Paris le 23 pluviôse an II (11 février 1794) et placardé
dans les rues de Paris ; mais, principalement, il estr constitué par les deux grands textes
de Barère (B) et de Grégoire (G). L'analyse de ces deux corpus, insérée dans un trajet
thématique, devrait permettre de préciser les enjeux tout à la fois politiques et linguistiques
de la mise à l'ordre du jour de la langue française en 1794.
L'ÉMERGENCE D'UNE CONSCIENCE LINGUISTIQUE
(1789-1791)
1789 : une rupture énonciative
Dans le climat d'effervescence et de débats créé par la convocation des Etats Généraux,
la question de la langue politique est explicitement posée. Sieyès dans Qu'est-ce que le
Tiers Etat ? est l'un des premiers à l'aborder.
En même temps se met en place un nouvel espace énonciatif, plus particulièrement
au sein des Cahiers de doléances. Ce que l'on pourra caractériser comme la langue des
droits s'inscrit dans cet espace. Si dans un certain sens les Cahiers de doléances constituent
« le testament réformateur de l'ancienne monarchie écrit dans sa langue » *, cette langue
n'est plus tout à fait la même. On y perçoit déjà l'amorce d'un cadre énonciatif en
rupture. C'est essentiellement autour du mot citoyen et des nouvelles valeurs qu'il porte
1. F. Furet, Penser la Révolution française, Paris, Gallimard, 1978, p. 62. LA LANGUE FRANÇAISE A L'ORDRE DU JOUR (1789-1794) 133
d'une part, des nouvelles modalités de l'acte de demande d'autre part, que cet ordre
énonciatif se concrétise.
A la différence du mot tiers état associé à l'ancienne distinction des trois ordres, et
du mot peuple qui conserve son sens classique d'ensemble des sujets soumis au roi, le
mot citoyen renvoie à la république abstraite des individus réunis dans le corps social.
Contrairement au peuple, le citoyen ne se présente pas comme un sujet passif : il a des
attentes, il espère un changement d'état, comme le montre l'analyse des verbes dont il est
le sujet grammatical1.
Cependant, le fonctionnement discursif le plus significatif d'une position nouvelle est
d'ordre syntaxique et pragmatique. Il concerne l'acte de demander dans les séries
revendicatives des Cahiers de doléances. Exprimant d'un contexte à l'autre la supplication,
la sollicitation ou l'exigence, l'acte de demander, et le sujet collectif de la demande qui
s'y associe (nous) instaurent la représentation du citoyen comme figure concurrente de
l'image du sujet d'ancien régime2.
La grande affaire à l'ordre du jour de l'année 1789 concerne donc l'émergence d'un
principe politique juridique et universel, la citoyenneté, et d'une volonté politique exprimée
par l'association d'un sujet collectif et d'un énoncé performatif : nous + acte de demande.
Ce qui s'énonce dans les Cahiers de doléances est repris et amplifié à travers les
prises de position successives des députés à l'Assemblée constituante. Au moment du
Serment du Jeu de paume, le statut de citoyen l'emporte sur la prérogative royale3.
Quelques jours après la prise de la Bastille, à propos de la discussion sur la responsabilité
des ministres, les députés posent leurs exigences : l'acte de demande se spécifie et devient
une expression de la souveraineté du peuple4.
1. Citons, par exemple : « Aucun citoyen ne pourra être privé de la liberté, ne pourra être enlevé à
ses juges naturels ». Cf. R. Robin, La société française en 1789, Paris, Pion, 1970, p. 334.
2. D. Slakta, « L'acte de demander dans les Cahiers de doléances », Langue française, 9, 1971.
3. D. Slakta, « L'enjeu d'un conflit entre l'ancien et le nouveau : la figure moderne du citoyen »,
Elseneur, Université de Rouen, 1982.
4. H.U. Gumbrecht, « Die Bildung vom politischen Konsens », Funktionen

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