La population active en métropole à lhorizon 2030 : une croissance significative dans dix régions

Olivier Leon

Description

Entre 2010 et 2030, la population active augmenterait significativement dans dix régions : dans le Sud et l’Ouest de la métropole, ainsi qu’en Île-de-France. L’alternance de générations nombreuses puis creuses sur le marché du travail, l’évolution des comportements d’activité et les migrations interrégionales, notamment aux jeunes âges, aboutissent à des disparités de projection entre régions. Seules les différentes hypothèses sur les migrations pourraient modifier ces évolutions, sans toutefois remettre en cause la hiérarchie entre régions. Les écarts de croissance entre la population active et la population âgée, en nette progression partout, pourraient accentuer des déséquilibres locaux entre les besoins des populations et les ressources de main-d’œuvre disponibles pour y répondre. Ainsi, des tensions sur l’emploi dans certains secteurs, tels que les services aux particuliers, pourraient survenir. Jusqu’au début des années 2020, la population active vieillirait dans toutes les régions. Puis, l’arrivée sur le marché du travail des générations nombreuses nées après 2000 inverserait la tendance. + 6,5 % d'actifs en 2030 Forte augmentation des ressources en main-d’œuvre au Sud et à l’Ouest Dans la moitié nord, seule la population active d’Île-de-France augmenterait significativement La hiérarchie des dynamiques régionales est peu dépendante des hypothèses retenues pour la projection Les besoins de la population âgée augmenteraient plus que la main-d’œuvre locale pour y répondre Un rajeunissement de la population active à terme Encadré Les scénarios de projection

Sujets

• INSEE
• Activité (homonymie)
• Emploi
• Migration
• Population active
• Recensement de la population
• Région
• Territoire
• Main-d'?uvre
• Projection

Informations

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Extrait

N° 1371 - OCTOBRE 2011
La population active en métropole
à l’horizon 2030 :
une croissance significative dans dix régions
Olivier Léon, Pôle Emploi-Population, Insee
ntre 2010 et 2030, la population sous l’effet conjugué de leur retrait du marché du
travail et de l’arrivée aux âges de forte activitéactive augmenterait significative-
des générations creuses nées pendant lesEment dans dix régions : dans le Sud
années 1980-1990, la population active se stabi-
et l’Ouest de la métropole, ainsi qu’en
liserait pendant une décennie. Elle progresserait
Île-de-France. de nouveau après 2035 avec l’entrée dans la vie
L’alternance de générations nombreuses active des générations nombreuses nées après
puis creuses sur le marché du travail, 2000.
l’évolution des comportements d’activité
et les migrations interrégionales, notam- Forte augmentation des ressources
ment aux jeunes âges, aboutissent à des en main-d’œuvre au Sud et à l’Ouest
disparités de projection entre régions.
En Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, la
Seules les différentes hypothèses sur les population active augmenterait fortement pendant
migrations pourraient modifier ces évolu- les deux prochaines décennies : plus de 15 %.
tions, sans toutefois remettre en cause la Sur la façade atlantique, hors Poitou-Charentes,
et en Rhône-Alpes elle progresserait autour dehiérarchie entre régions.
12 % (carte). La croissance de la populationLes écarts de croissance entre la popula-
totale serait similaire dans toutes ces régions.
tion active et la population âgée, en nette
À l’Ouest et en Rhône-Alpes, les taux d’activité
progression partout, pourraient accentuer déjà élevés progresseraient moins qu’au Sud
des déséquilibres locaux entre les besoins (tableau). Suivant les régions, la croissance de la
des populations et les ressources de population totale ne s’effectuerait pas grâce aux
mêmes tranches d’âge. Ainsi, alors que la popu-main-d’œuvre disponibles pour y
lation âgée de 30 à 49 ans, la plus présente surrépondre. Ainsi, des tensions sur l’emploi
le marché du travail, stagnerait dans l’Ouest,
dans certains secteurs, tels que les servi-
elle progresserait en Languedoc-Roussillon et
ces aux particuliers, pourraient survenir. Midi-Pyrénées, dynamisée par les migrations
Jusqu’au début des années 2020, la popu- préalables de jeunes à l’âge des études. À
lation active vieillirait dans toutes les
Évolution de la population active par région
régions. Puis, l’arrivée sur le marché du
entre 2010 et 2030 (en %)
travail des générations nombreuses nées
après 2000 inverserait la tendance.
Entre 2010 et 2030, la population active au
sens du recensement (définitions) augmente-
rait de 6,5 %, atteignant 31,4 millions de
personnes en fin de période selon le scénario
central (encadré).
L’essentiel de cette augmentation aurait lieu
entre 2010 et 2025. En effet, le taux d’activité en %
13 ou plus(définitions) des seniors augmenterait au cours
de8àmoinsde13
de cette période, sous l’effet des mesures d’al- de3àmoinsde8
de–3àmoinsde3longement de la durée du travail des réformes
moins de – 3
des retraites de 1993, 2003 et 2010 (encadré).
En outre, les générations atteignant ces clas- Champ : population active de 15 ans ou plus en France métropolitaine.
Source : Insee, Omphale, projections de population active 2010-2030.ses d’âge seraient nombreuses. Après 2025,
INSEE
PREMIEREl’inverse, les inactifs seraient à l’origine négativement sur l’accroissement desDans la moitié nord,
de l’augmentation de la population totale ressources de main-d’œuvre.seule la population active
des régions occidentales, tant parmi les Enfin, dans les autres régions principale-d’Île-de-France augmenterait
jeunes, grâce à une forte fécondité, que ment situées au Nord, au centre et à
significativement
parmi les retraités, fortement attirés par l’Est, la population active évoluerait de
ces régions. En Île-de-France et Poitou-Charentes, l’évo- façon plus atone (graphique 1), amor-
En Corse et Provence - Alpes - Côte d’Azur lution des ressources de main-d’œuvre serait çant même une période de baisse
(Paca), la population active augmenterait proche de 6 %, comme la moyenne métro- durable avant 2030. Déjà engagée en
de 8 % à 10 % entre 2010 et 2030. Toute- politaine (graphique 1). En Île-de-France, Évolution de la population active
fois, leurs ressources de main-d’œuvre l’augmentation de la population active
par région entre 2010 et 2030
stagneraient à partir de 2025 (graphique 1). ne serait due qu’à la progression des
Régions à croissance soutenue et continue
En Paca, ceci s’explique par le tasse- taux d’activité. Les autres facteurs pèse- 116
Languedoc-Roussillon
ment de l’attractivité migratoire observé raient peu : la population locale y est
114depuis quelques décennies. De plus, les plutôt jeune et les effets migratoires se
Pays de la Loire
Rhône-Alpesperspectives démographiques de la neutralisent (arrivée massive de jeunes 112
région, proches de la moyenne métropo- aux âges d’études et déficit migratoire
110litaine (+ 9 % entre 2010 et 2030), sont après 30 ans).
Midi-Pyrénées
moins dynamiques que dans les autres En Poitou-Charentes, la population active 108
régions méridionales. En Paca, les augmenterait grâce aux migrations rési-
106migrations résidentielles et la progres- dentielles et à l’élévation des taux d’activité,
Île-de-Francesion des taux d’activité contribueraient supérieure à la moyenne métropolitaine
104 Poitou-Charentes
France métropolitainede manière égale à l’accroissement de la (tableau). Parallèlement, le vieillissement
Paca
102 Bretagnepopulation active (tableau). de la population résidente pèserait
Corse
Aquitaine
100
2010 2015 2020 2025 2030
Les scénarios de projection
Régions à croissance faible
avec retournement de tendanceLes projections de population active s’appuient sur des hypothèses démographiques et
104
de comportements d’activité. Les projections présentées dans cette étude correspondent Nord - Pas-de-Calais
Haute-Normandie
au scénario dit « central », supposant le maintien des tendances actuelles.
Auvergne
Pour les hypothèses démographiques : Picardie
Franche-Comté- la fécondité est maintenue à son niveau de 2007 dans chaque région et tout au long de la
Centre
période de projection ; Limousin
Alsace- l’espérance de vie progresse dans chaque région au même rythme qu’au niveau métropolitain ;
- les comportements migratoires moyens de la période 2000-2008 par sexe et âge sont 102
maintenus constants tout au long de la période de projection et intègrent un solde migra-
toire de 100 000 personnes par an pour la métropole (les DOM disposent de leur propre
hypothèse de solde migratoire).
Concernant les comportements d’activité, le scénario central prolonge les tendances
passées, excepté pour les seniors directement affectés par les changements législatifs
du régime des retraites (1993, 2003 et 2010). L’allongement des durées de cotisation et le
report de l’âge limite de départ à la retraite entraîneraient les modifications suivantes : 100
2010 2015 2025 20302020- les taux d’activité des 60-64 ans progresseraient, atteignant plus de 40 % en 2030,
contre 17,5 % en 2010 chez les femmes et 20,0 % chez les hommes ; Régions à ressources
de main-d’oeuvre en décroissance- chez les 55-59 ans, aux effets directs des réformes des retraites et de l’allongement de la
base 100 en 2010durée des études, s’ajouterait un « effet horizon » traduisant une incitation des salariés et
102
des employeurs à maintenir les salariés en emploi, du fait du recul de l’âge à la retraite.
Par ailleurs, pour les 25-54 ans, la hausse de l’activité féminine se poursuivrait chez les
45-54 ans et marquerait le pas chez les 25-44 ans, en lien avec les tendances récentes
100
observées. Chez les hommes, l’activité déjà élev&