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Publié par | REVUE_DE_L-EST |
Publié le | 01 janvier 1972 |
Nombre de lectures | 16 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
Eirik G. Furubotn
Svetozar Pejovich
Le chef d'entreprise soviétique et l'innovation: un modèle de
comportement
In: Revue de l'Est. Volume 3, 1972, N°1. pp. 2945.
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Furubotn Eirik G., Pejovich Svetozar. Le chef d'entreprise soviétique et l'innovation: un modèle de comportement. In: Revue de
l'Est. Volume 3, 1972, N°1. pp. 2945.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0035-1415_1972_num_3_1_1072Abstract
The Soviet Manager and Innovation : A Behavioral Model.
The objective of this paper is to employ the utility approach and formulate an optimization model that is
capable of explaining the observed behavior of the Soviet firm. The analysis concentrates on some
utility maximizing policy adjustments consistent with the special set of institutional constraints under
which the Soviet manager is forced to operate. It points the way to better understanding of the possible
patterns of managerial behavior, permits greater insight into the operation of business firms in the
Soviet Union and yields some original results.
The model developed in this paper shows that, despite the constraints established by the central
production plan, the Soviet manager is able to secure a set of opportunity choices with respect to the
firm's output — inventory policy. In fact, the manager's ability to create and then preserve that range of
opportunity choices turns out to be his major survival requirement in the Soviet system.
The analysis shows that, under static conditions where the set of institutional and technical parameters
is fixed, the range of the Soviet manager's policy options necessarily diminishes over time and choice
must ultimately disappear. The utilitymaximizing manager has, therefore, strong incentive to change his
economic environment and, in the process, renew his set of opportunity choices. A way to achieve such
renewal is via costsaving innovations. 'The paper argues that, contrary to the conclusions of most
authors, the Soviet system has a builtin incentive for the manager to search for costsaving
improvements, provided the manager can choose the rate which the effects of these improvements are
made known to the state. It is the Soviet manager's ability to innovate and conceal the full effects of the
innovations from the state that determines his capacity to survive. The existence of this innovative
potential is important, of course, because it helps to explain how the Soviet economy can experience
some economic advances in an environment which is ridden with waste and inefficiencies.
Résumé
Les auteurs s'efforcent dans cet article de retenir le concept d'utilité et de formuler un modèle
d'optimalisation pour expliquer le comportement effectif de l'entreprise soviétique. L'analyse est centrée
sur l'ajustement des décisions compatibles avec les contraintes institutionnelles au milieu desquelles le
manager soviétique doit agir et destinées à maximiser l'utilité. Cette analyse facilite une meilleure
compréhension des différents comportements des managers, donne une image plus directe du
fonctionnement des entreprises soviétiques et permet quelques résultats originaux.
Le modèle présenté dans cet article fait ressortir qu'en dépit des contraintes imposées par le plan
central de production, le manager soviétique est capable de faire un certain nombre de choix quant à la
politique de l'entreprise en matière de production et de stocks. En fait, c'est précisément cette aptitude
du manager à trouver et ensuite à maintenir cet ensemble de choix possibles qui constitue la principale
condition de sa survie dans le système soviétique.
L'analyse fait ressortir que dans des conditions statiques, où l'ensemble des paramètres institutionnels
et techniques est donné, l'éventail des options possibles pour le manager soviétique diminue et la
possibilité de choix doit finalement disparaître. Le manager désirant la maximisation de l'utilité est alors
fortement intéressé aux changements des conditions économiques et, en passant, de reconstituer un
nouvel ensemble de choix possibles. Une telle reconstitution peut être obtenue au moyen des
innovations permettant de réduire les coûts. Contrairement aux conclusions de la plupart des auteurs,
l'étude démontre que le système soviétique possède des stimulants internes incitant le manager à
rechercher des améliorations devant réduire les coûts. Le manager doit seulement être en mesure de
déterminer les délais dans lesquels les effets de ces améliorations seront portés à la connaissance de
l'Etat. C'est cette possibilité qu'a le manager soviétique d'innover et de cacher les véritables effets des
innovations à l'Etat qui conditionne sa capacité de survie. La persistance de cette capacité d'innover est
très importante, du fait qu'elle permet d'expliquer pourquoi l'économie soviétique peut obtenir certains
succès économiques dans un environnement où prédomine le gaspillage et le manque d'efficience.chef d'entreprise soviétique et Le
l'innovation : un modèle de comportement
Eirik G. FURUBOTN et Svetozar A. PEJOVICH*
Depuis quelques années, la théorie traditionnelle de l'entreprise a étendu
son domaine d'investigation aux cas où l'entreprise a pour objectif de
maximiser une sorte d'indice d'utilité plutôt que le seul profit monétaire. 11
s'agit d'un déplacement assez radical de l'intérêt analytique et qui permet
une meilleure compréhension des modes possibles de comportement du
chef d'entreprise ainsi qu'une étude plus approfondie de l'activité des
entreprises industrielles dans divers systèmes socio-économiques1' 2f 3# 4.
Le but de cet article est d'élaborer à l'aide de la méthode fondée sur
l'utilité, un modèle optimal permettant d'expliquer le comportement réel
de l'entreprise soviétique. Il commence par une description du schéma
d'organisation selon lequel l'entreprise soviétique est supposée fonctionner5.
Puis, dans le chapitre II, l'auteur analyse la fonction d'utilité du chef
* Eirik G. Furubotn est professeur à l'Université A & M du Texas et Svetozar A.
Pejovich à l'Université de l'Ohio.
La rédaction de cet article a été facilitée par des bourses de la Earhart Foundation et
du Research Council de l'Université A & M du Texas.
(1) A. Alchian, The Basis of Some Recent Advances in the Theory of Management of
the Firm, Journal of Indus tial Economics, novembre 1965, 14, pp. 30-41.
(2) A. Corporate Management and Property Rights, in Economic Policy and
the Regulation of Securities, éd. H. Manne, Washington, 1969.
(3) E. Furubotn, Toward a Dynamic Model of the Yugoslav Firm, Canadian Journal
of Economics, mai 1971, 4.
(4) E. Furubotn et S. Pejovich, Property Rights and the Behavior of the Firm in a
Socialist State : The Example of Yugoslavia, Zeitschrift fur Nationalôkonomie, décembre
1970, 30, pp. 431-454.
(5) Tout au long de cet article, on a eu recours à certaines simplifications afin de
réduire les difficultés liées à la présentation de mécanismes complexes. Ce faisant, on s'est
quelque peu éloigné de la réalité mais l'image des institutions soviétiques qui en résulte
n'est pas déformée de manière trop importante.
29 Eirik G. Furubotn et Svetozar A. Pejovich
d'entreprise ainsi que certaines des principales contraintes qui lui sont
imposées par l'Etat. Le chapitre suivant entend montrer de quelle manière
le comportement du chef d'entreprise est influencé par la structure inst
itutionnelle en vigueur. On constate que malgré les contraintes établies par
le plan de production central, le chef d'entreprise parvient à s'assurer une
certaine liberté d'action et peut suivre ainsi une ligne de conduite destinée
à permettre sa survie. Ses possibilités de choix réelles dépendent alors de sa
connaissance des mécanismes institutionnels (tant formels qu'informels) et
du degré de risque qu'il est prêt à assumer. Une gamme limitée de choix en
matière de gestion n'est pas sans influencer le fonctionnement de l'entre
prise et c'est de ce problème que traite le chapitre IV. Le chapitre V, enfin,
donne en résumé les diverses conclusions de cet article et détermine la
situation générale de l'entreprise dans le système soviétique. Le modèle
présenté, et c'est là probablement que réside son aspect le plus intéressant,
permet d'e