Le CNET dans le système de recherche publique  - article ; n°17 ; vol.4, pg 7-35
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Description

Réseaux - Année 1986 - Volume 4 - Numéro 17 - Pages 7-35
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Alain Bertho
CNET
Le CNET dans le système de recherche publique
In: Réseaux, 1986, volume 4 n°17. pp. 7-35.
Citer ce document / Cite this document :
Bertho Alain, CNET. Le CNET dans le système de recherche publique . In: Réseaux, 1986, volume 4 n°17. pp. 7-35.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1986_num_4_17_1208LE CNET DANS LE SYSTÈME
DE RECHERCHE PUBLIQUE
Alain BERTHO
On peut, à travers l'histoire du Centre National d'Etudes des Télé
communications, poser tous les grands problèmes du rôle de l'Etat en
matière de recherche en France. Ce rôle à coup sûr est plus important que
dans nombre de pays. Mais si l'Histoire "institutionnelle" des établisse
ments publics de recherche, de leur création et de leur réorganisation est
bien connue, on sait bien que cette histoire là recouvre des réalités très
diversifiées qui appellent une étude cas par cas.
Le Centre National d'Etudes des Télécommunications est à la fois un
bon et un mauvais exemple. Les grandes dates de son histoire semblent en
effet concorder avec les grandes dates de l'histoire politique française.
Mais par ailleurs, il tranche par une grande originalité : les moyens et
la volonté de mise en place d'un véritable instrument de maîtrise de la
filière technique d'innovation. L'intérêt d'une histoire du CNET dans ces
conditions est de montrer, aux grands moments de choix décisifs et de
réorganisation, l'interaction de la logique propre à la spécificité du
CNET et de l'effet de choix politiques plus larges.
En matière d'histoire de la recherche, trois questions semblent à cet
égard particulièrement pertinentes :
1) Quelles sont les modalités d'expression de la demande sociale de
recherche. Qui décide de quelles priorités et comment ?
2) Comment est structurée la recherche, en moyens humains et finan
cier, en champ scientifique et avec quelles possibilités de synergie ?
3) Comment est organisée l'appropriation sociale des résultats,
autrement dit comment passe-t-on de la recherche au développement et a
l'innovation ?
L'articulation de ces 3 moments est un problème structurel de la
recherche en France. Le CNET a développé de ce point de vue une expérience
originale lui permettant d'articuler de façon différentielle dans son
histoire, trois logiques de fonctionnement :
1. Une logique d'exploitation dans la mesure où la demande sociale
est d'abord la gestion et le développement d'un grand réseau de Télécommu
nications.
2. Une logique de recherche quasiment autocentrée lorsque des objec
tifs étaient définis.
© CNET 3. Une logique de développement organisée par des soucis de politique
industrielle qu'il se donne les moyens de maîtriser.
L'articulation de ces 3 logiques fait apparaître cinq grandes pério
des de l'histoire du CNET entre 1945 et 1974 :
1. 1945-7 Une fondation manquée par excès de volontarisme.
2. 1947-53 La croissance quand même pendant le premier plan.
3. 1953-58 Une deuxième fondation marquée par la logique d'exploita
tion.
4. 1958-68 Une logique de recherche en marge des courants dominants.
5. 1968-74 Une logique de développement intégrée à la politique in
dustrielle. LA PREMIERE FONDATION DU CNET 1945-54 I.
A. L'échec du premier CNET 1945-47
a) Le contexte : la libération et la recherche
Incontestablement la période de la libération a marqué la politique
de recherche en France, moins par l'ampleur des réalisations que par
l'orientation générale des décisions. Le CNRS né en octobre 1939 de la
fusion de la Caisse nationale de la Recherche Scientifique et de la CNRS
appliquée est réorganisé dans la perspective du développement d'un grand
centre de coordination de la recherche scientifique en France.
En renforçant l'orientation de la professionnalisation publique de la
recherche, le CNRS va contribuer à marginaliser le souci de lien recherche
innovation qui traversait les quelques expériences de l'entre-deux guer
res.
En ce sens, le modèle français de recherche qui s'institutionnalise
s'éloigne du "modèle américain" d'une privée d'entreprise à
financement public. Avec le CEA, créé en 1945, apparaît le deuxième ver
sant du modèle français : non plus un organisme fédérateur, mal débarrassé
d'un modèle universitaire, mais un organisme de recherche public mobili
sant hommes et argent sur un grand projet public, en l'occurence et jus
qu'en 1955, civil. Derrière ces 2 versants, un même homme dont la person
nalité n'est pas différente : Frédéric Joliot Curie qui dirigea le CNRS à
partir de 1944 et dix-huit mois plus tard, en 1946 fut nommé haut commis
saire à l'énergie atomique.
D'autre part les hommes de la libération n'hésitent pas à confirmer,
même en les rajustant, des créations de grands organismes publics datant
de la période de Vichy. Il en est ainsi de l'institut national de la re
cherche agronomique (fondé en 1921, supprimé en 1934, rétabli en 1943,
réorganisé le 16 mars 46), de l'Institut national d'Hygiène, créé en 1941, en 1945, de l'office de la Recherche Scientifique et technique
d'Outre-Mer (ORSTOM) créé en 43.
b) Le CNET
La confirmation en 1945 de la loi de 1944 portant sur la création du
CNET n'est pas étrangère aux orientations générales de la politique de
recherche.
* La reprise de l'héritage vichyste est importante puisque le CNET ne
nait pas en 1944 à partir de rien. Dès octobre 1941, la création de la
DRCT avait consacré la réunion sous une même autorité de quelques 300
agents dotés d'un programme décennal de recherche et organisés en 7 dépar
tements : Transmissions, Commutation, Lignes, Acoustiques téléphonométrie,
recherches spéciales, matériel postal et roulant, services techniques
généraux.
L'idée d'une grande fédération de laboratoires dépasse néanmoins le
développement d'une DRCT très liée à la gestion et au développement d'un
réseau : "le centre national d'études des télécommunications est chargé
des recherches scientifiques et des études générales d'application ressortissant au domaine des télécommunications (téléphone, télégraphe,
radiodiffusion, télévision, acoustique, signalisation, balisage, installa
tion de sécurité, etc)", (article 2 de la loi 102 du 4 mai 1944). D'une
certaine façon l'ambition est encore plus grande que celle du CNRS puis
qu'il s'agit d'un organisme interministériel annonçant son souci de lier
recherche publique et recherche d'entreprise, recherche et innovation.
Les traditions des organismes ainsi réunis, essentiellement du côté
des PTT et la forte pratique du contrat d'étude de la DRCT durant la guer
re ne rendent pas cette ambition démesurée. Ce qui différencie totalement
l'initiative CNET du CNRS est la coupure entre la recherche et l'enseigne
ment supérieur ; une seule chaire de radio-électricité existant en Sorbon
ně, l'essentiel de la liaison recherche enseignement se faisant à l'ENST.
L'ambition de la professionnalisation publique est entièrement repri
se par le premier directeur, Monsieur Jannès. En 1945 ce dernier compare
les 187 agents du CNET (auxquels il aurait fallu ajouter quelques 500
personnes travaillant au laboratoire national de radio-électricité et à la
section particulière des PTT) aux 22o6 chercheurs des laboratoires d'en
treprise réclame rien moins que 2500 agents à court terme pour faire con
tre poids.
La réalisation de cette orientation dès 1945 aurait été possible à
plusieurs conditions qui n'ont pas été réunies.
c) L'échec du premier CNET
Le développement du premier CNET n'aurait été possible qu'à la condi
tion d'un vaste programme public. Un grand porgramme d'équipement du ré
seau français aurait en effet stimulé à la fois le financement, le recru
tement, la collaboration des divers laboratoires et assure le rôle de
développement dans l'industrie indirecte par les achats publics. L'absence
de prise en compte par le Plan Monnet de l'équipement t&

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