Le crime de Katyn dans la conscience nationale des Polonais - article ; n°1 ; vol.31, pg 3-24
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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1991 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 3-24
The crime of Katyn in the Poles' national conscience, Aleksander Achmatowicz.
The massacre of 15,000 Polish officers by the Soviets in the Spring of 1940 long remained a taboo subject for the Polish government, which accepted the Soviet official version. According to Moscow, the crime had been commited by the Nazi military. From the date of the crime to the beginning of perestroïka, in spite of hesitant attempts in Poland to establish the truth, only a few Western works dealt with the issue, vigorously censored by the Polish and Russian authorities from the 1940s to the end of the 1970s. The size of Solidarnosc brought about the beginning of the failure of the 35-year attempts to falsify history to protect the communist regime. The reesta-blishing of the truth about Katyn played an important role in the awakening of the Polish conscience. Demands for the erection of a monument to the memory of the victimes bearing the origin of the assassins helped the assertion of the Polish opposition in its quest for identity.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Aleksander Achmatowicz
Le crime de Katyn dans la conscience nationale des Polonais
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°31, juillet-septembre 1991. pp. 3-24.
Abstract
The crime of Katyn in the Poles' national conscience, Aleksander Achmatowicz.
The massacre of 15,000 Polish officers by the Soviets in the Spring of 1940 long remained a taboo subject for the Polish
government, which accepted the Soviet official version. According to Moscow, the crime had been commited by the Nazi military.
From the date of the crime to the beginning of perestroïka, in spite of hesitant attempts in Poland to establish the truth, only a few
Western works dealt with the issue, vigorously censored by the Polish and Russian authorities from the 1940s to the end of the
1970s. The size of Solidarnosc brought about the beginning of the failure of the 35-year attempts to falsify history to protect the
communist regime. The reesta-blishing of the truth about Katyn played an important role in the awakening of the Polish
conscience. Demands for the erection of a monument to the memory of the victimes bearing the origin of the assassins helped
the assertion of the Polish opposition in its quest for identity.
Citer ce document / Cite this document :
Achmatowicz Aleksander. Le crime de Katyn dans la conscience nationale des Polonais. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire.
N°31, juillet-septembre 1991. pp. 3-24.
doi : 10.3406/xxs.1991.2409
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1991_num_31_1_2409LE CRIME DE KATYN
DANS LA CONSCIENCE
NATIONALE DES POLONAIS
Aleksander Achmatowicz
Pourquoi les Soviétiques qui ont mass les Allemands qui venaient de découvrir les
acré 15 000 militaires polonais dans le charniers.
bois de Katyn au printemps 1940 ont-ils Katyn est le seul lieu d'exécutions de
voulu pendant des décennies faire porter militaires polonais découvert pendant la
la responsabilité du crime par les nazis ? guerre. Les deux officiers du film étaient les
Comprendre n'est pas seulement rétablir camarades des victimes, ils avaient fait partie
une des grandes falsifications de l'his de la même armée, peut-être de la même
toire, c'est un enjeu pour la conscience garnison. Qui, parmi eux, fait prisonnier par
nationale polonaise. les Soviétiques en septembre 1939, pouvait
supposer qu'en se rendant il signait son arrêt
de mort ? Le commandement de la défense Avril 1943. Quelque part en l'Union
de Lvov aurait pu déposer les armes devant Soviétique. Conversation de deux
la Wehrmacht : on a choisi l'Armée rouge officiers polonais venus se joindre à
qui venait de l'Est, parce que c'étaient « des des communistes en train de former une
Slaves, comme nous ». nouvelle unité militaire constituée de Po
lonais : « Tu penses que c'est vrai ? — Peut-
O L'ESSENTIEL SUR LE CRIME on croire ce qu'ils disent ? — Et si c'était
vrai ? ». Le 17 septembre 1940, jour du premier
C'est une séquence d'un feuilleton passé anniversaire de l'irruption des Soviétiques
à la télévision polonaise en 1978. En regar sur le territoire polonais, le journal de l'Ar
dant ce film (au cinéma, en version abrégée), mée rouge, Krasnaïa Zvie^da (L'étoile rouge),
un étranger n'en comprendrait pas grand- publia les chiffres suivants : au cours des
chose, car le sujet de la conversation n'est opérations de septembre 1939, on a fait
pas explicité. Pourtant, c'est précisément 181 000 prisonniers dont environ 10 000 of
cette scène-là qui, à l'époque, avait boule ficiers. Le chercheur américain Janusz K.
versé la Pologne entière. Tout spectateur Zawodny retient des chiffres différents :
adulte comprenait parfaitement que les deux 230 672 prisonniers, et si l'on prend en
officiers parlaient du crime de Katyn, c'est- compte des hommes internés après la ces
à-dire du massacre au printemps 1940 par sation des combats, 250 000. Les officiers
le NKVD d'environ 15 000 militaires po furent groupés dans trois camps installés
lonais internés en automne 1939. Les « ils » dans des couvents orthodoxes désaffectés : à
dont la parole est mise en doute, ce sont Kozielsk (district de Kalus), à Starobielsk :
,
ALEKSANDER ACHMATOWICZ
(district de Vorochilovgrad) et sur l'île du pour de nouveaux interrogatoires au
NKVD 2 lac Seliger près d'Ostachkov (district de ; les matériaux essentiels de la
Kalinin). A Kozielsk et à Starobielsk, le reconstitution sont les cadavres mêmes et
nombre de prisonniers atteignait 4 500 pour les objets trouvés sur eux lors de l'exhu
chacun des deux camps, à Ostachkov 6 000 ; mation, et enregistrés dans les documents
dans ce dernier camp, en plus des officiers officiels allemands3.
étaient internés des policiers, des gardiens La décision de liquider plusieurs milliers
de prison, des membres de la gendarmerie d'internés fut prise à la fin mars 1940, mais
militaire, du corps de la protection des les préparatifs avaient dû être effectués bien
frontières (KOP) et même des fonctionnaires avant cette date. On a formulé l'hypothèse
civils. Au total, 15 000 personnes. selon laquelle elle aurait été arrêtée dès
Les derniers signes de vie (des lettres à l'échec des négociations au sujet du renvoi
leurs familles) de ces hommes datent du des prisonniers polonais sur les territoires
mois de mars 1940. Pour plus de précision, occupés par les Allemands. On ne peut
ajoutons que dans chacun de ces camps le cependant exclure que l'achèvement de la
NKVD allait sélectionner quelques dizaines guerre de l'URSS avec la Finlande ait joué
de personnes susceptibles, selon le Centre un rôle, en permettant d'ouvrir certaines
de Moscou, d'être soumises à une « réédu lignes de chemin de fer aux convois des
cation idéologique » ou d'être utilisées d'une victimes. Le fait que les internés aient été
manière ou d'une autre. Celles-là furent fusillés loin des camps où ils avaient été
transférées non vers les lieux d'exécution retenus semble prouver que les lieux d'exé
mais vers le camp de Pavlichtchev Bor puis cution avaient servi aux mêmes fins dès
à Griazoviets. avant la guerre. Cette hypothèse se confirme
en tout cas pour le bois de Katyn où dans Le 13 avril 1943, Radio Berlin annonçait
la découverte au lieu-dit Kosogory près de les fosses communes se trouvent en grande
Gniezdovo, à 15 kilomètres au Nord-Est quantité des victimes des répressions à
l'époque de la collectivisation et de la Grande (erreur, c'est au Nord-Ouest) de Smolensk,
de charniers où étaient enterrés des officiers Purge (1937-1938) 4.
polonais fusillés. Le nom de Katyn est entré La déportation des internés a commencé
le 3 avril 1940 et elle a duré jusqu'au 13- en usage sans doute parce que, sur l'autre
rive de Dniepr, existait un village de ce 14 mai. Chaque convoi (ils partaient tous les
3-4 jours) comprenait de 50 à 420 personnes ; nom, siège, avant la révolution, des autorités
communales. Pour être très précis, il faudrait ces chiffres sont confirmés tout au moins
parler du crime du bois de Katyn à Kosog pour le camp de Kozielsk. On peut supposer
que le personnel soviétique des camps ignorory1. Le déroulement des exécutions peut
aujourd'hui être, en partie, reconstitué avec ait le but de la déportation et ne faisait
certitude. La reconstitution se fonde sur les qu'exécuter les ordres. Durant le trajet, la
surveillance était assurée par des unités spé- relations des survivants de Pavlichtchev Bor
et de Griazoviets, qui avaient assisté à la
déportation de leurs camarades, sur celle du 2. Condamné à huit ans de camp de travail, il fut libéré
en 1942, grâce aux démarches de l'ambassade polonaise à professeur Swianiewicz, le seul homme qui,
Moscou. Stanislaw Swianiewicz, W cieniu Katynia (A l'ombre transporté vers le lieu d'exécution, fut au de Katyn), Paris, 1977.
3. Amtliches Material %um Massenmord von Katyn, Berlin, dernier moment, déjà à la gare de Gniezdovo,
1943. Les documents actuellement disponibles font supposer écarté et amené à Smolensk puis à Moscou que ces objets ont été brûlés dans les entrepôts des chemins
de fer de Dresde à l'arrivée de l'Armée rouge. Le bruit a
couru cependant qu'une partie en aurait été préservée. Zes^yty
1. Détail savoureux avant la Révolution, le bois de Katyn historyc^ne (Cahiers d'

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