Le député communiste : 1920-1940. Éléments pour une analyse des logiques de fidélisation au sein du PCF - article ; n°2 ; vol.1, pg 49-68
21 pages
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Le député communiste : 1920-1940. Éléments pour une analyse des logiques de fidélisation au sein du PCF - article ; n°2 ; vol.1, pg 49-68

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Description

Histoire & Mesure - Année 1986 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 49-68
Dans une étude systématique du corpus des députés communistes de l’entre-deux-guerres, sont analysées les articulations entre itinéraires individuels, itinéraire collectif et projet théorico-politique. L’analyse porte sur l’évolution de ce personnel parlementaire composé pour l’essentiel de militants ouvriers dont la mobilité sociale ascendante est avortée, ébauchée ou réussie suivant les cas et auxquels le PCF offre le moyen d’accéder à la professionnalisation politique.
The Communist Assemblyman: 1920-1940 In a systematic study of all the Communist assemblymen elected between both World Wars, the author analyzes the relationships between individual careers, collective party goals and theoretical political ambitions. There is an analysis of the evolution in the personnel of this political assembly, essentially composed of working class activists whose movement up the social scale had been interrupted, embryonic or successful depending on the case, and to whom the French Communist Party had provided the means to enter a political career.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Bernard Pudal
Le député communiste : 1920-1940. Éléments pour une analyse
des logiques de fidélisation au sein du PCF
In: Histoire & Mesure, 1986 volume 1 - n°2. pp. 49-68.
Abstract
Bernard Pudal. The Communist Assemblyman: 1920-1940.
In a systematic study of all the Communist assemblymen elected between both World Wars, the author analyzes the
relationships between individual careers, collective party goals and theoretical political ambi-
tions. There is an analysis of the evolution in the personnel of this political assembly, essentially composed of working class
activists whose movement up the social scale had been interrupted, embryonic or
successful depending on the case, and to whom the French Communist Party had provided the means to enter a political career.
Résumé
Bernard Pudal. Le député communiste : 1920-1940.
Dans une étude systématique du corpus des députés communistes de l'entre-deux-guerres, sont analysées les articulations
entre itinéraires individuels, itinéraire collectif et projet théorico-politique. L'analyse
porte sur l'évolution de ce personnel parlementaire composé pour l'essentiel de militants ouvriers dont la mobilité sociale
ascendante est avortée, ébauchée ou réussie suivant les cas et auxquels le PCF offre le
moyen d'accéder à la professionnalisation politique.
Citer ce document / Cite this document :
Pudal Bernard. Le député communiste : 1920-1940. Éléments pour une analyse des logiques de fidélisation au sein du PCF. In:
Histoire & Mesure, 1986 volume 1 - n°2. pp. 49-68.
doi : 10.3406/hism.1986.1522
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hism_0982-1783_1986_num_1_2_1522Histoire & Mesure, 1986, 1-2, 49-68
MESURE DE L'HISTOIRE
Bernard PUD AL
Le député communiste : 1920-1940. Eléments pour
une analyse des logiques de fîdélisation
au sein du PCF
« Je pense au surplus, qu'à part quelques militants
d'élite, de trempe véritablement bolchevique, il est
anormal de laisser en permanence, pendant la durée de
plusieurs législatures successives, les mêmes élus
ouvriers dans le milieu corrompu qu'est le Parlement.
Il faut tenir compte de la faiblesse humaine, des
tentations et reconnaître que l'ambiance malsaine de ce
lieu a déjà eu raison de bien des consciences révolutionn
aires... ou qui se croyaient telles ».
Lettre d'un ouvrier communiste,
publiée par l'Humanité du 11 mars 1932.
Dans une étude où il doit être question de mesure, le singulier de
notre intitulé surprendra peut-être. Néanmoins tel est bien notre objet :
tenter, en procédant à une analyse sociologique et historique des groupes
parlementaires communistes de 1920 à 1940, et d'une manière plus
approfondie du groupe élu en 1936, de prendre la mesure de certaines
des logiques sociales et politiques qui sont au principe de l'invention
toujours inachevée « du » député communiste, ce parlementaire singulier
à de nombreux égards. Les députés communistes se distinguent d'emblée,
comme ont pu le constater nombre d'analystes et d'historiens, par leurs
propriétés sociales (1) et par la relative discrétion à laquelle ils sont tenus
au sein de leur parti (2). Cette double singularité résulte d'un processus
complexe de selections, d'expulsions, de remodelages incessants non
exempts de crises, d'erreurs, de hasards dont « le » député communiste
49 Histoire & Mesure
'comme député «ouvrier», issu du «peuple», «fidèle», «dévoué»,
« humble », est le produit. Mais cette représentation, qui résulte pour
une part de la perception de la singularité objective des députés
communistes, est aussi le fruit d'un travail de manipulaton symbolique
tendant à imposer une définition des « représentants » comme fidèle
reflet des « représentés ». Afin d'éviter d'etre nous-même victime de
cette représentation qui oblitère, nous le verrons, la véritable singularité
des parlementaires communistes, notre analyse tente de cerner leur
spécificité à partir d'indicateurs qui permettent d'approcher les trajectoi
res sociales et culturelles des militants (âge, origine, capital scolaire,
mobilité sociale). A cette fin nous proposerons une composition socio
professionnelle bi-modale des groupes parlementaires communistes.
Fondée sur les métiers les plus « élevés » exercés et sur les métiers les
moins « élevés » (Ml et M2), cette double lecture, qui ne présuppose pas
pour un militant donné que M2 soit antérieur à Ml, nous introduira à une
analyse des logiques de fidélisation au sein du PCF (3). Dans cette
perspective la mesure est « l'indispensable moment qui permet de
prouver que les chiffres n'infirment pas les propositions parallèlement
avancées » (4). Comme telle, elle est prise dans l'hypothèse théorique qui
commande l'étude.
L'héritage : 1920
Comme l'ont amplement démontré les études portant sur « les
logiques du recrutement politique » (5), plus on s'élève dans la hiérarchie
sociale plus les chances de participer à la vie politique, d'y faire carrière,
s'élèvent. Le champ politique en effet entretient d'étroits rapports avec le
champ culturel et plus la distance au champ culturel s'accroît, moins il est
probable d'v pénétrer, de s'y faire une place, d'accéder à des positions
éminentes (direction de parti politique, deputation). On peut comprend
re, dans ces conditions, que la représentation politique ouvrière assurée
par des porte-parole issus de la classe ouvrière soit un des problèmes
récurrents de l'histoire du mouvement ouvrier français (6). Jusqu'en
1914, le personnel politique du socialiste se recrutait pour
l'essentiel dans le pôle intellectuel des classes moyennes et supérieures
(7). Un tel état de fait, si contradictoire avec la fameuse devise -
l'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes -
n'était pas sans nourrir le désir si caractéristique des militants syndicalis
tes-révolutionnaires, et plus généralement de nombreux militants
ouvriers, de contourner le champ politique. Il n'est pas non plus sans
rapport avec la suspicion de ces militants a l'égard des intellectuels et des
élus. La Révolution d'Octobre 17 leur apparaissant comme une mise hors
jeu du jeu parlementaire réunira d'autant plus leurs suffrages qu'ils
espéraient bien ne plus avoir à les donner à des porte-parole trop
volontiers enclins, à leur goût, à monnayer le service rendu ou à « trahir »
pour faire carrière. En adhérant à l'Internationale Communiste, nombre
de congressistes, à Tours, entendent se donner les moyens de « mater »
toute velléité « d'indépendance » du groupe parlementaire. Dans leur
édition critique des textes du congrès de Tours, les auteurs constatent
50 Bernard Pudal
que la « motivation » à l'adhésion la plus « abondamment citée est
l'hostilité aux élus et surtout aux parlementaires » (8). Les interventions
des délégués des régions ne laissent en effet planer aucun doute sur leur
hostilité.
Lorsque la scission est consommée à Tours le 29 décembre 1920, le
groupe parlementaire socialiste compte 69 députés. A l'inverse de la
majorité des congressistes qui décident d'adhérer à l'Internationale
Communiste (1С), la très grande majorité de ces députés demeure dans
la « vieille maison ». 13 seulement (Í9 %) adhèrent au PCF. Sur ces 13
députés, 4 auront quitté le PC et rejoint le PS avant la fin de la
législature. Est-il utile de préciser que les militants ouvriéristes ne voient
dans ces « désertions » que des preuves supplémentaires de la « corrup
tion» des élus, soupçonnés d'etre plus attentifs à la gestion de leur
carrière qu'aptes à se mettre au service de leur parti. Sur ces 13 députés
communistes, signalons qu'aucun n'était un travailleur manuel. Plusieurs
dizaines d'années après, les autobiographies des militants ouvriers qui
ont fait leurs premières armes dans le jeune PC contin

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