Le dernier procès de Louis de Berquin (1527-29) - article ; n°1 ; vol.12, pg 314-325
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le dernier procès de Louis de Berquin (1527-29) - article ; n°1 ; vol.12, pg 314-325

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1892 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 314-325
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1892
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Romain Rolland
Le dernier procès de Louis de Berquin (1527-29)
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 12, 1892. pp. 314-325.
Citer ce document / Cite this document :
Rolland Romain. Le dernier procès de Louis de Berquin (1527-29). In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 12, 1892. pp. 314-
325.
doi : 10.3406/mefr.1892.6745
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1892_num_12_1_6745LE DERNIER PROCES DE LOUIS DE BERQUIN
1527-1529
Louis de Berquin, seigneur de la terre de Berquin près
Abbeville, l'une des premières et plus illustres victimes des per
sécutions qui eurent lieu en France contre la Réforme, fut deux
fois traduit à la barre du Parlement, pour ses paroles et ses
écrits entachés de luthéranisme. Le premier procès, en 1523,
devait avoir déjà pour conclusion le supplice de Berquin ; mais
François I, qui tenait en haute estime le caractère et l'esprit
de cet homme, ami des Erasme, des Budé et des Nie. Bérauld,
avait évoqué l'affaire en son conseil, et sauvé le condamné. —
Le second procès, repris en 1526, pendant la captivité de Franç
ois I, fut retardé par les efforts de Marguerite de Navarre,
protectrice déclarée de Berquin, et par la régente, qui manda
deux fois aux juges de surseoir jusqu'au retour du roi ; l'un
des premiers actes de celui-ci (1 avril) fut d'enjoindre expres
sément au Parlement de ne pas procéder à l'exécution de la
sentence ; et, comme le Parlement ne pouvait se résoudre à se
dessaisir de sa proie, François I envoya deux archers de sa
garde pour l'enlever de la Conciergerie et l'amener au Louvre
(17 nov.).
Ce succès aurait dû suffire à Berquin; mais il ne put s'en
tenir là. " Comme il ne voulait faire tort à personne, aussi ne
pouvait-il porter qu'on lui en fît (1) „. Non content d'avoir
échappé deux fois grâce à l'intervention royale, il ne craignit
(1) Martyrologe de Crespin. LE DERNIER PROCÈS DE LOUIS DE BERQTJIN 315
point qu'elle vînt à lui manquer, et il voulut une réparation
complète. Il marcha au devant de l'orage, et accusa les comm
issaires qui l'avaient condamné. Tl présenta au roi et parvint
à faire envoyer à l'examen du Parlement douze propositions
extraites de son principal ennemi Béda contre Erasme et Le-
fèvre, pour en exposer les faussetés et impiétés (9 juillet 1527).
Après examen, les magistrats ne se prononcèrent pas, ce qui
était une demi-victoire pour Berquin.
Les catholiques s'agitèrent de toutes parts. Dans l'assemblée
des trois états, en décembre 1527, le clergé, par la voix du
cardinal de Bourbon, demanda, en retour de son don pour le
rachat des princes (prisonniers en Espagne), que le roi voulût
bien éteindre entièrement la secte luthérienne en France, et
faire châtier ceux qui avaient cette opinion, ou autre semblable.
Le roi répondit qu'il voulait porter lui-même le feu à la maison
de ceux qu'il pourrait croire luthériens (1).
En même temps, le chancelier Dnprat se mit à la tête d'an
mouvement religieux pour soulever l'opinion. Trois conciles pro
vinciaux se réunirent successivement, afin de combattre l'héré
sie: un à Lyon, un à Paris, présidé par Duprat (β f'év. 1528),
et le troisième à Bourges (20 mars 1528). " La félicité et la
gloire, disait le concile de Paris, n'ont appartenu qu'aux princes
qui, s'attachant inébranlablement à la foi catholique, ont pours
uivi et mis à mort les hérétiques comme ennemis capitaux de
leur couronne (2) „.
Clément VII répondit (6 juin 1528) par une longue lettre
d'éloges au chancelier, où il le priait instamment de continuer
(1) 28 déc. 1527. Lettre du card. G. Salviati à son père Jacopo.
Archivi Vaticani, Nuiiz. di Francia, t. I.
(2) Labbe, Concil., XIV. 462. 316 LE DERNIER PROCÈS DE LOUIS DE BERQTJIN
son œuvre de réforme ecclésiastique, et sa lutte contre l'hé
résie (1).
En môme temps, les violences téméraires des fanatiques pro
testants venaient servir l'ardeur de vengeance du parti catho
lique. Le sacrilège de la rue des Rosiers, où l'on brisa pendant
la nuit une statue de la Vierge, souleva l'indignation du peuple
de Paris (1 juin 1528). Des processions expiatoires s'organisè
rent à grand bruit, et le roi y prit part (2).
Le mois suivant, un fils de Robert de la Marche, abbé en
Champagne, homme de mauvaise vie et d'opinion luthérienne,
se fortifia dans une terre de son abbaye, et tyrannisa le pays;
menacé par le roi, il l'envoya défier, disant qu'il s'était mis au
service de l'Empereur. Le roi, indigné, envoya Guise avec de
l'artillerie, qui prit le château et le mit à feu et à sang, " ce
qui fut un très saint ouvrage (3) „ . — On profitait de tous ces
incidents pour montrer au roi les dangers politiques en germe
dans la nouvelle secte luthérienne, et les ferments de révolu
tion ou de révolte qu'elle jetait dans le peuple et l'aristocratie.
Mais François I, qui ne craignait pas moins les tendances
arbitraires, et despotiques du parti catholique, de la Faculté et
du Parlement, continuait à défendre Berquin, dont le procès
reprit en juin, révisé par une nouvelle commission.
La commission qui avait déjà condamné Berquin était un
tribunal exceptionnel de quatre commissaires, placé au dessus
des pouvoirs ordinaires et nommé par le pape. Le Parlement
en avait demandé l'institution à la régente le 10 avril 1525, à
la suite d'un fougueux mémoire contre les hérétiques, qui dé
plorait la malice du temps, " laquelle a fait tirer des prisons
(1) Archives nationales, Paris, L. 357. 89. Daté de Viterbe.
(2) 16 juin 1F)28. Grio vanni Salvi ati à Jacopo Salviati.
(3) 26 juillet 1528. G-io vanni Salviati à .Jacopo LE DERNIER PROCÈS DE LOUIS DE BERQUIN 317
plusieurs délinquants par puissance souveraine et absolue, qui
a donné audace aux autres „. — La régente l'avait autorisée,
et le pape en avait envoyé le 20 mai la bulle d'institution " Di-
lectis fili is consiliariis supreme curie civitatis parisi ensis (l) „.
A la suite de l'accusation retournée par Berqain contre ses
accusateurs, le pape, sur la demande du roi, nomma par bulle
une nouvelle commission, dont tous les juges étaient laïques,
et quelques-uns, comme Bude, amis de Berqain. LTniversité
tout entière en pleura de rage et de dépit. Le nonce à Paris
se fait l'écho de leurs plaintes.
* Les théologiens de Paris, qui ne cessent tout le jour de
défendre la foi chrétienne, ont appris que N. S. a accordé une
bulle, et député des juges tous laïques pour connaître des causes
d'hérésie, et spécialement pour l'appel d'un nommé Barellino
qui, dans tout Le royaume, est tenu pour très grand luthérien.
Lis en ont eu un profond chagrin, partie parce qu'ils ont soupr.on
de quelques-uns des juges, et qu'ils Leur sont peu amis; partie,
parce que ces juges n'ont pas de bons sentiments à l'égard du
siège apostolique. Ils s'en sont alili gés avec moi, me priant d'y
trouver quelque remède. .J'ai dit n'y pouvoir rien, mais que
j'en écrirais à H. S. Laquelle pourrait, ou bien en révoquant la
bulle, ou bien <·ιι adjoignant à la commission quelque prélat
docte et pieux, satisfaire à leur honnête désir (2) „ .
L'indignation du parti catholique s'exprime plus clairement
encore dans une violente lettre anonyme (3), écrite de Paris le
Γ'1' juillet à messer Pietro Paolo (Crescentio ? nonce du pape
'Vj Archives générales^ XI à XV fiis , f.° 54^.
(2) 80 juin 1Γ)2Β. (rio vanni Salviati à Jaeopo ÌSalviati.
QVj L'auteur de la lettre semble être Alberto if a atone, qui était
à Paris avec le comte de Carpi (alors malade.'. Les lutter β di prhi,-
ci'pi (II, 103. 1), d'où nous extrayons ces fragments, donnent aussi la
réponse à cette lettre, du 15 juillet, Viterbe (II, 107, 8;.
MKLANtrES d'auCH. ET b'hIST. XIIe ΛΝΝ. 22 ■

·
318 LE DERNIER PROCÈS DE LOTUS DE BERQUIN
près Lautrec). Cette lettre, en italien, est évidemment faite sous
l'inspiration de quelqu'un des membres les plus fougueux de
l'ancienne commission (Noël Bed

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents