Le financement des relations économiques Est-Ouest - article ; n°3 ; vol.5, pg 57-114
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Revue de l'Est - Année 1974 - Volume 5 - Numéro 3 - Pages 57-114
La croissance soutenue que connaissent les échanges entre les pays socialistes et les pays occidentaux industrialisés depuis une décennie a fait naître un problème de financement. Imputable, pour l'essentiel, à des termes d'échange défavorables aux pays socialistes et à un déficit prolongé de leur balance commerciale avec les pays occidentaux, il s'est traduit par la recherche d'instruments propres à mettre à la disposition des pays de l'Est en quantité grandissante et sous des formes toujours plus variées les fonds requis pour faire face à ces déséquilibres.
Parmi ces instruments, les crédits commerciaux — largement tributaires des accords intergouvernementaux — les opérations en capital — effectuées au contraire en dehors de tout cadre officiel sur les marchés internationaux — les sociétés mixtes et la coopération monétaire internationale — solutions récentes et à certains égards hypothétiques — doivent retenir l'attention.
L'étude des crédits commerciaux consentis par les pays occidentaux à leurs partenaires socialistes fait apparaître une prédominance marquée des crédits à moyen et à long terme sur les facilités à court terme. Cet usage est symptomatique de la part des pays socialistes d'une forte demande de biens de production, de la structure spécifique de leur balance commerciale (exportation de marchandises à faible intensité-travail, importation de marchandises à forte intensité-travail) et de la rentabilité encore faible des fonds fixes de production. Fréquemment assurés contre les risques économiques et politiques par des organismes publics ou semi- publics, les crédits commerciaux consentis aux pays socialistes impliquent l'usage de techniques dont l'orthodoxie s'affirme avec la confiance des échangistes, le « switch » et le « leasing » n'occupant qu'une place marginale.
L'intervention des pouvoirs publics vise à travers la conclusion d'accords intergouvernementaux à réglementer et à soutenir l'octroi de crédits commerciaux aux pays socialistes. La concurrence à laquelle se livrent les pays occidentaux en vue de conquérir les marchés socialistes se reflète principalement, au niveau de ces accords, dans la baisse des taux d'intérêt exigés des pays socialistes et dans l'allongement des durées de crédit qui leur sont accordées. Bien qu'un certain nombre d'initiatives aient été prises en ce sens à l'échelon de la Communauté Economique Européenne et de l'O.C.D.E., aucune harmonisation réelle des politiques occidentales n'a pu être instituée pour limiter les effets d'une telle surenchère.
En admettant toutefois qu'une coordination de cet ordre fût mise en place, son efficacité eût été limitée puisque les pays socialistes multiplient depuis quelques années leurs interventions sur les euro-marchés afin de diversifier leurs sources de financement. Pléthorique et peu onéreux (tout au moins jusqu'en avril 1973), les marchés des euro-devises et des euro-émissions offrent en effet aux pays de l'Est des facilités sans contreparties politiques.
Cependant, la crainte d'occuper une position débitrice trop marquée à l'égard des pays occidentaux a incité les pays socialistes à poursuivre plus avant encore leur quête de techniques nouvelles de financement. Les sociétés-mixtes, dont le développement est encore négligeable et presque entièrement centré sur les entreprises commerciales, peuvent être considérées comme une solution d'avenir malgré les délicats problèmes de cohabitation qu'elles soulèvent. Il en est de même de la coopération monétaire internationale dont les progrès sont, au demeurant, suspendus, à l'Ouest, à l'édification d'un nouvel ordre monétaire international, à l'Est, aux succès — ou aux échecs — de l'intégration communautaire.
En tout état de cause, le financement des relations économiques Est-Ouest a désormais atteint un niveau de maturité qui autorise une normalisation de ses procédures et de ses conditions. L'avantage que les pays socialistes ont conquis récemment du fait de la haute tenue des cours de l'or sur les marchés libres et du triplement du prix du pétrole devraient en accélérer le processus.
Financing East-West Economie Relations.
The steady growth of industrial exchanges between socialist and Western countries has, during the past ten years, engendered a finance problem. Primarily due to unfavorable exchange terms and an accrued deficit in trade balances, the socialist countries have been induced to seek new and varied means of affronting the problem.
Such means as commercial credit agreements, largely subordinate to agreements between governments ; monetary operations carried on outside the official sphere of the international market; international finance cooperation via mixed-capital firms; and other recent solutions, to a certain extent hypothetical, are worthy of note.
An examination of commercial credits accorded to socialist countries by their Western partners reveals a marked predominance of medium and long term credit for short term facilities. This practice is symptomatic of the specific structure of the trade balances of the socialist countries, where production goods are in demand and who export low labor intensive items and import high labor intensive ones, and where the rentability of fixed production funds is low. Often insured against economic or political risks by State and semi-public organisms, the principles of switching and leasing playing only a minor role, the equi- tableness of the conditions accorded to the socialist countries leaves much to be desired.
Behind the scenes of intergovernmental agreements, State authorities strive to intervene to regulate and stipulate the credit terms to socialist countries. In these agreements the competition between Western countries to corner the socialist market is reflected in the lowering of interest rates and in the prolongation of credit facilities. Although certain initiatives have been taken by the EEC and the OECD, no real harmony has been wrought among Western policies to limit the effects of such practices. However, had a system of coordination been agreed upon, its effectiveness would have been limited since the socialist countries have, over the past few years, been multiplying their activities on the European market in an effort to diversify their sources of finance. Plethoric and inexpensive (up until April, 1973) Euro-currencies offered facilities to the Eastern countries which were free of political constraint.
However, the fear of finding themselves too heavily in debt to their Western partners has incited the socialist countries to search for new types of finance. Mixed-capital firms, whose development up until now has been negligible and almost entirely concentrated in the commercial area may prove to be a solution in the future, in spite of the inherently difficult problems of conflicting interests. The same is true of international monetary cooperation whose progress is actually impeded, in the West, by the deadlock in the agreement on a new international monetary system, and in the East, by the success or failure of the integration of the socialist community.
In any case, finance in East-West economic relations has at present attained a level of maturity at which it should be possible to normalize terms and procedures. The advantage recently acquired by the socialist countries resulting from the high rates of gold on the free market and the tripling of the price of fuel should accelerate the process.
58 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Marcel Drach
Le financement des relations économiques Est-Ouest
In: Revue de l'Est. Volume 5, 1974, N°3. pp. 57-114.
Citer ce document / Cite this document :
Drach Marcel. Le financement des relations économiques Est-Ouest. In: Revue de l'Est. Volume 5, 1974, N°3. pp. 57-114.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0035-1415_1974_num_5_3_1209Résumé
La croissance soutenue que connaissent les échanges entre les pays socialistes et les pays
occidentaux industrialisés depuis une décennie a fait naître un problème de financement. Imputable,
pour l'essentiel, à des termes d'échange défavorables aux pays socialistes et à un déficit prolongé de
leur balance commerciale avec les pays occidentaux, il s'est traduit par la recherche d'instruments
propres à mettre à la disposition des pays de l'Est en quantité grandissante et sous des formes toujours
plus variées les fonds requis pour faire face à ces déséquilibres.
Parmi ces instruments, les crédits commerciaux — largement tributaires des accords
intergouvernementaux — les opérations en capital — effectuées au contraire en dehors de tout cadre
officiel sur les marchés internationaux — les sociétés mixtes et la coopération monétaire internationale
— solutions récentes et à certains égards hypothétiques — doivent retenir l'attention.
L'étude des crédits commerciaux consentis par les pays occidentaux à leurs partenaires socialistes fait
apparaître une prédominance marquée des crédits à moyen et à long terme sur les facilités à court
terme. Cet usage est symptomatique de la part des pays socialistes d'une forte demande de biens de
production, de la structure spécifique de leur balance commerciale (exportation de marchandises à
faible intensité-travail, importation de marchandises à forte intensité-travail) et de la rentabilité encore
faible des fonds fixes de production. Fréquemment assurés contre les risques économiques et
politiques par des organismes publics ou semi- publics, les crédits commerciaux consentis aux pays
socialistes impliquent l'usage de techniques dont l'orthodoxie s'affirme avec la confiance des
échangistes, le « switch » et le « leasing » n'occupant qu'une place marginale.
L'intervention des pouvoirs publics vise à travers la conclusion d'accords intergouvernementaux à
réglementer et à soutenir l'octroi de crédits commerciaux aux pays socialistes. La concurrence à
laquelle se livrent les pays occidentaux en vue de conquérir les marchés socialistes se reflète
principalement, au niveau de ces accords, dans la baisse des taux d'intérêt exigés des pays socialistes
et dans l'allongement des durées de crédit qui leur sont accordées. Bien qu'un certain nombre
d'initiatives aient été prises en ce sens à l'échelon de la Communauté Economique Européenne et de
l'O.C.D.E., aucune harmonisation réelle des politiques occidentales n'a pu être instituée pour limiter les
effets d'une telle surenchère.
En admettant toutefois qu'une coordination de cet ordre fût mise en place, son efficacité eût été limitée
puisque les pays socialistes multiplient depuis quelques années leurs interventions sur les euro-
marchés afin de diversifier leurs sources de financement. Pléthorique et peu onéreux (tout au moins
jusqu'en avril 1973), les marchés des euro-devises et des euro-émissions offrent en effet aux pays de
l'Est des facilités sans contreparties politiques.
Cependant, la crainte d'occuper une position débitrice trop marquée à l'égard des pays occidentaux a
incité les pays socialistes à poursuivre plus avant encore leur quête de techniques nouvelles de
financement. Les sociétés-mixtes, dont le développement est encore négligeable et presque
entièrement centré sur les entreprises commerciales, peuvent être considérées comme une solution
d'avenir malgré les délicats problèmes de cohabitation qu'elles soulèvent. Il en est de même de la
coopération monétaire internationale dont les progrès sont, au demeurant, suspendus, à l'Ouest, à
l'édification d'un nouvel ordre monétaire international, à l'Est, aux succès — ou aux échecs — de
l'intégration communautaire.
En tout état de cause, le financement des relations économiques Est-Ouest a désormais atteint un
niveau de maturité qui autorise une normalisation de ses procédures et de ses conditions. L'avantage
que les pays socialistes ont conquis récemment du fait de la haute tenue des cours de l'or sur les
marchés libres et du triplement du prix du pétrole devraient en accélérer le processus.
Abstract
Financing East-West Economie Relations.
The steady growth of industrial exchanges between socialist and Western countries has, during the past
ten years, engendered a finance problem. Primarily due to unfavorable exchange terms and an accrued
deficit in trade balances, the socialist countries have been induced to seek new and varied means of
affronting the problem.
Such means as commercial credit agreements, largely subordinate to agreements between
governments ; monetary operations carried on outside the official sphere of the international market;international finance cooperation via mixed-capital firms; and other recent solutions, to a certain extent
hypothetical, are worthy of note.
An examination of commercial credits accorded to socialist countries by their Western partners reveals
a marked predominance of medium and long term credit for short term facilities. This practice is
symptomatic of the specific structure of the trade balances of the socialist countries, where production
goods are in demand and who export low labor intensive items and import high labor intensive ones,
and where the rentability of fixed production funds is low. Often insured against economic or political
risks by State and semi-public organisms, the principles of "switching" and "leasing" playing only a
minor role, the equi- tableness of the conditions accorded to the socialist countries leaves much to be
desired.
Behind the scenes of intergovernmental agreements, State authorities strive to intervene to regulate
and stipulate the credit terms to socialist countries. In these agreements the competition between
Western countries to corner the market is reflected in the lowering of interest rates and in the
prolongation of credit facilities. Although certain initiatives have been taken by the EEC and the OECD,
no real harmony has been wrought among Western policies to limit the effects of such practices.
However, had a system of coordination been agreed upon, its effectiveness would have been limited
since the socialist countries have, over the past few years, been multiplying their activities on the
European market in an effort to diversify their sources of finance. Plethoric and inexpensive (up until
April, 1973) Euro-currencies offered facilities to the Eastern countries which were free of political
constraint.
However, the fear of finding themselves too heavily in debt to their Western partners has incited the
socialist countries to search for new types of finance. Mixed-capital firms, whose development up until
now has been negligible and almost entirely concentrated in the commercial area may prove to be a
solution in the future, in spite of the inherently difficult problems of conflicting interests. The same is true
of international monetary cooperation whose progress is actually impeded, in the West, by the deadlock
in the agreement on a new international monetary system, and in the East, by the success or failure of
the integration of the socialist community.
In any case, finance in East-West economic relations has at present attained a level of maturity at which
it should be possible to normalize terms and procedures. The advantage recently acquired by the
socialist countries resulting from the high rates of gold on the free market and the tripling of the price of
fuel should accelerate the process.financement des relations Le
économiques Est-Ouest
Marcel DRACH*
INTRODUCTION
Les développements que connaissent les échanges commerciaux entre
les pays socialistes et les pays occidentaux industrialisés depuis plus
d'une décennie présentent une série de caractéristiques dont les effets
concourent à la formation d'un problème de financement :
Le contexte dans lequel ils ont pris leur essor : la solution de continuité
instaurée par les vicissitudes politiques de l'après-guerre, sanctionnée par
un niveau de commerce proche de la nullité, a conduit les deux régions
à adopter des perspectives de croissance économique impropre à favoriser
leurs échanges. Les struct

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