le labyrinthe du monde et le paradis du coeur, Comenius, traduit par christian fleischl avec préface
265 pages
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Description

le péerin explore toutes les facettes et classes de la société. Il est chaque fois déçu et poursuit, juqu'à ce que, confronté aux catastrophes et à la mort, il se tourne vers son être intérieur et rencontre la Fraternité

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Publié par
Publié le 04 novembre 2016
Nombre de lectures 9
Langue Français

Extrait

LE LABYRINTHE DU MONDE
ET
LE PARADIS DU COEUR
Comment dans le monde et dans tous ses aspects ne règnent qu’errance et illusion, incertitude et misère, mensonge et tromperie, angoisse et détresse; et par conséquent dégoût et désespoir envers toute chose. Celui qui pénètre avec le Seigneur Dieu dans la demeure de son cœur, parvient de lui-même à la paix parfaite et véritable de l’âme, et au bonheur,
de
JAN AMOS COMENIUS
2004
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DÉDICACE AU BARON KAREL DE ZEROTIN
Au Seigneur très illustre et en vérité très noble, Seigneur Karel, baron de Zerotin l’Ancien ..., gouver-neur de Moravie, son Seigneur très clément.
En cette époque orageuse et agitée, j’hésite à présen-ter par cette lettre la dédicace d’un livre.J’espère qu’il ne sera pas importun à votre très auguste Seigneurie, quoique son but soit d’inspirer courage et de guider vers la paix en Dieu. Je vais le décrire plus avant. Dans ma réclusion et mon repos forcé, puisque je suis relevé de mes devoirs quotidiens, je ne peux ni ne veux rester inactif. C’est pourquoi, pendant les quelques mois qui viennent de s’écouler, j’ai commencé à méditer, parmi d’autres choses, sur la vanité du monde (bien que de tous côtés tout nous pousse au contraire) jusqu’à ce que cette allégorie, que j’offre à votre Grâce, me pousse dans les mains. La première partie dépeint figurativement le vain jeu du monde : comment, malgré toute l’énergie consacrée aux trivialités d’ici-bas, il n’accomplit rien, et dans quel-le misère tout se termine en fin de compte, soit en ridi-cule, soit en malheur. La deuxième décrit de façon libre, en partie sous forme allégorique, le bonheur véritable et durable des enfants de Dieu : comme ils sont bienheu-reux ceux qui se sont détournés de ce monde et de ses affaires et ne s’attachent qu’à Dieu, oui, qui sont entiè-
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rement unis à lui. Je suis moi-même conscient de n’ame-ner ainsi à la lumière qu’un essai, encore imparfait . Car la matière en est, comme je l’ai dit,surabondante. Les meilleures conditions et la compréhension est ici dans pour s’aiguiser et la langue pour s’exercer de sorte que de toutes nouvelles découvertes peuvent sans fin se mul-tiplier. Mais, quoi qu’il en soit, je souhaite présenter à votre Grâce ces esquisses imparfaites rassemblées. Je ne m’a-venture pas à dire dans quel but; mais Votre Grâce, dans sa sagacité, pourra s’en rendre compte en les lisant, ou l’on pourra l’expliquer à un autre moment. Je voulais simplement donner à entendre ceci :le don de ce livre, me semblait approprié à l’homme que vous êtes. Vous avez eu mille expériences du flux et des soucis du monde, et reposez cependant dans le havre le plus paisi-ble de votre conscience. C’est pourquoi, je souhaite que votre Grâce puisse vivre agréablement en Christ, libre du monde et de Satan, et puisse aller à la rencontre, avec la jubilation au cœur, de la vie qui suit cette misère et que vous méritez si pleinement . Entre temps, puisse l’Esprit béni de notre Dieu éternel et miséricordieux nous guider, nous élever, nous consoler et nous affermir. Amen.
Donné à la colline de Klopoty, ides de décembre, 1623 Le serviteur dévoué de Votre Grâce, J.A.C.
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AU LECTEUR
1 . Toute créature, même la plus déraisonnable, a ten-dance à désirer et satisfaire d’une manière agréable des besoins qui lui sont propres. Ceci est, en particulier, le cas de l’homme, chez qui non seulement s’éveille le don inné de la compréhension et de l’aspiration au bien, mais encore qui amène aussi ce désir à un éveil durable. C’est pourquoi chez les philosophes est apparue depuis long-temps la question suivante : “ Où se trouve le plus grand bien(summum bonum)que les désirs humains puissent circonscrire et réaliser?” . Ce que je veux dire par là, c’est qu’un homme, après avoir préparé et atteint ce bien le plus élevé en son cœur, devra et pourra trouver le repos. Il ne lui restera ainsi plus rien à souhaiter. 2 . Prenons maintenant la peine de considérer soi-gneusement ce problème : non seulement les philoso-phes se sont posés cette question et ont cherché à la résoudre avec ardeur, mais dans l’ensemble, toutes les pensées des hommes se sont orientées vers la découver-te du bonheur parfait et du chemin qui y mène. On découvre par là que pratiquement tous les hommes se fuient,et qu’ils cherchent ce qui pourrait bien apaiser et satisfaire leur désir dans ce monde si plain de tracas . Inlassablement ils cherchent la perfection en ce monde : l’un dans les possessions, l’autre dans les satisfactions et les voluptés, un troisième dans les honneurs et la renommée, un quatrième dans l’art et la science, un
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autre dans une compagnie agréable, etc...Bref, tous diri-gent leurs regards sur de vaines choses et cherchent leur salut en dehors d’eux-mêmes. 3 .Ils ne le trouvent pas, comme en témoigne Salomon, le plus sage des hommes, qui chercha égale-ment la paix de son âme . Après avoir voyagé et cherché dans le monde entier, il dut pour finir reconnaître : “C’est pourquoi je détestai cette vie; car tout ce qui se fait sous le soleil m’a déplu, tout est vanité et poursuite du vent.(Ecclésiaste 2 :17)La véritable paix de l’âme, explique-t-il - après l’avoir trouvée par lui-même - tient en ce que l’homme abandonne le monde et se confie à Dieu seul, l’adore et suive ses commandements. “Car, continue-t-il, tout se résume à cela”. Parallèlement, David concluait que l’homme le plus heureux est celui dont la vision et l’esprit abandonnent le monde, qui ouvre la porte de son cœur à Dieu seul et se relie à lui pour l'éternité, l’adore et suit ses commandements.
4 .Louée soit la miséricorde divine d’avoir aussi ouvert mes yeux. Ainsi, je peux percevoir les multiples vanités de ce monde prétentieux, comme l’erreur partout cachée sous le masque des apparences vernies. Grâce à cela, j’ai appris à rechercher ailleurs la paix et la sécuri-té de mon âme. Désireux de dépeindre ces choses de façon plus vivante pour moi-même comme pour autrui, j’ai conçu cette pérégrination, ou errance, à travers le monde. Elle retrace les perversités que j’ai vues et ren-contrées, comment j’ai finalement découvert le repos désiré, que tous recherchent en vain. J’ai dépeint tout cela dans le présent traité. Que cela ait été fait brillam-ment ou non, peu importe ; fasse Dieu qu’il me soit
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bénéfique ainsi qu’à mon prochain ! 5 .Ce que vous allez lire, cher lecteur, n’est pas une fable, même si cela y ressemble. C’est la description d'é-vénements vrais, comme vous vous en apercevrez quand vous l’aurez bien compris; cela sera plus facile pour ceux qui connaissent plus ou moins ma vie et ses péripéties. Car j’ai décrit, pour la plus grande part, les vicissitudes des quelques années de ma propre vie ; pour le reste, les incidents furent observés dans d’autres vies, ou on me les a racontés.Cependant, par pudeur, je n’ai pas raconté toutes mes expériences. De plus, je ne les considère pas toutes spécialement édifiantes pour les autres. Mes guides, qui sont les guides de tout homme qui erre et nage en plein mystère dans ce monde, sont en vérité les suivants : l’avidité d’esprit, qui met son nez partout, et la force du préjugé, qui prête un ton de vérité à toutes les erreurs du monde. Néanmoins, si tu te sers de ta raison, tu verras, comme je l’ai fait, la misérable confusion de notre espèce. Si cela ne t’apparaissait pas, tu peux être sûr que ce sont les lunettes de la tromperie qui en sont la cause, en te faisant tout voir à l’envers. En ce qui concerne la description du bonheur des cœurs voués à Dieu, je confesse qu’il s’agit plutôt d’une esquisse de leur état idéal, qu’une description du vérita-ble état d’être des élus. Mais le Seigneur ne manque pas de tels esprits par-faits et toute personne vraiment pieuse qui lit ce livre a le devoir d’aspirer à un tel état de perfection. Porte-toi bien , cher ami Chrétien, et que le guide de la Lumière, le Saint- Esprit, te révèle, mieux que je ne suis capable de le faire, la vanité du monde, de même que la vraie
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gloire, la consolation, et la joie des élus et celle des cœurs unis à Dieu. Amen.
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Chapitre 1
Les raisons de mon pèlerinage autour du monde
Quand j’eus atteint l’âge où le discernement com-mence à se manifester - entre le bien et le mal, rangs et professions, occupations et entreprises variées aux-quelles les hommes s’adonnent - il me parut hautement désirable de bien réfléchir à quel groupe d’hommes je m’associerais et à quelle tâche je consacrerais mon exis-tence.
Irrésolution d’esprit
Après avoir consacré beaucoup de temps à réflé-chir au problème, et avoir consulté soigneusement mon entendement, j’en arrivai finalement à opter pour un mode de vie tel qu’il impliquerait le moins de soucis et d’efforts possibles et ainsi me procurerait plus de confort, de paix et d’entrain. Mais alors je me retrouvai devant une difficulté : comment découvrir à quelle profession cela pourrait bien correspondre. De plus, je ne savais pas avec qui avoir un entretien sérieux à ce sujet. J’hésitais à deman-der conseil à qui que ce soit, car je présumai que tout homme vanterait tout naturellement son état. D’un autre côté, je craignit d’entreprendre quoi que ce soit de façon précipitée, de peur de faire une erreur. Néanmoins, j’avoue volontiers avoir essayé secrète-ment une fois, puis deux, et plus tard une troisième, mais bien vite j’abandonnai tout cela. Je percevais des diffi-
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cultés et peu d’intérêt en toutes ces choses. De plus, je craignais que mon inconstance ne m’apporte que déri-sion; finalement je ne savais plus que faire. Après beaucoup d’ hésitations et de controverses inté-rieures, je finis par me décider à passer en revue toutes les affaires humaines qui sont sous le soleil. Ensuite, quand je les aurais intelligemment comparées les unes aux autres, j’en choisirais une telle qu’elle me permet-trait de passer une vie paisible. Plus je réfléchis à ce plan, meilleur il me parut.
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Chapitre 2
le pèlerin prend “ Passe-partout” pour guide
le monde est un labyrinthe : description d’une person-ne sans humilité
Sur ces entrefaites, je me mis en recherche, et me demandai par où et comment je commencerais. Puis, soudain, sortant je ne sais d’où, apparut là, devant moi, un individu au maintien vif, d’apparence alerte, loqua-ce, dont les pieds, les yeux, et la langue n’arrêtaient pas de s’agiter. Il s’approcha de moi, me demandant d’où je venais et où j’allais. Je répondis que j’étais parti de chez moi pour courir le monde afin d’acquérir de l’expérien-ce.
Le monde est un labyrinthe
Il approuva, mais ajouta : “Mais qui est ton guide?” Je répondis: “Je n’en ai pas ; je m’en remets à Dieu et à mes yeux pour ne pas faire fausse route.“Tu n’atteindras rien ainsi” répliqua-t-il.”As-tu jamais entendu parler du labyrinthe de Crète?”
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“Plus ou moins” répondis-je. Il continua : “C’était l’une des merveilles du monde, un bâtiment comprenant tellement de pièces, de cloisons et de couloirs que quiconque y entrait sans un guide était condamné à y errer à tâtons, deçà, delà, sans jamais plus trouver la sortie. Et cependant cela n’était qu’un jeu d’enfant en comparaison avec la complexité du labyrin-the du monde, en particulier du monde actuel. Crois-en un homme d’expérience : ne t’y hasarde pas seul!”
Description d’une personne insolente
“Mais où trouverai-je un tel guide?” demandai-je. “C’est mon travail” répondit-il, “de conduire les hommes qui désirent voyager dans le but d’étudier et de voir le monde, de les guider et de leur montrer de quoi il retourne; c’est la raison pour laquelle je t’ai abordé.” Tout étonné, je demandai : “Mais qui es-tu, mon ami?” Mon nom est Cherchetout, surnommé Passe-partout” répliqua-t-il. “J’erre de par le monde, et je fouille dans tous ses recoins, me renseignant sur les paroles et les actions de tous. J’examine tout ce qui est apparent et je fouille pour révéler tout ce qui est secret. En bref, rien ne peut se faire sans moi , car il est de mon devoir de super-viser toutes choses. Si tu me suis, je te mènerai dans bien des endroits secrets que tu ne pourrais jamais trouver seul.” A ces mots, je fus submergé de joie d’avoir trouvé un tel guide. Je le priai de me guider de par le monde, s’il ne considérait pas cette tâche comme trop rebutante.
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