Le mouvement ouvrier et le socialisme en Finlande, 1884-1918 - article ; n°1 ; vol.16, pg 18-26

Markku Hyrkkänen, Pertti Haapala

Description

Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 1989 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 18-26
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: MATERIAUX_POUR_L-HISTOIRE_DE_NOTRE_TEMPS
• Publié le: 01 janvier 1989
• Nombre de lectures: 34
• Langue: Français
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Extrait

Monsieur Pertti Haapala
Monsieur Markku Hyrkkänen
Le mouvement ouvrier et le socialisme en Finlande, 1884-1918
In: Matériaux pour l'histoire de notre temps. 1989, N. 16. pp. 18-26.
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Haapala Pertti, Hyrkkänen Markku. Le mouvement ouvrier et le socialisme en Finlande, 1884-1918. In: Matériaux pour l'histoire
de notre temps. 1989, N. 16. pp. 18-26.
doi : 10.3406/mat.1989.404019
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mat_0769-3206_1989_num_16_1_404019:
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Le mouvement ouvrier
et le socialisme en Finlande, 1884-1918
ment la question de la propriété de dionale, ils étaient souvent salariés ■ Le parti social-démocrate finlandais obtint lors des premièr sur de grands domaines ; dans les la terre. Des travaux ultérieurs ont
montré d'ailleurs que les «torpparit» es élections législatives de 1907 provinces frontières de l'Est, celles
de Kuopio et Mikkeli, ils étaient «loi- étaient le seul groupe social dont les 40 % des sièges. En 1916, il gagna la
majorité au Parlement; il était la set», c'est-à-dire manouvriers sans revenus réels avaient baissé au
début du XXe siècle. Cela était la force politique dirigeante en 1917, et foyer au service de petits propriétai
res leur fournissant le logement. conséquence de leur dépendance et au début de 1918, il prit l'initiative
d'une révolution qui dura quatre Dans le Sud du pays, l'industrialisa de la lourdeur de leurs corvées chez
les propriétaires. Ils ne pouvaient mois. Il pesa de façon décisive pour tion avait augmenté la demande de
l'obtention dans le pays du suffrage main-d'œuvre de sorte que leurs cultiver leurs propres terres avec
universel (y compris féminin) et salaires subirent une hausse consé efficacité et ne parvenaient pas à
quente au début du XXe siècle. Les profiter des nouvelles possibilités du d'autres réformes sociales impor
tantes. Ses succès furent donc très propriétaires en vinrent à leur repro marché. Ils formaient moins de 20 %
grands et il était alors, proportion cher leur cupidité, alors qu'en Fin des paysans mais en Finlande méri
lande centrale, ils se contentaient dionale leur pourcentage était plus nellement, le parti socialiste le plus
puissant du monde. Comment une encore de les traiter de paresseux. important et ils représentaient loca
lement une part essentielle de l'agrtelle réussite fut-elle possible dans A cette époque d'ailleurs, s'il y
avait en Finlande un débat à propos iculture. L'incertitude de leur avenir un petit pays périphérique où la
tendit surtout leurs rapports avec les société était à dominante agraire et des paysans sans terre, le problème
grands propriétaires. Les expulsions où, de surcroît, l'Etat fut soumis au des journaliers était envisagé à part
pouvoir russe jusqu'en 1917 ? Selon ir de principes presque moralisat dont ils étaient victimes et le fait
qu'ils s'étaient organisés au sein du nous, ce fut justement le caractère eurs. Ces derniers, il est vrai, ne
constituaient pour les propriétaires SDP (Parti Social-Démocrate Finlaninachevé du développement social
par rapport aux pays d'Europe occi terriens et pour les industriels dais) aggravèrent le conflit. En 1909
qu'une réserve abondante de main- fut promulguée une loi qui devait dentale qui favorisa les progrès du
d'œuvre. Par contre on estimait que leur permettre d'obtenir des baux mouvement socialiste. Par là-même,
avantageux et d'acheter leur exploiil apparaît que d'autres facteurs que le statut des «torpparit», tenanciers
de petites exploitations, était un pro tation. En raison du premier conflit les avancées du capitalisme ont
mondial, l'application en fut ajour- peut-être joué un rôle majeur dans blème plus ardu car il posait
l'éclosion des grands mouvements
de masse, socialisme y compris.
Composition de la population laborieuse en 1870 e ten 1910 La classe ouvrière en Finlande
En 1910 les deux-tiers des Finlan 1870 1910 1910 dais (67 %) vivaient de l'agriculture en milliers en milliers en % et plus de 60% des ouvriers travail
laient dans ce secteur. Mais comme Ouvriers d'usine 18,5 101,5 7,8 le parti social-démocrate était sou
tenu par toutes les catégories de trade l'artisanat 5,0 17,0 1,3 vailleurs, il est possible d'avoir une
Trav. du bât. et manœuvres 17,0 100,0 7,7 idée de la base sociale du mouve
ment et de son originalité en don Trav. commerce et transports 10,3 32,0 2,5 nant la composition de la population
Trav. des services publics 2,7 10,0 laborieuse dans son ensemble. 0,8
Le groupe le plus nombreux était Domestiques 15,0 28,0 2,2 donc celui des ouvriers agricoles.
Ces derniers pourtant n'étaient pas Total sans les familles 68,5 291,0 22,5 tous des salariés, tout au plus une avec les 150,0 608,0 20,9 grosse moitié. On les appelait jour
naliers parce qu'ils n'avaient pas Ouvriers agricoles 332,5 545,0 42,0 d'emploi stable mais travaillaient à
la journée en allant souvent d'une Ouv. agr. avec leurs familles 700,0 1108,0 37,8 ferme à l'autre, effectuant parfois
même des travaux forestiers ou le Ouvriers urbains et ruraux flottage des bois. Bien qu'à l'épo actifs 401,0 836,0 64,5 que, ils aient été recensés parmi la avec leurs familles 850,0 1716,0 58,7 population agricole, il serait plus
juste de les considérer comme des Population totale finlandaise manœuvres résidant à la campagne. 1295,8 actifs seulement 783,0 100,0 Le statut des journaliers variait actifs et inactifs ensemble 1766,0 2921,0 100,0 selon les régions : en Finlande :
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de la population laborieuse d'ailnée, mais après la guerre civile de bles de dominer entièrement les
campagnes. L'extension des coopér leurs, il n'y avait pas de querelle li1918 en Finlande fut réalisée une
nguistique comme au sein des clasvaste réforme agraire grâce à atives, entre autres, le montre. Elles
laquelle les «torpparit» et les autres comptaient 300 000 membres et ses cultivées. Cette homogénéité
dominaient le secteur de l'agro- culturelle était renforcée également ouvriers agricoles purent se procurer
par des origines communes un de la terre à bas prix (10 % de la alimentaire (93 % des fromageries),
le commerce de détail et l'activité dixième seulement des ouvriers valeur réelle). Preuve toutefois que le
étaient nés dans une famille bourstatut des «torpparit» était différent bancaire dans les zones rurales.
geoise (propriétaires terriens ou selon les régions, ceux qui dépen Elles étaient aux mains des petits
propriétaires et des sans terre. De la classes moyennes urbaines). Dans daient des grands domaines du Sud
la décennie 1910-1920, la majorité combattirent durant la guerre civile sorte, le capitalisme agraire finlan
aux côtés des «rouges» tandis que provenait encore du prolétariat rural, dais était de nature exceptionnelle
ment démocratique. L'économie bien que dans les plus grandes villes leurs homologues du Nord, plus
il y eût déjà une proportion notable indépendants, le firent dans le camp forestière est le second phénomène
servant à expliquer le développe d'ouvriers de la seconde génération. des «blancs».
La prolétarisation intervint dont en Les domestiques (valets et servandu socialisme dans les campa
Finlande d'abord dans les campagtes de ferme) formaient le troisième gnes finlandaises. Elle y fit pénétrer
groupe des ouvriers agricoles. aussi bien l'argent que le travail nes, avant le développement du
capitalisme, lorsqu'apparut une C'étaient des travailleurs jeunes, salarié et les rapports de classes
capitalistes. On a même avancé importante population de paysans célibataires, employés à l'année à la
ferme et rémunérés en nature. Dans l'idée qu'elle avait approfondi les sans terre qui, par la suite, émigra
contradictions de la société rurale à vers les villes ou à l'étranger. La le passé tel avait été le mode domi
nant du travail agricole dépendant mesure que les villes s'industriali population ouvrière urbaine était
jeune dans deux sens. Elle mais l'introduction de l'économie saient. Cette explication est logique,
d'abord socialement récente, puismonétaire et l'importante croi mais il n'a pas été prouvé empirique
ment que l'économie forestière ait que les villes crurent de façon signissance du nombre d'ouvriers agricol
es le firent reculer. Au d